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Des vacances mouvementées... de Don d'ARCEUS



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» Auteur : Don d'ARCEUS - Voir le profil
» Créé le 16/10/2010 à 14:55
» Dernière mise à jour le 17/10/2010 à 13:45

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De nouveau manipulée...
Malgré sa robe – on n'entrave pas une telle Liberté –, Célinda rattrapa sans soucis son amie alors que celle-ci pénétrait tout juste dans la forêt. Elles se rendirent sans un mot vers l'endroit où devaient se trouver les étranges cabanes dans les arbres. Ne les voyant pas, les jeunes filles en déduisirent qu'elles étaient de nouveau camouflées. Elles n'accordèrent cependant qu'un bref moment d'attention à la voûte que formait le feuillage épais des arbres environnants pour y trouver quelque faille dans cette astucieuse dissimulation ; leurs regards ne tardèrent pas, en effet, à se poser sur un arbre au lointain auquel était attaché le but de leur quête, comme la limaille de fer est attirée par un aimant. Les deux amies se dirigèrent alors vers l'arbre. Éliana avait à peine esquissé un geste qu'elle ne pouvait plus bouger. Célinda n'éprouva, quant à elle, qu'une infime peine à se déplacer qui augmentait au fur et à mesure qu'elle avançait.

« Ne… n'approche pas ! Ne… ne m'approche surtout pas ! » s'écria pensivement Vitalio.

« Vitalio ? » l'interrogea à voix haute la jeune fille, s'arrêtant net.

« Fuis, Célinda, c'est un piège ! » l'avertit la voix de Vitalio avant de s'éteindre définitivement dans l'esprit de Célinda.

« Je ne partirais pas d'ici sans toi !
– Vraiment ? Et pourquoi ça ? s'enquit Vitalio – il semblait inconscient ; seuls le mouvement de ses lèvres et les mots qu'il prononçait témoignaient de sa conscience.
– Parce que… parce que je t'aime, Vitalio, je t'aime !
– Vraiment ? Même après tout le mal que je t'ai fait ?
– Quel mal ?
– Tu le sais très bien…
– Mais tu ne m'as jamais fait de mal, Vitalio, c'est moi qui me suis toujours inventée des trucs et qui…
– Bon, vous avez bientôt fini, oui ou non ? fit une voix féminine qui semblait provenir de derrière le tronc auquel était attaché le garçon.
– Qui… qui est là ? » interrogea Célinda.

Une fille du même âge que Célinda surgit de derrière le tronc et, ignorant soigneusement la jeune fille qui l'avait interrogée, elle s'avança maladroitement vers Vitalio, lui vola un baiser et daigna enfin poser son regard sur l'autre qui fulminait intérieurement.

« Vi… Vitalio ? Qui est-ce ? » fit Célinda d'une voix bouillonnante de rage.

La jeune fille disparut soudainement.

« Tu crois toujours que c'est toi qui te fais des idées, à présent ? Dis-moi ce que tu ressens ! Dis-moi sans mentir le désir qui te taraude maintenant, et ce qui t'empêche de l'assouvir ! Dis-le-moi, Célinda ! »

Cette dernière resta muette pendant un long moment pour finalement secouer négativement la tête.

« Tu n'es pas responsable de ma souffrance Vitalio…
– Ne me dis pas que ça ne t'a pas fait souffrir, cette petite expérience, quand même !
– J'ai déjà éprouvé une souffrance bien plus importante. Une souffrance que tu serais incapable de m'infliger comme ça…
– Tu as tort d'être aussi catégorique… »

La détermination de Célinda commença à flancher.

« Tu parlais bien de tes cauchemars, je me trompe ? continua le jeune homme.
– Je… oui… balbutia Célinda, qui n'était plus tout à fait sûre de vouloir poursuivre la conversation. Mais tu… tu ne peux pas être le scénariste de mes cauchemars, c'est… c'est impossible…
– Ne t'ai-je pas déjà dit qu'impossible n'était pas toujours illogique ?
– Qu'entends-tu par là ?
– Rien si ce n'est le fait que je me sois débrouillé pour que tes cauchemars soient les plus horribles possibles…
– Tu… tu n'es pas Vitalio !
– Oh si, c'est bien moi… Enfin, je suis lui physiquement, tout du moins…
– Alors tu… tu serais le Pokémon qui l'habite ?
– Tu n'es perspicace que quand tu le veux bien…
– Si c'est bien toi qui as tout fait pour que l'on évite d'être ensemble, Vitalio et moi, tu dois être en mesure de me livrer une raison potable à ce comportement, non ?
– Je n'ai aucune raison de te les avouer. D'autant plus qu'il se trouve que tu es une humaine…
– Pourquoi détestes-tu à ce point le Pokémon qui m'habite ?
– Tout simplement parce que je ne suis pas fait pour m'entendre avec lui…
– Ce n'est pas une raison pour m'empêcher d'avoir une relation amoureuse avec Vitalio !
– Peuh ! L'amour… Comme s'il existait…
– Bien sûr qu'il existe !
– Il n'existe que dans les livres, Célinda, seulement dans les livres…
– Peut-être est-ce toi qui ignore tout de l'amour ?
– Prétendrais-tu pouvoir m'apprendre quelque chose, toi, une simple humaine, à moi, le Pokémon le plus puissant qui ait jamais existé ?
– Le Pokémon le plus puissant qui ait jamais existé ? Vraiment ? Qui es-tu donc ? Un Magicarpe ?
– Inconsciente ! Tu te permets de te moquer de moi sans savoir à qui tu as à faire ?
– Arrête ton baratin et dis-moi qui tu es, au lieu de faire ton timide !
– …
– Hahaha ! Laisse-moi rire ! Tu n'oses pas me dire qui tu es de peur que je me moque de toi ? Et c'est moi la prétentieuse ? Tu fais un bien piètre manipulateur…
– Je ne suis pas… un piètre manipulateur ! »

Célinda fut soudain soulevée de terre par son tee-shirt par un bras invisible qui la jeta à terre.

« Voilà donc tout ce que tu sais faire ? Tu me fais presque pitié… »

« C… comment ? » s'indigna pensivement le Pokémon qu'abritait Vitalio.

« Tu pensais réellement m'impressionner avec cette minuscule attaque psychique ? Tu m'étonnes qu'après, tu te fasses battre si facilement par l'homme aux ténèbres… Tu es minable…
– Je fais peut-être exprès ne pas t'impressionner… Tu n'aurais tout de même pas déjà oublié ma tendance manipulatrice ?
– Ton semblant de tendance manipulatrice, tu veux dire ? » le corrigea Célinda.

Le Pokémon eut un petit rire.

« Tu me plairais presque si tu n'abritais pas ce satané Pokémon… Sache toutefois que sous-estimer ses adversaires peut se révéler dangereux, voire mortel…
– Comme si un Pokémon était capable de tuer un humain…
– Un Pokémon, non, mais un humain contrôlé par un Pokémon…
– Arrête, tu vas finir par me faire peur…
– J'ai comme l'impression que tu ignores que ton impertinence peut te coûter la vie…
– La quoi ? La vie ? C'est quoi ça ?
– Comme tu voudras…
– Il faudrait d'abord que tu arrives à te défaire de tes liens. Tu veux que je t'aide ? »

Il y eut une explosion dont Vitalio était le cœur. Célinda retint de justesse un cri de terreur ce dont elle se félicita car le garçon – du moins son corps – était bien indemne – elle remarqua cependant qu'il avait ouvert les yeux et que ceux-ci étaient d'une couleur bleu électrique. Le jeune homme n'eut même pas le temps de remarquer l'air catastrophé de la jeune fille face à ce constat avant que celle-ci ne reprenne une expression narquoise.

« Non merci, ça ira comme ça…
– C'est toi qui vois…
– Tu n'as toujours pas peur ?
– Peur de quoi ?
– De la mort.
– Non.
– Vraiment ? Et de la torture ?
– Non.
– De la torture physique et mentale ?
– Non plus.
– Cesse un peu de faire la forte tête. Je lis très bien au fond de toi que tu es morte de peur…
– Pourquoi devrais-je avoir peur ?
– Parce que tu vas souffrir.
– Comme si je le pouvais encore…
– Tu ne peux plus souffrir ?
– Ce que tu vois en face de toi n'est rien de plus ni de moins qu'une enveloppe charnelle vide. Sans âme, sans émotions, sans sentiments… Tu as déjà tout détruit à l'intérieur.
– Depuis quand ?
– Pas plus tard qu'il y a cinq secondes.
– Tu crois que Vitalio n'est plus de ce monde, n'est-ce pas ?
– Je ne le crois pas, c'est la vérité. Tout simplement.
– Et tu crois que le fait qu'il n'en soit plus t'empêche de ressentir quoi que ce soit – enfin, quand je dis "quoi que ce soit", je fais bien sûr allusion à tous les types de souffrances. Eh bien laisse-moi te dire que tu vas bientôt déchanter.
– Ah bon ? Et pourquoi donc ?
– Vitalio n'est pas encore complètement perdu. Il est "seulement" entre la vie et la mort.
– Comment le sais-tu ?
– Je le force à être dans cet état.
– Mais c'est… mais c'est ignoble !
– Oh, tu ne peux pas imaginer à quel point ça peut l'être…
– Comment puis-je te faire confiance ?
– Fie-toi simplement à ton instinct, et tu verras que ton ami n'est pas encore mort. »

C'était vrai ; Célinda eut tôt fait de le vérifier.

« Je… que puis-je faire pour abréger ses souffrances ?
– Tu ne cherches pas d' abord à le sauver ?
– Tu ne me permettras pas de le sauver…
– En temps normal, oui, mais vois-tu, le passage de la vie à la mort est si douloureux que je ne te permettrais ni de le sauver, ni d'abréger ses souffrances…
– À moins que ?
– À moins que quoi ?
– Ne joue pas à l'imbécile avec moi, je sais très bien que tu attends quelque chose de moi.
– Non.
– Non ?
– Non.
– V… Vraiment ? balbutia Célinda, au bord des larmes.
– Vraiment. »

La jeune fille s'effondra sur le sol, anéantie, et éclata en sanglots. Un sourire victorieux discret se dessina sur le visage de Vitalio qu'elle ne perçut pas. Au bout d'un long moment, le Pokémon, repu de la souffrance de sa victime, finit par dire :

« Finalement, il se pourrait qu'il y ait… quoique…
– Dis ! Demande-moi tout ce que tu veux et je le ferais !
– Si je te demandais de te débrouiller pour que Vitalio et Éliana se retrouvent ensemble, tu le ferais ?
– Oui.
– Si je voulais que Vitalio ait une aventure avec toutes les filles du monde entier sauf toi, tu t'exécuterais pour que tout se passe pour le mieux ?
– Oui.
– Si je te demandais d'assister à chacune des aventures de Vitalio sans jamais intervenir d'aucune façon à quelque moment que ce soit, tu le ferais ?
– O… oui.
– S'il fallait qu'après cela, tu te fasses désirer au maximum par lui sans jamais te donner à lui, tu le ferais ?
– Oui.
– Si tu devais ne plus jamais le revoir après alors que tu pourrais en avoir l'envie et l'occasion, le reverrais-tu ?
– Non.
– Si tu devais disparaître définitivement de sa vie une fois après l'avoir sauvé, chercherais-tu à le revoir, par quelque moyen que ce soit ?
– Non.
– Serais-tu prête à commettre les crimes les plus abominables pour ramener Vitalio à la vie ?
– … oui.
– Vraiment ? Serais-tu prête à tuer ta mère, ta génitrice, celle qui t'a donné la vie ?
– Et puis quoi encore ? C'est comme si je te demandais de tuer tes géniteurs ! C'est… c'est…
– C'est déjà fait, affirma le Pokémon sans aucune émotion dans la voix. En serais-tu capable, toi, à ton tour ?
– Je…
– Serais-tu capable de tuer ton amie la plus chère, la plus innocente des créatures qui ait jamais existé, pour sauver l'"amour" de ta vie ?
– …
– Serais-tu toi-même prête à mourir pour ramener Vitalio du côté des vivants ?
– …
– C'est ton unique chance de le sauver ; ses minutes sont comptées…
– Je… oui. Je serais prête à me sacrifier pour lui.
– Vraiment ? Y as-tu bien réfléchi ?
– Oui, car vois-tu, je l'aime ; et la moindre des choses que je puisse faire pour lui, c'est bien lui prouver la force de mon amour par cet acte, puisqu'il n'y croit pas le moins du monde…
– Tu serais prête à renoncer à ta vie pour lui, sans aucun remord ? Sans te demander s'il ne finira pas un jour par t'oublier ou par te remplacer par une autre ?
– Je… Il fera bien ce qu'il voudra.
– Tu bluffes, n'est-ce pas ?
– Pourquoi blufferai-je ? Ce n'est pas moi, la manipulatrice !
– Si tu le dis… Bon, tu m'as convaincu, alors voilà ce que je te propose : si tu respectes toutes les conditions que je viens d'énoncer – excepté celles impliquant tes parents ou ton amie –, je te promets de ramener Vitalio à la vie.
– Puis-je vraiment te faire confiance ?
– Tu oserais remettre ma parole en doute ?
– Tu es un manipulateur, tu l'as dit toi-même.
– Sache que la parole d'un Pokémon, même corrompu, ne peut être remise en cause…
– Alors je peux te faire confiance ?
– Puisque je te le dis ! »

Célinda sombra dans un profond mutisme.

« Je me permets de te rappeler que les minutes de Vitalio sont comptées… »

La jeune fille ignora le rappel. Elle n'en avait pas besoin. Au bout d'une dizaine de secondes, elle finit par dire :

« C'est d'accord. Je suis… prête.
– Prête ?
– Oui. Prête à mourir. Tu quitteras le corps de Vitalio une fois que j'aurais tenu ma part du marché, n'est-ce pas ?
– Si tu l'accomplis, oui.
– Alors n'attendons pas plus longtemps.
– Très bien. Voilà comment ça va se passer : tu vas laisser ton instinct prendre le contrôle de ton être – comme tu sais si bien le faire – seulement à mon signal.
– Pourquoi ?
– Pour pouvoir sauver ton ami, bien sûr… Tu ne seras pas capable de me suivre si tu ne revêts pas ta vraie nature…
– Mais… si je meurs, je n'honorerais jamais qu'une part du contrat… fit Célinda, songeuse.
– Une fois de plus, tu me sous-estimes… Me croirais-tu donc assez stupide pour te proposer un marché qu'il te serait impossible de tenir ? Non, ne te fais pas d'illusions, tu auras tout le loisir de le tenir… Bon, es-tu prête ? »

Célinda ouvrit la bouche pour approuver lorsque soudain, son Fouinette bondit de son épaule pour charger Vitalio. Ce dernier, bien que surpris par cette attitude inattendue, n'éprouva aucune difficulté à esquiver l'attaque. Il regarda avec mépris le Pokémon Fouine percuter à pleine vitesse le tronc de l'arbre qui se trouvait juste derrière le jeune homme. Il lui adressa quelques mots dédaigneux juste avant que la petite boule de poils ne s'évanouisse :

« Que croyais-tu donc pouvoir me faire ? Un petit Pokémon chétif comme toi n'est bon qu'à servir de gibier aux autres Pokémon. Retourne donc jouer dans la cour des petits. »

La jeune fille observa sans comprendre son seul et unique Pokémon. Pourquoi s'était-il donc comporté ainsi ?

« Alors ? Es-tu prête ? Il ne reste plus beaucoup de temps…
– Je… oui, c'est bon, je suis… je suis prête.
– Bien. Alors laisse le Pokémon qui sommeille en toi prendre le contrôle de ton corps. Maintenant. »

Célinda ferma les yeux puis obéit. Elle sentit pendant un très court instant cette sensation intense de bonheur qu'elle avait déjà eu l'occasion d'expérimenter, ce sentiment étourdissant de liberté infinie auquel elle avait déjà goûté. Une fois. Une seule. Elle se rendit alors compte de ce qu'elle devait sacrifier. De ce qu'elle allait sacrifier. De ce qu'elle sacrifiait. Ce n'était pas sa vie. Oh non. C'était bien plus que ça ; c'était sa liberté. Elle voulut reprendre le contrôle de son corps. Pour lutter. Pour ne pas se laisser piéger. Mais il était trop tard. Il lui était déjà revenu, avant même que lui soit venue l'idée de lutter pur reprendre possession de ses moyens. Elle s'était fait manipuler. Une fois de plus. Son Pokémon avait pourtant essayé de la prévenir… La jeune fille ouvrit des yeux haineux submergés de larmes. Mais ce n'était plus le manipulateur qu'elle avait en face d'elle. C'était la victime. Une victime qui était en train de se réveiller après un long sommeil sans rêves. Une victime encore inconsciente de la personne qu'il avait en face. Une victime dont les yeux avaient perdu l'éclat bleu électrique. Vitalio.

Une envie irrépressible de pleurer s'empara de Célinda. Une envie qui, à son plus grand désespoir, elle ne pouvait pas soulager. Elle avait vraiment perdu sa liberté. Sa liberté d'agir. Ce fut donc le cœur lourd et dans l'immobilité la plus totale à laquelle elle était réduite contre sa volonté que la jeune fille attendit que son ami recouvre complètement ses esprits.