Des vacances mouvementées... de Don d'ARCEUS

Célinda reprit brusquement connaissance, la respiration plus haletante que jamais, le cœur plus fou que jamais, la gorge plus serrée que jamais, l'estomac plus noué que jamais. Elle se trouvait attachée au tronc d'un arbre ou à l'une de ses branches à l'aide de cordes de nylon. Comme chacun de ses amis. Ceux-ci étaient vraisemblablement encore plongés dans un effroyable cauchemar. Mais ils ne pleuraient pas, eux. Les trois amis se trouvaient dans une cabane en bois – Célinda en déduisit qu'ils se trouvaient dans la forêt – au sol fait de planches. Comment se tirer de là ? Soudain, Célinda eut un éclair de lucidité :

« Emprisonner la Liberté ? Quelle drôle d'idée ! »

Célinda fut libre. Elle voulut délivrer son amie lorsque celle-ci s'éveilla et lui conseilla de délivrer le jeune homme avant elle. Il était plus puissant qu'elles. Célinda approuva et s'approcha du jeune homme. La jeune fille remarqua alors qu'il était entouré d'innombrables chaînes métalliques. Elle était libre de l'en délivrer. Elle défit chacune des chaînes jusqu'à ce qu'elle arrive à celle qui lui enserrait le bassin, qu'elle avait soigneusement ignoré jusqu'ici.

« Cé... Célinda ? »

Une lueur étrange apparut dans les yeux de l'interpelée l'espace d'un instant alors qu'elle venait juste de lui enlever la chaîne. Sa main s'attarda sur la ceinture du jeune homme.

« Réveille-le Célinda ! Ne fais pas ça ! »

À peine Éliana avait-elle fini sa phrase que le jeune homme refit surface. Lorsque ce dernier avisa Célinda si proche de lui, il la repoussa brusquement sans aménité aucune. La jeune fille atterrit quelques mètres plus loin sur la plateforme, abasourdie.

« Vitalio ! s'exclama Éliana.
– Ne me dis pas quand même pas que tu cautionnes ce qu'elle allait faire ?
– Non, bien sûr que non ! Mais tu aurais pu la dégager moins brutalement !
– Elle n'avait qu'à pas se trouver là... s'expliqua le garçon, en se dirigeant vers son interlocutrice pour la délivrer.
– Euh... je préférerais qu'elle me délivre, si tu n'y vois pas d'inconvénient... le prévint-elle, en désignant son amie.
– Comme tu voudras... » fit Vitalio dans un soupir.

Célinda se releva avec difficulté, puis se dirigea vers Éliana qu'elle délivra de ses cordes en nylon sans marquer aucune hésitation en manipulant celle qui lui entourait le bassin.

« Je... Célinda, ça va ?
– Pourquoi ça n'irait pas ?
– Tu as les yeux rougis...
– ...
– C'est... c'est à cause du cauchemar, n'est-ce pas ?
– Je... Écoute, ce n'est ni le moment, ni l'endroit pour discuter de ça, d'accord ?
– Oui mais... Tu as l'air si... Et puis...
– Ce ne sont que des cauchemars, Éliana, et jamais des cauchemars n'auront raison de moi, tu m'entends ?
– Oui, bien sûr, mais... tu sembles tellement souffrir à cause d'eux... »

Célinda lança un regard noir à son amie.

« Enfin... je voulais juste que tu saches que, si jamais tu éprouvais le besoin de te confier, je suis là... »

Célinda acquiesça. Vitalio s'avançait vers la claie de bambous qui tenait lieu de porte quand une main l'écarta avant que le garçon ait eu le temps de le faire lui-même. Une main camouflée par les ténèbres. Vitalio recula pour se poster juste devant ses deux amies, comme pour les protéger.

« Vous avez réussi à vous libérer ? Comment cela se peut-il ? s'enquit l'homme ténébreux, curieux.
– Comme si nous allions vous en toucher un mot !
– Peu importe. Il me tardait de tester l'étendue de mes nouveaux pouvoirs, et vous m'en donnez l'occasion. Pour un peu je vous en remercierais, mais...
– Arrêtez votre baratin ! Il n'empêchera pas votre défaite ! cracha Vitalio.
– Contrairement à ce que tu penses, jeune homme, j'ai gagné en puissance depuis notre dernier – et premier – combat... ce discours avait juste pour but de retarder votre défaite, histoire que vous savouriez une dernière fois le goût étrange de la vie... » répliqua l'homme ténébreux sur un ton faussement doucereux.

Célinda passa à l'action avant Vitalio. En effet, bien que le jeune homme soit très vif, il possédait une puissance limitée, contrairement à Célinda puisqu'elle était libre. Le temps sembla s'arrêter tellement la jeune fille agissait vite : elle frappa l'homme ténébreux de toutes ses forces, là où elle pouvait. Du moins, elle essaya : ses coups lui passaient au travers ! Elle revint vers ses amis en frissonnant, abasourdie et inquiète, pendant qu'un rire sonore provenait de la forme entourée de ténèbres. Vitalio passa alors à l'attaque, suivi de près par Éliana. Leurs coups n'eurent pas plus d'effet que ceux de leur amie sur l'homme aux ténèbres. Le rire de leur cible s'éteignit peu après qu'ils aient battu en retraite en grelottant.

« Vous ne pensiez tout de même pas que vos coups auraient plus d'effet que les siens ? ricana l'homme ténébreux.
– P... pourquoi n'arrivons-nous pas à vous faire le moindre mal ? l'interrogea Célinda.
– Les Pokémon sont faits pour se battre entre eux, tout comme les humains se battent entre eux...
– Comment mes amis ont-ils eu raison de vous la dernière fois, alors ?
– C'était la première fois que j'utilisais une capacité, et le contrecoup émotionnel a été si fort que je me suis évanoui. Tes amis n'ont aucun mérite... Mais cette fois-ci, je ne crains plus ce contrecoup car vois-tu, jeune fille, j'ai beaucoup appris de moi depuis notre dernière rencontre, et je me suis habitué à ce que je suis... La connaissance de soi-même offre pas mal de possibilités, je dois dire. Mais la connaissance de ses limites est encore plus enrichissante. C'est pourquoi je tenais tant à me mesurer à vous... Mais je dois me rendre à l'évidence, vous n'utilisez aucune attaque digne d'un Pokémon... Sur ce, je vous laisse, j'ai autre chose à faire que de parler à des mômes...
– Un instant ! Vous ne nous croyez capables que d'attaques humaines, c'est ça ?
– Eh bien, c'est l'impression que vous me donnez, tout du moins, pourquoi ?
– Considérez-vous ceci comme étant une attaque humaine ? demanda Vitalio en désignant son poing enflammé.
– Un Pokémon Feu ? Intéressant... » remarqua l'homme ténébreux, en se préparant au combat.

Le garçon attaqua de son poing Feu. L'homme ténébreux fit un simple pas sur le côté pour l'éviter.

« La maîtrise de capacités Physiques requiert du temps... Essaye plutôt une attaque Spéciale, veux-tu ? »

Le jeune homme pesta intérieurement. Cet homme commençait sérieusement à lui taper sur les nerfs. Vitalio se remémora une attaque Feu suffisamment puissante pour lui faire perdre son assurance.

« Essayez l'attaque Lance-Flamme si vous voulez savoir si vous êtes un Pokémon Feu... » dit pensivement Vitalio à ses deux amies qui acquiescèrent.

Vitalio ouvrit grand la bouche où commença à apparaître une petite boule rouge qui se mit rapidement à grossir. Le garçon souffla alors sur la boule qui commença à rapetisser tandis qu'un jet de flammes continu inondait l'homme ténébreux. Non. Pas qu'un seul ; Célinda avait effectivement elle aussi réussi à utiliser la capacité Lance-Flamme. Un sentiment de frustration intense envahit alors le jeune homme qui se mit à faire grossir sa boule de feu au fur et à mesure que celle-ci diminuait, si bien que Célinda s'arrêta de cracher des flammes bien avant le jeune homme. Un sentiment de victoire s'empara alors de lui, et le jeune homme arrêta de cracher ses flammes. Il remarqua alors que l'homme ténébreux ne se trouvait plus en face de lui. Sa voix surgit alors de derrière eux.

« Époustouflant, je dois l'admettre...
– Comment...
– Moi aussi, j'ai plus d'un tour dans mon sac... Mais je me demande, pourquoi toi, tu n'as pas attaqué... avoua l'homme ténébreux en fixant Éliana. À moins que tu n'aies pas réussi à utiliser d'attaque Feu... Tu ne serais pas un Pokémon Feu donc... Peut-être qu'une attaque Eau... »

Soudain, une pluie diluvienne s'abattit sur la région et finit par inonder la salle dans laquelle les trois amis et l'homme aux ténèbres se trouvaient. Des ondes aquatiques se dirigèrent vers l'homme ténébreux, en provenance d'Éliana. La forme ténébreuse se brouilla alors pour finalement disparaître. Un reflet ! La salle se vida de l'eau instantanément. Les trois amis, trempés jusqu'aux os, firent volte-face, se doutant que l'homme se trouvait à présent derrière eux. Ils avaient raison.

« Intéressant... Mais tu as fait une sérieuse erreur en utilisant Danse-Pluie, jeune fille. Nous sommes tous trempés, à présent, diminuant de ce fait la puissance des attaques Feu de tes deux amis... »

Éliana regarda tour à tour ses deux amis, désolée. Ceux-ci ne semblaient pas le moins du monde contrariés. Bien au contraire, tous deux lui semblaient reconnaissants de la pluie qu'elle avait faite tomber. Une Cascade monumentale se produisit entre les trois compagnons et l'homme ténébreux que Vitalio gela d'une attaque laser glace. Un mince bloc de glace séparait maintenant les compagnons de l'homme. D'un commun accord, Célinda et le garçon frappèrent le bloc de glace à l'aide de l'attaque Mitra-Poing. Des éclats de glace volèrent en direction de l'homme aux ténèbres qui ne broncha pas. Encore un reflet !

« Synchronisation parfaite, attaque prévue par combinaison de capacités... Ingénieux. Mais pas assez pour m'avoir... »

Des dizaines et des dizaines d'hommes ténébreux venaient d'apparaître autour du trio qui se préparait à attaquer. Vitalio agit le premier. Il pulvérisa tous les clones d'une seule attaque Vent Glace. Il n'y avait aucune trace de leur ennemi.

« Avez-vous peur de nous à tel point que vous préférez vous cacher au lieu de nous affronter la tête haute ? se moqua Vitalio.
– Moi, peur ? Tu me connais mal petit... fit l'homme ténébreux, en apparaissant devant eux.
– Encore un clone ?
– Pas du tout !
– Prouvez-le ! »

Soudain, une bonne dizaine de clones du trio apparut devant l'homme ténébreux qui émit un petit rire méprisant. Il utilisa l'attaque Vent Glace, comme le garçon un peu plus tôt. L'homme était seul dans la hutte. Il se retourna. Non, ils étaient toujours là.

« Vous ne cherchez pas à vous enfuir ? leur demanda-t-il, amusé.
– Nous n'allions pas vous laisser vous en tirer aussi facilement !
– Prétentieux ! Tu ne connais pas ma puissance ! »

Vitalio utilisa l'attaque Laser Glace. Célinda l'imita. L'homme aux ténèbres gela en quelques instants.

« Bien, fit le jeune homme en s'avançant vers la statue de glace, finissons-en !
– Qu'est-ce que tu vas faire ? s'enquit Célinda, inquiète tout à coup.
– Le réduire en mille morceaux.
– Mais... pourquoi ?
– Son esprit est aussi noir que le charbon de bois. Crois-moi, il faut mieux le tuer plutôt que le laisser en vie...
– Pourquoi ? Qu'a-t-il fait de mal ?
– Il a tué ma mère.
– Comment peux-tu être aussi catégorique ?
– Éliana m'a donné la chance de converser une dernière fois avec elle. Elle m'a révélé la cause de sa mort...
– Mais... Il... Enfin...
– Écoute-moi bien Célinda ! Cet homme n'est pas gentil ! Il est cruel ! Les projets qu'il envisage pour plus tard sont tout à fait... inhumains !
– Quels sont ses projets ?
– Tu ne me crois pas, peut-être ? »

Soudain, il y eut un bruit de glace brisée. Le jeune homme allait lancer une nouvelle attaque Laser Glace lorsqu'il sentit une irrésistible torpeur l'envahit.

« Fuis, Célinda ! »

L'interpelée se tourna vers son amie qui elle aussi était sur le point de s'effondrer. Ses deux amis disparurent alors.

« Eh bien, jeune fille ? Qu'est-ce qui te retient ici ?
– Je...
– Tu ne veux pas vivre la réalité une nouvelle fois, c'est ça ?
– Vos cauchemars n'illustrent pas le moins du monde la réalité !
– Allons, allons ! Ne dis pas de pareilles bêtises !
– Ce ne sont pas des bêtises !
– Ben voyons... Peux-tu alors me dire combien de fois Vitalio a posé ses lèvres sur les tiennes ? Combien de fois il t'a prise dans ses bras autrement que par nécessité ? Combien de fois il a ressenti le besoin de te toucher, de te caresser ? Combien de fois a-t-il effleuré du regard les courbes de ton corps ? Combien de sourires aussi rayonnants que ceux qu'il adresse à ton amie t'a-t-il offerts ? Combien...
– Assez !
– Vous n'êtes pas faits l'un pour l'autre, cesse de te faire des illusions !
– Éliana ne me tenait pas tout à fait le même discours !
– Tout simplement parce qu'Éliana ne voulait pas te faire de peine !
– Pourquoi m'aide-t-elle alors à séduire Vitalio ?
– Parce qu'elle veut te faire croire que tout espoir n'est pas encore perdu, voilà pourquoi ! Mais elle sait très bien qu'il ne t'aimera pas quoi que tu fasses ! Si tu veux mon avis, elle teste Vitalio à travers toi pour savoir ce qui le fait rougir, ce qu'il aime... Ce sera d'autant plus facile pour elle de le séduire en sachant tout ça...
– Je ne vous crois pas !
– Ne pas me faire confiance est une erreur que beaucoup ont payée de leur vie...
– Que me proposez-vous alors ?
– De ne plus l'aimer...
– Facile à dire...
– C'est là que mon marché intervient : si tu t'allies à moi, je te promets que tes désirs les plus inavouables se réaliseront...
– Je... avec qui réaliserais-je mes désirs ?
– Qui tu voudras. Je connais des adolescents qui pourraient très bien faire l'affaire...
– Et... Vitalio ?
– Il ne t'aime pas, Célinda ! Tu veux peut-être vivre la suite de tes rêves réels pour comprendre ?
– Pourquoi ? Que se passe-t-il ensuite ?
– Je veux d'abord savoir si tu veux t'allier à moi... »

Célinda resta silencieuse.

« Tu restes indécise ? Tu préfères vivre un amour impossible, un amour sans actes, sans paroles ou tendresses ?
– C'est sans doute plus sage...
– Très bien ! Fais de beaux rêves, alors... »

Une douce torpeur envahit soudain la jeune fille. Toujours plus irrésistible. Célinda eut tout juste la force de se téléporter.