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Des vacances mouvementées... de Don d'ARCEUS



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» Auteur : Don d'ARCEUS - Voir le profil
» Créé le 30/07/2010 à 10:21
» Dernière mise à jour le 10/10/2010 à 12:59

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La trahison ratée
La jeune fille avait cessé de sangloter en entendant des voix, dont les possesseurs s'étaient visiblement rapprochés.

« Vous avez laissé la fillette toute seule avec le garçon ? Sans surveillance, je veux dire ?
– Euh, oui… Pourquoi ? Il ne fallait pas ?
– Ce qui est fait est fait… Enfin bon. »

La porte s'était ouverte, découvrant l'homme aux habits verts et un autre habillé en homme d'affaire.

« Décidément, il y a de tout par ici… » avait songé Célinda, en s'essuyant les yeux du revers de la main.

L'homme en costard-cravate s'était approché du lit pour s'assurer que le garçon était bien inconscient.

« Vous… Vous êtes le grand patron et le père de cet enfant ? avait demandé la jeune fille, d'une voix hésitante.
– Le grand patron, oui, plus ou moins, mais… le père de cet enfant… avait bafouillé l'homme en se tournant vers l'autre homme tout de vert vêtu.
– Ce n'est pas vrai ? s'était alors enquis celui-ci.
– Non, pas vraiment. Enfin, nous ne sommes pas ici pour parler des liens qui m'unissent à ce garçon.
– Parce qu'il y en a ? avait demandé la jeune fille.
– Oui.
– Alors qu'êtes-vous, pour lui ?
– Son parrain. Bon, dis-moi ce que tu sais à propos de ce garçon. »

Célinda était restée muette, se demandant s'il vaudrait mieux qu'elle parle ou qu'elle se taise.

« Tu peux tout me dire, tu sais.
– J'en doute beaucoup. Je n'ai pas confiance en vous.
– Ah bon ? Et pourquoi ça ?
– Vous n'êtes pas son parrain. Si vous l'étiez vraiment, vous ne le laisseriez pas dans cet état-là !
– Crois-moi, si on le réveillait, il se précipiterait immédiatement par la fenêtre, avait dit l'homme en désignant le trou rectangulaire dans le mur en bois.
– Qu'est-ce qui vous fait dire ça ?
– C'est ce qui s'est passé la dernière fois…
– Parce qu'il y a eu une première fois avant celle-ci ? Combien de fois l'avez-vous capturé ? avait sifflé Célinda.
– C'est seulement la deuxième fois que nous le capturons.
– Pourquoi a-t-il fugué la première ?
– Parce que… tu l'as sans doute remarqué, mais ce garçon est différent des autres.
– Et alors ?
– Eh bien, avant la mort de ses parents, il était tout à fait "normal"… Quand ils sont morts, il a disparu. Pffuit envolé. Personne ne s'en est rendu compte. Puis il y a eu une rumeur à propos d'un enfant sauvage. Des photos sont parues dans les journaux. Il n'avait plus beaucoup de l'enfant que j'avais connu, mais il en restait suffisamment pour que je l'identifie sans trop de mal. Je me suis personnellement chargé de l'affaire. Plus personne n'en a plus entendu parler. Nous avons réussi à le capturer. Nous avons fait une prise de sang pour être sûr que c'était bien celui que l'on pensait. Cette prise de sang l'a rendu fou. Il a fichu le bazar dans la salle puis s'est enfui. Après avoir identifié le sang prélevé qui nous a révélé que j'avais vu juste, nous avons mis tous les moyens en œuvre pour le recapturer.
– Pourquoi avoir voulu le recapturer ? Il a déjà vécu jusqu'ici sans l'aide de personne ; pourquoi ne pourrait-il pas continuer à vivre ainsi ?
– L'analyse de son sang nous a révélé bien plus que ce que nous voulions savoir…
– Mais encore ?
– Qu'as-tu remarqué d'étrange chez lui ?
– Ses yeux mauves pareils à deux améthystes. Personne n'a les mêmes. » avait immédiatement répondu Célinda.

Voyant qu'on avait attendu des éléments de réponse supplémentaires, elle avait continué.

« Il n'a pas l'air musclé comme ça, mais il est puissant. Il peut… lire dans les pensées. Il court vite. Il est… c'est tout.
– Tu en sais donc autant que nous… À moins que…
– À moins que quoi ?
– À moins que tu saches d'où il tient cette force extraordinaire ?
– La bonne question ne serait-elle pas plutôt "de qui" il tient ?
– Je t'ai déjà dit qu'avant la mort de ses parents, il était tout à fait banal !
– Mmmh… Non, je n'ai aucune idée d'où viendrait cette force. Et vous ?
– Pas la moindre non plus… »

Un silence s'était installé, que Célinda avait fini par briser, intriguée par leur comportement :

« Pourquoi avez-vous répondu à toutes mes questions, alors qu'avant, non ? Pourquoi m'avoir dit tout ça ?
– Parce que nous avons besoin de toi. De ton aide.
– Comment ça ?
– Nous avons déjà essayé par tous les moyens de lui soutirer l'information dont nous avons besoin.
– D'où lui vient cette force ?
– C'est ça. Mais il n'a rien voulu nous dire.
– Pourquoi voudrait-il me dire ça à moi ? »

Bien qu'elle s'était doutée de la réponse, elle avait voulu l'entendre de vive voix. Mais elle n'avait pas obtenu celle qu'elle avait imaginée :

« Ce n'est pas vraiment le scénario que j'imaginais…
– Quel est votre scénario, alors ?
– Il tient beaucoup à toi, non ?
– S'il ne reconnaît pas en moi une amie… non. Pas vraiment. Mais… pourquoi tenez-vous tant à lui soutirer cette information ?
– Par simple curiosité… avait menti l'homme en costar-cravate – Célinda s'était bien gardée de relever le mensonge.
– Quel est le mauvais coup que vous préparez ?
– Quel mauvais coup ?
– Vous vous cachez dans les arbres. Il y a forcément une raison à ça. Vous devez préparer quelque chose. Et de pas très politiquement correct.
– Bonne déduction. Je vois que nous avons affaire à quelqu'un d'intelligent. »

Célinda avait rougi au compliment.

« Qu'attendez-vous réellement de moi, en fin de compte ? Que je joue la victime apeurée mais qui ne veut pas que son "ami" révèle son secret ?
– Pourquoi tu lui dirais de ne pas révéler son secret ?
– C'est de la psychologie inversée. Il suffit de dire quelque chose pour qu'il fasse l'inverse…
– Ne détecterait-il pas la supercherie ?
– Qui ne tente rien n'a rien.
– Il vaut mieux réfléchir avant d'agir.
– J'ai l'impression de jouer dans un mauvais film.
– Ah bon ? Et pourquoi ça, jeune fille ?
– Rien ne s'est encore passé, vous m'avez donné tous les renseignements que je voulais… C'est… bizarre. Y a-t-il au moins… un mauvais coup ?
– Tu es loin de tout connaître, jeune fille. Rares sont les personnes informées de la totalité des opérations constituant une quelconque entreprise, aussi simpliste soit-elle…
– Vous êtes réellement le grand patron ? Ou bien êtes-vous simplement un "sous-patron" ?
– Je suis plus un "sous-patron", en fait. Le vrai patron ne se montre jamais en public, sauf dans de rares cas où il pense avoir un rôle à jouer que nul autre ne pourrait interpréter. Personne ne connaît son nom.
– Existe-t-il, au moins ?
– Rien n'est moins sûr…
– Il faut pourtant bien que quelqu'un soit à l'origine d'une quelconque entreprise…
– Évidemment.
– Il possède des Pokémon ?
– Une personne d'une telle envergure se doit d'en posséder.
– Vous ne répondez à ma question.
– Il en possède. J'en suis presque tout à fait sûr.
– Pourrais-je alors le défier ? »

Les deux hommes présents avaient ri. Beaucoup. La porte s'était ouverte avant qu'ils aient fini de rire. Brusquement.

« Je ne vois pas pourquoi vous riez, messieurs. Cette jeune fille est tout sauf en train de plaisanter… » avait dit l'homme qui était entré.

Il s'était agi d'un homme dont on n'apercevait pas distinctement les contours : il avait été entouré de ténèbres qui le dissimulaient entièrement. Le grand patron.

« Si vous voulez bien sortir, messieurs, j'ai à parler avec cette fille…
– Mais…
– Sortez ! »

Effrayés, les deux hommes étaient sortis. Il était vrai que la voix avait été intimidante.

« Comment t'appelles-tu ? avait demandé l'homme entouré de ténèbres à la jeune fille.
– Cé… Célinda, monsieur…
– C'est ton ami ?
– Je n'en suis moi-même plus tout à fait sûre…
– Ah bon ?
– Je…. S'il était mon ami, il ne… il ne vous aurait pas dit qu'il n'avait pas d'amis.
– As-tu envie de te venger ? l'avait alors interrogé l'homme ténébreux, tandis qu'une haine avait soudainement surgi dans l'esprit de la jeune fille.
– Je… Il… Ses pouvoirs vous intéressent beaucoup… avait bafouillé Célinda, luttant contre ce sentiment d'une intensité étonnamment importante.
– Oui, je ne vais pas te le cacher. J'ai depuis longtemps compris que si l'on avait une chance de lui soutirer l'information dont nous avons tant besoin, elle repose sur toi et toi seule…
– Vous avez dit "dont nous avons besoin"… Pourquoi nécessitez-vous de connaître son secret ?
– Eh bien… Tu n'ignores sans doute pas que je suis obligé de travailler avec quelques personnes… avec des soldats. Mais ces soldats-là, bien qu'ils soient surentraînés, n'ont pas du tout fait le poids face à ce jeune homme. Ils se posent des questions : est-ce que nous sommes réellement les meilleurs soldats du monde ?
– Les meilleurs soldats du monde ?
– Je me dois d'être bien entouré… Si je ne l'étais pas depuis le début, je doute que je sois encore en vie.
– Mais… quel est le but de ce plan que vous avez mis en place ?
– Un plan ?
– Oui, enfin… Quel est votre but, dans la vie ? Vous n'êtes pas recherché pour rien, j'imagine ? Vous avez dû faire des choses pas très correctes au regard de la loi…
– C'est le moins que l'on puisse dire… avait soupiré l'homme.
– Pourquoi tous ces actes ? Dans quel but ? On m'a parlé d'un plan qui se terminerait ce soir… Qu'est-ce que ça veut dire ? Qu'est-il en train de se passer ?
– Oh, ne t'inquiète pas tant, ce qui va se passer ce soir n'a rien de très… comment dire… rebelle ? Non, il s'agit juste de rassembler des personnes. Après, nous passerons à l'action…
– C'est-à-dire ?
– Tu verras bien. Mais bon, en attendant, le problème ne réside pas dans le bon déroulement du plan. Tout se passe très bien pour le moment. Non, le problème, c'est la puissance incompréhensible de ce garçon… Quant à la solution…
– C'est moi.
– Oui. Je demande juste à ce que tu lui soutires cette information.
– Et quand vous l'aurez ?
– Eh bien j'irais moi-même vérifier s'il a dit vrai.
– Et ensuite ?
– Ensuite, s'il a dit vrai, je ferais de mes soldats des personnes plus puissantes que lui…
– Et… si jamais il ment ?
– Alors… il souffrira. Comme il n'a jamais souffert. La mort de ses parents n'aura rien été à côté de ces souffrances.
– Que ferez-vous de lui, s'il dit la vérité ?
– Ton sort ne t'intéresse donc pas ?
– Je retourne chez moi ce soir, non ?
– Oui, mais peut-être irais-je te cueillir chez toi demain matin. J'ai des projets pour toi.
– Quel genre de projets ?
– Tu verras bien… Si tu décides de me suivre.
– Bon… et si on s'occupait de lui ? avait alors proposé Célinda, n'en pouvant plus de contenir cette haine, la laissant prendre possession d'elle.
– J'attendais que tu te décides. Bon, je vais partir. Il va se réveiller. Je te donne ce microphone pour que tu enregistres ta conversation avec ce jeune homme, avait dit l'homme aux ténèbres, en semblant sortir quelque chose d'une poche de son pantalon, et en la lui tendant dans une main recouverte de ténèbres. Il est déjà en marche. Prends-le et cache-le. Bien. Je compte sur toi ! »

Il s'était évaporé. Le jeune homme aux yeux mauves avait eu un sursaut puis s'était réveillé. Il s'était ébroué, se vidant la tête de tous les cauchemars auxquels il avait assistés quelques instants auparavant. La haine qui s'était emparée de Célinda avait disparu comme par magie dès que le garçon l'avait fixé droit dans les yeux. Elle avait oublié l'intensité de ce regard améthyste. Elle s'était assise sur le lit du garçon qui s'était lui-même assis sur son oreiller. Elle avait levé la main vers son visage, guidée par son instinct. Il l'avait repoussé d'un simple revers de la main. Célinda s'était apprêtée à lui faire une réflexion quand celui-ci avait pris le microphone – comment avait-il su qu'elle en avait un sur elle, et où il s'était trouvé ? –, l'avait détruit puis avait pris la jeune fille dans ses bras, sans prévenir – comme à son habitude. Il s'était approché de la fenêtre, l'avait franchi sans éprouver la moindre difficulté, puis avait balancé ses bras d'avant en arrière et il avait lâché la jeune fille en la lançant devant lui avec toute la puissance dont il était capable. Célinda s'était retournée, croyant rêver. Le jeune homme l'avait contemplé, lui envoyant quelques mots. La jeune fille avait saisi les premiers qui avaient signifié qu'elle devrait courir avant d'atteindre le sol – le choc serait moins dur.

« Va ! Ne t'arrête jamais ! »

Les seconds s'étaient perdus dans l'explosion qui avait alors eu lieu. Célinda avait tourné le dos au spectacle, les larmes aux yeux, ne voyant pas cette silhouette sombre debout parmi les flammes. Elle les avait toutefois empêchées de couler. Pour le moment, elle avait dû se concentrer sur sa trajectoire qui, étrangement, ne croisait aucun arbre. Elle avait couru comme lui avait ordonné le garçon lorsqu'elle avait été assez proche du sol pour le toucher de la pointe des pieds. Elle avait couru. Et pleuré. Sans s'arrêter.

Lorsque ses jambes n'en avaient plus pu de courir, elle avait marché. Mais ses pleurs n'avaient pas cessé.