Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Des vacances mouvementées... de Don d'ARCEUS



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Don d'ARCEUS - Voir le profil
» Créé le 28/07/2010 à 11:26
» Dernière mise à jour le 04/07/2012 à 18:46

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Un amour tué dans l'œuf
À son réveil, Célinda avait immédiatement tâté la place à côté d'elle qui s'était révélée vide. La jeune fille n'en avait même pas été surprise. Elle avait seulement poussé un soupir teinté de tristesse. De nouveau seule...

Comme pour la contredire, des bruits de pas avaient retenti dans la maison. Elle avait espéré que ce soient le bruit de ceux du jeune homme, mais, se doutant qu'elle aurait été déçue en agissant ainsi, elle avait seulement fermé les yeux, pour échapper à la réalité, pour s'en créer une autre, une où ces pas, qui se dirigeaient vers la chambre de ses parents – où elle s'était trouvée – seraient ceux du garçon aux yeux d'améthyste. Il se serait arrêté sur le pas de la porte, aurait soupiré devant la beauté de cette fille, se serait approché du lit puis s'y serait assis, aurait repoussé une mèche rebelle du visage de Célinda...

Elle avait alors eu le souffle coupé. On lui avait repoussé la mèche rebelle à laquelle elle venait tout juste de penser. Les pas s'étaient peu à peu éloignés. Elle avait ouvert les yeux.

« Toi ! »

Elle s'était difficilement levée – elle avait eu l'impression de ne pas avoir récupéré du tout – puis avait titubé jusqu'à la porte qui donnait sur le couloir où elle avait alors vu le jeune homme. Il s'était vraisemblablement retourné quand il avait entendu la voix de Célinda. Son visage avait affiché une expression impénétrable. Même ses yeux avaient été inexpressifs. Ayant peur qu'il s'évapore, tel un rêve, Célinda avait couru dans sa direction. Tout du moins, elle avait essayé : au premier pas, elle avait perdu l'équilibre. Soudain, il avait été là. Il l'avait retenue avant qu'elle ne touche le sol. Elle lui avait entouré le cou de ses bras. Maintenant qu'elle l'avait enfin eu, elle n'était pas prête de le lâcher. Il l'avait prise dans ses bras, ramenée dans sa chambre, comme s'il avait toujours habité avec elle dans cette maison. Elle n'avait pas résisté ; elle n'en avait pas eu la force. Elle avait préféré les garder pour la suite...

Une fois dans sa chambre, il l'avait allongée sur son lit. Il avait saisi les bras de la jeune fille qui s'étaient encore trouvés autour de son cou. Il les avait ôtés de là sans aucune difficulté. Célinda avait ragé intérieurement. Malgré tous les efforts qu'elle avait rassemblés pour empêcher cette séparation, elle n'avait pas réussi à le retenir. Il était beaucoup plus fort qu'un être humain. Plus fort qu'elle donc.

Une envie irrépressible de pleurer l'avait envahie. Elle avait à peine résisté. Une larme était née. Les autres avaient suivi. Elle s'était allongée sur le ventre, la tête dans son oreiller, pour que le garçon ne la voie pas pleurer. Elle avait serré les poings. Elle se sentait impuissante et chétive. Elle avait pleuré de plus belle.

Le jeune homme aux yeux mauves l'avait laissée pleurer. Il n'avait sans doute pas saisi l'origine de ces sanglots.

Une fois versées toutes les larmes de son corps, Célinda s'était endormie. Le garçon s'était assis sur le parquet de la chambre, pour veiller sur la jeune fille. Parfois, cette dernière était secouée de nouveaux sanglots. Le garçon avait perçu la cause de ces nouveaux sanglots ; il lisait dans ses cauchemars comme dans un livre ouvert. Et ce qu'il avait alors vu l'avait effrayé. C'était lui, la cause de son malheur. Ou plutôt de ses réactions. Il avait en effet "lu" que Célinda le trouvait très attirant. Il avait également "lu" qu'elle n'avait pas compris la façon dont il avait réagi en sa présence. Il avait aussi "lu" autre chose. Et cette autre chose lui avait fait peur. Il s'était aventuré sur un chemin inconnu dès le moment où son regard avait croisé celui de Célinda. Un chemin qu'elle avait pris pour de l'Amour. Il avait espéré qu'elle ait tort.

Lorsqu'elle s'était éveillée, Célinda avait regardé alentour si le garçon s'y trouvait. Il ne s'y était pas trouvé. Cette fois, elle n'avait même pas soupiré en remarquant son absence. Les garçons étaient tous les mêmes : jamais là quand on a besoin d'eux. Elle s'était levée, remarquant avec satisfaction que ses forces lui étaient revenues, puis avait jeté un œil à son réveil électronique qui avait indiqué neuf heures et demie. Elle s'était dirigée vers la salle de bain, où elle avait ensuite pris une douche, en se demandant combien de temps elle avait bien pu dormir. Après avoir enfilé son peignoir, elle s'était précipitée dans la cuisine, son estomac lui rappelant qu'elle n'avait pas mangé depuis longtemps. Elle l'y avait trouvé, en train d'attendre devant le micro-ondes que le bol de la jeune fille rempli de lait ait fini de chauffer. Il s'était retourné à son arrivée et lui avait adressé la parole en même temps qu'un sourire :

« Salut ! Tu as bien dormi ? »

Célinda l'avait contemplé, abasourdie. Quel inattendu revirement ! Où était donc passé le garçon distant à l'aura intimidante ?

« Euh, oui, plutôt bien, merci...
– Tu veux quoi ?
– Euh...
– Comme confiture sur tes tartines ?
– Ah... De la confiture de fraise, s'il te plaît... »

Il avait saisi le pot de confiture de fraises puis tartiné chacune des deux tartines qu'il avait préalablement beurrées en deux temps trois mouvements, pendant que la jeune fille s'était installée à la place que lui avait préparée le jeune garçon, gênée par le fait que celui-ci soit soudainement aux petits soins avec elle. Le micro-ondes avait alors sonné, indiquant que la cuisson du lait contenu dans le bol était terminée. Le garçon avait alors sorti le bol du micro-ondes sans se soucier de la chaleur qui en émanait puis l'avait posé devant Célinda, qui l'avait remercié. Elle n'était visiblement pas convaincue que ce qui se passait était réel.

Le garçon avait pris place à côté d'elle, pendant que celle-ci dévorait avidement les tartines préparées à son attention.

« Mmmh... Ch'est délichieux ! » avait-elle dit entre deux bouchées.

Le jeune homme n'ayant pas relevé le compliment, Célinda avait posé son regard sur lui. De nouveau il avait arboré cette mine sombre. Elle avait d'abord décidé de l'ignorer puis, n'y tenant plus, lui avait adressé la parole :

« Quelque chose ne va pas ?
– Non, tout va... » avait commencé le garçon en reportant son attention sur la jeune fille.

Il avait alors lu dans ses yeux qu'elle avait espéré qu'il lui dise ce qui lui avait taraudé l'esprit. Ce qu'il ne s'était pas apprêté à faire :

« Je... Nous sommes en train de jouer à un jeu dangereux dont j'ignore tout du nom et des règles, voilà le problème ! »

Ainsi, le jeune homme n'avait pas réussi à mettre un nom sur les sentiments qu'il avait pour son interlocutrice. Cette dernière n'avait tout de même pas paru choquée.

« Le nom de ce "jeu" comme tu dis, c'est ton cœur qui le donne... Quant aux règles... c'est la société qui les fixe... »


Elle eut un nouveau sourire. Cette phrase était d'un ridicule consternant, sa signification évidente. Et pourtant, le jeune garçon n'avait pas réussi à la décrypter.

« Et... en bon français, ça donne quoi ? »

Célinda avait eu un petit rire. Pourtant, au fond d'elle-même, elle n'avait pas ri du tout. Elle avait plutôt éclaté en sanglots.

« Ne te fais pas plus bête que tu ne l'es... »

Le jeune garçon l'avait regardé, surpris. Il n'avait pas compris du tout le sens de sa réplique.

« Il y a mille façons d'annoncer à une personne qu'elle s'est prise un râteau... Et d'entre toutes, tu as opté pour celle-là... Moins romantique que ce à quoi je pouvais m'attendre, mais tellement plus directe... Enfin, c'est peut-être mieux ainsi ... Le mystère ne pouvait durer éternellement, après tout... »

Il l'avait laissée dire ce qu'elle avait sur le cœur, bien qu'il le sache déjà. Il avait ouvert la bouche, comme pour protester mais elle l'avait pris de vitesse :

« Oh, je ne t'en veux pas, tu sais... Chacun ses sentiments. S'ils sont semblables, tant mieux, sinon, tant pis. Un point c'est tout. La vie continue. »

Un silence gênant s'était installé suite à son monologue. Le garçon ne savait pas quoi dire.

« Chacun son tour d'être dérouté ! » avait pensé Célinda.

La jeune fille avait terminé son petit-déjeuner sans plus accorder d'attention au jeune homme, puis elle avait filé dans sa chambre pour s'habiller après avoir débarrassé et nettoyé la table. Elle s'était obligée à ne pas pleurer, à ne pas penser à cette envie pour que le jeune homme ne sache rien de cette peine qui l'avait alors habitée. Elle avait revêtu un simple jean et un tee-shirt ainsi qu'une veste avant d'aller faire sa toilette, puis elle était passée devant le jeune homme – perdu dans ses pensées à tel point qu'il avait semblé ne pas l'avoir remarquée – sans lui adresser le moindre regard ou la moindre parole pour aller à l'extérieur. Elle n'avait jamais désiré aussi ardemment une chose qu'en ce moment.