Justice, gloire et Graffias. de illapa

Ikse était vraiment dépité, mais il refusait d'abandonner. Seulement, il ne savait pas quoi faire de plus. Hyg-Rek tenta de lui remonter le moral. Ils cherchèrent ensemble un moyen de remotiver le champion à reprendre sa fonction. Pendant ce temps, les deux frangins et moi-même tinrent un conseil de guerre afin d'aider notre dresseur à débloquer la situation.
On n'avait pas très envie de passer une éternité dans ce bled. Moi parce que je le trouvais ennuyeux, CorLéonis parce qu'il voulait découvrir d'autres choses et CorCaroli parce qu'il était pressé de rétablir la Justice. Malheureusement on avait pas plus d'idée que les deux humains à côté de nous.

-S'il ne veut pas, il faut recommencer et insister jusqu'à ce qu'il cède !
A défaut d'avoir de l'imagination, le caninos ne manquait pas de zèle.
-On sait grand frère. Mais...
-Il finira forcément par accepter quand il en aura marre !
-Oui grand frère mais... Il ne veut pas aider Ikse parce qu'il pense que c'est son devoir.
Les mots « céder », « ne pas aider » et « devoir » firent comme un tilt dans ma tête.
-Mais oui !
Le lionceau protesta :
-Ah mais non Maître ! Il faut un plan qui donne des résultats rapidement ! Juste insister, ça ne servira à rien. On peut comprendre qu'il fasse ce qu'il pense être son devoir, puisqu'on le fait aussi...
-Je voulais juste dire que je pense avoir un plan. Écoutez...

Un peu plus tard dans la journée, on se retrouva caché sous une table d'un amphithéâtre bondé. Il y avait les deux frangins avec moi. On avait laissé Ikse et Hyg-Rek au centre. Les deux jeunes avaient l'air très occupés à se creuser la cervelle. De toute façons, ils n'auraient pas compris ce qu'on comptait faire.
Le prof Arne faisait son cours, et un nombre impressionnant d'étudiants le suivait attentivement, en prenant des notes et en ronchonnant. De temps en temps, il regardait ses feuilles et écrivait un truc au tableau.
-Ok les gars, vous êtes prêts ?
Les frères de Cor acquiescèrent.
-Ok. Puisqu'il ne veut pas aider Ikse, nous allons lui rendre la pareille, et « ne pas l'aider », jusqu'à ce qu'il change d'avis ! Vous avez bien compris ?
Ils confirmèrent avoir bien compris.
-Très bien. Allons-y !
Nous y allâmes.

CorLéonis descendit l'allée principale entre les tables comme si de rien n'était. Les étudiants le regardèrent passer, un peu étonnés, mais ils n'osèrent pas perturber le calme du cours. Son frangin se tenait à l'affût, prêt à intervenir. Quant à moi, je rampai discrètement jusqu'au bureau de Luc Arne.
Le lionceau se posta entre le prof qui inscrivait des trucs étranges au tableau et son bureau. Ce dernier fut obliger de le remarquer pour ne pas shooter dedans lorsqu'il revint voir ses notes. Il se mit à râler :
-Mais qu'est-ce qu'il fait là, celui là ? Son propriétaire est prié de le rappeler dans sa pokéball, merci ! On est en cours ici, pas sur un terrain d'entraînement !
Pour tout réponse, et comme on l'avait prévu, le lixy se mit à lui tourner joyeusement autour. L'homme ne savait pas trop quoi faire et appelait ses étudiants à le rappeler, que ce n'était pas drôle et que ce genre de farce était plutôt malvenue car ce chapitre était très important et risquait de tomber à l'examen. Malheureusement pour lui, aucun des dits étudiants ne bougea pour l'aider.
La scène était parfaitement ridicule, mais je n'avais pas le temps de m'en délecter. Dès que le prof se mit à vouloir attraper le lixy, je rampai à toute vitesse sur son bureau, saisis ses feuilles de cours et repartis aussi vite.

Le bruit du papier attira le regard de l'humain qui se mit à me poursuivre. Mais c'était sans compter sur le petit pokémon électrique qui se précipita dans ses jambes et le fit trébucher. Ce qui me fit gagner suffisamment de temps. Alors qu'il repartait pour récupérer ses feuilles, CorCaroli se précipita sur lui, lui sauta dessus et lui lécha le visage. Pendant ce temps, son frère se saisit du sac où il rangeait ses affaires, et me rejoignit à la sortie de la salle.

Le chiot de feu abandonna le pauvre professeur qui se mit à jurer. Le temps que ce dernier arrive à la sortie de l'amphithéâtre, j'étais à un bout du couloir, et les deux quadrupèdes à l'autre bout. Et nous partîmes en courant. J'entendis vaguement le professeur appeler ses pokémons et les lancer contre nous. Mais on avait une avance non négligeable. Et on avait tout prévu.
Je courus aussi vite que je pus, traversant les couloirs, passant entre les gens, rasant les jambes des humains sur mon chemin, frôlant tous les obstacles qui pourraient ralentir d'éventuels poursuivants.
Enfin, les deux frangins me retrouvèrent dans un coin de la cour de l'université. On laissa notre butin en plan, puis nous repartîmes nous cacher.

La première partie du plan avait fonctionné. La deuxième allait être plus délicate. Nous ne devions pas nous faire repérer. On attendit que le prof change de cours. Puis on patienta jusqu'au moment propice pour le déranger une nouvelle fois. Il était en plein dans une explication qui paraissait très compliquée, lorsque les deux pokémons canins firent leur entrée. Ils arrivèrent en courant, sautèrent sur le bureau de l'estrade, et se mirent à chanter devant une centaine d'élèves médusés. Luc Arne s'énerva. Il attrapa deux pokéballs à sa ceinture, mais les deux pokémons qu'elles contenaient n'étaient pas sortis que les deux intrus se carapataient déjà.

On refit la même chose pour le troisième cours du professeur. Pour le quatrième, CorLéonis envoya du jus dans une prise électrique et fit sauter les plombs. Celui d'après, CorCaroli crama un détecteur de fumée et provoqua une alarme incendie. Ces deux dernières idées venaient du petit lixy et je les trouvais particulièrement réussies. Il avait de la ressource, il allait aller loin ce petit !
Et alors que tout le monde se retrouvait tassé dans la cour, on vit des apprenties infirmières Joëlle s'agiter en tout sens et demander à chacun s'il n'avait pas vu passer un rapion, un caninos et/ou un lixy.

Le prof nous avait vus. Il se retrouva en très peu de temps fasse à un Ikse paniqué d'avoir perdu ses pokémons. L'enseignant était furieux, mais il sembla se calmer un peu lorsqu'il fut convaincu que nos actions n'étaient pas l'œuvre de notre dresseur. Ce qui signifie concrètement qu'il arrêta de lui hurler dessus pour lui reprocher notre conduite et se mit juste à maugréer. Mais ça ne résolvait pas le problème de savoir où nous étions.
Cependant, notre plan n'avait pas encore abouti, et nous restâmes cachés encore un peu entre un buisson et un escalier permettant d'accéder à l'un des bâtiments. Les choses rentrèrent dans l'ordre et les élèves regagnèrent leurs salles de cours.

C'était maintenant que tout allait se jouer.
CorCaroli se précipita sur notre victime et le retint en lui croquant un bout du pantalon. Celui-ci se mit à hurler.
-Hé là, le dresseur en folie ! J'ai retrouvé ton caninos ! Fais quelque chose !
Scandalisé par l'attitude de son pokémon, l'intéressé lui ordonna de lâcher sa proie, mais il n'obtint aucun résultat. Il tenta de le faire rentrer sans sa capsule, mais le chien de feu fut plus vif. Il esquiva le rayon et repartit dans la foule, pour nous rejoindre.
Ce fut à mon tour, je m'élançai et attrapai notre cible.
-Graffias ! Ça suffit !
Non, ça ne suffisait pas.

Exaspéré, Luc Arne appela une nouvelle fois un de ses pokémons à la rescousse. Un scarhino. C'était le signal. Les deux frangins me rejoignirent. Ils se placèrent près de Ikse. Autour de nous, un cercle de curieux s'était formé. Et des tas de gens était apparus aux fenêtres des bâtiments qui nous entouraient. Et voilà comment notre plan aboutit à son terme.
Il ne voulait pas aider Ikse, nous ne l'avions pas aidé en retour.
Le combat allait pouvoir débuter. Notre dresseur compris enfin quelle avait été notre manœuvre.

-Graffias, CorCaroli, CorLéonis... Vous avez...fait ça pour moi ? Pour que je puisse affronter le Professeur Arne ?
Tous en chœur, nous répondîmes un « Oui ! » plein de conviction. Mais le prof cité n'était pas d'accord.
-Mais bien sûr ! Apprends à maîtriser tes pokémons dresseur ! Comment peux-tu espérer réaliser tes projets abracadabrants si tes pokémons ne t'obéissent pas ?
Fort heureusement, notre dresseur ne lui laissa pas le temps de râler trop longtemps. Il prit sa pose de vainqueur ridicule et clama :
-Pour les maîtriser, il me faut des badges ! Très bien, puisqu'on est d'accord sur ce point... En garde Professeur Arne ! Moi Ikse de Bourg-des-Laits vous défie afin de conquérir le badge que vous détenez ! En tant que champion d'arène, vous ne pouvez pas refuser !

Des murmures s'élevèrent des rangs d'étudiants amassés autour de nous. Quelques rires aussi. Le prof soupira, ferma les yeux d'un air « bon, essayons de rester calme », et répondit :
-Nous en avons déjà parlé hier. Il est hors de question que je cautionne tes projets aberrants.
-Aberrants ou pas, vous êtes champion d'arène ! Les teams règnent peut-être en maître et en chaos, mais elle n'ont pas abrogé les lois ! Elles sont toujours en vigueur ! Vous n'avez pas le droit de refuser à un dresseur de tenter d'avoir votre badge d'arène !
Un peu hésitant, le professeur répliqua :
-Certes. Mais je ne suis pas obligé d'accepter tout de suite. Je ne suis pas dans mon arène.
D'autres murmures s'élevèrent. Le Justicier en devenir protesta :
-On s'en fiche ! Votre pokémon est sorti ! Vous étiez prêt à vous battre contre Graffias ! Maintenant en garde ! C'est votre devoir !Vous ne pouvez plus reculer !

Le prof était pris au dépourvu. En désespoir de cause, il s'écria :
-Il nous faut un arbitre officiel ! Le match ne peut pas avoir lieu !
Des sifflets lui répondirent. La seule infirmière Joëlle en bleu, l'infirmière en chef, s'avança et prit la parole.
-Nous sommes habilitées à arbitrer des concours pokémons. Nous pouvons aussi arbitrer des combats. Et disons que notre fonction rend nos jugements « officiels ». Je serais donc votre arbitre.
L'adversaire d'Ikse se commença à râler :
-Mais il faut que l'arbitre soit reconnu par...
-Comme vous le savez, les arbitres sont reconnus officiels par le conseil 4, tout comme l'ordre des infirmières Joëlle. C'est le conseil 4 qui décide de l'emplacement des centre pokémons et de nos statuts. Cela ne posera aucun problème. Je serais l'arbitre.
A court d'arguments, le Professeur Arne dut céder et accepter de se battre.

La cour fut notre terrain. Les étudiants nous encouragèrent. Chacun prit place, et les choses intéressantes purent enfin commencer. Hyg-Rek avait sorti deux sortes de boules pelucheuses qu'elle agitait en tout sens et en acclamant Ikse.
Face au scarhino du champion, Ikse me retint et envoya le caninos. Bien que le chien de feu eut l'avantage du type, le combat ne fut pas aisé. L'insecte était rapide, et il tapait assez fort.
Très vite, CorCaroli trouva la technique pour esquiver ses coups. Mais il n'était pas assez vif pour contre-attaquer. Son petit frère l'encourageait du mieux qu'il pouvait, ce qui semblait fonctionner.
Ils jouèrent un moment a j'esquive-j'attaque et commencèrent à se fatiguer. Jusqu'à :
-Hérakié ! Coup d'corne !
-CorCaroli ! Morsure !
Et ainsi, les deux combattants se retrouvèrent coincés. L'insecte ne pouvait plus bouger, attrapé par le caninos, et ce dernier ne pouvait pas lâcher prise sous peine de se voir frappé.
Le professeur champion ordonna :
-Lance-le en l'air !
-Tiens bon !
Et celui qui obéit le mieux fut le pokémon feu qui ne lâcha pas prise malgré l'autre qui le ballotait dans tous les sens. Mon compagnon à quatre pattes était dans une mauvaise posture. Aussi fis-je ce que je ne pensais jamais pouvoir faire au cours de ma vie : je pris une grande inspiration et hurlait :
-CorCaroli ! Lance-flamme ! Je sais que tu maîtrises cette attaque !
En espérant qu'il m'entende. Son frangin se mit à hurler en rythme avec moi « Lance-flamme, lance-flamme ! »
Le chien rouge finit par nous entendre et s'exécuta. Son adversaire n'apprécia pas du tout. Et comme il était en train de le secouer, les flammes partirent dans tous les sens, et le pauvre scarhino se mit à bruler. On le vit alors tourner en rond en hurlant. Ikse aussi se mit à crier :
-Parfait ! Attaque Morsure !
Ragaillardi par le retournement de situation, CorCaroli s'exécuta. Et on en fut quitte pour cette manche.

Le prof eut l'air vexé lorsqu'il rappela son pokémon. Mais il n'avait pas l'air en colère. Il semblait commencer à se prendre au jeu.
-Ah, très, ce n'est pas encore terminé ! Maskadra, go !
-CorCaroli ! Revient ! CorLéonis, go !
Le chien de feu revint en trottinant vers nous tandis que son frère, tout excité, se ruait sur le terrain.

Le combat fut presque plus simple. Presque.
L'insecte attaqua à grand coup de Bulle d'O, de Vent argenté, de Bourdon et de Lame d'air. Ce qui était pratiquement inefficace contre le lionceau. Qui répliqua à petits coups d'Étincelle, et à la grande surprise de Ikse, de Morsure, de Croc givre et de Croc feu.
-Quoi ? Mais depuis quand il a ces attaques ?
Quelques spectateurs éclatèrent de rire. Le champion répondit :
-Tu n'as jamais pensé à regarder leurs attaques avec ton pokédex ? Tu me déçois, gamin. C'est pas comme ça que tu iras loin !
La remarque avait vexé Ikse, qui dit d'un ton boudeur :
-Oh ça va, faut bien apprendre. En tout cas, maintenant que je les connais... CorLéonis, fonce ! Croc feu !
Mais l'attaque ne toucha pas sa cible, car l'insecte prit de la hauteur et se posta hors de portée des crocs du petit pokémon bleu. Qui n'en fut pas gêné le moins du monde et enchaina les attaques étincelles.
Et cette manche fut pliée en vitesse.

Pour la troisième, Luc Arne envoya un munja. Qui se fit « des cendres en flamme » par l'attaque Croc feu du lionceau. Il fit finalement appel à un papillusion. Mes deux compagnons se reposant, c'est moi qu'Ikse envoya au champs de bataille. Le match promettait d'être serré, d'après l'infirmière-arbitre Joëlle. Il était hors de question que je laisse cet insecte avec sa p'tite gueule d'amour prendre le dessus sur moi. Même s'il avait déjà l'avantage de m'être supérieur en altitude.
Un papillusion. Le seul insecte que toutes les dresseuses voulaient parce qu'il était trooop beau, que les dresseurs aimaient ajouter à leur collection parce qu'il évolue vite et bien... Toujours à se pavaner, avec leur grosses ailes brillantes...et toujours les premiers à finir dans le bec d'un piaf.
Il allait voir qui était le meilleur des insectes... Je n'étais pas un chouchou, mais...
C'est très remonté et à fond que je me lançai dans la bataille.