Justice, gloire et Graffias. de illapa

La grotte dont il avait été question plus tôt dans la matinée n'était pas très loin, par contre elle était très sombre. Les deux chiens, bien qu'ils ne soient pas des lumières, se firent une joie de nous éclairer.
Capturer les deux pauvres victimes innocentes pour la vicieuse fut une autre paire de mandibules. Je refusais d'aller me faire piétiner par un type combat. Courageusement, CorLéonis voulut me prouver sa valeur, et à force de patience et d'acharnement, il réussit à envoyer au tapis une dizaine de nosferaptis. Ce fut seulement à la fin de la journée qu'il parvint à assommer un machoc à grands... petits coups de décharges électriques.
Euphorique, Ikse envoya une pokéball sur un joyeux :
-Pokéball, go !
Passionnés, les frères et moi même suivîmes la trajectoire de la capsule, qui rebondit, et...

Il y eut un gros blanc. Ikse était gêné. Je lui tapotais le pied du bout de la pince d'un geste que je voulus rassurant.
-Ce sont des choses qui arrivent. Ré-essaye, mais en ne visant pas trois mètres derrière...
Ce fut seulement au bout du quatrième essai que la ball toucha sa cible. On la vit alors s'agiter toute seule, et soudain, elle explosa, libérant le pokémon combat.
Désireux d'en finir, je lui assenai une attaque tranche, tandis que les deux autres enchainèrent un coup de chaud et un coup de foudre, le tout dans un soupir commun et magistral de lassitude.
-Aha ! Beau boulot tout le monde ! Pokéball, g...
CorCaroli lui arracha la chose des mains. Il sauta par dessus le machoc allongé, en lui crachant au passage la boule rouge et blanche en pleine figure.

Et cette fois ci, il fut vraiment capturé. Cependant, il était trop tard pour courir après un taupiqueur, aussi décida-t-on de rentrer au parc floral. Miss Grosdoudouronds nous sauta quasiment dessus dès qu'elle nous vit arriver. Elle était en train de tailler un arbuste. Elle lâcha son sécateur, renversa son arrosoir et imita une attaque plaquage pour m'attraper. Et une fois encore, je me retrouvai étouffé par ses imposants... Charmes.
-Oh, petit Graffias ! T'es si mignon ! Tu as faim ? Je suis sûre que tu as bien travaillé et que tu dois mourir de faim !
-Non... Je meurs, mais pas de faim... Au secours !
Mais personne ne vint m'arracher à ses gri... mam... son étreinte. CorCaroli n'osait pas s'approcher à cause de sa truffe sensible. CoLéonis avait des étincelles dans les yeux et un « Ouah, Maître, quel classe ! » sur le bout des lèvres. Quant à Ikse, il avait les bras croisés sur sa poitrine et l'air frustré.
-On a capturé un machoc pour vous...
-Vraiment ? Oh, petit Rapion, tu es un champion !
-Glarg... Adieu... Monde ingrat...
-Je vais te préparer un délicieux repas !
Et sans faire attention au reste, elle m'embarqua à la cuisine.
-Sauvez-moiii ! Elle veut me tueeer ! Adieu, monde en gras...

Ce ne fut pas si terrible que cela au final. CorLéonis me rejoignit et je lui refilai discrètement la pâtée aux fleurs de la miss dès qu'elle ne me regardait pas manger.
-Ça sent bon ton truc...
CorCaroli entra, la truffe humant l'air, suivi d'un Ikse à l'air désolé.
-L'infirmière s'occupe de votre machoc.
-C'est vraiment très gentil. Grâce à lui, je vais pouvoir déplacer les troncs et les rocher et re-niveler le terrain.
-On va aussi vous capturer un taupiqueur.
La fille joignit ses mains et se tourna vers Ikse en lui adressant un sourire radieux.
-Je vous en serais teeellement reconnaissante ! Hm, je me demande comment je pourrais vous remercier...
-Vous n'avez pas besoin de me remercier. Je le fais pour la Justice, et la Justice se doit d'aider ceux qui sont dans la faiblesse !
La demoiselle le regarda, soudain beaucoup plus dubitative :
-Mouais. Je vais plutôt aller vous cuisiner des trucs, et...hm, oui, ça pourrait être une idée...
Elle regarda une nouvelle fois le jeune humain d'un air malicieux, puis elle tourna les talons et sortit. Trois pokémons purent enfin cesser de filtrer l'air et se mettre à respirer. Par chance, je ne la revis plus de la soirée.

Le lendemain fut une journée assez laborieuse. Ikse nous embarqua pour dénicher un taupiqueur, et on rama un bon bout de temps. Mais il fallut ensuite capturer le monstre, et là, ce fut la galère totale. Cette tête de demi-gland rentrait et ressortait du sol ici, là, par ici, puis par là, et coucou à cet endroit, et hop j'y suis plus, et me voilà ailleurs, et bah non... Il me gonflait prodigieusement. Mais le laisser s'enfuir nous contraindrait à une nouvelle séance de recherches fastidieuses. Et cette saleté prenait ça comme un jeu ! Il allait voir à me narguer...
Un peu plus loin, les deux frères assis de part et d'autre de Ikse m'encourageaient de leur mieux. Étant de types inefficaces contre ce genre de pokémon, ils ne pouvaient pas faire grand-chose de plus pour moi.

Et bien que je répugnais à utiliser des méthodes déloyales, l'autre abruti ne me laissa pas le choix. Ignorant les ordres de Ikse, je plongeai dans l'un de ses trous et suivit la galerie jusqu'à le débusquer. Ce crétin était en train de me chercher à la surface.
Fortifié par la colère, je l'attrapai et le tirai violemment sous terre. Il poussa un cri de terreur. Et oui mon tautau, les rapions ont l'habitude de se cacher sous terre. Et quand ils ont une proie, ils ne la lâchent plus. Elle a beau se débattre, elle est foutue... Il paraît aussi que leur poison peut paralyser très vite, qu'en penses-tu ?

Une fois calmé et mis hors d'état de... hors d'état, je le traînai à la surface. Ikse se rua sur moi.
-Graffias ! Tu n'as rien ? Il ne t'a pas dévoré ? Ça alors, tu l'as...
-Pincé, emprisonné, maltraité, empoisonné et laissé crever. On ne se moque pas impunément de moi ! Et personne ne sous-estime les rapions ! Pigé ?
Je laissai mon dresseur capturer cette malheureuse victime. CorLéonis me sauta quasiment dessus.
-Trop puissant ! Wahou ! Maître, apprends-moi ! Moi aussi je veux être sous terre et paf ! Être trop fort !
Fier comme un pingoleon, je lui déclarai :
-Patience, jeune apprenti. Seule l'expérience permet d'atteindre la perfection. Enfin, c'est ce que me disait ma voisine au marais. Ah, ma voisine...
-Elle savait beaucoup de chose ?
-Elle savait surtout que la perfection du ptitard s'atteignait quand il était bien mâchouillé. Pour une sharpedo, elle était très terre à terre...
Le lionceau me regarda avec des yeux écarquillés, mais il n'ajouta rien.


Au retour, nous savions ce qui nous attendait, et personne n'osa parler. J'avais ma petite idée sur la façon d'échapper à la vicieuse. J'y avais bien réfléchi. Rentrer dans ma pokéball comme les frangins n'était pas la meilleure des solutions. Ikse risquait de m'en faire sortir à tout moment, m'exposant au danger. M'éclipser obligerait mon dresseur à me chercher, et elle avec. Même si son odeur ravageuse neutraliserait le flair de CorCaroli, je risquais de ne pas tenir longtemps caché. En revanche, ramper sous un meuble...

Mon plan échoua lamentablement.
A peine fûmes nous arrivés que je rampai en catimini sous le premier meuble venu. J'avais juste oublié un détail : se cacher sous un meuble ce n'est pas comme se cacher dans un tunnel. Le bois n'est pas aussi souple que la terre. Aussi, mon corps put passer sous le truc, ma queue non. Je me retrouvais coincé comme un idiot. Le temps de faire demi tour, et il était trop tard. Enfin presque. Alors qu'elle se précipitait sur moi, je me ruai vers elle, me glissai entre ses jambes, courus aussi vite que mes pattes me le permirent sur Ikse que j'escaladais avant de me fixer sur son dos façon sac à dos.
En un éclair, la fille humaine s'était retournée et nous regardait d'un air ahuri. Elle revint quand même à la charge, me forçant à me cacher ailleurs. Je sautai de mon dresseur et me précipitai dehors, dans le parc, l'autre folle sur mes talons qui s'écriait :
-Oh, tu veux jouer ! Trop mignon ! C'est moi le grand méchant absol, je vais t'attraper !

Je trouvai d'abord refuge sous des buissons, mais sa grande taille lui permettait de me repérer de loin, juste avant que je me cache. Finalement je grimpai dans un arbre et me camouflai dans ses branchages, ce qui n'était pas facile quand on est de la mauvaise couleur.
Elle arriva essoufflée sous ma cachette. Évidemment. Elle m'avait vu monter. Mais pas question que je redescende !
Aucun problème.
C'est elle qui commença à me rejoindre, sur un :
-Oh, c'est une bonne, idée, on aura sûrement une belle vue du parc de là-haut ! Comme ça je pourrai aussi te faire la visite de loin !
J'aperçus vaguement un Ikse frustré dans l'encadrement de la porte menant au centre pokémon, accompagné des deux frangins qui semblaient suivre la scène avec un grand intérêt. Je les imaginais d'ici prendre les paris. « Attrapera, attrapera pas ? » Les saligauds !

Comme la miss arrivait à ma hauteur, je redescendis et rampai en tout hâte vers une autre cachette. Elle se laissa tomber et continua à me poursuivre. Ce petit jeu dura un moment. C'est qu'elle était endurante la vicieuse ! Finalement, j'arrivai dans un coin du parc complètement ravagé. Le sol était pour le moins labouré, et des arbres avaient été déracinés et jonchaient tristement le sol.
Ramper dans un tronc creux me poserait le même problème que les meubles. J'avais un peu d'avance, il me fallait mettre cela à profit... mais oui !
Sans perdre une seconde de plus, je m'enterrai. Technique rapion !

Et à mon grand soulagement, cela fonctionna. Je restai un long moment dans ma cachette. Mais je finiS par en sortir, après m'être assuré qu'il n'y avait plus de Miss Gros Doudou Ronds Dans les parages, car je sentis quelque chose s'agiter non loin de là. Le quelque chose en question se révéla être un derrière de Lixy. Il dépassait du sol et s'agitait dans tous les sens.
-CorLéonis ? Qu'est ce que tu fiches ?
La voix étouffée du lionceau me parvint après une hésitation.
-Ben... Je... voulais aussi me cacher sous terre ! Alors j'ai beaucoup creusé, mais, heu... Je suis un peu coincé.
Quel idiot. Enfin, on ne pouvait pas reprocher aux enfants de jouer. Je le dégageai, puis on retourna lentement vers le centre, en faisant bien attention de ne pas retomber sur l'autre humaine.

On réussit à lui échapper toute la soirée tandis que Ikse faisait diversion en lui parlant de choses et d'autres. CorCaroli avait encore été victime de son parfum tapageur, et on lui tint compagnie pour la nuit à l'infirmerie.


Le lendemain, notre dresseur nous réveilla, prêt à partir. Je fis mine de rester endormi, accroché au sac à dos de mon humain afin que la miss rhodotruc ne s'en prenne pas à moi.
La miss nous salua sur le seuil du centre.
-Prends bien soin de ton petit rapion ! Et repasse quand tu veux ! Et sois prudent ! Et prends bien soin de Graffias ! Et ne te force pas à capturer des pokémons plante pour nous, ce n'est pas urgent ! Et fais un gros bisou à Graffias pour moi quand il sera réveillé ! Et reviens me voir ! Et...
Je crus qu'elle n'en finirait jamais. Mais le supplice prit fin et nous nous retrouvâmes de nouveau sur les routes...