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Le Projet Orion - Réalité parallèle de ABE



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» Auteur : ABE - Voir le profil
» Créé le 06/05/2010 à 20:06
» Dernière mise à jour le 06/05/2010 à 20:07

» Mots-clés :   Aventure   Fanfic collective   Présence d'armes   Région inventée

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Chapitre 47: La nuit porte conseil... à ce qu'on dit [Night]
Kim sortit de la salle de réunion en silence, pensive. Elle se sentait un peu mal à l'aise depuis l'incident entre Zeronos et Blaze, et ce malaise venait juste de s'accentuer un peu plus à cause de cette histoire de vote. Même si elle savait que ces démarches se révéleraient très certainement nécessaires par la suite, elle n'arrivait toujours pas à se sentir sereine car élire un chef pourrait tout aussi bien amener des complications.

Elle décida que puisqu'à cause de la décision de Blaze, une égalité avait de nouveau été établie, il n'était plus utile qu'elle reste avec les autres. Pluton les avait bien évidemment mis au courant du départ du lendemain, en même temps que l'irréfléchie option choisie par le jeune adulte, aussi Kim décida qu'il était temps pour elle de se reposer, la journée d'aujourd'hui l'ayant fatiguée au plus haut point.

Mais dans le couloir menant aux chambres qui avaient été mises à la disposition des membres du groupe, Kim sentit comme un vrombissement à l'intérieur de sa tête, suivi d'une atroce migraine qui l'obligea à poser sa main gauche sur le mur le plus proche, s'aidant de la structure pour se maintenir debout.

- Ah ! Bon sang ! Mais qu'est-ce que...

Elle se rappela avoir déjà ressenti une sensation similaire, mais cela faisait déjà quelque temps et elle pensait que ce genre de chose ne reviendrait pas avant un bon moment.
La douleur se faisait de plus en plus vive, à un point que s'il elle n'était pas en train de lutter de toutes ses forces, Kimberly se serait déjà écroulée à terre. Elle fit encore quelques pas en avant, avant que sa jambe ne vienne buter contre quelque chose de dur, la faisant lâcher un gémissement de douleur, mêlé à la surprise de trouver quelque chose dans le couloir désert.
Se tenant la tête de la main droite, elle ouvrit les yeux qu'elle avait fermés depuis le début de ce phénomène et se rendit compte de la présence quelque peu inattendue d'un banc en bois verni adossé contre le mur, installé ici dans un but sûrement plus décoratif que pratique.
L'adolescente ne se posa pas plus de questions et s'écroula sur le banc, abandonnant son contrôle moteur, ne se concentrant plus que sur ses maux de tête.
Se mettant à respirer bruyamment, la jeune fille s'allongea alors sur la surface dure pour pouvoir se détendre plus facilement, tout en ne se focalisant que sur la disparition de la douleur.
Durant cette séance, la jeune dresseuse se mit à murmurer quelque chose, ressemblant au nom d'un bon génie exauçant les vœux.

- Jirachi...

L'exercice sembla porter ses fruits, la désagréable sensation disparaissant petit à petit en quelques secondes, puis totalement au bout d'une minute. Lorsqu'elle fut sûre que tout était redevenu normal, Kim se redressa alors sur le banc, les yeux de nouveau clos. Elle attendit un peu avant de les ouvrir, se massant les tempes à l'aide de son pouce et de son index droit, sentant sa tête encore un peu lourde.
Lorsque ses paupières furent ouvertes, elle remarqua que les contours de ce qu'elle voyait lui semblaient flous, voire même carrément brumeux. Elle ne s'en préoccupa pas plus que ça et décida de repartir. Mais lorsqu'elle eut redressé la tête, elle ne put réprimer un cri de stupeur lorsqu'elle vit ce qui se tenait devant elle.

- Comment... Est-ce vraiment vous ?

La créature la fixa de ses grands yeux bleus expressifs, lui adressant son éternel sourire bienveillant. Il voleta de gauche à droite dans un mouvement de balancier, les feuilles de papier accrochées sur son corps ondulant dans le même mouvement, avant de s'approcher de la joue gauche de la jeune fille en lévitant.
Il amena ses petits bras blancs jusque devant sa bouche, avant de murmurer une unique phrase au creux de l'oreille de Kim :
- Tout va bien se passer, maintenant.

Ces quelques mots avaient été prononcés dans un simple souffle, à peine audible. La petite créature s'éloigna de nouveau, lui adressant un dernier sourire avant de disparaître comme la brume, de même que le reste du décor, qui commença à s'évaporer de la même façon.

La jeune fille se redressa d'un seul coup en inspirant une grande bouffée d'air. Visiblement, elle s'était évanouie lorsqu'elle avait été allongée sur le banc, ses poumons ayant soudain un grand besoin de renouveler leur stock d'oxygène. Elle inspira et expira bruyamment pendant plusieurs minutes, sentant une énorme pression sur sa poitrine, comme si elle était restée en apnée trop longtemps.

Au bout de quelques minutes, elle retrouva un rythme de respiration quasi-normal, et put se mettre à aborder ce qui s'était passé de manière plus calme.
Vraisemblablement, ce qui s'était passé ressemblait à l'une de ces fameuses mnémosynes dont parlaient les autres. Mais ça pouvait tout aussi bien être dû au stress et à la fatigue qu'elle avait accumulée au cours des derniers jours... Elle n'arrivait plus à voir clair depuis quelques temps, tous ces événements lui donnant l'impression de perdre pied.

- De la même manière que j'ai perdu pied lors de l'évasion d'hier... murmura-t-elle dans un soupir.

Elle ne put s'empêcher de lâcher un juron, le poing où était enfilé son gant heurtant violemment le bois du meuble où elle s'était assise.

- Ne me dites pas... Que j'ai fait tout ce chemin pour en arriver là !

Personne ne vint lui répondre, le couloir restant désespérément vide. De toute façon, elle n'espérait pas que quelqu'un soit en mesure de l'entendre. C'était même tout le contraire.

Elle se réinstalla un peu plus confortablement, appuyant son dos contre le mur derrière elle. Les récents événements avaient mis ses nerfs à rude épreuve, aussi elle décida qu'il était inutile de se surmener davantage. Elle ne ferait que gêner les autres si jamais elle continuait à se fatiguer inutilement.
Passant sa main gauche dans ses cheveux, elle rencontra le tissu devenu quelque peu rugueux et abimé du bandeau orange qu'elle portait au front. Elle lâcha un faible soupir avant de le détacher, libérant complètement ses longs cheveux bleus.

-U.S.P... Est-ce que ça veut encore dire quelque chose, maintenant ? murmura-t-elle en fixant l'objet dans ses mains.
Kim lâcha un faible sourire triste, se disant que ça ne servait peut-être plus à rien de garder cette babiole sans importance, et rangea le bandeau dans la sacoche à l'arrière de sa ceinture.
Lorsqu'elle voulut en ressortir sa main, une petite boîte s'extirpa du conteneur, venant chuter contre le bois ouvragé dans un petit bruit. La jeune fille se retourna pour voir de quoi il s'agissait et parut surprise en voyant le petit carton plastifié étalé à côté d'elle. De sa main droite, elle prit l'objet du bout des doigts et le secoua, voulant savoir s'il y avait encore quelque chose dedans.
Le cliquetis sourd que produisit le contenu de la boîte indiqua qu'effectivement il restait encore quelque chose dedans.

- Je ne savais pas si ça allait vraiment me servir lorsque tu m'as donné ça, maman... Mais je suppose que vu la situation, j'en aurai bien besoin... fit-elle en ouvrant le haut de la boite.

La plaquette couverte d'aluminium glissa d'elle-même lorsqu'elle eut retourné le boîtier, laissant apparaître deux petites formes blanches mises sous plastique.
Alors qu'elle s'apprêtait à retirer l'un des cachets de calmant de l'emballage, elle fut interrompue par une voix familière :
- Je ne suis pas sûr que ce genre de choses puisse vraiment remédier à ton état...

Kim fut légèrement surprise, manquant de lâcher tout son attirail. Elle rangea le tout dans sa sacoche, avant de se tourner vers la personne qui s'était adressée à elle, remarquant enfin la présence du jeune homme qui avait été son premier interlocuteur sensé sur Hyméria. Derrière lui se tenait Pluton, la jeune femme jetant de temps en temps un coup d'œil rapide en arrière, comme si elle craignait d'avoir été suivie.

- Ah ! Lilian, Pluton. C'est vous ?
- Tu parais étonnée de nous voir.
- Eh bien, je ne m'attendais pas vraiment à ce que quelqu'un vienne me rejoindre dans ce couloir. Je n'ai prévenu personne de mon départ de la salle de réunion, alors...
- Si tu veux vraiment tout savoir, j'ai senti qu'il y avait un problème lorsque tu es sorti de la pièce. Sur le moment, j'ai préféré te laisser seule tout en « gardant un œil » sur toi.
- Ah, évidemment... fit la jeune fille sur un ton morose, devinant ce pourquoi le jeune homme l'avait rejointe. Je suppose que c'est... ce truc dans ma tête qui t'a amené ici.
- Ah ! C'est à cause de ça que tu as sorti cette boîte de médicaments ? demanda Pluton.
- En fait, j'ai retrouvé ces calmants totalement par hasard. Je ne me souvenais même plus que je possédais ces choses.
- Pour en revenir à ton problème... Je n'ai pas réussi à déterminer exactement de quoi il s'agissait lorsque j'étais là-bas, c'était trop confus.
- Oui, je sais, répondit-elle en baissant la tête. Moi non plus, je n'ai pas bien compris de quoi il s'agissait. J'ai eu l'impression que ma tête allait exploser à ce moment-là, mais ça va mieux. Vous pouvez retourner avec les autres, maintenant.

Un lourd silence s'abattit entre les trois naufragés, Lilian semblant s'être plongé avec un faux intérêt dans l'observation d'une des plantes vertes du couloir, Pluton s'étant retournée pour vérifier que personne ne débarque, tandis que Kim tapotait nerveusement le sol de sa chaussure.

- J'ai presque l'impression que tu ne m'aimes pas... fit le télépathe sur un ton se voulant le plus calme possible. Non pas que je veuille absolument que ce soit le cas. Mais je sens que quelque chose chez moi te pose problème.
- Ça n'a rien à voir avec toi ! s'empressa de contredire la préadolescente. C'est juste que... je ne peux pas vraiment te l'expliquer comme ça, c'est plutôt compliqué. Mais disons que j'ai eu une assez mauvaise expérience avec les situations bizarres et les phénomènes sortant de l'ordinaire.
- Hein ? Attends ! Tu ne nous avais pas parlé de ça, quand on vous a demandé tout à l'heure ! fit remarquer Pluton.
- Je comprends un peu mieux pourquoi tu étais un peu plus apte à la discussion lorsqu'on s'est rencontrés, par rapport à ton compagnon. Je suppose que lorsque que tu te sentiras prête, tu nous expliqueras ça clairement. En attendant, je ne vais pas te forcer la main ou quoi que ce soit d'autre. Mes pouvoirs ne sont pas là pour mes petits plaisirs personnels...
- Je te remercie, ça m'évitera de me fatiguer inutilement.

Lilian ne comprit pas vraiment ce que Kim entendait par là, mais il se dit que comme tout le reste, l'information correspondante lui serait donnée plus tard.
Il remarqua alors que la jeune fille s'était mise à fouiller de nouveau dans sa sacoche. Il se demandait si elle allait ressortir la boîte de médicament de tout à l'heure, mais fut légèrement surpris en voyant l'objet peu conventionnel qu'elle exhibait dans la main droite.
Celui-ci se profilait comme une sorte de gros écouteur audio de couleur blanche, auquel s'ajoutait un petit écran à cristaux liquides bleu s'étirant vers l'avant de l'appareil. Plusieurs boutons minuscules était présents sur la surface, quatre petit points rouges concentré sur le centre du cercle principal.

- Ce n'était pas vraiment ça que je cherchais, à vrai dire... murmura Kim en observant ce qu'elle venait de prendre.

Malgré le fait que sa curiosité venait d'être piquée à vif, Lilian se contenta de regarder l'appareil d'un œil attentif, avant que l'écouteur ne retourne de là d'où il venait. Mais Pluton, même avec toute la sagesse et la retenue qu'avait pu lui confier le pilier de Crehelf, ne put s'empêcher de s'intéresser à l'aspect technologique de la chose et vint demander ce dont il s'agissait.
- J'étais partie pour aller me coucher... Mais je sens que je vais devoir reporter ça à quelques minutes...
- Si tu n'as pas envie d'en parler, nous ne te retenons pas, fit Lilian. La journée a été suffisamment éprouvante, aussi bien pour toi que pour les autres j'imagine. Alors pas la peine de te fatiguer davantage pour répondre à nos questions, si tu n'as pas envie.
- Non, c'est bon ! répondit la jeune fille en laissant apparaître un léger sourire. Ça ne me dérange pas de discuter un peu, au contraire.
- Alors, on t'écoute. C'est quoi ce truc que tu avais sorti ?
- Eh bien... Pour faire court, cet appareil me servait à rester en contact avec les autres membres de l'organisation dont je faisais partie et il me permet aussi d'obtenir quelques informations sur les Pokémon que je pourrais éventuellement rencontrer.
- Ah ! C'est la combinaison d'un Pokédex et d'un communicateur, alors. Intéressant.
- D'après ce que j'ai eu le temps de voir, observa Pluton, la technologie utilisée pour fabriquer ça est assez identique à celle que j'utilisais, là où j'étais avant d'arriver ici. Bien qu'un peu plus rudimentaire par rapport à ce que j'avais l'habitude de voir.
- C'est vrai, acquiesça Kim. Mais vu le contexte dans lequel ça a été créé, ça reste malgré tout de la technologie de pointe.
- Puisque tu parles de ça, pourquoi tu ne nous en dirais pas un peu plus à propos de l'endroit d'où tu viens ?
- Oh !

*****


- Drayke ? Hé, Drayke !

L'homme à la tresse ouvrit subitement les yeux, se rendant compte que Lucas se trouvait devant lui. Seule la faible lueur de sa cigarette avait pu permettre à l'adolescent de le retrouver, appuyé contre l'un des murs de la façade extérieur du manoir.

- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda l'homme, ses bras croisés devant son torse.
- Je voulais juste savoir ce que tu comptais faire pour la fin de la soirée.
- Pas grand-chose.
- Il vaut mieux être en forme pour demain. On n'allait pas tarder à tous aller se coucher. Tu devrais faire de même.
- J'y penserais. Merci.

Lucas ne chercha pas à insister, sachant très bien que Drayke se débrouillerait très bien tout seul. Il retourna alors dans le manoir, tandis que l'homme aux pistolets n'avait pas bougé.

-Ça va être difficile de fermer l'œil, même avec toute la volonté du monde... murmura-t-il en retirant sa cigarette d'entre ses lèvres, laissant échapper un léger nuage de sa bouche.

Il décolla son dos du mur, avant de faire quelques pas dans la brise nocturne. Les dernières braises de la cigarette chutèrent alors au sol, s'éteignant rapidement en se faisant emporter par le vent qui parcourait le domaine de Sibylle.

- Et merde. C'est bien ma veine ! grogna-t-il. En plus, je parie qu'il n'y a plus personne dans les parages pour m'en filer une de rechange.

Il jeta le cylindre à terre, l'objet maintenant vidé de sa nicotine se faisant ensuite écraser au sol par la botte du jeune homme.

- Bon... Je suppose qu'il ne me reste plus qu'à rentrer, moi aussi. Quitte à passer une nuit blanche, autant que ce soit sans se choper un rhume. Hum ?

Un bruit presque inaudible attira son attention. Ses réflexes toujours aussi aiguisés lui firent alors dégainé l'un de ses pistolets, qu'il pointa en direction d'un point que lui seul pouvait voir.

Il fit un quart de tour sur la droite, tourna ensuite la tête à gauche, mais rien d'autre que le vent ne lui parvint à nouveau aux oreilles.

- On ne va quand même pas me faire croire que je déraille à cause de la fatigue ! s'exclama-t-il, sentant bien que quelque chose ou quelqu'un se terrait non loin.

Le même son que tout à l'heure se fit entendre derrière, le faisant se retourner une nouvelle fois. Personne, encore. Par contre, à l'endroit où se trouvait précédemment la cigarette qu'il avait terminé se tenait une nouveau cylindre à tabac, prêt à être utilisé.

- Ça sent le coup fourré à plein nez...

Il ramassa cependant l'objet d'un seul geste, l'approcha de son visage avant d'en coincer le bout entre ses dents. Il prit alors son briquet de sa main libre, l'autre tenant encore fermement son arme, prête à l'emploi. Le Zippo libéra immédiatement sa flamme, la cigarette s'embrasant au contact de la chaleur.
Sa main tenant le briquet ferma le couvercle de l'objet métallique et attrapa dans le même geste le cylindre qui dégageait maintenant un mince filet gris.
Drayke huma l'air, l'odeur bien familière du tabac et de la nicotine atteignant ses narines.

- La même odeur... Soit elle faisait partie du paquet que j'ai perdu lorsque je suis arrivé, soit quelqu'un s'est suffisamment renseigné pour connaître mes goûts en matière de clopes.

Il mit alors la nouvelle cigarette dans un coin de sa bouche, la partie incandescente commençant à se rapprocher lentement du côté opposé du cylindre. Drayke rangea alors son briquet ainsi que son arme, plus aucun son ni mouvement autres que ceux du vent ne venant perturber sa balade nocturne.

- N'empêche que ça reste quand même louche... Et même très louche... murmura-t-il en se dirigeant vers le manoir.

*****


La préadolescente parut surprise par la question de Lilian. Elle pensait pourtant que ce qui avait déjà été dit lorsqu'elle s'était présentée au reste du groupe suffisait. Mais apparemment, ce n'était pas le cas, Pluton venant appuyer Lilian :
- C'est vrai que Blaze et toi n'avez pas vraiment été très bavards, lorsqu'on vous a demandé ! vint renchérir l'ex-criminelle. Surtout Blaze.
- De vous deux, c'est effectivement celui qui cache le plus de choses. Mais il faut bien avouer que tu n'es pas en reste non plus.
- Eh bien, à vrai dire... C'est assez compliqué à raconter, comme histoire. Et encore plus si je vous dis tout, sans omettre un seul détail.
- T'en fais pas ! assura Pluton en s'adossant au mur d'en face. On a l'habitude des histoires sans queue ni tête. Enfin, là, je parle pour moi.
- Je pense qu'avec tout ce qui se passe, on pourra largement supporter une ou deux bizarreries supplémentaires. Mais si tu ne veux vraiment pas en parler...
- Oui, je préfèrerais...
- Dommage, soupira Pluton en s'étirant légèrement. Mais avant que tu ne files, j'aimerais vraiment savoir une chose. Et pour cette fois, je pense que tout le monde dans l'équipe a dû se poser au moins une fois la question.

Une légère appréhension saisit l'adolescente aux cheveux bleus, qui fut bien vite balayée par la question de la jeune femme aux cheveux mauves :
- Comment tu as fais pour te retrouver avec ce type ?

La situation aurait pu paraître totalement déplacée, un adulte devant se charger de prendre soin d'un enfant n'était sûrement pas inhabituel en soi. Mais dans le cas présent, il était tout à fait légitime de vouloir connaître les raisons qui avaient poussé la jeune fille et le pilote surexcité à s'embarquer tous les deux dans cette aventure.

- Eh bien... Pour faire court, disons que Blaze est... tenu par une sorte de contrat.
- J'ai du mal à imaginer qu'il ait accepté de te servir de garde du corps en échange d'argent. Ce gars-là possède le même niveau de patience que Zeronos. A savoir, proche du néant.
- A vrai dire, ça va bien plus loin qu'une histoire d'argent. Nous avons une connaissance commune, Blaze et moi. Et cette personne lui a rendu plusieurs services, amenant Blaze à lui rendre la pareille.
- Une dette... récapitula Lilian. Et vu comment tu en parles, c'est du genre dette éternelle ou quelque chose comme ça.
- Pas à ce point-là, mais c'est assez bien résumé.
- Je comprends mieux pourquoi Môssieur changeait sans arrêt d'avis quand on lui demandait s'il restait avec nous ou non, railla Pluton. En fait, tant que vous ne serez pas rentrer chez vous, il restera pour veiller sur toi même si ça ne lui plaît pas.
- Je ne serais pas aussi catégorique là-dessus ! vint contredire Lilian. En ce moment, il est déjà en train de s'imaginer filer sur sa bécane.
- Ah ? Eh bien je crois que ça restera seulement une idée ! Quand je l'ai quitté tout à l'heure, il n'en était encore qu'à hurler que celui qui s'était chargé de démonter son véhicule était un imbécile...
- Oh, tu serais surprise de savoir ce qu'il a dans la tête... En plus de cette envie irrépressible de faire cavalier seul, notre cher ami pense à énormément de chose. Que je ne suis d'ailleurs même pas sûr de toutes comprendre.

Pluton lui lança un regard étonné, pendant que Kim s'était levée en laissant apparaître furtivement un léger sourire en coin. Elle les salua d'un signe discret de la main, puis se dirigea vers les chambres, bien décidée à aller se reposer.

*****

- Bordel de... Ils ont viré la courroie d'expulsion ?! Mais c'est pas vrai ! Quelle bande de... Aïe !

Un groupe de soldat se mit à rire en voyant Blaze se cogner au guidon de sa bécane, les morceaux de son véhicule étant éparpillés autour de lui.

- Et l'autre bande de cons qui se marrent... grogna-t-il en se massant le crâne. Ils n'ont pas mieux à faire, franchement ? Putain...

Il lâcha la clé à molette qu'il tenait dans sa main droite et se leva, se dirigeant à pas lourds vers la mallette d'outils qu'il avait « réquisitionnée » aux mécaniciens d'Hyméria. Il s'empara d'un chalumeau avec sa main droite, tandis que sa main gauche empoignait un masque de protection, qu'il enfila ensuite sur son crâne.

- Au moins, ils se sont montrés plutôt coopératifs en me fournissant cet espace de travail... fit-il en repensant à la gueulante qu'il avait dû pousser.

Il attrapa la bouteille d'eau qui se trouvait à côté de la valise et en porta le goulot à ses lèvres, avant d'avaler un longue gorgée du liquide. Le jeune homme reposa ensuite le récipient en plastique et retourna vers les restes de son véhicule, profitant de cette petite pause pour observer un peu l'endroit dans lequel il se trouvait.
Un coin minuscule au milieu d'un hangar à véhicule de l'armée hymérienne. C'était ce qu'il avait résumé lorsqu'on lui avait montré la paillasse où avait été entreposé son véhicule après qu'il ait été décortiqué.
Et, d'une certaine manière, c'était plutôt bien observé puisque l'endroit en question était démesurément petit par rapport à l'espace que pouvait occuper un de leur tank ou même une jeep armée.
Il arrêta sa contemplation et retourna à son travail, abaissant le masque de fer sur son visage, et tourna la molette du chalumeau. Cependant, la flamme bleue qui aurait dû sortir de l'outil ne vint pas. Blaze tenta de tourner la roulette quelques crans encore, mais rien n'y fit.

- Non mais je rêve ! C'est quoi ce matériel à deux balles !? hurla-t-il en se relevant.

Il lança violemment la bonbonne de gaz au sol et détacha son manteau accroché à sa taille, recouvrant son t-shirt noir du long vêtement bleu marine.

- Non seulement, ils font n'importe quoi avec ma bécane... Mais en plus, ils ne sont même pas fichus de me donner des outils convenables ! Là, y'en a qui vont souffrir.

Une fois rhabillé, il se dirigea à grand pas vers un escalier métallique montant vers une autre partie du bâtiment, sous l'œil attentif des rares militaires encore présents dans le hangar.
Blaze monta alors les escaliers menant à la passerelle avec une violence telle qu'on aurait pu croire qu'ils allaient s'effondrer, avant de se retrouver bloqué devant l'entrée des quartiers des officiers par un soldat gardant le bout de la passerelle.

- Qu'est-ce que vous comptiez faire ?
- A ton avis, patate. Entrer là-dedans ! fit Blaze en désignant la porte devant laquelle se trouvait le garde.
- Le secteur est réservé aux officiers Hymériens.
- Et alors ?
- Alors, je ne peux pas vous laisser entrer.
- Il se trouve que j'ai besoin de parler à celui qui a eu la brillante idée de me restituer mon véhicule sous forme de puzzle. Tout de suite !
- Le capitaine Bersegram n'est pas encore revenue de son inspection des équipements. Je vous demanderais d'attendre...
- Alors, je vais aller l'attendre dans son bureau.
- Désolé. Mais les ordres sont...
- J'ai dit : je vais allez l'attendre dans son bureau ! répéta Blaze en sortant un pistolet de l'intérieur de son manteau, le bruit caractéristique du cran de sûreté relevé se faisant entendre.
- Lâchez cette arme. Ou bien je serai obligé d'en référer à mes supérieurs. Et quand bien même vous seriez un des invités de Lady Sibylle, s'attaquer à l'un de nous pourrait vous causer de gros problèmes.
- Laisse tomber le baratin. Je me barre si c'est comme ça... fit Blaze en faisant volte-face, son arme retournant aussi vite qu'elle était sortie dans son manteau.

Le soldat laissa échapper un sourire satisfait en voyant le jeune homme partir, estimant que l'importun avait compris la leçon. Mais sa joie prématurée lui fit gravement défaut, un coup de poing vengeur l'envoyant s'assommer contre le mur perpendiculaire à la porte du quartier des officiers.

- Et ça se prétend militaire... Quelle blague ! se moqua Blaze en retirant le gant métallique qu'il avait enfilé.

Il rangea ensuite l'étrange gantelet dans une des innombrables poches de son long manteau, avant d'ouvrir la porte, laissant là le garde qui s'était écroulé sur la passerelle de fer.

*****


La grande salle semblait désormais bien vide, maintenant que la plupart des naufragés l'avait quittée pour partir au lit.
Louka était désormais avachi dans un des fauteuils de la pièce, semblant réfléchir à quelques problèmes importants, Sahra assise en face de lui. Celle-ci laissa échapper un bâillement à s'en décrocher la mâchoire en laissant reposer sa tête sur son poing droit, avant de tourner la tête sur le côté.

- Je sais que je t'ai un peu forcé la main et j'en suis désolé. Mais tu ne vas quand même pas me faire la tête toute la soirée ? demanda Louka.
- Bien sûr que non, répondit Sahra. C'est déjà oublié, d'ailleurs. Même si c'est vrai que la seule chose qui me retient ici n'est plus le groupe en lui-même, je ne vais pas t'en vouloir pour m'avoir seulement convaincue de rester. Ce serait complètement stupide, tu ne crois pas ?
- Sans doute. Tu devrais peut-être aller te coucher, toi aussi... conseilla le jeune homme en voyant son interlocutrice bâiller une nouvelle fois.
- Ouais. Maintenant que le calme a plutôt bien réussi à s'installer, on va tous sûrement en profiter pour se reposer.
- C'est vrai que c'est devenu assez calme. Mais avec l'autre fondu des pistolets, ça ne le restera sûrement pas longtemps.
- Tu parles de qui ? Drayke ?
- Ah oui, c'est vrai que je n'en avais encore parlé à personne... Je parlais de Blaze. C'est lui aussi un adepte des armes à feu. Sauf que c'est plutôt dans le mauvais sens du terme.
- Il a la gâchette facile, tu veux dire ? Alors là, on peut vraiment parler d'un Zeronos bis !
- Peut-être pas à ce point-là. Je doute qu'il irait provoquer un incident diplomatique dans le même genre que celui avec le général.
- Tu pense vraiment ce que tu viens de dire ?

Louka ne répondit rien à la jeune femme, se contentant de la regarder de son habituel regard neutre.

- Je pense qu'on va en rester là pour ce soir, déclara Sahra en se levant de sa chaise. Bonne nuit.
- Bonne nuit.

L'adolescente ferma alors la porte derrière elle, le silence s'installant de nouveau dans la salle de réunion. Il fut cependant brisé pendant quelques secondes, le temps pour Louka de murmurer :
- 49, 5 %... Y'a tout de même de la marge, à ce que je sache.

*****


- Finalement, ce truc est beaucoup moins compliqué qu'il n'y paraît... murmura le jeune homme en pianotant sur le mini-ordinateur de poche dans sa main droite.

Désormais à genoux devant une des portes des quartiers militaires, Blaze semblait en plein piratage de quelconques données, l'appareil sur lequel il tapotait étant relié au lecteur de carte placé sur le mur devant lui.

- Je pensais pourtant que leur système serait beaucoup plus dur à craquer. Mais quelques notions d'encodage, un chouya de défragmentation et...
- On peut savoir ce que vous faites ? demanda soudainement une voix venant de derrière lui.
- Et merde... soupira-t-il en cessant d'appuyer sur les touches de son gadget, avant de retirer la fiche qu'il avait insérée dans le boîtier.
- Lâchez cet appareil et retournez-vous, je vous prie.

La voix était celle d'une femme, un ton ferme mais néanmoins dénué de toute forme de violence.

- Sinon quoi ? demanda l'homme au long manteau en faisant disparaître l'appareil dans son habit. Vous allez me tirer dessus avec une arme ?
- Je ne suis pas armée. Je veux simplement voir le visage de celui qui a tenté de forcer ma porte.
- Vous n'êtes pas armée ? Tant mieux.

Blaze fit alors volteface en sortant son pistolet de son manteau pour ensuite braquer l'arme vers son mystérieux interlocuteur.
Il eut à peine le temps de poser les yeux sur la personne qui s'était adressée à lui qu'il sentit son bras se faire agripper pour lui faire délibérément continuer le mouvement qu'il avait amorcé, se faisant ensuite plaqué durement au mur, sa main gauche tenant le flingue coincée entre le mur et la main de son assaillant. Un mouvement du pouce de son adversaire sur son poignet lui fit lâcher l'arme à feu, qui se fit ensuite réceptionnée par l'autre main de la personne dans son dos.
Blaze n'en démordit cependant pas, contorsionnant avec une souplesse étonnante son bras le long du mur pour pouvoir faire face à son interlocutrice, sa tête venant se coller à son avant-bras gauche. Sa main droite attrapa celle qui avait récupéré le pistolet en lui levant le bras, faisant partir un coup de feu sans crier gare, et à l'aide d'une prise similaire à celle qu'avait employée son agresseur, il fit lâcher son arme à la jeune femme et la récupéra d'un habile geste de la main droite.
Voyant qu'elle ne l'aurait pas sans se battre, la militaire n'eut d'autre choix que de se jeter sur le jeune homme, les faisant tous les deux chuter à terre.
Les deux adversaires se retrouvèrent alors l'un sur l'autre, le torse de Blaze désormais bloqué sous les jambes de la jeune femme, l'empêchant sans aucun problème – et ce malgré sa corpulence – de se relever. Chacun d'eux se trouvaient cependant dans une position critique, la gorge du naufragé menaçant d'être perforée par la pointe d'un couteau de survie sorti de nulle part, tandis que la tempe gauche de la militaire pouvait se voir explosée par une balle à n'importe quel moment. Les seuls obstacles à ces deux dangers se trouvaient être les mains gauche de chacun des deux adversaires ayant fermement empoignée la main armée de leur interlocuteur.

- Bon, très bien ! Vous savez vous battre, je vous l'accorde... grogna le jeune homme en tentant d'apercevoir le visage de l'hymérienne, sa vue étant à moitié trouble à cause de la fatigue et de la lumière trop vive des néons présents dans le couloir.
- Vous n'êtes pas mauvais non plus, il faut bien l'avouer. On m'avait averti de la présence d'un des invités de Sibylle souhaitant me parler. J'en ai rapidement conclu en voyant un de mes hommes à terre sur la passerelle qu'il ne pouvait s'agir que d'un des caractériels dont on m'a parlé. Aussi, la prudence restait de mise.
- Donc, vous êtes celle qui s'est chargé de réduire ma bécane à l'état de pièces détachées... vint déduire le jeune homme.
- En effet, et je suis navrée si cela vous a incommodé. Que diriez-vous de continuer cette discussion dans mon bureau ?
- Tsch ! Très bien. A trois, on range les armes ?
- Je suis d'accord. Un... commença l'officier.
- Deux...

Ce fut à ce moment que la lampe qui avait été touchée par le coup perdu ne vienne s'éteindre à cause du court-circuit occasionné, laissant désormais aux deux personnages la possibilité de voir plus clairement le visage de son adversaire.
Blaze écarquilla alors les yeux en découvrant les grands yeux bleus et les longs cheveux roux de l'officier, semblant reconnaître une personne qu'il pensait ne jamais revoir.

- Bordel de... Amélia ?!

*****


Chacun d'eux avait désormais fait disparaître leur arme, le flingue de Blaze étant retourné dans son long manteau et la lame de l'officier ayant disparu comme elle était arrivée. Les adversaires éphémères se faisaient désormais face.

- Mais qu'est-ce tu fiches ici ? Je te croyais restée à terre, en train de surveiller la boutique.
- Pardon ? Excusez-moi, mais je ne suis pas sûr de comprendre. Qui est cette Amélia ? Et de quelle boutique vous voulez parler ?

Blaze observa alors un peu plus longuement la personne qu'il avait en face de lui.
Un peu plus petite que lui, la jeune femme qui se trouvait en face de lui devait avoir près de vingt ans si l'on en jugeait par son allure.
Ses longs cheveux roux avaient été arrangés en une queue de cheval lui tombant sur l'épaule et ses yeux azurés étaient cachés derrière une paire de lunette de vue glissant le long de son nez.
Mais malgré tous ces points communs entre Amélia et cette personne, l'appartenance de cette dernière à l'armée d'Hyméria ne faisait aucun doute, la jeune femme en face de lui portant l'uniforme réglementaire de la nation.
Cette fille lui ressemblait comme deux gouttes d'eau, mais ce n'était pourtant pas la personne qu'il avait l'habitude de côtoyer.

- Hmm... Je me suis trompé. Je vous ai confondue avec quelqu'un d'autre.
- Oh ! Je... vois...
- En fait, une de mes connaissance vous ressemble beaucoup, aussi bien au niveau physionomique qu'en terme de technique de combat. La prise que vous avez utilisée pour me projeter et me désarmer est l'une de ses favorites.
- Vraiment ? Et pourrais-je enfin savoir qui vous êtes ?
- Appelez-moi Blaze, ça suffira.
- Blaze ? Enchantée, je suis le capitaine Kvelonia Bersegram, responsable...
- Je me fiche bien de savoir de quoi vous êtes chargée ! interrompit brusquement l'homme aux cheveux argent. Ce qui importe, c'est que vos hommes ne m'ont pas rendu ma moto en entier.
- Je vois que vous savez gérer vos priorités... Eh bien, certaines pièces de votre véhicule n'ont pas pu vous être restituées pour des raisons d'état.
- Vous vous fichez de moi ?!
- Poursuivons cette discussion dans mon bureau, voulez-vous ?

Blaze fulmina de rage en voyant la haut-gradée en train d'éviter la question, mais il se contenta de garder les insultes dans son esprit, estimant qu'il risquait gros malgré tout. Kvelonia déverrouilla la porte à l'aide de sa carte d'accès et invita Blaze à entrer à sa suite, ce que fit le jeune homme en maugréant toutefois des paroles inintelligibles pour qui n'était pas dans sa tête.

Cependant, ses grognements se turent d'un seul coup lorsqu'il pénétra dans le bureau de la gradée empli de montagnes de paperasse entassées à travers toute la pièce. Il ne s'attendait vraiment pas à ça, habitué à ce que le lieu de travail de quelqu'un comme cette capitaine soit plutôt impeccablement rangé. Il ne put d'ailleurs réprimer un léger sourire en coin, se rendant compte que ce détail venait s'ajouter aux points communs que cette femme pouvait avoir avec son associée, elle aussi n'ayant pas vraiment la fibre ménagère. Quoique cette Kvelonia avait au moins eu la décence d'empiler tout les documents dans les coins formés par les murs et le mobilier composé d'un bureau de taille moyenne, d'un canapé, de deux bibliothèques et d'un secrétaire en bois.

- Je vois que vous savez gérer vos priorités, vous aussi... se moqua le jeune homme.
- Amusant. Bien ! Asseyez-vous et nous pourrons discuter de votre problème.
- Non merci, je vais rester debout. Et puis, on ne sait jamais.
- A ce que je vois, vous n'avez pas l'air d'accorder facilement votre confiance.
- Après que vous m'ayez menacé avec un couteau, il y a de quoi !
- Après que vous m'ayez braqué un pistolet sur la tempe, il y avait de quoi ! répliqua presque aussitôt l'hymérienne.
- Est-ce qu'on ne pourrait pas en venir au fait, s'il vous plaît ? demanda Blaze en grinçant des dents. Expliquez-moi pourquoi vous gardez des pièces de mon véhicule.
- J'ai ici un document qui m'a été transmis par un de mes supérieurs mis au courant de l'incident ayant eu lieu avec votre appareil. Ce bout de papier est un ordre de réquisition.
- C'est votre lord... Je-ne-sais-plus-quoi qui a ordonné ça ?
- Je n'en sais rien, répondit simplement l'officier en tournant la tête sur la gauche pour regarder à la fenêtre. Toujours est-il que ces composants ne sont plus ici. Ils ont été déplacés par avion jusque dans la base de notre haut-commandement.
- Et où se trouve-t-elle ?
- C'est une information que je n'ai pas le droit de vous révéler, fit Kvelonia en replongeant son regard dans celui de son interlocuteur.
- Sans blague, j'aurais dû m'en douter ! Et je suppose que je ne peux pas vous demander de ramener mes pièces ici.
- En effet, je crains de ne pouvoir accéder à cette requête. Ce serait aller à l'encontre de mes supérieurs.
- Tsch ! grogna le jeune homme en se retournant vers la sortie. Si vous avez fini, je me casse.
- Vous devriez en effet allez vous reposer. Une dure journée vous attend, demain.
- C'est ça. Et au plaisir de ne plus vous revoir, capitaine... ajouta Blaze en claquant la porte derrière lui, faisant s'écrouler une pile de dossier du bureau de l'officier.

Kvelonia soupira en repoussant la chaise sur laquelle elle s'était assise, se demandant d'où pouvait bien sortir un énergumène pareil. Lorsqu'elle voulut relever la tête, elle remarqua qu'un des tiroirs de son bureau était resté ouvert. Une lueur d'étonnement passa dans son regard, se demandant si rien n'y avait été retiré.
Elle tira vivement le compartiment vers elle et souffla quelques instants après, soulagée de ne voir rien manquer. Elle en retira l'instant d'après un cadre photo, qu'elle tint sur le bureau devant elle, observant la photo représentant deux jeunes femmes portant les mêmes uniformes militaires. La fille située à gauche de la photo affichait un grand sourire devant l'objectif, agrémenté d'un signe de victoire montrant que l'humeur était aux réjouissances. Ses cheveux roux avaient été coiffés en deux grandes couettes justes au-dessus de ses oreilles.
L'autre fille juste à côté affichait une certaine indifférence à la situation, une légère moue et ses yeux marron détournés sur le côté opposé à sa compagne montrant qu'elle n'avait aucune envie de se réjouir de quoi que ce soit. Ses longs cheveux argentés étaient quant à eux éparpillés en diverses mèches sur ses épaules et sa nuque, la jeune femme n'ayant probablement pas pris la peine de les coiffer correctement.

-Il te ressemble. Je suis sûre que tu l'aurais trouvé intéressant, si tu l'avais vu... se dit-elle en souriant légèrement. Peut-être que tu le croiseras, un de ces jours.

*****

-Qu'est-ce que tu fais ?

Lilian rouvrit les yeux, remarquant la présence de Drayke à côté de lui alors qu'une lueur rosâtre s'effaçait lentement de son regard. Le jeune homme décolla alors son dos du mur auquel il s'était adossé, tournant le dos à la porte du dortoir pour faire face à l'homme aux pistolets.

-Je vérifiais que tout se passe bien...
-Et ? demanda l'homme à la tresse.
-Eh bien, plus de peur que de mal je suppose...
-Tu veux parler de Blaze ? C'est vrai que depuis qu'il a fait partir Zeronos, il ne reste que lui pour déclencher d'éventuelles catastrophes.
-Il a effectivement sa part de responsabilités là-dedans. Mais avec quelqu'un d'aussi buté, il fallait bien s'attendre à quelque chose comme ça.
-Comme l'a si bien dit Louka, on ne restera pas éternellement ensemble. C'est un fait.
-C'est vrai. Qui sait ce qui nous attend dans les prochains jours ?
-A ma connaissance, personne ne peut le savoir... répondit Drayke en ouvrant la porte du dortoir. Bonne nuit.
-Bonne nuit, répondit Lilian.

Le jeune télépathe resta pensif dans le couloir du manoir encore quelques instants, avant de finalement rejoindre les autres pour finir la nuit.