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Justice, gloire et Graffias. de illapa



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Informations

» Auteur : illapa - Voir le profil
» Créé le 05/04/2010 à 02:58
» Dernière mise à jour le 05/04/2010 à 14:35

» Mots-clés :   Aventure   Humour   Région inventée

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2 - A vos marques ! Pas prêts, partez !
Les jours qui suivirent furent assez pénibles.
Ikse envoya le lovdisc à sa mère partie gagner des concours dans d'autres villes, comme son père l'avait prévu au départ. Il me laissait courir en liberté et s'efforçait de m'ignorer. Ce qui me rendait triste. J'hésitai à m'enfuir, mais je n'avais nulle part où aller. Je tentai de faire la conversation aux écremeuh, mais ces espèces de commères se méfiaient de moi et préféraient m'éviter. Je trouvai un arbre à baie et me fit un véritable festin. Le premier depuis trop longtemps. Puis je continuai mon exploration, mais ce village était minuscule. J'échouai donc chez le professeur Micocoulier. Je passais le reste de la journée à l'observer. Si je m'étais demandé ce que faisaient les scientifiques qui venaient parfois nous observer au marais, j'avais un début de réponse. Il m'expliquait tout ce qu'il faisait. Ce n'était pas très intéressant, mais quel bonheur d'être là !
D'avoir quelque chose à voir, à écouter, de l'espace...

Cela dura jusqu'à ce qu'Ikse débarque, paniqué.
-Professeur Micocoulier ! Mon rapion a disparu !
L'intéressé répondit calmement :
-Mais non, il est là. C'est marrant, il adore le caramel.
Le jeune dresseur poussa un soupir de soulagement, mais il me lança quand même un regard assassin. Le prof ajouta sévèrement :
-Ce pokémon n'est pas responsable de ta situation ! Tu devrais être un peu plus gentil avec lui et t'en occuper un peu mieux. Il est suffisamment malheureux comme ça pour en plus se coltiner un dresseur qui le déteste. Franchement Ikse, réfléchis-y !
-Comment vous savez qu'il est triste ?
-Il ne dit jamais son nom joyeusement. Et puis, il faut être bien désespéré pour supporter mes explications tout un après-midi.
Ikse contempla son mentor d'un air blasé. Avant d'avouer :
-Effectivement. Dites, il ne risque pas de m'empoisonner ?
-Seulement si tu lui empoisonnes la vie, dresseur ! Il fera attention si tu es gentil avec lui. Tu sais, il n'est pas une entrave à ton rêve. Il pourra t'aider à capturer des pokémons divers afin de te permettre d'atteindre tes objectifs. Il faut que tu le voies plus comme un ami qu'un outil.
-Je vais essayer. Et arrêtez de lui donner autant de caramel, il va être malade !

Et ça n'y coupa pas. Le Jour du Grand Départ aurait dû être le lendemain. Si je n'avais pas été malade toute la nuit à cause d'une indigestion. Ikse enrageait. Il le fit aussi savoir au prof Micocoulier, qui lui répondit que « les épreuves les plus difficiles renforcent plus les liens que les moments de bonheur ». D'ailleurs, c'était vrai, et j'étais content -quoiqu'en dise mon estomac- que mon dresseur prenne soin de moi. Ikse rétorqua qu'il aurait bien aimé avoir un de ces moments-là de temps à autre, et il bouda toute la journée.

Et le surlendemain, enfin, nous pûmes nous mettre en route. Sa bonne humeur était un peu revenue. Tout le village, écremeuh comprises, vint lui souhaiter bonne chance et bon courage. Surtout à moi, qui aurais à me farcir tous les combats.
Et c'est avec beaucoup d'espoir et un dresseur tirant la tronche que ma grande aventure commença. Enfin, la nôtre.

Nous marchâmes un certain temps. Sur les conseils du prof Micocoulier, Ikse me laissait gambader en liberté. Il se dérida en cours de journée. Il me proposa même un bout de son dessert, et sous le coup de la surprise, je m'étouffai sur mon pokébloc. Puis nous repartîmes et Ikse se mit à me parler. Il me parla de sa vie au village, de cette région dangereuse et de son rêve de rétablir la Justice. J'en fus tellement étonné que je me cognais contre un tronc.
Un peu plus tard, on croisa enfin le premier pokémon sauvage. Un crikzik.
-Aha ! Rapion attaque !
-On ne peut pas plutôt discuter comme les gens civilisés que nous sommes ?
-Ne me dis pas que tu n'as pas d'attaque !
Il avait l'air désespéré.
-Bien sûr que si, mais laquelle je lui balance, moi ?
Le problème fut vite résolu. L'insecte me rugit dans les oreilles. Je lui balançais une attaque tranche-nuit, et on en fut quitte pour ce combat. Un rapion avec tranche-nuit peut paraître étrange, mais j'avais hérité de cette attaque de mon paternel, un cizayox à femelle de passage, ainsi que les attaques plaie-croix et tranche.
-Cool ! C'était quoi ça ? Une attaque tranche-nuit ?
Bon sang, mais il n'avait pas les yeux en face des trous ou quoi ?
-Tu l'as tapé du premier coup ! Trop fort !
-Ben oui. Je viens du grand marais, moi. On est pas des pokémons de fillette ! Y a de bons dresseurs qui viennent nous capturer, faut qu'on soit à la hauteur. Pas comme un certain débutant de ma connaissance...

Et on continua ainsi une partie de l'après-midi. Je protégeais Ikse des crétins qui nous attaquaient. Attaque tranche pour un étourmi. Plaie-croix pour un granivol. Dard venin au cas où. Ikse notait des trucs dans un petit carnet pour pouvoir poser des questions au prof Micocoulier dès qu'il pourrait lui téléphoner.
Les choses se gâtèrent en fin d'après-midi. On marchait tranquillement et je commençais à fatiguer.
Nous tombâmes sur un combat entre quatre dresseurs. Deux d'entre eux étaient vêtus de costumes jaune flashouillard. Les deux d'en face avaient des tenues marron mer... marron. Et entre eux quatre s'affrontaient un magneton et un voltali face à un sabelette et un onix.
Ikse me prit dans ses bras et nous cacha sur le côté de la route, derrière un épais buisson. Il me chuchota, comme si j'avais besoin d'être rassuré :
-T'en fais pas Rapion ! Un jour, on dégagera ces teams de la région ! On sera assez fort pour tous les battre !
-Que c'est beau de rêver...

Soudain, une attaque séisme lancée par un des tarés plus loin fit trébucher mon dresseur. Il se retrouva sur le cul au milieu de la route, l'air ahuri, et les quatre membres de team tournés vers nous.
-C'est quoi ça ? Magneton ! Éclair !
-Un gêneur ? Sabelette, roulade !
-Onix ! Queue de fer !
-Voltali, double pied !
La suite fut très floue. Ikse me serra un peu plus fort et se mit à courir, en hurlant :
-Accroche-toi, Rapion ! Courage !
Puis nous fûmes projetés en l'air, électrocutés... J'étais KO. Je me souvins d'un plouf, puis d'avoir été submergé. Ikse m'avait lâché. A demi conscient, je tentais de nager, mais je me faisais plus trimballer par le courant qu'autre chose. J'étouffais. J'allais me noyer. Et je n'avais connu dans ma vie rien qu'un dresseur de seconde zone. Qui se noyait un peu plus loin. Quelque chose me saisit par la queue. Puis ce fut le trou noir.

Je me réveillai au chaud, emmitouflé dans une couverture, contre Ikse endormi. Plus loin, il y avait un feu de camp et un homme en noir. Il était comme vêtu d'ombre, et d'une écharpe rouge. Il avait de longs cheveux blancs ondulés et au milieu de l'ensemble ressortaient deux turquoises en guise d'yeux. Un type bizarre, même pour ce que je savais sur les humains. Il planta son regard dans le mien.
-Alors, tu vas mieux ?
Il avait une voix très grave, ce qui paraissait étrange chez un humain. Mais contrairement aux apparences, elle n'était pas menaçante. Juste très impressionnante. Intimidé, je me contentai d'acquiescer.
-Bien. Tu as faim?
Il n'attendit pas ma réponse et me tendit une baie.
-Comment t'appelles-tu ?
Toujours intimidé, mais néanmoins étonné, je ne répondis pas. Même si je le faisais, il ne me comprendrait sans doute pas.
-Tu as perdu ta langue ?
-Je... m'appelle Graffias.
-Ah. L'étoile de la constellation du scorpion... C'est un joli nom.
Il y eut un instant de silence. J'étais effaré. Il m'avait compris ! Il comprenait le langage pokémon ! Je savais que ce type était louche ! Cependant, je n'osai rien dire, pas même pour lui demander son nom. Sa présence emplissait l'espace, y compris celui destiné aux sons, semblait-il.
-Et lui ?
Il désigna mon dresseur. Timidement, je répondis :
-C'est Ikse.
Il parut amusé, mais peut-être était-ce juste mon imagination.
-Parle-moi de toi.
De plus en plus stupéfait, j'obtempérai. Je lui parlais de ma vie au grand marais, de ma capture, et de ma rencontre avec Ikse. En cours de récit, il me prit dans ses bras et se mit à me caresser la tête. Il prit une autre baie qu'il coupa en morceaux et se mit à me les donner un à un. Puis il me demanda de raconter mon futur, mes rêves et mes espoirs. Je n'avais malheureusement pas grand chose à dire.
-Tu ne veux pas évoluer ? Tu vas devenir un type ténèbres...

Je n'eus pas le temps de répondre, car Ikse se réveilla. Il regarda autour de lui d'un air ahuri.
-Je suis pas mort ?
Son regard tomba sur nous. Ses yeux s'écarquillèrent, puis il balbutia :
-V...Vous... m'avez sauvé ?
L'homme en noir acquiesça et me donna un autre morceau de baie.
-Ouah, merci ! Faites attention en nourrissant Rapion, il a l'estomac fragile.
-Même pas vrai !
L'homme en noir me caressa un peu la tête d'un geste de dire « finis de mâcher avant de parler ».
-Il s'appelle Graffias.
Ikse le regarda, l'air vraiment bête.
-Pardon ?
-Ton rapion s'appelle Graffias.
Nouveau morceau de baie.
-Ah ?
-Si tous les rapions s'appelaient Rapion, comment pourrait-on les distinguer ? Cela aurait autant de sens que de t'appeler « Humain ».
Étrangement, mon dresseur aussi avait l'air intimidé.
-C'est juste. Heu... Merci de nous avoir sauvé.
-Tu es Ikse c'est ça ?
-O... Oui ! Comment vous savez... ?
-Graffias me l'a dit.
J'eus droit à une nouvelle bouchée de fruit, et l'homme mystérieux ajouta :
-Pourquoi l'avoir choisi lui ? Pourquoi voyager ?
-Je ne l'ai pas choisi, on me l'a imposé.
Il sauta sur ses pieds, prit la pose façon vainqueur du dimanche, et ajouta :
-Et je voyage pour devenir fort et rétablir la Justice dans la région !
Entre deux bouchées, je ne put m'empêcher de commenter :
-Que c'est beau de rêver...
-Oui, c'est beau de rêver. Les rêves et les cauchemars ont quelque chose de sublime. Mais ils sont si fragiles... Un rêve de Justice, hein? Ici, il va briller étrangement. Veille bien à ce qu'il ne s'éteigne pas.
S'ensuivit un autre moment de silence. L'homme mystérieux me rendit à mon dresseur. Ni ce dernier ni moi n'osions lui demander son nom. Il ajouta seulement un « reposez-vous encore ». Gavé, je ne pus qu'obéir.

Je me réveillai le lendemain, parce que je sentais que ça tanguait. Et qu'il faisait jour. J'étais dans les bras de Ikse, qui marchait silencieusement derrière l'homme en noir. Curieusement, nous ne fûmes pas attaqués durant le trajet, et heureusement, car je fus malade deux fois. Mr Mystère nous conduisit jusqu'à l'entrée d'une ville.
-Voilà.
Il y avait une pancarte, qu'Ikse lut :
- « Bi..venue à Bourg-Don, venez dé....rir notre musée d'entomologie ! » Bourg-Don ? Musée d'entomologie ? C'est quoi ce truc ?
Mon dresseur voulut se tourner vers son énigmatique sauveur, mais il n'y avait plus personne. Il avait disparu aussi soudainement qu'il était apparu. Ikse me lança un regard interrogateur. Gêné je lui dis :
-C'est pas moi ! Je ne l'ai pas bouffé, tu sais ! Je ne mange que des trucs comestibles et je ne pense pas qu'il l'était. Me regarde pas avec cet air bête, c'est gênant !
-Hm... Si seulement tu pouvais parler...
-Mais je te parle ! Oh crétin ! C'est toi qui piges que dalle !
-Bien, allons-y alors...
Je poussai un soupir exaspéré et entrai dans la ville sur ses talons.