Le Projet Orion - Réalité parallèle de ABE

"Au quatrième top, il sera exactement deux heures !"

La voix énervée de Zeronos résonna dans la vaste salle de réception du château.

"Te plaindre ne fera pas avancer les choses plus vite, répondit Blaze du tac au tac. Nous aussi on attend, je te signale !
-Au bout de deux heures d'attente, 97,3 % des êtres humains normaux se seraient déjà énervés comme le fait Zeronos, nota Louka. Au contraire, je trouve qu'il fait preuve d'une relative patience, pour une fois. De plus, la parole lui permet d'exprimer sa colère de la manière la moins violente qui soit.
-J'ai pas non plus besoin que tu t'y mettes, répondit à nouveau Blaze, de plus en plus énervé.
-Je vous prie d'excuser l'attitude de Blaze, coupa Kim. Il est du genre à toujours vouloir avoir le dernier mot...
-Ca tombe mal, on est deux, répondit Zeronos qui donnait l'impression de se moquer totalement de ce qu'il disait.
-Et nous on est onze, s'immisça soudain Sahra... A attendre comme vous... Et pourtant à deux, vous arrivez à être plus agaçants que le reste du monde !"

Le silence retomba à nouveau sur la pièce... Chacun essayait de tuer l'attente comme il pouvait. Roland s'occupait de Shaymin avec Emma qui avait eu un petit coup de cœur pour le Pokémon Gratitude, Drayke nettoyait pour la troisième fois de la journée son pistolet... D'autres étaient plus habitués à l'attente, comme Louka qui s'amusait à calculer la trajectoire apparemment imprévisible des grains de poussière éclairés par les lumières extérieures. Mais il était certain que tous n'avaient pas la même patience.

"On n'a pas tous la même notion de "prêt à nous recevoir", je crois, remarqua Drayke dans une des rares phrases qu'il daignait prononcer.
-Dans ce cas, on va accélérer les choses ! conclut Blaze en se levant.
-Inutile, ils arrivent..."

Comme s'il avait fallu attendre que Lilian le dise pour que la chose se passe, la lourde porte s'ouvrit enfin, laissant deviner les nouveaux protagonistes de la scène qui allait suivre.

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"Laissez-moi vous présenter son éminence le grand général des armées hymériennes, Lord...
-On s'en fout, répondirent en coeur, Zeronos et Blaze."

Ils étaient une quinzaine au total. Un homme plutôt âgé et froid menait la marche, certainement Lord onsenfout, mélange étrange entre le flegme de l'aristocratie et la rigueur militaire de sa fonction. Autour de lui, une série de conseillers, Sibylle évidemment, et le reste était semblait-il une garde rapprochée, essentiellement composée d'armoires à glace qu'on avait en plus gratifiée de quelques fusils mitrailleurs pour parfaire l'ambiance.

Tous semblèrent choqués par la remarque des deux garçons. Mais la surprise passée, le grand général s'exprima de manière totalement calme et posée.

"Un caractériel qui n'a pas sa langue dans sa poche... Lequel de vous deux est Zeronos ?"

Bien content de se débarrasser de sa responsabilité, Blaze pointa l'intéressé du doigt sans aucune pudeur, comme on désignait un pestiféré dans une foule de gens amassés.

"Sibylle, vous ne m'aviez pas dit qu'il y'avait deux "spécimens" de mauvaise humeur dans ce groupe.
-Comme vous l'avez peut-être vu, la taille de leur groupe a encore augmenté depuis mon dernier rapport. Les derniers arrivés sont Emma, Blaze et Kimberly, fit-elle en les désignant l'un après l'autre."

Il jaugea ainsi tout le groupe. Tous semblaient jeunes, certains un peu trop même. Et c'était ce petit groupe d'adolescents qui leur causait autant de problèmes ?

"Je tiens à vous signaler amicalement qu'on a résolu plus de problèmes qu'on n'en a créé, expliqua Lilian. Et aucun de nous n'a demandé à atterrir ici."

Son oeil averti repéra celui qui venait de s'adresser à lui. Il avait lu dans ses pensées... Le télépathe...

"Vous devez être Lilian.
-Et vous devez être bien renseigné manifestement, autant qu'on arrête tout de suite la séance de devinettes, et qu'on fasse les présentations, Lord Darius Floyd Garnaw."

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L'homme dégageait une impression de puissance, d'une furie capable de raser à tout moment la pièce et ses occupants. Mais cette puissance était contenue derrière plusieurs épaisses couches de rigueur militaire et de savoir-vivre qu'il semblait que seule une colère formidable aurait pu le faire sortir de ses gonds.

Il prit la chaise en bout de tablée sans dire un mot et ses trois secrétaires s'assirent de part et d'autre de lui, laissant Sybille prendre la place à sa droite. La longue table semblait devenir de plus en plus petite à mesure qu'elle se remplissait.

"Faisons un petit résumé si vous voulez bien, commença Lord Darius. Je suis le chef des armées Hymériennes et le représentant du roi d'Hyméria. J'ai entendu dire que des espions avaient infiltré la base Epsilon5 chargée de maintenir des créatures hostiles dans une prison naturelle que constituent les galeries souterraines de la colline. Nous avons perdu presque immédiatement le contact avec cette base depuis son dernier rapport. Vous serez sans doute content de savoir que vos efforts pour semer nos soldats se sont soldés par la destruction de quasiment toutes les infrastructures de la base ainsi que de huit hélicoptères de transport de troupes. Et voilà que vous apparaissez à nouveau dans notre champ de vision. Lady Sibylle, qui a eu la bonté de vous héberger et de ne pas être trop pressante envers vous, vous a traité jusque là comme des invités et non pas comme des prisonniers, et ce uniquement parce qu'elle a vu en vous, plus qu'une menace, un potentiel énorme que nous pourrions peut-être utiliser dans un but commun. Des choses à rajouter ?
-Oui, fit Lucas. Un ou deux légers détails: En plus d'avoir été pourchassés par vos soldats pendant des heures durant, nous, "les espions", comme vous dites, avons passé un bon bout de temps face à Ladinn pour sauver les fesses de vos soldats, trop occupés à nous considérer comme une menace plutôt que de voir que les vraies menaces s'approchaient à grand pas ! Tout ça pour vous dire qu'on aimerait être traités pour autre chose que du bétail dont on peut tirer ce qu'on veut, ou comme des ennemis imaginaires dans un conflit bien réel !"

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Le grattement des stylos sur les papiers des secrétaires finissait de parfaire l'ambiance de la scène, qui ressemblait plus à un interrogatoire qu'à une vraie négociation.

"Vous n'êtes pas d'ici, et dans ce monde en guerre, vous resterez des ennemis pour toutes les factions présentes sur cette planète.
-C'est une menace ? commença Drayke en serrant la main sur son pistolet."

Comme si cette action avait été le symbole de la révolte, la garde rapprochée du général pointa ses armes sur le pistolero avant même qu'il n'ait pu songer à vouloir tirer.

"Je crois qu'il n'est pas bon d'agir de manière irrationnelle dans cette histoire, fit remarquer Lord Darius. Car à ce moment là, cela pourrait devenir une vraie menace pour vous."

Une aura rose entoura les armes de la garde rapprochée, avant que celles-ci ne disparaissent dans une lueur intense. La main de Lucas s'était mise à briller à son tour, et après la vague rose, une autre plus noire s'était effondrée sur les gardes, les plongeant dans une léthargie profonde et manifestement agitée...

"Et je crois que nous menacer ne fera rien d'autre que vous mettre en danger, commença Lucas.
-Si on vous gêne, on peut partir, continua Lilian. On sait que c'est Orfalis qui détient vraisemblablement la clé de tout cela. Et croyez-moi, on peut se débrouiller seuls s'il faut anéantir leur armée. C'est uniquement par politesse si nous sommes encore ici.
-Et avant que vous puissiez songer à nous capturer, on vous aura filé entre les doigts plus d'une fois, et à chaque fois, on vous aura fait manger la poussière comme c'est pas permis, termina Zeronos... Alors soit on essaie de faire quelque chose d'intelligent, soit je vous défonce tous un par un à coup de lattes et je me barre ! On a une dizaine de gars survitaminés dans notre camp, et si on veut, en un claquement de doigts, on est à l'autre bout de la planète avant même que la bastos qu'on te balancera entre les deux yeux n'ait atteint ta cervelle de vieux grincheux !"

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Il avait terminé sa dernière phrase presque en hurlant sur le général, qui, malgré la distance, avait l'impression que cette boule de nerfs lui criait dessus à quelques centimètres de son visage.

Presque essoufflé par autant d'efforts, Zeronos avait baissé la voix d'un ton, haletant...

"Je vois que nous avons affaire à de coriaces négociateurs, remarqua Lord Darius. Cependant, vous manquez un peu de "calme" pour être vraiment des interlocuteurs de choix."

Un grand silence s'abattit alors sur la pièce. Louka cacha son visage dépité entre ses mains, devinant ce qui allait vraisemblablement arriver. Bien que tout le monde se doutait que ce genre d'incident arrive à un moment ou à un autre, personne n'aurait pensé devoir en être témoin à ce moment...

"Henshin !
-Zeronos, non !"

Une boule de feu traversa la pièce, au centre de laquelle Zeronos avait pris l'apparence d'un Simiabraz mécanique. Alors que la chaise sur laquelle était assise Lord Garnaw s'enflamma presque instantanément, un trou béant vint orner le plafond de la salle. Il s'était propulsé dans les airs à une vitesse telle qu'on aurait dit qu'il s'était envolé.

"Général ! fit une Sibylle estomaquée devant le siège en flammes à côté d'elle. Qu'est ce que vous avez fait ?! rajouta-t-elle en se retournant vers les membres restants de l'équipe.
-Nous, rien. Par contre, je pense que votre ami est entre de bonnes mains, et pas en train de brûler sur ce fauteuil comme vous le pensez, fit Louka en calmant le jeu. J'ai distinctement vu Zeronos le prendre par le col avant de s'envoler..."

Il s'avança à son tour vers le fauteuil qui finissait de se carboniser avant de regarder le trou qu'avait laissé Zeronos dans le plafond. Il ajouta finalement.

"Enfin, je ne suis pas sûr que ce soit une bonne nouvelle pour lui, mais il est bien vivant."

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Loin, très loin au dessus du château, Zeronos avait pris le contrôle de la situation... Et il allait expliquer son point de vue de manière totalement non censurée et sans aucun souci de protocole.

"Réveille-toi, machin ! Faut qu'on cause."

Le choc passé, le général ouvrit les yeux, uniquement pour voir Zeronos et le ciel d'un bleu clair et pur. Le sol avait disparu sous ses pieds, et en regardant en bas, il remarqua que la terre était loin, bien loin de lui.

"Qu'est ce que vous faites, vous savez qui je suis ?
-Du menu fretin, c'est tout ce que tu es. Si ta majesté nous considérait vraiment comme des alliés, elle n'aurait pas fait l'erreur de t'envoyer ici, toi le petit subordonné avec tes petites manières et ton petit caractère de chieur... Alors écoute-moi bien. On n'est pas avec ses connards de Ladinn ou d'Orfalis, c'est bien clair ? Je crois qu'on a suffisamment latté la gueule au premier et que j'ai suffisamment la rage vis à vis du second, parce qu'apparemment c'est lui qui nous a foutu dans cette merde, pour ne pas avoir envie de leur filer un coup de main. Après, je vais te dire mon point de vue sur la question. Je suis un mec qui a besoin de deux choses. La première, qu'on ne vienne pas le faire chier pour lui latter la gueule, la deuxième qu'on ne vienne pas le chercher parce qu'on a besoin d'un god almighty pour latter la gueule de quelqu'un qui a eu la délicatesse de ne pas venir m'emmerder. Donc soit tu acceptes notre coup de main, soit tu envoies tes chiens à l'attaque, tout en sachant que ce que je te fais subir là n'est rien à côté de ce qu'ils vont prendre. Tu ne vois là qu'une partie de mes pouvoirs, et je te rappelle que je ne suis pas tout seul."

Alors que le saut de Zeronos atteignait son apogée, ce dernier se tut enfin, laissant toute la latitude à son interlocuteur de répondre.

"A toi de voir. Tu nous veux avec toi ou contre toi ?
-Je... je crois que l'on peut trouver un terrain d'entente... Mais il y'a une chose que je veux de vous, et le roi a été très clair là-dessus."

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Zeronos ne lâchait pas un centimètre sur son adversaire, mais, malgré l'effet de surprise et l'audace de ce qu'il venait de faire, son interlocuteur ne lâchait que des miettes... Il devait vraiment craindre son roi pour hésiter ainsi devant une telle déferlante de puissance.

"Je crois qu'on est partis du mauvais pied, tous les deux, admit le général. Il me semble que maintenant, j'ai une meilleure idée de la situation...
-On est d'accord sur un point... Alors vas-y, balance tout ce que tu veux, et après, on verra si on peut s'entendre...
-Je ne crois pas que vous soyez la personne la plus appropriée pour recevoir ma requête... Enfin, pas la plus calme dirons-nous."

Zeronos songea à mettre un terme une fois pour toutes à cette série de piques assassines, mais il se rappela le rôle qu'il s'était donné cette fois-ci.

"Contrairement à ce que tu crois, je ne suis ni fou, ni gratuitement agressif... Bon, peut-être que cette dernière partie n'est pas totalement vraie, corrigea-t-il. Mais en tout cas, je serai le premier à venir m'occuper de toi si jamais je devais me rendre compte que tu nous a pris pour des cons... Alors maintenant, arrête de jouer les imbéciles, attache ta ceinture et prépare-toi à l'atterrissage. Je ne suis pas sûr que ce soit aussi calme que le décollage...
-Que... comment ?
-Louka, fit Zeronos, un coup de main serait le bienvenu !"

Plusieurs centaines de mètres plus bas, l'homme bionique entendit le murmure de Zeronos grâce à son ouïe surdéveloppée. Cependant, un problème se posait.

"Comment est ce que je peux les ralentir sans utiliser Gallame ?
-Je m'en occupe, fit Lilian qui avait capté la pensée de Zeronos et l'interrogation de Louka. Ecarte-toi..."

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Dans les cieux d'Hyméria et dans la salle de réunion, deux lueurs roses apparurent, signe que le pouvoir de Lilian fonctionnait. En même temps que Zeronos s'illuminait de rose, il semblait également rencontrer des masses d'aura de plus en plus volumineuses qui le ralentissaient dans sa chute... Au final, il se retrouva à léviter quelques dizaines de mètres au dessus du château avec Lord Garnaw toujours tenu fermement avant que la boule rose ne l'englobe tout entier et qu'il ne réapparaisse dans la salle sous les yeux ébahis de Sibylle, qui ne comprenait presque plus rien à ce qui se passait.

"Je ne crois pas que ce soit ce que quiconque puisse appeler un débat conventionnel, fit remarquer Pluton. Aussi, afin de ménager le coeur de notre hôte, je propose que seuls les plus calmes restent, et que les autres fassent ce que bon leur semble à l'extérieur de cette pièce..."

Tous se regardèrent l'espace d'un instant. Chacun semblait libre de se considérer comme "calme" ou enragé et d'agir en fonction. Zeronos partit le premier, trop heureux de faire autre chose qu'attendre, même s'il avait un léger regret, celui de ne pas avoir une armée d'imbéciles surentraînés et surarmés pour se défouler un peu...

"Bon débarras, murmura juste Blaze...
-Ahem, reprit à son tour Kim."

Elle lui faisait un signe de tête tout à fait explicite, du genre "Dégage !", accompagné d'un regard mauvais. Cependant, malgré son insistance, elle se vit obligée de préciser sa pensée devant l'innocence feinte de son compagnon.

"Il y'a de la place dehors, je suis sûr que vous pourrez vous dégourdir les jambes sans croiser Zeronos...
-J'ai pas envie, gamine ! Ce taré serait capable de me cramer la figure et...
-Je suis persuadé que l'air frais te fera du bien après ce si long séjour dans une geôle, l'interrompit à son tour Louka en l'attrapant par la main. Excusez-moi, rajouta t'il à l'attention des autres, je vais jouer les baby-sitter, même si je change de client...
-Mais, protesta Blaze, lâche... Hey, tu vas me lâcher, oui ?"

Mais malgré ses protestations, il ne pouvait rien contre la poigne de fer de Louka, et fut bien forcé de le suivre quand il vit qu'il n'arrivait pas à le ralentir ou le freiner.

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Dans la pièce, l'ambiance se fit plus feutrée, plus intimiste. Roland, bien conscient de ne rien comprendre aux négociations qui se tramaient, préféra partir pour permettre à Shaymin de prendre l'air, entraînant dans son sillage Emma, mais aussi plusieurs autres personnes qui hormis profiter du spectacle et regarder les deux camps s'envoyer des piques à longueur de débat, ne servaient pour l'instant pas grand chose.

Restaient au final Lucas, qui avait depuis peu décidé de s'impliquer plus qu'auparavant, sans doute en lien avec son comportement tout à fait différent de d'habitude, Drayke, dans un rôle à mi-chemin entre le garde du corps et le conseiller martial de l'équipe, Lilian, qui arrivait à distinguer le vrai du faux dans les pensées de ce général décidément peu enclin à la négociation, et Pluton, qui ré-ouvrit les négociations en demandant simplement:
"Bien, qu'attendez-vous de nous ?"

Un long silence suivit à cette question. Lord Darius se savait ridiculisé par la petite démonstration de puissance de Zeronos, et avait de plus beaucoup de mal à admettre qu'il était mis en défaut par des gamins pour certains pas encore sorti de l'adolescence.

"Il veut copier le système de Pokéball, répondit Lilian après avoir lu dans son esprit.
-Comprenez-nous, reprit Sibylle. Nous n'avons jamais voulu vous mettre dans la position fâcheuse, mais il fallait vous tester, être sûr de vos réactions et...
-Vous en étiez sûre, Sibylle, reprit à son tour Lucas. Pourquoi Lord Garnaw ne vous aurait-il pas fait confiance. Il met en doute votre neutralité ?
-Il met plutôt en doute sa neutralité à lui, comprit Pluton. Un être humain ne fait pas confiance au jugement d'un autre s'il le hait ou au contraire...
-S'il a trop confiance en lui pour que son jugement n'en soit pas altéré, termina Drayke. Et comme l'écart d'âge me semble trop important pour imaginer une relation amoureuse...
-Sibylle... est ma fille, lâcha Darius exaspéré. Lady Sibylle Garnaw, comtesse d'Azrad... Votre petit jeu est particulièrement déstabilisant, savez-vous ?
-Vous savez, si ça doit rester un secret, nous ça ne nous gêne pas, du moins je suppose, fit Lucas en cherchant le regard de ses compagnons.
-Là n'est pas la question reprit Garnaw. Concentrons-nous un instant, je vous prie !"

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"Ho ! Mais lâche-moi ! Tu commences sérieusement à me les briser là. Tu t'es pris pour Dieu tout puissant ?"

Blaze fulminait. Il détestait plus que tout être obligé de suivre un ordre auquel il avait déjà refusé d'obéir. Et être traîné de force comme une mule à travers tout le château n'était pas très glorieux comme traitement.

Un bruit de pas se laissa entendre dans l'immensité vide du château. Des pas rapides, au vu du bruit de leur impact contre le sol, une personne légère, au vu de leur écartement, pas très grande non plus... une fille. Et quelle était la seule fille qui irait se soucier de cet imbécile heureux plus buté et borné que Zeronos ?

"Inutile de te faire du souci Kimberly, je maîtrise la bête...
-Tu maîtrises... Tu maîtrises rien du tout, oui ! Je vais te coller une balle entre les deux yeux et tu verras ce que tu maîtriseras !"

De sa main laissée libre, il saisit un pistolet à sa ceinture et le pointa sur la tempe de Louka.

"Blaze, non ! hurla la voix de Kim.
-Maintenant, tu vas me lâcher, ou je te jure que je n'aurai aucun remords à faire sauter ta petite cervelle. Je suis pas forcé de faire ami-ami avec toi et tes potes incompétents. C'est aussi la guerre chez moi, je trouverai bien quelqu'un avec qui m'allier.
-Tire ton coup de feu, et tu vas alerter les gardes. Je te rappelle qu'on a un VIP dans ces murs. Et comme Zeronos est dehors, tu auras bien du mal à faire croire qu'il a encore pris une de ses colères monstres. Et, à supposer que tu me tues, je dis bien à supposer, les plus proches alliés que tu pourras trouver seront sur un des deux autres continents, c'est à dire loin d'ici quand on est seul et détesté par tous."

Blaze détendit son doigt une demi-seconde, juste le temps pour lui de se rappeler qu'il n'avait de compte à rendre à personne... Il avait échappé à une explosion gigantesque, à la chute de sa moto dans le vide... Il pressa la détente et le coup partit.

On eut ce jour là à déplorer une vitre cassée, et rien d'autre. Louka avait eu le temps de se retourner, de tordre le bras à Blaze et de dévier le coup qui alla se perdre dans les couloirs. Quand les gardes arrivèrent, il n'eut qu'à se rappeler à leur souvenir et à prétexter un coup parti accidentellement alors que Blaze, médusé, regardait son interlocuteur faire comme si de rien n'était.

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De plus en plus déstabilisé par la perspicacité de ce petit groupe, qui arrivait à lire dans son âme sans même que le télépathe s'en mêle, Garnaw devait redresser la barre au plus vite. Il avait reçu des ordres clairs et un refus n'était pas tolérable.

"Votre système de contrôle des Pokémon a l'air particulièrement perfectionné, si je m'en fie aux démonstrations que vous avez fait en fuyant la base Epsilon. Et un équivalent à vos Pokéball rendrait cette guerre plus rapide et moins violente.
-Plus rapide, certes, moins violent, j'en doute, fit Lilian en se remémorant le conflit dans son monde. Ces créatures, bien que puissantes ne sont pas immortelles, même si certaines s'en approchent.
-L'usage que nous ferons de ces Pokémon ne vous concerne pas, je pense, corrigea Sibylle. Et l'éventuelle destruction de votre écosystème ne devait pas vous mettre dans des états pareils quand vous avez du faire la guerre chez vous, Lilian, rajouta t'elle."

L'argument fit froncer les sourcils de tous. Quelque soit le conflit, il était vrai que "sauver le monde" était un mot d'ordre quasiment universel. Mais quelle était la réalité cachée derrière ce mot ? Une réalité virtuelle issue de l'imagination d'un homme imbu de sa personne pour Pluton, une vie de paria pour Drayke, une action dans une dimension parallèle totalement passée inaperçue pour Lucas, et un conflit qui s'éternisait pour Lilian. C'était ça être vivre en héros ? Loin d'un "idéal" guerrier, la phrase de Sibylle ressemblait plus à une vérité générale pour tous, même si sur le coup, bien peu l'auraient admis.

"Nous avons plein de Pokéball vides, remarqua Lilian. Je peux vous en passer une quand je veux.
-Et plusieurs versions différentes, nota Drayke.
-Même si je ne sais pas si vous avez de quoi copier ce système qu'on trouvait à tous les coins de rue dans nos mondes, rajouta Pluton.
-Louka a aussi des ball particulières, si j'ai bien compris, nota Lucas. Il faudrait lui demander s'il peut en trouver une vide.
-Dois-je prendre ces discussions informelles comme un accord officiel ?"

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Elle devait vaincre la barrière, faire de ce premier contact quelque chose d'utile et à la fois désintéressé... Plus facile à dire qu'à faire...

"Excusez-moi... J'ai encore du mal avec les prénoms... Marine et Sarah ?
-Sahra, c'est le premier "a" qui est long, mais tout le monde fait l'erreur..."

Première boulette, mais pas la plus grave apparemment.

"Je sais que je suis une inconnue pour vous deux, mais...
-J'ai aussi ressenti ça, fit Marine...
-Et je le ressens toujours un peu, continua Sahra, c'est normal de vouloir s'intégrer coûte que coûte. C'est un peu notre point d'ancrage... Emma c'est ça ?"

Un battement de coeur... Maintenant ou jamais...

"Ecoutez, j'aime bien Roland, mais côté conversation, c'est un peu difficile. Et puis, je pensais que la solidarité féminine pourrait m'être d'une grande aide. Je ne suis pas du genre à quémander tout et n'importe quoi mais je dois avouer que je me perds un peu dans ce monde étrange..."

Un autre battement de coeur... Un regard... Un hennissement dans le dos...
Une seconde, un hennissement ?

"On dirait que Ponyta n'a aucune objection à ta présence, fit Marine avec un sourire. Je te préviens, elle n'est pas non plus docile mais elle t'accepte dans son... comment pourrais-je dire cela de manière à te faire comprendre le caractère de la bête ?
-Sur son territoire ? proposa Emma."

La jument hennit de manière différente. On aurait dit qu'elle était vexée...

"Exactement, nota Marine. Tu as cerné la personne. Bref, que veux-tu savoir ? Mon monde ? Celui-ci ? La météo des plages ? Des conseils de maquillage ? Je te préviens, je ne suis pas non plus un top model..."

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Tout le monde se retourna vers Lord Garnaw. Décidément, cette réunion avait plus des airs de petite rencontre sans but précis que d'une vraie négociation...

"Depuis le début, je pense que notre principale monnaie d'échange tenait dans ces Pokéball, fit remarquer Pluton.
-On en était arrivé à la même conclusion avec Alexend et Drakness, nota Lilian. C'était juste avant que vous n'arriviez dans ce monde...
-Qui sont ces deux personnes, demanda Sibylle ? Des membres de votre groupe que je n'ai pas eu le privilège de rencontrer ?
-Je dirai qu'ils ont été "échangés" contre Pluton et Zeronos, résuma Lucas. On a d'ailleurs beaucoup perdu au passage avec l'arrivée de l'autre surexcité... Mais je crois que votre pè... Lord Darius se moque de ce genre de détails. Je pense qu'on est tous d'accord pour dire que ça ne nous coûte rien de leur donner une ou deux Pokéball vides ?
-Si Drayke daignait aider nos techniciens de laboratoire, je pense qu'avec la technologie dont nous disposons, ça ne serait qu'une formalité s'il a réussi à en construire avec les moyens du bord.
-Je n'ai fait que les recevoir, fit-il désolé. Je serai bien incapable de vous aider. Moi et la technologie poussée... Je sais m'en servir, bien sûr, mais je suis meilleur utilisateur que concepteur."

Lucas restait étonné par Drayke. Il était si silencieux d'habitude. Le voir prononcer des phrases aussi longues était un évènement rare pour lui... Peut-être qu'il se sentait à l'aise dans cet environnement finalement.

"Je... je crois pouvoir vous aider, fit à son tour Pluton. En fait, c'est vos ancêtres qui vous aident. Je ne fais que restituer leur savoir...
-Le pilier ? demanda Lilian.
-Le pilier, en effet. Je crois pouvoir compter environ trois milles années d'archives. C'est plutôt flou et anarchique dans l'ensemble vu que c'est loin d'être rangé et archivé, j'ai vraiment du mal à en tirer quoi que ce soit, mais il y'a le plan d'un système de bracelets qui semble pouvoir se lire tout seul sans l'aide d'une autre référence que je ne pourrais trouver."

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Derrière le château, plus personne ne s'entraînait... Avec la présence des huiles de l'armée à l'intérieur des murailles, tous étaient affectés à la sécurité de Lord Garnaw et au bon déroulement des négociations... avec plus ou moins de succès, il est vrai. Zeronos était seul avec lui-même, et comme bien souvent, seul avec l'image de l'emmerdeur numéro un qui clignotait avec forces néons dans sa tête... Louka était un ange à côté de cet empêcheur de tourner en rond. A vrai dire, il arrivait presque à comprendre l'homme virtuel quand il voyait comment l'autre pouvait l'agacer lui ! Et tout moment passé loin de lui était le bienvenu. Tout moment passé loin du commun des mortels l'était aussi. Mais bien évidemment, quand on essaie d'être seul...

"On se languit de son monde ? fit une voix familière."

Il se retourna. Evidemment, c'était Ros... Un bandage courait le long de son torse et dépassait de ses vêtements passés sans souci de paraître présentable. Bien qu'il ait risqué sa vie pendant la bataille, il semblait se remettre plutôt rapidement.

"Tu ne devrais pas être au lit ? J'ai pas besoin d'une âme charitable pour me tenir compagnie.
-Et j'ai tout sauf envie de tenir compagnie à quelqu'un comme toi...
-Tu veux dire à quelqu'un comme TOI ! C'est facile de vouloir rejeter les défauts qu'on a sur son incarnation d'un autre monde. Mais je suis sûr que tu n'es pas un enfant de chœur."

Ros dut bien malgré lui admettre l'argument. Aussi changea t'il de sujet.

"Pour répondre à ta question, je suis assez frais pour remonter en selle, mais pas assez selon les docteurs pour reprendre du service. J'ai donc du temps à tuer.
-Et tu viens jouer les psychologues au rabais ? Dis-moi, c'est pour en savoir plus sur qui que tu viens me poser des questions ? Toi ou moi ? A supposer qu'il y'ait une différence.
-Je veux te voir te battre. Je m'ennuie comme un rat mort, tu m'as l'air d'humeur, et le terrain est tout a fait approprié."

Zeronos dut à son tour admettre sa surprise.

"Il n'y a vraiment pas beaucoup de différences, murmura t'il pour lui."

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"Vous faites le bon choix, fit Sibylle conciliante.
-Herbert, préparez les papiers officiels s'il vous plaît, conclut Garnaw.
-En échange de votre soutien, nous vous offrons les plans du bracelet, résuma Lilian.
-Et rien d'autre... rajouta Pluton."

Garnaw tenta un instant de soutenir le regard de l'obscure, mais une aura sombre sembla l'entourer l'espace d'un bref instant, rendant la couleur de ses yeux aussi noire qu'une nuit sans lune

"Et rien d'autre, conclut-il.
-Dans ce cas, inutile de faire un papier, conclut Drayke.
-C'est vrai, nota Lucas. Nous n'avons aucun organisme vers qui nous tourner en cas de rupture du contrat de votre côté, et de toute façon, nous allons très vite remplir notre part du marché."

Coupé dans son élan, le scribouillard reprit cependant sa plume pour écrire, avant que son papier recouvert de l'en-tête officiel des hautes instances d'Hyméria ne s'enflamme. A l'autre bout de la table, Drayke souffla la flamme de son briquet. Une flamme qui s'était propagée "comme par enchantement". Lucas allait féliciter Lilian, mais ce dernier l'arrêta. Drayke avait tout fait tout seul, semblant utiliser une forme subtile de pyrokinésie.
Le secrétaire se tourna vers Lord Garnaw, qui d'un signe montrant son désintérêt total, lui pria de ne pas s'attarder sur le protocole...

"Et bien maintenant, quoi de mieux pour célébrer cet accord qu'un grand banquet ? proposa Sibylle. Cela permettra à tout le monde de se détendre avant d'attaquer les choses sérieuses...
-Sans moi, fit remarquer Lilian, j'aimerai informer tout le monde de la situation.
-Moi non plus, reprit Pluton avec sa voix éraillée, je ne suis pas une adepte des expansions de bonne humeur. Si je pouvais commencer à travailler au plus vite..."

Drayke quitta la table sans rien dire, poussant Lucas à suivre le mouvement global. Le père de Sibylle haussa la tête une fois seul avec sa fille et ses conseillers.

"Bah, au moins ça remontera le moral des soldats après cette victoire contre les forces ennemies."

Et, se levant de la table, il remarqua à nouveau sa garde personnelle désarmée et endormie. Il allait en faire la remarque aux personnes qui étaient derrière ces maléfices lorsque les deux, sans se retourner, ne firent que claquer des doigts, ce qui suffit à briser leurs charmes...

"Décidément, je nous souhaite de vivre des temps intéressants avec ceux-là, conclut-il."

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"Sérieusement, vous ne trouvez pas que vous êtes lourds ? Je suis bien capable de me gérer tout seul !"

Cela faisait un bout de temps que Blaze avait été "lâché librement dans un périmètre à ne pas dépasser" par sa baby-sitter personnelle. Louka échangea un regard avec Kim et fronça un sourcil.

"C'était de l'humour ? fit-il. Excuse-moi si j'ai du mal à comprendre toutes les subtilités de l'intonation humaine..."

Kim retint un sourire. Cela faisait longtemps qu'elle ne s'était pas sentie sereine, et même si l'être à côté d'elle n'était pas tout à fait humain, il n'avait pas cette folie furieuse qui commençait à la lasser chez Blaze. Au contraire, elle avait été habituée à une certaine rigueur que le côté militaire de ce château et la froideur de son interlocuteur lui rappelait.

"Il est toujours comme ça ?
-Je le connais mal, vous savez. Je ne suis ni sa partenaire habituelle, ni une de ses relations...
-Qui voudrait sortir avec lui en même temps ?
-Partenaire de travail, corrigea Kimberly en rougissant un peu. Même si c'est vrai que je n'irai pas m'aventurer avec lui sur ce terrain là non plus... On travaille par binômes d'agents dans l'unité d'où je viens...
-Houlà ! Unité, agent, que du beau monde. Tu dois être à l'aise dans cette univers machiste et testostéroné ici.
-Je ne dirai pas ça, mais il est vrai que le calme me manque un peu avec des zigotos comme celui-là."

Mais le calme était loin d'être éternel. Un hurlement de foule attira l'oreille de Louka et celle de Kimberly.

"On dirait bien que le répit a été de courte durée, soupira Louka. On va voir si le spectacle qui fait hurler ces gars de bonheur peut calmer Blaze ?"

Kim acquiesça et ils se retrouvèrent à suivre les cris pour en trouver l'origine.

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Une origine qu'il ne fallait pas chercher bien loin. Autour de Ros et de Zeronos, une véritable foule s'était amassée. Depuis que les militaires avaient eu leur permission, ils s'en donnaient à coeur joie, pour une fois qu'ils avaient du spectacle, et un champion à soutenir dans l'arène. En plus, son adversaire n'était personne d'autre que LE célèbre Zeronos, le râleur invétéré aux humeurs destructrices.

Dans le cercle, Ros avait pris une armure légère dont les pièces de métal protégeaient uniquement les parties vitales de son corps, et s'était muni d'une lame courte, alors qu'en face, Zeronos dans son armure Simiabraz avec choisi ses poings pour seule arme.
Ils profitèrent d'un instant de séparation pour se lancer quelques harangues.

"Tu te débrouilles bien pour selon que ton armure n'améliore pas tes capacités...
-Tu ne te bats pas à 100% des capacités de ton attirail non plus, remarqua Ros.
-Je veux me défouler, pas te tuer ! Après, si tu veux que j'accélère la cadence, dis-le moi."

Autour de lui, les supporters de Ros lancèrent des encouragements pour convaincre leur champion de faire ce que Zeronos lui proposait...

"Ca me va ! Passons à la vitesse supérieure !"

Une boule de feu partit de la main du Simiabraz métallique, que le soldat esquiva sans trop de mal. Il pouvait bien user d'un ou deux artifices pour pimenter le combat, ça ne le gênait pas tant que ça. Par contre, la vitesse à laquelle allaient les choses devenait intenable. Il ne faisait qu'esquiver et se protéger. Aucune possibilité d'attaquer, aucun angle mort à exploiter. A ce rythme, il serait sur les genoux sous peu... Il n'aurait pas du lancer ce défi à peine remis de sa blessure.

Mais un objet vola et finit par heurter la carapace d'acier de Zeronos, coupant court à son assaut jusque là ininterrompu. Quelqu'un venait de lui lancer volontairement quelque chose pour détourner son attention et ça avait manifestement réussi. A le distraire, mais surtout à l'énerver. Ros s'arrêta aussi, bien conscient que l'action qui venait de se produire n'avait rien à voir avec un combat digne de ce nom.

"Qui a lancé ce truc ? fit Zeronos en détachant bien tous ses mots."

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Le groupe des filles venait d'arriver précisément à ce moment là de la bataille. Autant dire qu'elles en avaient raté la majeure partie. Elles n'avaient même pas vu d'où était tombé l'objet. Ou plutôt, elles l'avaient vu, mais il avait semblé tomber de nulle part. Alors que Zeronos désactiva son armure, Emma fut la seule surprise de voir une boule de feu rester dans sa main alors qu'il menaçait tout le monde du regard.

"Qui a lancé un objet sur Zeronos ? répéta Ros. C'était un combat à la loyale. Quelque soit son issue, personne d'autre que nous deux ne doit intervenir."

Mais tout le monde resta silencieux. Marine ramassa l'objet à terre.

"Jeter un ordinateur en plus, quelle gâchis."

Le clavier du portable était répandu un peu partout autour de la coque, ornée d'un logo ressemblant à une pomme croquée. Dans l'idée de donner un nom à la "chose lancée", elle s'avança avec l'objet du délit dans les mains au centre du cercle laissé vide.

"Je peux voir cette ordinateur ? demanda Ros."

Après un rapide examen, il remarqua que ce n'était pas un objet qu'il utilisait ici à la base, et qu'aucun des personnels autorisés à manier les autres ordinateurs n'aurait l'idée d'en jeter un sur quelqu'un pour attirer l'attention.

"J'espère que ce n'est pas à vous, demanda t'il en le montrant tour à tour aux naufragés présents ici."
Il s'arrêta un bref instant devant Marine, Emma, puis Sahra et devant Zeronos, la vision de cet objet sembla lui provoquer un sursaut qui se résuma en une seule et unique phrase, synonyme du chaos le plus total.

"WHAT DA FUCK !?"

Il lança la boule de feu droit sur le PC portable que tenait encore Ros. Dans un réflexe salvateur, il lâcha l'outil qui alla s'écraser encore une fois sur le sol, n'arrangeant pas son état initial. Levant les yeux vers Zeronos pour comprendre la raison de sa fureur, celui-ci ne put détacher son regard de l'ordinateur calciné pour prononcer quelques mots:
"Cet objet ne peut pas être ici... A moins que..."

Bien conscient que Zeronos était dans un état de trouble hors du commun, Ros fit à nouveau le tour des spectateurs pour demander une explication avant de se retourner vers l'intéressé et de lui annoncer la seule option restante.

"Dans ce cas, c'est une mnémosyne."

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Sur les dernières marches de l'entrée, Lilian avait perçu le trouble de Zeronos, mais vu son état de stress permanent, ce n'était qu'une incompréhension parmi tant d'autres. Mais Lucas, lui, sentit l'étrange phénomène également. Ce qui, sauf si l'objet du problème était lié à un rêve ou un cauchemar, était hautement improbable.

Néanmoins, pour s'assurer de ce qu'il avait cru ressentir, il demanda à Lilian:
"Tout va bien avec Zeronos ?
-Une de ces crises habituelles à l'instant, mais rien de grave...
-Pas si sûr, conclut Lucas... Pas si sûr..."

Dans le regard du garçon, quelque chose d'étrange se passait. Darkrai pouvait sentir les rêves et les cauchemars pour les choisir et ensuite ne dévorer que les meilleurs. Mais c'était comme si cette chose furtive était autre chose qu'un rêve. Un souvenir, un fait bien réel ou plutôt... un mélange des trois.

"Tu peux lire ce rêve pour moi ? demanda t'il à une voix dans sa tête."

Instantanément, il fut plongé dans une série de flashbacks. Un ordinateur, un nom: "Mac", le symbole d'une pomme. Et puis un homme, grand, fluet, non rasé. Et une créature, mélange étrange des diverses formes de Deoxis, qui semblait pourtant ne pas être non plus indépendante de cet homme. Des complots, des manipulations. Pluton, Alexend, Drakness, et le plus important... Zeronos. Zeronos au milieu de tout cela qui... c'était un cauchemar, mais un cauchemar réel. Il sentait son pouls accélérer, sa respiration se saccader...

Il perdit le contact, et se retrouva dans son corps à lui, Lucas, haletant, comme s'il venait de vivre ce cauchemar lui-même, allongé dans un lit humide de transpiration, comme s'il venait de se réveiller hurlant...

"Lucas, tout va bien ?
-Pluton, est ce que l'image d'un homme grand, mal rasé, traînant toujours avec lui ordinateur portable et ayant un lien avec Deoxis te dit quelque chose ?
-Un... oui, bien sûr, mais comment...
-Zeronos pense à lui en ce moment, et il a peur... Il vit quelque chose qu'il n'aurait même pas imaginé dans un cauchemar."

Pluton frissonna. Il n'y avait qu'une explication à un tel comportement de la part de Zeronos. Et pas des plus rassurantes.

"Où est-il, vite ! Il faut le rejoindre !"

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"UNE QUOI ? hurla Zeronos. Appelle-ça comme tu veux, mais explique toi, bon Dieu !
-Une mnémosyne, répéta Ros. C'est une sorte de souvenir qui se matérialise en un objet ou une personne réelle.
-Comment est-ce possible ? demanda Sahra intriguée.
-On ne sait pas. Toujours est-il que c'est un phénomène typique dans ce monde. Beaucoup d'entre nous en ont vu au moins une dans leur vie. C'est vraisemblablement des phénomènes comme celui-là qui ont poussé les nations à se poser la question d'un "ailleurs". Ces objets tombent du ciel, comme ça, et ne restent matériels que quatre ou cinq heures. On les appelle aussi les "nuages-mémoire". Comme les nuages, ils apparaissent n'importe où et s'éclipsent en quelque heures. Mais on ne sait pas ni d'où ils viennent, ni comment ils apparaissent."

Un flash rose apparut dans le cercle, amenant avec lui quatre personnes sous les regards ébahis de la foule.

"En gros, tu nous dis que c'est un souvenir de Zeronos, manifestement déplaisant si on en juge à son attitude, fit Lilian.
-Oui et non, c'est un souvenir et un rêve en même temps.
-Ca explique pourquoi je l'ai perçu, fit Lucas. Mais je...
-Est ce qu'il est possible que quelqu'un apparaisse ? demanda Pluton, un être vivant qui serait lié à cet objet.
-Oui, en effet, on a déjà vu des êtres vivants, le plus souvent des parents ou des amis décédés revenir à la vie l'espace de quelques heures. Mais si c'était le cas, il serait apparu en même temps et au même endroit que l'ordinateur."

La pupille de Zeronos se contracta enfin... Il ne pouvait pas être là, parmi eux. Et heureusement, car après le combat qui l'avait opposé à Zeronos, Il serait déjà en train de le surveiller pour trouver le moment propice à l'action. Voire pire, Il aurait déjà attaqué s'il n'avait que quatre heures pour agir. En y repensant, Il n'aurait eu que peu de chances de réussir face à Zeronos plus qu'énervé et entouré de sérieux acolytes, mais sur le coup, l'idée de Son retour l'avait rendu sujet à une paranoïa inconcevable.

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"Une mnémosyne, répéta Pluton. Non, ce nom ne m'évoque rien...
-Aussi loin que je remonte dans mes souvenirs, il y'a toujours eu des mnémosynes autour de moi. Mes parents m'ont d'ailleurs nommé à partir de la mnémosyne de mon grand-père décédé avant ma naissance. Un soir, il est revenu sous cette forme et ils lui ont posé la question. Il a choisi ce nom: "Ros".
-Passionnante, ton histoire, mais abrège, répéta Zeronos. Ca sert à quoi ces trucs ?
-A rien, ça nous tombe sur le nez de temps en temps, même s'il paraîtrait qu'il existe des gens, des chamans, qui contrôlent ces souvenirs. Ils arrivent, d'après ce qu'on dit, à maîtriser les rêves et à faire apparaître ce qu'ils veulent.
-Autrement dit, ils arrivent à créer un portail par lequel l'objet arrive d'une autre dimension, nota Marine. Enfin si on suppose effectivement que ces objets ne tombent pas du ciel."

Tout le monde resta silencieux, rendant la jeune fille plus que mal à l'aise.

"Quoi, j'ai fait une carabistouille ? fit-elle, rouge de honte."

Heureusement pour elle, la voix de Louka vint la tirer de ce mauvais pas. Avec Blaze et Kim, ils avaient regardé l'échange d'explications entre Ros et Zeronos sans intervenir jusque là.

"Au contraire. Ca expliquerait pourquoi c'est ce monde et pas un autre qui collecte tous les naufragés des autres mondes.
-Ca explique aussi ce qui a donné l'idée à Orfalis de construire ce "Projet Orion", rajouta Kim. Comprendre et maîtriser ce phénomène pour faire apparaître ce qu'ils veulent...
-Où ce qu'ils ne veulent pas... Nous, par exemple, rajouta Blaze."

Mais Ros dut émettre une objection.

"Non, ça ne colle pas. Vous auriez déjà disparu sinon... Sauf s'ils ont réussi..."

Un frisson parcourut le groupe des naufragés, alors que tous se faisaient la même remarque.

"Sauf s'ils ont réussi à piéger les objets ici... pour toujours !"