Altaïr et Lesath 2. de illapa

Ils arrivèrent au village de Venchanté dans l'après midi. Tout le monde s'était inquiété de leur disparition. Tout le village accourut pour leur souhaiter la bienvenue et constater qu'ils étaient en pleine santé et en un seul morceau.
-La feunarde Agena s'inquiétait pour vous! Allez la voir!
Le togetic ne se fit pas prier, et l'absol dû presque courir pour le rattraper. La chef, une feunard shiny du doux nom d'Agena, fut ravie de les voir. Ils la trouvèrent sur son « trône », une pierre plate au milieu d'un magnifique bassin où poussaient quelques nénuphars, accessible par des pavés formant un genre d'allée au milieu de l'onde. Elle semblait radieuse dans le soleil de l'après midi, sa fourrure argentée aux reflets bleus semblait luire d'elle même.
Lesath lui expliqua précipitamment la situation. Si vite qu'elle ne saisi pas tout et contraignit Altaïr à tout répéter. A la suite du récit, elle sembla réfléchir un moment; puis elle parla d'une voix douce:
-Donc, ce que tu veux, Lesath, c'est faire tomber la pluie?
-Oui!
-Tu penses que s'il pleut, la forêt se réveillera?
-Affirmatif!
-Une forêt qui n'a pas d'arbre?
-Exactement!
Visiblement, le togetic trop optimiste ne voyait pas le défaut du plan.
-Je vois. Il y a plusieurs moyens d'invoquer la pluie, mais je ne te garantis pas que la forêt se réveillera.
-Y a pas de raison!
.-Si. Elle se rendormira à cause du manque d'eau.
-Ben non. S'il pleut, il y aura de l'eau.
-Qui abreuveront les ronces plutôt que les arbres qui ne sont de toute façon pas là?
Lesath parut interdit.
-De toute manières, pour que les arbres refleurissent, il faudrait qu'il n'y aie plus de ronce afin qu'ils voient la lumière du soleil, ensuite, qu'il y aie de l'eau en abondance pour qu'ils ne se dessèchent pas. Il faudrait plus qu'une seule pluie, il en faudrait régulièrement, tu comprends?
Le porte bonheur parut cogiter un instant. Avant de déclarer d'un ton joyeux:
-Oui, mais si on essaye pas...
La renarde de feu soupira en même temps qu'Altaïr. Quand Lesath avait une idée dans la caboche, rien ne pourrait l'en tirer, pas même un fusil à pompe. Contre toute attente, ce dernier s'exclama:
-N'empêche... c'est pas logique!
Ce fut cette fois son ami qui lui répondit:
-Tu ne fera pas pleuvoir en pêchant.
-Je veux dire, il devrait pleuvoir tout le temps, là bas!
-La preuve que non. D'après ce que Belle nous a expliqué hier, le château est dans un vallon entre deux montagnes qui arrêtent les nuages. Donc la pluie ne l'atteint que rarement. Et le sol est trop friable pour retenir l'eau qui repart dans les plaines.
-Bah oui, mais c'est un château abandonné des temps anciens!
-Et alors?
-Alors c'est un temps péri! Il devrait pleuvoir!
Altaïr était atterré. Il se cacha la tête dans les pattes. Il se demandait comment la feunarde shiny arrivait à garder une telle patience. Puis il se dit qu'en 700ans de vie, elle avait eu tout le temps d'apprendre cette vertu. D'un ton calme, elle déclara:
-Je vois. Je vais réfléchir à une solution. Je vous préviendrais dès que je saurais comment faire.
Lesath ne put contenir sa joie. Il se mit à danser et à sautiller sur place.
-Ouai! Merci, merci! T'entends ça Altaïr? On va réveiller la forêt!
Agena eut un léger sourire malicieux, puis les deux compagnons la laissèrent là.

Deux jours s'écoulèrent sans que la feunarde shiny ne les appelle. Lesath ne tenait plus en place. Altaïr se dit qu'il allait devenir fou, sauf s'il mourrait d'exaspération avant. Elle finit par les convoquer un matin. Un évoli était également présent. Il se tenait raide, gonflé à bloc de fierté.
La chef prit la parole, de sa douce voix:
-Je vous présente Alrisha. Il connait l'attaque dans-pluie. Il vient d'un village voisin. Il pourra faire pleuvoir. Emmenez le au Château de l'Aurore, et invoquez la pluie là bas pour réveiller la forêt.
A ces mots, le pokémon du bonheur ne se sentit plus de joie. Son ami était plus réservé.
-Vous êtes vraiment sûre que ça va marcher?
-Tout à fait.
-Mais la dernière fois, vous disiez...
-J'en suis certaine. Cependant...
Lesath, qui avait entamé un hymne à la joie, dont les paroles se résumaient à « merci, merci, c'est trop super », se figea net.
-Pour remercier Alrisha, vous lui donnerez une pierre eau. C'est tout ce qu'il désire.
-Oh, il m'en reste en réserve! Allons y! Allons réveiller la forêt de Belle!
Et sans attendre, il s'enfuit à toute vitesse, pressé de retourner dans l'immense demeure morte.
L'évoli et l'absol échangèrent un regard. Ce dernier répondit d'un ton d'excuse:
-Oui, il est toujours comme ça.
Et doucement, ils se mirent en route.

Ils récupérèrent le togetic complètement paumé à la sortie du village, et prirent la route. Ils eurent un peu de mal à retrouver l'entrée de la voie traversant la forêt de ronces, mais ils eurent surtout de grandes difficultés à ne pas étrangler Lesath leur répétant sans cesse d'aller plus vite. Quand ils arrivèrent au palais de Belle en plein milieu de la nuit, ils étaient autant épuisés moralement que physiquement.
Le lendemain matin, la joliflor fut naturellement ravie de les voir.
Le temps qu'ils lui expliquent leurs intentions, le togetic était déjà en haut de la plus haute tour.
-Vous êtes sûr que ça va marcher?
Altaïr haussa les épaules.
-Non. Mais si notre chef le dit, alors, je lui fais confiance.
-Évidement que ça va marcher! Vas y Alrisha!
Avec un soupir exaspéré, l'évoli s'exécuta.
Pendant cinq minutes; il ne se passa rien. Rien que la pluie qui tombait.
Lesath, figé net dans son élan d'enthousiasme, ressemblait maintenant à une statue caricaturale de togetic.
-Ça... ça ne marche pas?
-Bien sûr que non. Comment ça aurait pu marcher?
Le petit porte bonheur était indigné.
-Parce que c'est de l'eau!
-Et alors?
-Alors ça aurait dû logiquement marcher! Ça va marcher! C'est l'eau gicle!
Son ami porte malheur était atterré.
-Ohlalala... Ça vole haut...
-Mais non, ça ne vas pas à vau l'eau! Ça va marcher!
-Ça y est, tu divagues...
-Je dis pas vague, je dis que ça va marcher!
Altaïr allait répliquer quand Alrischa les interrompit.
-Regardez!
Lentement, le champs de ronce s'était mis à briller, devenant aussi lumineux qu'une pleine lune. Et d'un coup, elles s'évaporèrent, en une multitude de lueurs. Elles formèrent une marée qui s'envolaient vers le ciel, émerveillant les quatre pokémons au sommet de la tour.
Et tout aussi soudainement, une multitude de bourgeons sortirent du sol, poussèrent à une vitesse vertigineuse, et devinrent de grands arbres.
Puis tout redevint calme et la pluie cessa.
Les quatre compagnons étaient médusés, la bouche grande ouverte, leur donnant l'air de parfaits crétins. Si ils ne l'avaient pas vécu, ils auraient pu croire que la forêt avait toujours été là. La nuée de lueurs stagnaient doucement entre les arbres, comme si de rien n'était.
Puis Altaïr le sentit.

Il partit comme une flèche. Il dévala l'escalier, manquant plusieurs fois de se briser les os en tombant, courut comme un dératé dans le château jusqu'à la sortie et s'enfonça tout aussi vite dans la forêt nouvelle.
Il fit une halte d'une demi seconde, le temps de repérer: « par là! » avant de repartir aussi sec.
Il sprinta à travers les arbres, les buissons, fougères et autres racines fraichement nés,, il survola presque tous les obstacles, contourna les plus gros... Puis il arriva au « là ».
Et « là » se trouvait un petit pokémon tout vert. Il avait de grands yeux bleus cerclés de noir, des petites ailes et deux antennes... et un pouvoir dont la puissance dépassait l'entendement.
Altaïr l'avait déjà vu une fois. Elle était venue se reposer dans son village. Elle avait demandé si la forêt se portait bien, et l'avait remercié, lui, Altaïr, de prévenir les catastrophes qui pourraient lui arriver. Et de ne pas hésiter à lui demander de l'aide au cas où.
Et visiblement, c'est ce que la feunarde Agena avait fait pour réveiller cette forêt.
Ça n'aiderait pas le togetic à voir la réalité en face. Mais bon, au moins, il lâcherait l'affaire. Altaïr savait que Lesath n'aurait pas abandonné avant que la forêt ne soit ranimée. Hm.
Altaïr resta un moment à observer la Celebi faire fleurir quelques arbres à baies. Puis elle se tourna vers lui, lui adressa un clin d'œil, et elle disparu dans un son de cloche et une éblouissante lumière bleue.
L'absol resta là un moment, à contempler l'endroit ou la Voix de la Forêt avait disparu, jusqu'à ce que Lesath et Alrisha le tirent de ses pensées.
-Qu'est ce que tu fais? Qu'est ce qui t'a pris?
-Oh, rien, je heu... Voulais juste voir à quoi ressemblait cette forêt. Elle est vraiment très belle avec ses petites lumières qui papillonent de partout... Mais...
Altaïr se tourna vers l'évoli.
-Il faudra faire pleuvoir régulièrement. Sinon, elle va mourir pour de bon.
L'intéressé bomba le torse.
-Je peux m'en occuper; mais d'abord vous devez tenir votre promesse! Faites moi évoluer en Aquali!

Et c'est ainsi que la forêt qui dort fut réveillée, qu'Alrisha devint un Aquali qui veillait sur les bois avec la joliflor depuis le Château de l'Aurore...
Quant à Lesath et Altaïr, ils rentrèrent chez eux, plus ou moins fier d'eux.