Voyages d'un capitaine vers les flots de junkolusa

Le jour suivant, le navire de la jeune pirate arriva en vue de l'île aux Tortank, renommée communément Tortuga par les nombreux hispaniques y résidant ou y passant. Le bateau arriva finalement à quai et s'amarra. L'équipage pourrait profiter d'un quartier libre ou il était autorisé à se détendre et dépenser leur butin en alcool et en femmes comme bon leur semblerait.
Ce port méritait bien sa réputation de capitale du vice et de piège à nigauds. La ville était occupé par de nombreuses boutiques, des bars et des maisons closes. La plupart de ces installations étaient décorées d'enseignes de néons aux couleurs criardes, conçues pour délester rapidement les arrivants de leurs pokédollars.

Mara n'était pas venue pour cela. Elle marchait en voyant deux de ses artilleurs courtiser des femmes dans un établissement décoré par une enseigne représentant une garce en monokini. Elle se dirigeait vers le fond de la rue principale car elle avait finalement réussi à obtenir un rendez vous avec un vieux brigand qui comptait lui vendre des informations. Toute chose à la valeur que son acquéreur est prête à payer, tout s'achète et tout se vend. La jeune femme et le vieux mafieux avaient trouvé un terrain d'entente. Il suffit de dépenser beaucoup pour obtenir ce que l'on désire, loi fondamentale chez ces brigands de pirates.

La femme aux cheveux d'ébène se dirigea vers une demeure située en hauteur. Elle appartient actuellement à un ancien chef de gang qui perdit la plupart de ses affaires lorsque le tyran fraîchement arrivé au pouvoir s'était attaquée à la pègre. Dans son fauteuil, Giovanni repensait souvent à sa gloire perdue depuis l'assainissement du continent. Sa Team Rocket aurait pu dominer le monde, mais à cause de ce morveux et de l'échec du projet Mewtwo, son empire criminel avait été balayé.
Giovanni passait son temps à vivre de ses rentes et des bénéfices qu'il touchait en tant que propriétaire de la moitié des bâtiments de cette île. Voilà que son empire se réduisait à un rocher animé sur l'océan. Il devenait difficile de faire de profits juteux en ces temps ou les pirates se faisaient de plus en plus rare.

La proposition de Mara l'avait alléché. Il avait accepté de lui vendre quelques objets, contre une grosse somme d'argent. La jeune femme demanda un jour à rencontrer le parrain vieillissant en personne. Maintenant qu'elle se tenait face à lui, elle entra dans le bureau sans frapper et s'installa directement dans le fauteuil avant de s'allumer une cigarette.
-Salut Don ! Alors, qu'en est il de notre marché ?
Le vieux mafieux ne s'étonna pas de l'impertinence de son interlocutrice, il en avait vu d'autres. De sa voix chantante, il répondit avec un fort accent italien.
-J'ai ce que vous m'avez demandé. Faites voir la couleur.
-Vous d'abord. Pas que je n'ai pas confiance, mais …
Giovanni sortit alors un petit pistolet qu'il plaça sur la table en guise d'avertissement. Mara fit de même par pure provocation et sortit également un petit sac.

La jeune dame sortit une sphère nacrée grosse comme un poing. Cette perle était certainement la plus grosse qu'il avait vu depuis longtemps. Stupéfait, Giovanni sortit une étrange pokéball modifiée. Elle était violette sur le dessus et décorée d'un «M».
-C'est une masterball. Elle peut capturer n'importe quel pokémon du premier coup.
-Impressionnant. Je la prends.
Les deux objets furent échangés et le troc continua. Après l'achat de quelques containers de vin, de ravitaillement, d'eau et de munitions, les deux négociateurs débattirent de ce qui avait attiré Mara sur cette île. C'était un vulgaire journal de cuir auquel il manquait des pages.

Le vieil ouvrage intéressait pourtant Mara au plus haut point.
-Combien en voulez vous ?
-Annonce combien toi tu en veux.
-Ceci.
Du sac de la pirate, un ensemble de pierreries et deux lingots d'or pur sortirent, s'étalant devant le mafieux. Celui ci vida un verre et tendit la main.
-En ces termes, nous pouvons faire affaires.

Mara serra la main du seigneur du crime avant de repartir avec son précieux journal. Elle salua son receleur avant de se retourner et de repartir. Lorsqu'elle posa la main sur la poignée de la porte, elle entendit un cliquetis. Giovanni avait pointé son revolver sur la pirate et lui ordonna froidement de se retourner et de lui donner tout ce qu'elle avait dans son sac.
- Don Giovanni, nos relations ont toujours été loyales et honnêtes. Pourquoi devrais-je revenir sur un marché conclu ?
-Parce que moi, j'ai une arme.
La capitaine s'était faite piéger, seule dans la demeure de son ennemi. Elle ouvrit lentement son sac avant de jeter brutalement un lingot d'or dans le visage de son ennemi.

Sonné par le choc, Giovanni tira un coup de feu en l'air avant de se faire assommer par celle qu'il avait essayé de piéger. Les gardes seraient certainement alertés alors Mara sortit une pokéball.
-Laggron ! Mets toi à la porte et dès que tu entends quelqu'un, préviens moi. Si tu vois un ennemi, utilise ton attaque Hydroblast.
Pendant que son pokémon faisait le guet et que le caïd local était inanimé, Mara pillait copieusement le bureau du traître. Ce serait des dommages et intérêts, ce ne serait que justice. Il ne fallait jamais faire confiance à un pirate.

La dresseuse fila discrètement par la fenêtre. Elle monta sur le dos de son pokémon qui courut dans le jardin avant de creuser sous la clôture et de se retrouver dans la ville. Alors que personne n'avait encore compris ce qu'il s'était passé chez le parrain, elle trouva une dizaine de ses matelots pas trop ivres et les rassembla.
-Pierre, je veux que tu vérifies que tous les stocks sont remplis. Les autres, réunissez l'équipage et rejoignez moi au navire le plus vite possible. Pendant que vous préparez le départ, je dois faire payer un traître.
Les marins partirent réaliser leurs taches tandis que Mara se dirigea subrepticement vers l'arrière boutique d'un des bars dont Giovanni était propriétaire. Elle comptait bien faire diminuer les rentrées pour quelques temps.

La pirate se cacha dans l'ombre et plaça une caisse remplie de dynamite près du tripot. Elle installa une mèche avant de craquer une allumette et de s'enfuir tranquillement pour ne pas éveiller l'attention. Mara atteint calmement le quai ou son navire s'apprêtait à partir. Elle marchait sur le ponton lorsqu'elle fut bloquée par deux types de l'ancienne team Rocket accompagnés d'un Miaouss. L'un se tenait devant elle et l'autre derrière, aucun échappatoire n'était possible.
-Le patron n'est pas satisfait de ton attitude vis à vis de lui.
-Vous lui ferez remarquez que son hospitalité n'était pas convenable. Je m'excuserai la prochaine fois que nos routes se croiseront.

Le premier sbire fit un rictus.
-Ca tombe bien, il veut te parler.
-Désolée, mais je suis très pressée. Saluez Giovanni de ma part.
Les deux membress sortirent un Arbok, un Seviper, un Smogogo et un Eoko pour montrer qu'ils ne plaisantaient pas et que la capitaine avait tout intérêt à les suivre.
Au même instant, le tonneau de dynamite explosa, entraînant une infernale réaction en chaîne détruisant plusieurs casinos et un bordel. L'homme et la femme contemplaient l'explosion incrédules et cette demi seconde d'inattention permit à Mara de courir sur le ponton et de grimper sur une ancre de son yacht. Mara lança un petit cylindre rouge qu'elle avait « emprunté » au trio.
-Mes amitiés au Don ! J'espère qu'il appréciera mon cadeau d'adieu !

Jessie et James virent la jeune femme leur faire un clin d'œil aguichant et sourire. C'est à cet instant que le bâton rouge explosa à leurs pieds.
-Une fois de plus la Team Rocket s'envole vers d'autres cieux !
-Qulbutoké !
L'Esprit de l'Océan vira de bord et s'éloigna du port. Mara grimpa et prit la barre devant les hommes de main qui virent impuissants le navire s'échapper. Le yacht blanc fendit les flots, avec comme seul arrière plan l'île éclairée par un incendie et des dizaines de personnes faire la chaîne avec des seaux pour éteindre le sinistre.
Au loin, on pouvait foire une petite étoile étincelants illuminer le ciel.