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Le Projet Orion - Réalité parallèle de ABE



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» Auteur : ABE - Voir le profil
» Créé le 16/05/2009 à 19:00
» Dernière mise à jour le 16/05/2009 à 19:00

» Mots-clés :   Aventure   Fanfic collective   Présence d'armes   Région inventée

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Chapitre 38: Bis repetita non placent [Cristal_Aura]
Louka commençait à trouver un brin déconcertant l'assemblée éparse qu'était devenu leur groupe soudé. Marine était partie de son côté, Sahra, Drayke et Pluton d'un autre, et il ne restait plus que son groupe disparate que Zeronos avait quitté pour prendre l'air à la suite des révélations de Ros. Si Roland lui devenait compréhensible, il se faisait plus de soucis pour Lilian, devenu plus taciturne, voire franchement inquiétant quand il prenait Sahra pour une autre...
"Tu sais, je lis aussi dans tes pensées... murmura une voix dans sa tête. Je ne suis ni fou, ni malade. C'est juste que vous me rappelez une période que je n'ai pas vécu mais dont j'ai tous les souvenirs...
-Justement, je me demande si ce pilier ne t'a pas un peu retourné la tête, répondit Louka sur le même mode de parole.
-Je vais bien, fit-il sur un ton qui se voulait rassurant. J'ai juste beaucoup changé en peu de temps..."
Louka soupira. Ce n'était pas tant qu'il aimait avoir le dernier mot... C'était juste qu'il savait ce que c'était que de dissimuler ses peines pour ne pas que les autres aient à les subir.
"Ne te sens pas obligé de te cacher pour nous épargner... Il y'a des gens qui me manquent à moi aussi. Et pourtant je ne suis qu'une machine."
Sur ce, il se leva, et quitta la pièce, laissant Roland, Lucas et Lilian à leurs recherches. Pour avoir lu des dizaines et des dizaines de livres, il savait qu'ils ne trouveraient sans doute rien de plus intéressant que ce qu'il avait déjà en tête. La géographie originale d'Harmonie était vraiment passionnante. L'océan recouvrait 80% de la surface de la planète et, telles trois zébrures s'étendant du nord vers le sud, les continents d'Hymeria, Ladinn et Orfalis convergeaient aux alentours du pôle Sud en un détroit parcouru par les glaciers austraux, et large de quelques centaines de mètres à peine à certains endroits. S'il fallait mener une guerre totale, elle serait longue et pénible. S'il fallait en plus compter sur la présence de doubles dotés de pouvoirs, ils étaient mal barrés pour différencier le faux du vrai, et l'ami de l'ennemi.
"Au moins, je suis sûr que personne ne viendra se mettre en face de moi pour me dire qu'il est un être totalement virtuel."
A cet instant, il ne se doutait pas qu'il avait tort... Et il ne se doutait pas non plus que l'être qui lui dirait cela n'était pas son double...

De son côté, Sahra commençait à se poser de sérieuses questions. Bien sûr, dans son esprit, rien n'aurait pu lui suggérer la possibilité que ce garçon soit un double d'elle même. Quand Zeronos avait eu cette révélation, il ne l'avait partagé qu'avec ceux qui étaient avec lui.
"Toi qui pares aussi bien mes attaques... Je peux savoir ton nom ?
-Harri... Harri Farjas. Il y'a un problème, madame ?"
Elle ne savait pas quoi lui demander, parce qu'elle ne savait pas quoi chercher... Peut-être devait-elle simplement se dire que c'était une simple coïncidence, mais elle n'était pas la seule à être aussi intriguée...
"Madame, si je peux me permettre, comment connaissez-vous cet enchaînement de coups ? Je l'ai mis au point moi-même, et jusque là,...
-Et jusque là, je n'avais jamais vu quelqu'un y trouver un contre..."
Sahra regarda Harri dans les yeux. Elle voyait ce visage chaque jour que Dieu lui offrait... Chaque matin devant une glace, elle voyait ces yeux...
"J'allais te poser la même question... murmura t'elle."
S'immisçant dans la conversation, Drayke tenta de dénouer la situation.
"Il y'a un problème, Sahra ?
-Aucun, j'ai juste l'étrange impression que ce garçon m'est familier... Mais c'est impossible car la seule...
-Car la seule personne à laquelle je pense en la voyant, c'est moi... J'allais dire la même chose... la coupa Harri."
Drayke, bien qu'intrigué, dut avouer son incompréhension. Il ne se rangeait pas dans la catégorie "gros lourd sans cervelle", mais il devait avouer qu'il était nettement plus doué avec les armes qu'avec la psychologie d'êtres dont il se passait volontiers pour réfléchir, seul et tranquille.
"On devrait peut-être retourner voir les autres, proposa Sahra.
-Tout cela me trouble beaucoup, répondit Harri."

Dans les couloirs du palais, Louka errait sans but. Cette demeure était immense et on pouvait passer des jours à divaguer au rythme des gravures des colonnes et des peintures murales. Richement ornés, les plafonds avaient un petit air "Versailles" très hors de propos quand on savait que le domaine était aussi un camp d'entraînement militaire...
Mais quelque chose tira Louka de sa rêverie... Une singularité que lui seul pouvait percevoir... Un son suraigu, et désagréablement familier.
"Un Impulseur ? Ici ? C'est impossible !"
Un Impulseur était un appareil capable d'émettre un puissant rayonnement électromagnétique dans plusieurs directions pendant un bref instant, grillant tout système électronique non protégé contre ce genre d'impulsions. C'était ces mêmes impulsions qui pouvaient griller le cerveau de Louka et le transformer en un tas de cellules électroniques amorphe.
"Prudence est mère de sûreté... Gallame, Mur Lumière !"
La ball a sa ceinture laissa échapper le Pokémon Lame qui dressa une barrière entourant son dresseur.
"C'est étrange, je crois que je peux localiser la source du bruit... On devrait peut-être aller y faire un tour. Qu'en penses-tu, vieux frère ?"
Gallame acquiesça. Ce n'était pas dans sa nature d'avoir peur de l'inconnu. Surtout qu'en ce moment, toute information était bonne à prendre... Enchaînant les couloirs puis les escaliers, ils se retrouvèrent dans les jardins situés devant le palais, de l'autre côté du camp d'entraînement des soldats... A leur grande surprise, Zeronos était déjà là, contemplant le vide d'un air intrigué... Alors qu'il allait demander pourquoi, Louka aperçut Simiabraz à ses pieds. Lui aussi avait entendu ce bruit...

Prenant conscience de la présence de Louka, Zeronos sursauta.
"Rah, bordel, tu ne peux pas prévenir au lieu de te la jouer furtif et de me causer la trouille de ma vie ?
-Il l'entend aussi, n'est ce pas ?
-Comment ça, aussi ? Et c'est qui "il" ?
-Ton Simiabraz. Tu étais dans les environs et il est sorti de sa ball par lui-même. Et depuis, tu le suis pour savoir ce qu'il a senti, et tu t'es arrêté ici.
-Bien, je vois que ton Gallame a fait le même raisonnement. Tu comptes m'en dire plus ?
-En fait, Gallame est juste là pour me protéger... Ce que Simiabraz et moi entendons me fait penser à une arme issue de mon monde. Capable de faire surcharger des cellules électroniques avec une impulsion électrique.
-La même chose que ce qui peut te griller le cerveau ? demanda Zeronos, pour une fois intrigué.
-Exactement. Et si tu comptes poser la question évidente "Pourquoi tu cours vers ce bruit au lieu de l'éviter ?" je vais t'épargner un peu de salive... Je suis curieux, c'est tout..."
Zeronos soupira. Bien qu'il ait envie de ruminer qu'il en avait marre de ce gars qui savait tout mieux que tout le monde, il devait avouer que le comportement de Simiabraz l'intriguait un peu.
Soudain, un point lumineux se dessina au milieu des camélias d'un parterre de fleurs. D'abord minuscule, il se mit à grossir alors que Zeronos et Louka préparaient de quoi faire face à ce nouvel arrivant... Si ce dernier avait pu assister à sa propre arrivée, il aurait su que ce portail était en tous points similaires à celui qui l'avait amené ici. Mais il n'avait aucune raison de soupçonner cela, d'autant plus qu'une silhouette apparaissait dans la lumière...
"Prépare-toi, ça va être à nous, fit remarquer Louka.
-T'as fini avec les remarques évidentes ?"

Quand la lumière blanche eut la taille maximale, le bruit était audible par Zeronos et on distinguait clairement une silhouette humaine dans le halo... Mais, à la grande surprise de Louka, elle ne semblait pas avoir de tête, ni de main gauche. On devinait seulement sa main droite par la présence sur celle-ci d'une sorte de mitaine prolongée par un dispositif ressemblant à une montre...
"Merde, c'est un extracteur ! comprit Louka.
-Un quoi ?
-Un extracteur, c'est un objet du monde duquel je viens... Je ne sais pas qui est ce gars, mais il vient pour moi !"
Le faisceau de lumière se rétracta subitement, et le bruit disparut en même temps, laissant Louka et Zeronos contempler le nouveau venu. Les parties manquantes de son corps étaient bien plus nombreuses que prévu... En réalité, sous les vêtements maintenus en forme par le halo de lumière, il n'y avait rien... Une fois celui-ci disparu, la forme humanoïde qu'avaient adoptée les vêtements disparut lorsque ceux-ci s'écroulèrent en tas, au sol, par l'effet de la gravité...
"Putain de merde, le mec à l'intérieur s'est fait dessouder ou quoi ? lança Zeronos mis en alerte par cet évènement plus qu'étrange."
S'accroupissant, Louka analysa ces vêtements avec un air de déjà vu. L'extracteur contenait une cartouche de jeu. Parmi toutes celles dont il se rappelait, peut-être que sa mémoire se souviendrait à qui était celle-ci.
"Arrête, touche pas à ça, c'est peut-être recouvert d'acide ! Si ça se trouve, le mec à l'intérieur a été totalement dissous par...
-Zero... Arrête de gémir, veux-tu ? Je crois savoir à qui sont ces fringues... Et pourquoi il n'y a personne à l'intérieur...
-Et ben, qu'est ce que t'attends ? Crache le morceau au lieu de m'engueuler ! Si tu sais quelque chose...
-Tu ne le sais peut-être pas, mais lorsque je suis arrivé dans ce monde, j'étais totalement nu. C'est d'ailleurs pour ça que je suis vêtu avec ce magnifique ensemble vert camouflage... Et ça, fit Louka en montrant le tas de vêtements au sol... Ca, c'est mes fringues !"

Zeronos contempla le tas de vêtements, ayant un étrange familiarité avec ceux que portaient nombre crétins décérébrés portant le doux nom de "dresseur Pokémon" dans son monde. Seul le pull bleu ciel était un tant soit peu original dans cet accoutrement...
"Tu me crois maintenant, quand je te dis que je viens du jeu vidéo itself ?
-Ca faisait déjà longtemps que je te croyais. Dis-moi, tu comptes vraiment porter ces habits débiles ?
-Bien que l'uniforme militaire soit un peu serré à certains endroits, il est vrai qu'il passe plus inaperçu dans ce milieu. Cependant, je vais tout de même récupérer mon sac et vérifier si l'extracteur marche encore."
Ramassant l'objet à terre, il l'enfila comme un gant. La première partie, ressemblait furieusement à une pokémontre, se plaçait naturellement au niveau de son poignet, tandis qu'une sorte de mitaine, sur laquelle reposait une galette mince et creuse en son centre, ornée de trois boutons de couleurs différentes était située au niveau de la main. Sur l'écran tactile de la pokémontre, Louka valida un logiciel. Appuyant sur le bouton bleu, il fit glisser l'extracteur vers l'intérieur de sa paume et il le passa tel un scanner à code-barres sur les balls à sa ceinture... qui disparurent toutes comme par enchantement...
"What... commença Zeronos.
-Pour répondre à la question que tu vas poser, cet objet permet de transformer des données issues d'une cartouche de jeu en véritables Pokémon et vice versa. L'écran de la Pokémontre me donne accès à toutes mes boîtes.
-Mais, c'est proprement génial ! Tu trouves ça où ? Je veux le même !
-On les a presque tous détruits dans le monde duquel je viens. Tu n'imagines le bordel avec des Pokémon envahissant le monde réel...
-J'ai comme l'impression que j'arrive à imaginer, ne me demande pas pourquoi, répondit l'éternel râleur. Avant de croiser Ros, j'avais déjà des images étranges en tête. J'ai l'impression que quelque part, une autre version de moi continue d'exister... Mais c'est flou.
-Il faut s'attendre à ce que pas mal de gens aient de tels rêves à mon avis. Le pilier de Dialga a du remuer la tête de toutes les personnes présentes. Chez Lilian, c'est le plus flagrant parce qu'il a touché le pilier, mais chez d'autres, ça doit se manifester sous cette forme... Peut-être que ça nous aidera en temps voulu..."

Louka se reprit:
"Bref... Je sais que tu n'aimes pas les paroles en l'air et les suppositions hasardeuses. Je vais te laisser... Oh... Attends une seconde, ne bouge pas !"
Louka venait de se rappeler d'un détail important. Il manquait un objet à sa panoplie.
"Est-ce que tu vois une petite bague par terre de là où tu es ?
-Anneau doré, pierre blanche ? Juste là, fit-il remarquer."
Au sol, Louka aperçut la pierre blanche sertie sur un anneau imitation or. En elle-même, elle ressemblait à du toc. Mais quiconque savait le pouvoir qu'elle recelait ne l'aurait pas balancée aussi rapidement.
"Il est intact...
-C'est quoi ? Un cadeau d'une petite amie un peu trop présente dans ton esprit ? demanda Zeronos.
-C'est un vertX. Je vous expliquerai tout en temps et en heure. Je déteste répéter les choses plusieurs fois. Je vais en parler à Lilian et...
-Et quoi ? fit Zeronos en remontant au créneau. Il a fait quoi ce type ? Que je sache, le seul titre auquel on pourrait le rattacher, c'est celui de patient zéro. Si j'ai bien compris, c'est le premier à être arrivé. De plus, monsieur développe des pouvoirs soit-disant hors-normes, mais il ne s'en sert jamais, hormis pour épater la galerie en de rares occasions. L'idée est elle venue à quelqu'un ce que soit lui qui puisse être à l'origine de tout ?
-En effet, c'est possible. Mais son statut de premier arrivant fait aussi de lui le plus expérimenté en la matière. Il ne reste que Marine, Lucas et lui qui soient arrivés avant moi. Les amoureux ont pris la poudre d'escampette et ton pote avec son jumeau maléfique aussi. Marine vient à peine de se rendre compte qu'elle pouvait parler, et Lucas n'a pas l'air très chaud pour utiliser son "piège à Giratina", quelque soit la forme qu'il puisse prendre !"

Zeronos dut admettre qu'encore une fois il avait raison. Ca devenait lassant à force... Mais il remonta une dernière fois au créneau.
"Et si on gardait ça pour nous ?
-Je te demande pardon ?
-Je veux dire... on a tous droit à nos petits secrets non ? Tu n'es pas obligé d'en parler aux autres tant que ça ne revêt pas une importance vitale. C'est pas que j'ai pas confiance en Lilian moins qu'en un autre, je vous trouve tous aussi louches les uns que les autres, mais réfléchis. Personne ne nous a vu, personne n'a senti ce vortex. Même le super-sayen, sinon il aurait accouru presque plus vite que nous !"
Louka montra l'extracteur, qui prenait presque plus de place que sa main.
"Et ça, je leur dis que c'est quoi ? Un frisbee miniature ?
-Je sais pas... Tiens, ta Pokémontre, tu n'as qu'à dire que tu l'as bidouillée toi-même ! Ou même leur dire la vérité. C'est apparu dans un vortex avec tes fringues. T'as qu'à pas leur parler de l'extracteur. Tu peux bien le ranger avec le reste de tes habits dans ton sac, non ?"
Louka se laissait tenter par l'idée. C'était physiquement faisable, et en tant qu'ordinateur, personne ne devinerait poindre le mensonge dans sa voix monocorde. Et même si Zeronos semblait adepte de la théorie de la conspiration, son message avait eu son petit effet. Lilian avait à peine quelques pour cent de chance d'être à l'origine de tout cela. Mais ça le plaçait quand même nettement devant tous les autres qui, tous confondus, n'atteignaient que quelques dixièmes de pour cent.
"Marché conclus. En cas de souci, je peux toujours utiliser l'extracteur. Et il est vrai qu'en parler autour de nous va inévitablement attirer la convoitise. Je vais juste me sortir une petite équipe de là et je le range.
-Très bien, et pour ton verteX machin ?
-Oh, j'ose espérer qu'on n'aura pas à s'en servir.
-Il sert à quoi ?
-A un peu tout. C'est ça la magie des trous noirs..."
Alors qu'il s'éloignait, Zeronos ne peut s'empêcher de retenir un "Cool !" qui en disait long sur son enthousiasme.

Pendant ce temps, dans les sous-sols du palais, une équipe de spécialistes de la communication s'affairait à décrypter des données radar et des messages des autorités d'Hyméria. Un des techniciens affairés à l'observation du radar, remarqua un point en bordure de la zone couverte par ce dernier.
"Lady Sibylle ! Nous avons un visuel !"
Dans ses habits officiels, Sibylle avait l'air encore plus dangereusement belle que dans son uniforme guerrier. Elle se dirigea vers l'écran de contrôle et écouta ce que son technicien avait à lui dire.
"Que me racontez-vous de beau, Zacharias ?
-Deux hélicoptères de classe M sont entrés dans le champ de mon radar. Attendez, en voilà un troisième.
-Sa majesté est en avance sur l'horaire... Je crois que mon histoire a du l'impressionner. Dans combien de temps seront-ils sur la zone ?
-A la vitesse actuelle, quinze minutes.
-Deux fois ce qu'il faut pour que mes soldats soient en tenue appropriée, parfait. Attendez ses codes d'identification et allez vous changer vous aussi. Aujourd'hui est un grand jour.
-Bien madame...
-Ah, au fait, Zacharias... Ma tenue me va ?
-Permission de parler franchement madame ?
-Je vous l'ordonne même...
-Le seul mot qui me vient à l'esprit est... "Wouah"
-Merci Zacharias. Je vous laisse à vos tâches."
Sibylle s'éloigna de la console à laquelle Zacharias travaillait. Le seigneur d'Hyméria allait enfin pouvoir découvrir ces héros dont elle parlait. Et ses hôtes pourraient se faire une idée de la puissance que sa nation représentait. Elle n'aimait pas presser ses invités, mais le contexte l'y forçait. Et puis de toute façon, s'ils disaient non maintenant, ce serait pareil que dans trois semaines.

"Votre attention, s'il vous plaît, lança Sibylle à travers un micro relié au système de communication. une délégation d'Hyméria est en route vers notre demeure. Une délégation officielle, j'entends. Veuillez vous présenter dans la cour d'honneur en habit d'apparat d'ici dix minutes. Tous les soldats et tous les lieutenants sont concernés par cet ordre. Les entraînement sont provisoirement suspendus à partir de maintenant et ce jusqu'à nouvel ordre."
Elle se sentait nerveuse, comme une jeune fille présentant son fiancé à ses parents. Ils pouvaient se plaire ou se détester mutuellement, mais elle n'avait pas envie de se passer de l'un comme de l'autre.
"Ici Delta Bravo 3, base d'Azrad, veuillez vous identifier s'il vous plaît."
Bientôt, son plus cher désir de voir son pays enfin libre se réaliserait. Toute sa vie, elle avait été guerrière et n'avait trouvé dans les hommes qu'une satisfaction de ses désirs primaux de femme et de générale. Mais une fois cette précipitation permanente abolie, elle prendrait peut-être le temps de vivre.
"Je répète. Ici Delta Bravo 3, base d'Azrad, veuillez vous identifier conformément au protocole 13.2 de la navigation aérienne."
Peut-être même qu'elle avait déjà trouvé parmi les hommes de cette étrange groupe d'un naufrage tout aussi étrange l'élu qui saurait l'accompagner pour le reste de sa vie. Comme elle, Lilian était fatigué de la guerre. Comme elle, ce mystérieux Drayke préférait la vraie action aux vaines discussions. Comme elle, cet étrange individu, que tout le monde nommait Louka mais qui semblait pourtant être autre chose qu'un simple humain, avait des capacités au dessus de la moyenne qui feraient de lui un homme protecteur envers ses futurs enfants...
"Madame, le groupe d'hélicoptères refuse de répondre."
Elle fut tirée brusquement de sa rêverie. Ca devenait dangereux d'être aussi détendue en de tels moments.
"Vous avez essayé toutes les fréquences usuelles ?
-J'ai même lancé le dernier appel sur toutes les fréquences que ce genre de coucou peut capter. Je crois que ce ne sont pas les nôtres."

Sibylle se maudit d'avoir été aussi distraite. Si elle avait été plus attentive, elle aurait vu plus tôt que quelque chose clochait.
"Combien de temps avant son arrivée ?
-Quelques minutes à peine. Les soldats ne seront jamais prêts...
-Enfin c'est impensable. Comment ont-ils pu percer nos frontières ?"
Un autre technicien déboula dans la salle, affolé, et chercha Sibylle du regard.
"Madame, ça vient tout juste de sortir du décodage ! Trois hélicoptères munis d'armement lourd ont fait sauter le poste maritime d'Ernod. Leur dernière direction suggérait qu'ils se dirigeaient droit dans notre rayon d'attaque.
-Appelez le poste d'armement au plus vite ! Qu'on verrouille leurs coordonnées et qu'on leur balance un missile sol-air !
-Madame, nous n'avons plus de missiles balistiques, fit remarquer Zacharias. C'était justement un des hélicoptères accompagnant la délégation qui devait nous approvisionner."
Lady Sibylle dut faire face à un choix cornélien. Elle ne pouvait pas détruire les hélicoptères ennemis sans missiles et elle ne pouvait pas s'approvisionner en missiles sans risquer de mettre en danger la délégation...
"Transmettez le message suivant au QG: Code rouge en cours. Attaque liée à celle d'Ernod. Annulez la visite de la délégation et envoyez des renforts !
-Bien Madame.
-Zacharias, ouvrez-moi tous les canaux ! Branchez-moi sur les hauts-parleurs. J'ai une annonce à faire !"
Le temps d'appuyer sur quelques boutons, et l'intéressé fit un signe de la main à Sibylle, lui indiquant qu'il était prêt.
"Ici votre commandante. Les hélicoptères qui arrivent sur notre position ne sont pas ceux de la délégation. Je répète, les hélicoptères qui arrivent sur notre position ne sont pas ceux de la délégation. Code rouge ! Tout le monde à son poste, code rouge !"

Dans la cour d'entraînement, Sahra et Drayke reçurent le message en même temps que les autres.
"Des hélicoptères ? Quels hélicoptères ? demanda Sahra.
-J'en sais rien, fit Drayke en haussant les épaules. Mais ça sent pas bon pour nous."
Autour d'eux, tout s'agitait. Des militaires en habit de cérémonie croisaient ceux en uniforme de combat au milieu de vêtements à terre et d'armes laissées contre les murs des baraquements.
"Trois hélicoptères ont été aperçus par les radars, fit la voix de Pluton derrière eux. J'étais avec Stephen lorsqu'il a reçu un message de Sibylle. Ils ont cru à une délégation Hymérianne, mais apparemment, ce sont des hélicoptères d'une des deux nations ennemies.
-Merde, lâcha Drayke. Comme si on avait besoin de ça... On va encore nous prendre à parti.
-On devrait rejoindre les autres avant que quoi que ce soit arrive sur nous ! fit remarquer Sahra.
-Dans ce cas, il faut se dépêcher, expliqua Pluton. Quand j'ai quitté Stephen, les hélicoptères étaient tous proches."
En chemin, les trois compagnons d'infortune commencèrent à se poser certaines questions.
"Pourquoi n'envoient-ils pas de missiles ? J'ai vu un dispositif de lancer dans le fond de la caserne, remarqua Drayke.
-Ils n'ont peut-être plus de munitions, fit Sahra. Vu ce avec quoi ils se battaient... J'ai pas vu un seul militaire avec un lance-roquettes alors qu'ils en ont des caisses entières dans leurs stocks.
-Il faut croire que la petite escapade des autres a du leur coûter bonbon en munitions, comprit Pluton."
Tantôt courant, tantôt s'informant, le trio parvint à rejoindre la cour d'honneur, où traînaient déjà Zeronos et Louka. De leur côté, les deux garçons avaient eu la même réaction en entendant Sibylle proclamer l'alerte générale... Un grand sourire et une furieuse envie de montrer de quoi ils étaient capables.
"Si Lilian ne veut pas qu'on leur montre comment se servir de Pokémon...
-... ça ne laisse que nous et Super-Sayen pour les arrêter, termina Zeronos. Pluton, avec nous. Les deux autres, derrière.
-Vous nous couvrez au cas où on prendrait des risques un peu trop déraisonnables, fit Louka.
-Ce qui va arriver souvent dans les prochaines minutes, commenta Zeronos avec un sourire carnassier aux lèvres."

Dans la forêt, Marine se rassurait en touchant la ball faite de pierres précieuses au travers de son maillot. En face d'elle, le petit groupe s'était arrêté, intrigué par la présence de ce dragon sans ailes. Elle parvint à lâcher quelques mots...
"A... Amie... Ne me faites pas... de mal."
Les hommes armés semblèrent la remarquer à nouveau, alors que l'un d'eux lâchait dans un accent proche de la dureté germanique:
"Langue Hymérien... On dirait que nous ne sont pas amis à le final..."
Bégayant des ordres dans une langue inconnue, Marine remarqua que leurs uniformes n'étaient pas les mêmes que ceux qui avaient rythmé sa journée dans le palais de Sibylle. De plus, leur connaissance peu familière de la langue laissait supposer qu'ils n'étaient pas Hymérians. D'un côté, elle bénissait le ciel de les avoir envoyé dans une nation qui parlait la même langue que la leur, rallongeant par la même leur durée de vie de beaucoup. D'un autre côté, si ces gens n'étaient pas d'Hyméria...
"Pas amis à le final"...
Et dire que Ponyta attendait patiemment son heure à plusieurs centaines de mètres de là... Un des hommes dégaina un couteau de combat et s'approcha de Marine tétanisée. Portant la lame au niveau de son cou, il ne semblait plus voir qu'elle.
"Nous avons un charmante otage !"
Elle avait peur, et il prenait du plaisir à ressentir cette peur. Mais un ronronnement caractéristique le rappela à la réalité. A côté de lui, se tenait un Léviator. Le genre de Pokémon qui causait la désolation autour de lui. Le genre qui n'aimait pas qu'on menace sa dresseuse...
Dans un hurlement déchirant, il plongea la tête la première sur l'intrus et tenta de le broyer dans ses crocs...
"Non, ne... le tue pas !"
Marine avait encore quelques fantômes à chasser de son esprit. Qu'à cela ne tienne. Il le saisit dans sa gueule et l'envoya voler en arrière à plusieurs dizaines de mètres. S'interposant entre sa dresseuse et les autres soldats, il avait un air plus que menaçant. Le genre à pas trop aimer se faire marcher sur les nageoires, s'vous voyez c'que j'veux dire !

Dans les sous-sols du palais, l'ambiance était quasi-apocalyptique. Alors que les techniciens regardaient les radars sans rien pouvoir faire, voici que les caméras situées aux abords du château se mettaient à diffuser des images pour le moins déconcertantes...
"Des soldats ! Il y'a des troupes à pied, les hélicos n'étaient qu'un leurre ! s'écria le garde affecté aux caméras.
-Négatif, corrigea Zacharias, il y'a des signes de vie dans les hélicos aussi. Bon sang, mais d'où ils ont pu sortir sans que personne ne les repère ? Il y'en a des centaines...
-Combien précisément ? demanda Sibylle.
-De ce que j'ai pu en voir, et d'après les relevés des caméras, il y'en a près de deux cents. Ils sont déjà plus nombreux que tous les effectifs dont nous disposons ici.
-Combien dans les hélicos ?
-Un peu moins d'un centaine... Je dirais entre soixante et quatre... Une seconde, qui a parlé ?"
Sur un des écrans, un visage apparut, lequel était familier de Sibylle.
"Louka, que nous vaut cette intrusion ?
-On peut se les faire, mais on va avoir besoin d'une petite puissance de feu. Dites à vos gardes de se replier sur l'arrière du palais et de couvrir uniquement ce secteur.
-On peut savoir comment vous êtes entrés sur le réseau ? s'étonna Zacharias.
-J'ai les outils qu'il faut, c'est tout ce que vous avez à savoir. Ca ne va pas tarder à barder ici, combien de temps leur faudra t'il pour être prêts ?
-On a été pris au dépourvu. On s'attendait à une délégation officielle de sa majesté.
-Et tout le monde est en costume de pingouin, je sais... D'autres nouvelles ?"
Sibylle sembla se concentrer, réfléchissait pour voir si elle n'avait pas oublié un détail. Mais elle fut interrompue par le tumulte des gardes amassés autour des écrans de surveillance.
"Madame, nous venons de perdre l'armurerie. Ils sont bien trop nombreux ! Il faut se barricader !
-Une seconde, tonna Sibylle. Louka, mes hommes armés... ne sont plus armés, vous pouvez vous en sortir seuls ?
-On va bien voir. Votre lieutenant a raison. Barricadez-vous dans le château. Ca va être tendu pour nous, je ne vous le cache pas. Mais de toute façon...
-... oui, soupira Sibylle alors que Louka disparaissait de l'écran, affichant de nouveau des données de terrain, de toute façon, on n'a pas vraiment le choix..."

Louka cessa de regarder sa pokémontre. A côté de lui, son fidèle Porygon-Z nommé très sobrement Zed coupait la connexion qui lui avait permis de s'infiltrer sur le réseau de Sibylle aussi facilement.
"Au dernier comptage, ils étaient deux cents, annonça t'il. On va avoir du boulot.
-De mieux en mieux, fit Zeronos, hésitant simplement entre les attaques dangereusement discrètes de Simiabraz et la puissance brute de Palkia...
-Tu comptes vraiment utiliser tous les atouts dont nous disposons ? demanda Pluton d'un ton neutre.
-Tout ce que tu peux donner sans prendre de risques démesurés. Pourquoi ? Tu comptes rester en retrait ?
-Absolument pas, mais si je donne tout ce que j'ai, j'ai peur de ne pas tout contrôler...
-Dans ce cas, dans la mesure où on ne peut pas se battre avec des Pokémon, je ne peux pas décemment t'ordonner de faire cela. Je n'ai rien à t'ordonner par ailleurs.
-Vos gueules, les hélicos sont à portée..."
Un rai de fumée passa juste au dessus de leurs têtes. Louka eut à peine le temps de voir une roquette anti-char faire s'écrouler un pan de mur juste au dessus d'eux. Certains gravats leur tombaient même sur le coin du crâne. Et un premier hélicoptère camouflé dans des tons bleus-verts apparut à la cime des arbres. Sur la queue, Louka remarqua son code.
"LAD-M-543, LAD pour Ladinn. Putain, en plus c'est pas les bons !
-Je te demande pardon, fit Zeronos, arrêté en plein dans sa montée en pression.
-C'est l'autre pays qui est à l'origine de tout ça, d'après Sibylle.
-Et alors ? demanda Drayke derrière, ça ne nous interdit pas de nous défendre.
-Non, ça me met juste encore plus en rogne..."
Louka choqua ses deux poings, exerçant ainsi une pression sur le joyau blanchâtre de la bague qu'il portait à l'annulaire gauche. Quasi instantanément, celui-ci se teinta de volutes grises, puis noires et ce fut bientôt toute la pierre qui fut de couleur nuit alors qu'une voix mécanique annonçait en épelant chacune des lettres avec une prononciation anglaise:
"v e r t... X
-Ouais, répondit Zeronos... Henshin !"

Dans le ciel d'Hyméria, au dessus de la cime des arbres, une tâche noire s'éleva dans le ciel, jusqu'à se situer à plusieurs dizaines de mètres du sol et s'inscrire exactement au centre du triangle formé par les trois soleils. Des soldats à bord d'un des hélicoptères eurent juste le temps de voir décoller cette forme avant qu'un cri terrible retentisse au dessus de leurs têtes, couvrant par sa puissance le bruit du moteur de l'hélico.
"You, son of a bitch, Fuck ya !"
Un éclair silencieux traversa le ciel alors que Zeronos retombait en exécutant ce coup de pied sauté à mi-chemin entre la puissance ravageuse de Simiabraz et la touche inimitable d'un ranger du Texas dans la série du même nom. Lorsqu'il heurta le sol terreux, laissant une empreinte profonde d'un demi-mètre, l'hélicoptère, transpercé par cette puissance ravageuse, explosa littéralement, envoyant des pales à plusieurs centaines de kilomètres à l'heure dans toutes les directions, dont une sur le petit groupe. Le sang de Louka ne fit qu'un tour, et alors que les autres songeaient seulement à ce qu'était cet objet qui avait l'air de foncer sur eux, il avait déjà agi.
"Protection !"
Comme répondant à son appel, une aura d'un noir d'encre émana du vertex, avant de s'étendre autour de Louka et de former entre le groupe et le reste du monde un véritable champ de force s'étendant à mesure que l'aura s'éclaircissait. Heurtant la surface protectrice, la pale, comme d'autre débris de l'appareil, fut comme collée à celle-ci, avant d'être aspirée par la bague, à laquelle était constamment liée le bouclier protecteur qui disparut une fois la menace enrayée.
"Il serait peut-être temps de songer à attaquer, remarqua Zeronos dont l'armure n'avait pas une puissance infinie.
-J'y songe, j'y songe, fit Louka."
Il choqua à nouveau ses poings, appuyant ainsi à nouveau sur le mécanisme du verteX en ordonnant:
"Expulsion !"

Comme si la bague possédait son énergie propre, elle brillait désormais d'une lueur étrange, qui au lieu d'éclairer, semblait ombrer tout ce qui était dans sa zone d'action. En réalité reliée à un trou noir, cet objet défiant la logique et l'imagination était la clé de toute un univers créé par la puissance de Jirachi. Tout ce qu'elle aspirait était envoyé à travers le joyau devant un trou noir. Pouvant ainsi aspirer des charges théoriquement infinies, elle les propulsait à quelques lieues de l'horizon des évènements, permettant ainsi d'expulser, tel un noyau qu'on aurait recraché, ces mêmes charges à la figure de la personne en face du verteX, tant que les objets aspirés n'avaient pas dépassé cette limite physique incontournable qu'était l'horizon. Tant que cette expulsion était possible, en moyenne quelques dizaines de secondes, le verteX émettait comme il le faisait actuellement cette étrange lueur.
La pale et les divers débris de l'explosion de l'hélicoptère sortirent d'un cône d'énergie noire dont la base était peut-être cent fois plus grande que le joyau qui en était le sommet. Fonçant à une vitesse aussi incroyable que celle avec laquelle elles avaient été propulsées contre Louka, elles criblèrent le second appareil d'impacts qui le mirent en rade, rendant ainsi l'appareil dangereusement instable. Souriant, Louka en arrivait à la phase terminale de son plan.
"Et maintenant, Aspiration ! fit-il en pressant la pierre noire."
Tendant le bras comme s'il tenait un pistolet, le vertex au bout de sa main s'illumina un bref instant, avant qu'une aspiration terrible ne vienne arracher l'hélico à la gravité qui allait le faire exploser aux pieds de la petite équipe. Bientôt rejoint par quelques arbres déracinés, ce dernier fut aspiré par le cône d'énergie noire démesurément grand, le compressant suffisamment pour passer au travers du mince joyau. Le bruit de côtes brisées et de chairs déchiquetées passait inaperçu au milieu des cris déchirants de l'acier tordu. En quelques secondes, deux des trois hélicos venaient de tomber.

Le troisième hélicoptère se hasarda à lancer ses missiles sur le mur déjà fragilisé par un premier tir de roquettes. Alors que Sahra criait de peur, Drayke ne put que regarder un pan entier du mur leur tomber dessus sans rien pouvoir faire.
"Aspiration !"
A la manière de l'hélicoptère, un appel d'air improbable fit voler les gravats dans un torrent de poussière jusqu'au minuscule verteX laissant respirer le pistolero et la jeune épéiste quelques secondes, juste le temps de se faire sermonner par celui qui avait pour le moment la situation bien en main.
"J'ai fort à faire avec cet hélico, alors si vous pouviez user de vos talents pour dessouder quelques autochtones à pied... Ca doit être dans vos cordes ?
-Compris, fit Drayke, trop heureux de faire autre chose que regarder ceux que la nature avaient doté de plus de puissance que la moyenne.
-Je ne peux pas me servir de ma lame sans une Pokéball, et Lilian a...
-Fuck Lilian, répondit Zeronos. T'es la seule à te servir de tes balls avec une épée. Je doute que ça rentre dans la catégorie "leur montrer comment on se sert d'une pokéball" vu que ce n'est PAS comme ça que l'on se sert de ces foutues boules de Noël.
-Tiens, Zeronos est encore en train de baver sur quelqu'un, nota une voix... Je ne suis qu'à moitié surpris dans la mesure où c'est de moi qu'on parle.
-T'étais où, merde ? demanda Louka en reconnaissant Lilian.
-Roland m'a demandé de le laisser en chemin, et je ne trouve Marine nulle part...
-Elle n'est pas dans ton radar ? demanda Zeronos. Je croyais pourtant que tu pouvais voir un pet de lapin à trois kilomètres ?
-Oui, mais j'ai un peu plus de mal à voir qui est qui quand j'ai plus de deux cents points à priori identiques sur le radar.
-Je m'occupe de la retrouver, fit Pluton. Je suis plus à l'aise avec quelques soldats récalcitrants qu'avec un hélicoptère.
-Quel hélicoptère ? demanda Lilian.
-Celui qui est derrière toi et qui nous a dans le viseur... Tu ne l'a pas distingué des autres lui ? fit Louka déçu par les imperfections qu'avait le don de Lilian."
Pluton était la seule à le voir, mais il souriait. Derrière lui, l'hélicoptère venait d'exploser en l'air sans raison apparente alors qu'il répétait:
"Quel hélicoptère ?"

Posté sur un des toits, Roland ramassait au sol une des énormes branches que le trou noir de Louka avait charrié un peu partout.
"Nimyahs, xuep-ut em relliat nu nif notab d'norivne nu ertèm etnauqnic ?
-Min , acquiesça le Pokémon."
En quelques attaques précises, il entailla le bois de manière à en extraire un long bâton de bois encore vert et suintant la sève dans lequel Roland tailla des encoches.
"Tu fais quoi, le sauvage ?"
Harri contemplait le guérisseur sans comprendre ce qu'il faisait. Affecté avec plusieurs autres soldats à surveiller les toits et à poinçonner quelques têtes au fusil de sniper, il était plus qu'exaspéré par ce troglodyte tout droit sorti de la préhistoire qui s'acharnait à marcher à découvert sur ce toit, en faisant une proie idéale pour les tirs ennemis. Mystérieusement, il semblait passer au travers des tirs pourtant nourris, avec une grande sérénité, comme s'il était convaincu de sa bonne étoile.
Dans sa petite besace qu'il portait au côté, Roland extirpa un vestige d'un temps passé. Corde d'arc trempée par l'eau du lac dans lequel il avait atterri à son arrivée ici, elle ne tiendrait sans doute pas longtemps. Mais de toute façon, le reste de son arc improvisé ne durerait guère plus.
"Un arc ? Sans vouloir te vexer, on a nettement mieux avec nous."
Roland tailla une flèche dans une mince branche avec une dextérité inégalée avant de l'encocher sur la corde. Il montra du doigt un homme qui se cachait derrière un baraquement. Les balles de sniper ne feraient que ricocher sur le mur sans atteindre l'homme derrière.
"Deux cents qu'il le rate... paria un premier soldat.
-Trois cents, sans aucun problème...
-Ma paie du mois, répondit un troisième."
Levant l'arc au ciel, Roland semblait viser le soleil. Mais sur son visage, une brise délicate soufflait et lui indiquait comment préparer son tir. Fermant les yeux, il lâcha la corde et la flèche partit, s'envolant dans une parabole avant de retomber au sol, juste derrière le baraquement. Dans leurs lunettes, les snipers virent juste l'homme retomber à terre, une flèche transperçant son crâne et ressortant sous sa mâchoire.

Dans la forêt, Marine reprenait ses esprits. Elle ne voulait pas les tuer. Cela ne voulait pas dire qu'elle voulait mourir.
"Leviator, attaque Surf !"
Alors que les Ladinnians croyaient avoir affaire à un animal juste plus coriace qu'un autre, quelle ne fut pas leur surprise de voir l'eau du bassin déferler en trombes sur eux. Croyant à une magie obscure, ils ne reculèrent cependant pas face à la menace. Armant leur fusils automatiques, ils vidèrent plusieurs chargeurs sur le dragon à moustaches... Du moins ils essayèrent. Dans un cri tonitruant, l'air sembla se troubler autour du Pokémon. Des flammèches violettes s'allumaient parfois dans l'air alors que la puissance de la draco-rage réduisait en cendres les projectiles utilisés.
"On va faire comme avec Drakness, Laser Glace !"
Réfrénant son envie meurtrière, le Pokémon se contenta de geler à jamais les soldats dans leur dernière posture. Si le puissant Drakness avait eu son armure pour le protéger de cette rafale de glace, ces hommes n'avaient rien d'autre que leurs vêtements pour les couvrir trop faiblement de cette hypothermie mortelle. Oubliant ce détail, Marine les croyait simplement gelés pour quelques heures, le temps pour elle de partir.
Rappelant Leviator, avec lequel elle serait tout sauf discrète, elle quitta l'orée de la forêt pour rejoindre le palais. Derrière les arbres, le chaos était total. Des soldats à moitié défroqués luttaient au corps à corps, avec un couteau de cuisine pour seule arme, contre des soldats au visage peints couleur camouflage avec leurs couteaux de combat. Lorsqu'un ou deux Hymérians semblaient prendre le dessus sur leurs adversaires, une rafale de mitraillette les faisait taire à jamais. Autant dire que le nombre de cadavres jonchant le sol était proprement énorme, et, malheureusement pour elle, c'était surtout des alliés qui étaient tombés.
"Marine, par ici..."
Elle se retourna. La voix rauque lui était familière... Pluton...
"Il faut que tu m'accompagnes. On va rejoindre les autres. Tu n'es pas en sécurité toute seule."
Bien que peu impressionnable, Pluton, qui ne savait pas encore que Marine était sortie de sa retraite silencieuse, eut tout de même un petit tic nerveux en l'entendant répondre:
"D'accord, allons-y."

Croisant sur leur chemin Pluton et Marine qui revenaient, Drayke et Sahra se regardèrent un instant dans les yeux. Le premier aimait cette sensation grisante, la seconde faisait avec...
"Je n'aime pas tuer sans comprendre... Ces hommes ont peut-être un bon fond...
-J'espère que j'ai un bon fond, commença Drayke...
-Justement, je...
-Et j'espère que tu me feras sauter la cervelle si jamais nous devions nous retrouver dans des camps opposés. Pour ma part, j'ai passé le stade de l'hésitation. On tue, ou on est tués..."
L'air se troubla à côté de Sahra sans que le pistolero ne le voie... Si un spectre pouvait faire de l'humour, alors il riait de voir que même les humains partageaient son point de vue...
"Je ne te le fais pas dire, acquiesça Sahra en clipsant la ball de Galekid sur le manche de sa Pokéblade..."
Dans une roulade, Drayke attrapa deux pistolets qui traînaient au sol. Ses balles à lui étaient limitées, alors autant faire durer, même si ces armes fabriquées en série et recouvertes du sang d'un ou deux Ladinnians, ou peut-être était-ce des Hymérians qui avaient gardé leur arme avec eux, ne manqueraient pas de s'enrayer... Sahra appuya sur un bouton en pestant que ce monde ne soit pas envahi de Pokémon. Une simple pression sur un autre bouton et toutes les créatures qu'auraient pu posséder leurs adversaires se seraient retournées contre eux.
"Quand faut y'aller..."
Les deux pistolets en avant, Drayke faisait un carnage... Dix, puis vingt, puis bientôt trente balles, trouvant toujours où se loger. Une jugulaire, un coeur, un crâne... Bientôt en face d'un mur, il redoubla de vitesse, surprenant toutes les personnes qui comptaient sur le fait que, se retrouvant acculé, il allait forcément ralentir. Marchant presque sur les murs, dans une posture que n'auraient pas renié les adeptes du parkour, il grimpa à presque deux mètres du sol avant de faire un salto arrière et de plomber tous ses poursuivants avec ses fonds de chargeur.

De son côté, Sahra maniait l'épée avec fermeté et agilité. Sans faillir, la lame d'acier tranchait tout sur son passage, et ce n'était pas les armes qui se trouvaient sur le chemin de la pokéblade qui la freinaient... Encerclée, elle trouvait le moyen de prendre à revers tous ceux qui s'approchaient trop d'elle. Mais il arriva un moment où elle se retrouva à son tour acculée contre un mur, et, n'ayant ni l'élan, ni la force physique de Drayke, elle se retrouva cernée par cinq ou six hommes.
"Tuer ou être tuée, répéta Spiritomb.
-Pas de Pokémon, répondit Sahra entre ses dents.
-Tuer ou être tuée...
-No ne's epucco, répondit une voix dans la tête de Sahra."
Sans le vouloir, Spiritomb avait servi de relais entre Roland et la tête de Sahra... Elle l'entendait comme s'il était à côté d'elle à murmurer dans son oreille. Et bizarrement, elle avait confiance... Parce qu'elle le comprenait, parce qu'elle entrait à son tour dans sa tête l'espace d'une seconde, et qu'elle voyait les fusils se braquer sur ses agresseurs à travers les yeux de Roland.
"Ma réponse est tuer... murmura t'elle."
Une salve de balles se ficha dans les corps, alors qu'une dernière ricocha sur une pierre non loin du dernier homme. Agile comme l'éclair, il sauta sur Sahra et s'accorcha à ses pieds, la déstabilisant et faisant tomber son épée de sa main. Seule et sans arme, elle était à sa merci...
Le temps qu'une flèche habilement décochée aille transpercer le mollet du soldat. Craignant que la flèche ne transperce aussi la jeune fille située en dessous, Roland avait visé un peu plus bas que le torse de cet homme. Hurlant de douleur, il déserra sa prise permettant à Sahra de rouler et d'attraper son arme.
"Tu... tu n'oser pas frapper homme à terre ! bégaya t'il dans un français approximatif.
-Non... je dirais plutôt que j'abrège tes souffrances, c'est meilleur pour mon karma..."
La lame n'hésita pas et finit ce que la flèche avait commencer.

Sahra ne le savait pas, mais elle avait eu le privilège de mettre fin à cette bataille. Avec cet ultime coup, elle venait de mettre à mort le dernier de leurs ennemis. Alors que Drayke se félicitait de ne jamais avoir eu à utiliser une de ses précieuses balles, il remarqua qu'autour de lui, des Hymérians étaient encore vivant. Au sol, certes, mais ils avaient eu la bonne idée de se faire passer pour morts, et dans la pagaille générale, ça avait marché. Parmi les hommes en uniforme, ou peu s'en fallait, il eut la surprise de retrouver un visage qu'il ne s'attendait pas à voir ici.
"Zeronos ? Je croyais t'avoir laissé derrière moi ? Et puis c'est quoi cette tenue ?
-Ze... Zeronos, c'est l'autre... Moi, je suis de ce monde...
-Pourtant, vous ressemblez trait pour trait à...
-Je sais... Et je partage sans doute avec lui cette bizarre envie de recevoir des soins quand on se fait taillader le ventre par un psychopathe armé d'un couteau."
S'excusant comme il le pouvait, Drayke lui proposa de le porter, ce que Ros accepta. Sibylle accourut en catastrophe alors que les morceaux éparpillés de l'équipe se rejoignaient autour de Drayke et de l'homme blessé qu'il tenait dans ses bras.
"Ros, comment...
-J'ai vu mieux, patronne. Pensez à remercier l'équipe des snipers. S'ils n'avaient pas la charge de leur arme, je crois qu'on serait tous les trois..."
Il ne termina pas sa phrase. Alors que le sang avait commencé de coaguler, le fait d'avoir changé de position l'avait fait couler à nouveau... Il fallait agir avant que ses jours ne soient en danger... Drayke suivit Sibylle, qui le menait vers l'infirmerie alors que Louka concluait sans joie.
"Réunion, je suppose ? fit-il pour Lilian. Si Hyméria veut un acte de foi, nous le lui avons prouvé... Ce qui fait de nous ses alliés...
-Réunis-toi si tu veux, je vais chercher Roland et je vais essayer d'aider les quelques personnes encore vivantes.
-Et après ? Une délégation est sensée venir nous casser les couilles, fit remarquer Zeronos.
-Et après, je prendrais bien un peu de repos... D'ailleurs vous devriez tous en faire autant. On a effectivement aidé Hyméria, et si comme vous le dites, un panel de bureaucrates arrive par ici, j'ai intérêt d'être calmé avant d'avoir envie de tous les faire exploser comme cet hélico."