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PuZzle de kamui shiro



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Informations

» Auteur : kamui shiro - Voir le profil
» Créé le 15/04/2009 à 23:24
» Dernière mise à jour le 13/06/2012 à 00:13

» Mots-clés :   Présence de poké-humains   Science fiction   Suspense

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Seul
Boss, affalé dans son fauteuil aux airs de trône, fixait d'un air hagard la moquette sale de la « pièce des décisions ». Était nommée ainsi la chambre où le Patron avait pour habitude de regrouper ses nombreux scientifiques afin de délibérer d'un sujet précis et prendre une décision unique, claire et réfléchie. Aujourd'hui, la chambre était vide. Même la présence du Boss qui, la veille, aurait suffi à l'illuminer, ne dégageait pas la moindre animation. Boss était livide, morne. Son oeil vide regardait le sol sans le regarder et sa lourde main dessinait des mouvements absurdes, impulsifs, reflétant l'état dérangés de ses pensées.
Une bille noire était posée sur la moquette, à quelques pas de l'homme ténébreux. Il l'avait lancée, cette bille, mais personne ne la lui avait ramenée. Pourquoi? Habituellement, une fine silhouette blanche l'aurait prise en bouche, se serait rapprochée de lui, puis aurait délicatement déposé l'objet sombre dans sa main. En récompense, il lui aurait caressé le museau tout en lui adressant un sourire rare, sourire qu'il n'offre qu'à ses fidèles compagnons.

Boss avait parcouru une longue distance pour récupérer cette magnifique bête. Il avait appris son existence lorsque l'animal, à l'allure si parfaite, avait gagné cinq concours à la suite. Le Feunard avait remplis la première page des journaux et hanté les télévisions pendant quelques semaines. À sa vision, il n'avait pas hésité. Immédiatement, le dresseur de la déesse à quatre pattes avait reçu une offre astronomique -celle du puissant dirigeant d'une entreprise de potions- en échange de son Feunard. Le prix d'une centaine de concours gagnés n'aurait même pas égalé l'imposante somme de la proposition du Boss. C'est ainsi que le Feunard fut vendu, les billets transférés, et le roi à l'aura sombre et aux longs cheveux noirs accompagné d'une Princesse douce au poil blanc.

Aujourd'hui, la bille ne bougeait pas, et elle ne bougerait jamais plus : l'élégant renard n'était plus.
L'animal s'en était allé en emportant avec lui le moral du chef, si faible maintenant, si fort hier. Il suffisait de peu pour ruiner la journée d'un homme à l'apparence solide, mais au coeur seul.
Boss se languissait dans sa grande chaise métallique, las, furieux, doutant, se maudissant lui même et maudissant le meurtrier de sa compagne.

John frappa quelques coups hésitants à la porte d'entrée. « Puis-je entrer? » cria-t-il fortement, espérant que sa voix parviendrait aux oreilles du Patron. La salle des décisions avait été conçue et isolée dans le but qu'aucun son révélateur ne traverse ses épais murs, et sa porte double était sécurisée jusqu'à la poignée, inexistante, ayant laissé place à un système digital ne s'ouvrant que sur autorisation du Maître.
« Laissez-moi entrer! » Insista John, se doutant que quelque chose ne tournait pas rond chez son dirigeant.
Le dispositif informatique émit un petit clic, puis un indicateur lumineux passa du rouge au vert. Le docteur soupira de soulagement, attendit quelques secondes, et finalement entra dans la pièce.
Sans poser les yeux sur son Patron, John s'empara d'une chaise qu'il plaça devant la grande table ronde, en face du sombre homme. Il s'assit, regardant le meuble, ajustant ses lunettes, puis son col, semblant fuir l'attitude incertaine du Boss, face à laquelle il ne savait pas comment réagir.
Boss leva sa main droite, faisant tomber petit à petit le long de son bras les bracelets argentés ornant son poignet. Il rangea quelques-uns de ses cheveux bouclés derrière ses oreilles, puis posa son regard sur le subalterne qu'il distinguait enfin.
- Que veux-tu....? Marmonna-t-il.
John dévoila son visage, surpris et soulagé que le lourd silence soit enfin brisé.
- Je viens vous tenir compagnie, affirma-t-il tout en cachant un sourire, c'est dans mon contrat.
Boss répondit d'un rire nerveux.
- Me tenir compagnie....Va donc faire ton boulot au lieu de t'offrir des pauses sous prétexte que j'ai besoin de compagnie.
John, d'un geste provocateur, retroussa ses manches pour lire l'heure de sa montre digitale.
- Cela fait seulement cinq heures que vous êtes dans cette pièce. Plus que cinq heures et vous aurez battu votre record. La dernière fois, c'était neuf heures, juste après le départ de votre frère.
Immédiatement, les traits du Patron se crispèrent. Il prit une grande inspiration et redressa son dos, puis joignit ses deux mains tout en faisant craquer ses os. L'avertissement était clair. S'il y avait un sujet que les employés de Boss évitaient d'aborder, c'était celui de son frère.
- Combien de temps cette plaisanterie va-t-elle durer? Grogna le Patron tout en foudroyant son secrétaire du regard.
- Tant que.... Tant que vous ferez croire que la perte de ce monstre vous atteint.
Boss soupira, tout en levant les yeux vers le ciel.
- C'est comme si j'avais perdu ma femme, avoua-t-il.
John retira ses lunettes, frotta son nez, puis répondit d'une voix qu'il peinait à tenir calme;
- Vous n'avez jamais eu de femme.
Un silence lourd s'établit. Boss n'avait jamais eu de femme, et John était certainement le seul à être au courant. Le secrétaire s'était souvent demandé comment un homme qui avait regroupé toutes les pièces de la gloire pouvait ne pas avoir de femme. Boss ne disait rien à ce sujet.

Alors que le silence perdurait, des impressions oubliées revinrent à l'esprit du secrétaire. Il revit le regard étrange de l'homme ténébreux lorsque le corps de la fille, flottant dans une cage d'eau, lui fut dévoilé. «Un regard à la fois vide et trop plein d'émotions» pensa-t-il. Quand il avait compris que cette fille était la dernière des cinq, il avait donné son accord pour la fusion et posé dans la main de John une pokeball. Il se souvenait que la main de Boss tremblait, certes très légèrement, mais elle tremblait.

- Que font les autres ? Prononça Boss de sa voix grave.
John sursauta, revenant à la réalité.
- Les autres? Mes collègues? Ils font des essais sur les cellules des.....
- Pas tes collègues, les expériences, interrompit Boss.
- Ah, répondit John, ils dorment.
Le chef, semblant avoir retrouvé des forces, se leva subitement de sa chaise.
- Ils dorment?! Ils dorment?! Ma princesse est morte, et ces imbéciles dorment.
Le secrétaire parut désorienté.
- A....Attendez. Rien ne prouve qu'ils sont tous coupables.
- Je sais, Je sais. Répliqua sèchement Boss.
Boss, prit d'activité, tournait en rond devant son trône. John semblait désemparé, bien qu'il fut habitué aux fluctuations de son maître.
- Nous regarderons les enregistrements des caméras. Affirma t-il, pensant le calmer.
Malheureusement, Boss parut plus irrité;
- Biensûr ...! Biensûr ...! Ainsi nous pourront confirmer que c'est bien...
- Fleur de Lune, termina John, d'un ton grave.
Le maître se laissa tomber à nouveau dans sa chaise argentée, faisant vibrer toute la chambre. La main posée devant ses yeux, il réfléchissait, énervé. John scrutait son visage, sachant que le moindre tic qu'il percevrait serait plus révélateur que milles mots. Bien que Boss semblait s'énerver facilement, il était bon acteur, et sa soif de jeu le trahissait régulièrement.
Il lui arrivait parfois de sourire aux moments les plus dramatiques, décrédibilisant son rôle factice, laissant s'échapper un peu de sa folie. Rares pourtant étaient ceux qui avaient perçu cette faiblesse, et unique était celui qui acceptait pleinement son coté sombre.
Comme prévu, Boss s'était trahi une fois de plus devant son secrétaire privilégié. Un léger sourire étrange s'était dessiné sur ses lèvres, puis avait rapidement disparu.
- Elle sera punie pour son crime, murmura-t-il, sévère.
John avala sa salive tout en remettant sa cravate en place d'un geste nerveux.
- Je... Je pense que c'est de votre faute si c'est arrivé.
L'audace du docteur surprit Boss.
- Ah?
- Vous le saviez, qu'elles ne s'aimaient pas, poursuivit John d'un ton plus affirmé. Cela vous amusait. Vous ne pensiez pas qu'elles iraient jusqu'à s'entretuer. Maintenant que c'est fait, vous êtes triste. Il baissa la voix :«Et encore, je n'y mettrais pas ma main au feu».Au fond, continua-t-il, cela vous arrange également, car si c'est bien Fleur qui l'a tuée, alors...
- ça pourrait bien me donner des droits sur elle, termina Boss. Bonne conclusion, mais tu n'auras pas d'augmentation pour ce mois, va donc réveiller nos cinq amis, au lieu de perdre ton temps à analyser....
- Le mental d'un homme plein de vice.
- Ooh, ne m'interrompt pas! S'exclama le chef tout en frappant la table de son poing. Cesse d'être arrogant, sinon je dirais à ta femme que les ingrédients de tes expérience ne sont pas toujours des feuilles d'arbre et des pétales de rose.
- Moi, au moins, j'ai une femme.
Boss s'apprêtait à hausser la voix, mais finalement se ressaisit. Il se contenta d'adresser à John un regard froid.
- Il suffit. Je suis ton supérieur : Tu me réponds 'Oui Patron' et tu n'ajoutes rien, poursuivit-il d'un ton sévère, mais calme.
- Oui Patron, prononça le secrétaire avec ironie.
- Bien. Nous allons pouvoir finaliser le plan. Il n'y en a qu'un, alors il doit être sans failles.
- Oui, Patron, répéta John tout en sortant d'un classeur des feuilles de papier et une grande carte.
John déplia la carte dans toute sa longueur et la plaça au milieu de la table ronde. Il s'agissait d'une énorme photographie de l'usine Openballs, imprimée en couleurs.
- Nous avons envoyé le Roucarnage d'un de mes collègues pour prendre une telle photo.
- La qualité est parfaite, commenta Boss.
L'attention des deux hommes se concentra sur le plan. On pouvait y discerner les trois bâtiments de la firme, la vaste forêt l'encerclant, les terrains d'herbe devant les murs extérieurs, les grillages, et le portail de fer qui s'étendait en hauteur.
John entoura une zone de la forêt proche du portail.
- Cet endroit est infesté de monstres insectes prêts à lancer une alerte si un homme suspect s'approche du portail. Des Dardagnans, des Papillusions, des monstres de ce genre-là.
- ça ne devrait pas causer problème si les assaillants ne sont pas vraiment des hommes, répondit boss en souriant, amusé.
- Ensuite, il y a de nombreux gardiens derrière les grillages, précisa John.
- Sûrement des stupides Démolosses et autres canidés. Détourner leur attention sera aisé, continua Boss en haussant les épaules.
- Je ne sais pas quoi rajouter. Il y a certainement plusieurs caméras de surveillance un peu partout. C'est vous le connaisseur, pas moi.
Boss esquissa un sourire.
- Erich n'est pas quelqu'un de paranoïaque. La dernière fois que je me suis rendu dans ce lieu, la protection était faible et elle n'a pas dû changer. Tu vois ces deux points?
Le Patron posa deux doigts sur le toit d'un bâtiment.
- Qu'est-ce? Demanda John, intrigué.
- Ce sont les deux éléments à problèmes: Un Alakazam, un Spectrum. Deux monstres très entrainés, très intelligents. Ils se complètent. Si nos créatures arrivent à passer sans les alerter, le plus gros sera fait.
- Et s'ils n'y arrivent pas? Tout ceci m'a l'air bien approximatif, constata John.
- Ils y arriveront, insista Boss. Un monstre ne pourrait certainement pas s'introduire dans le lieu, un homme simple non plus, mais un être possédant l'intelligence d'un homme et les pouvoirs d'un pokemon, s'en sortira certainement. Personne n'a jamais prévu quoique ce soit contre des hybrides.
- Ce n'est pas faux, remarqua John.
- Dans le pire des cas, continua Boss avec légèreté, nos créatures extermineront toute forme de vie présente dans l'usine. J'en connais un pour qui la tâche sera aisée...
John grimaça tout en pensant à Spirit, puis il déposa sur la carte d'autres documents, tous en lien avec Openballs. Les deux hommes discutèrent des probabilités de réussite, des changements de plan, des catastrophes éventuelles, et principalement, de leur propre protection. Dans tous les cas, il ne fallait qu'aucun lien ne soit créé entre les hybrides et l'entreprise du Boss, peu importe la situation finale. La question était : Comment s'assurer que les créatures ne révèleraient rien à propos de ce qu'elles avaient vécu? À cette interrogation, John répondit en posant sa bille noire sur la table. La puissance du terrible objet suscita une excitation malsaine chez les deux hommes, une impression de pouvoir infini. Dans leurs yeux grandissait une lueur joueuse et cruelle. Ils avaient en leur contrôle quatre puissants monstres, quatre puissants pions délivrés de règles, alors que l'adversaire n'était vêtit que d'habits communs.
Rédigé dans une encre rouge, l'avenir offrait aux deux fous une victoire presque certaine.