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Le Projet Orion - Réalité parallèle de ABE



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» Auteur : ABE - Voir le profil
» Créé le 15/03/2009 à 10:58
» Dernière mise à jour le 21/03/2009 à 21:44

» Mots-clés :   Aventure   Fanfic collective   Présence d'armes   Région inventée

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Chapitre 32: Déjà-vu et paradoxe [Totor999]
-Moi je dis que cette Lady machin pue la bitch à 300 kilomètres! s'exclama Zeronos juste assez fort pour que seuls ses compagnons l'entendent.
-C'est vrai qu'on se voit en droit de douter de ses intentions après s'être fait agresser un nombre incalculable de fois par des brutosaures qui n'avaient visiblement pas envie de savoir si nous étions réellement dangereux avant de nous tirer dessus. répondit Lilian. Cependant ce serait pour nous une bonne occasion de faire comprendre à quelqu'un ici que nous ne sommes pas une menace et que nos seules intentions sont de partir d'ici...
-Mouais... Mais que ça soit clair, au moindre mouvement suspect de cette femme ou d'un de ses soldats, je me transforme, je sors Palkia et je les décime. Je vois venir d'ici que ce n'est rien d'autre qu'une tarée qui veut nous mettre en confiance pour nous buter plus facilement!
-Tu regardes trop de films, je crois... intervint Lucas.
-J'ai quand même passé plusieurs mois dans une dimension à la con, dirigé par un malade mental et fréquemment agressé par un super sayen en armure, avant de découvrir que le scénariste était le méchant et que le méchant de départ n'était qu'un loser qui s'est fait manipuler d'un bout à l'autre! Donc pour ce qui est des retournements clichés et exagérés, j'ai déjà eu ma dose, là j'ai de quoi faire face à ce genre d'éventualité donc je n'hésiterai pas à tout faire péter en cas de problème!
-Sans doute, mais nous sommes dans un monde réel à présent. intervint Pluton de sa voix grinçante. Certes ce n'est pas le bon, mais je ne pense pas qu'on puisse se retrouver face à des situations aussi absurdes que dans le monde virtuel...
-C'EST BON, J'AI PIGÉ!!!

Quelques soldats qui marchaient à côté du groupe se retournèrent, mais semblèrent ne rien voir d'anormal à ce qu'il se passait, ayant sans doute déjà compris au premier regard que Zeronos était un grand râleur et qu'il ne fallait pas s'inquiéter de le voir s'égosiller.

-... Ca n'empêche qu'au moindre souci, tout pète. conclut Zeronos en baissant le ton.
-Allons, cessez de vous chamailler! intervint Sibylle qui s'était arrêtée et qui avait laissé le groupe arriver à sa hauteur. Nous sommes arrivés, il serait préférable que vous vous déstressiez quelque peu. Ainsi, mes soldats vous montrerons vos chambres et feront visiter ma demeure à ceux parmi vous qui se sentent intéressés.

Tous les membres du groupe se penchèrent sur les côtés afin de mieux voir le manoir que Sybille et deux soldats qui l'épaulaient leurs cachaient partiellement en étant dans leur champ de vision. C'était bien plus qu'un manoir, on aurait plutôt dit le château d'un grand seigneur Français... Qui aurait eu l'idée saugrenue de faire construire sa résidence au milieu d'une forêt proche d'une zone occupée par des militaires. Le château de Lady Sibylle était entouré d'une enceinte de murs faits d'un marbre aussi blanc que la neige, et un jardin rempli de fleurs et de statues pouvait être entrevu au travers des grilles dorées...

-Ca m'a l'air très... Noble? hésita Lucas.
-Je trouve cette vision de paix et de luxe un peu hors contexte, ajouta Lilian, mais ça doit être parce que nous nous sommes fait régulièrement attaquer par des militaires ces derniers temps...
-Moi je dis que plus ça a l'air paradisiaque, plus il y a de chances qu'un piège se cache là-dessous... murmura Zeronos pour que seule Pluton l'entende.
-Je t'avoue que je commence moi-aussi à avoir des doutes, j'aurais bien pensé que c'était parce que j'avais passé à peu près autant de temps que toi dans un monde où tous les clichés étaient possibles, mais je dois bien admettre que quand je vois ça, je me demande si les pires stéréotypes de fiction n'ont pas leurs chances d'exister dans la réalité aussi...
-En tout cas je ne pense pas rencontrer un jour un mec en armure qui osera me dire qu'il est mon père dans quelque monde que ce soit...
-Ah, je vois que tu possèdes un peu de culture malgré tout. intervint Louka sur un ton railleur.
-Toi, si tu pouvais cesser de profiter de tes capacités supérieures pour entendre tout ce que je dis et être plus ironique que moi, ce serait sympa. En plus c'est de la triche, moi quand je me fous de la gueule des gens, je le fais à l'ancienne, sans pouvoirs de super-sayen en 64bits.
-Je suis quand même mieux modélisé que ça... Et puis le virtuel est souvent plus agréable à l'oeil que le réel, la preuve, t'es moins réussi que moi.
-Vas te foutre ta structure polygonale là où je pense.
-Dans ta sale tête de gosse prétentieux?

Alors que la dispute interne menaçait de s'éterniser, Marine voulut intervenir de la meilleure manière qui soit: En collant une baffe bien sentie aux deux semeurs de troubles, une avec chaque main. Mais l'espace d'un instant, elle avait oublié les capacités de Louka et sa main passa dans le vide et continua sa course pour s'écraser contre le nez de Zeronos qui reçut en même temps l'autre main de Marine qui lui frappa la joue.

-Ca va pas?! s'écria Zeronos qui se cachait la moitié du visage en gardant ses mains plaquées sur sa joue et son nez.

Marine afficha un air à moitié désolé d'avoir accidentellement infligé le double de sa punition à Zeronos et lui montra rapidement du doigt que le reste du groupe avait déjà avancé de plusieurs mètres vers le château, préférant sans doute laisser les deux rivaux se disputer au milieu de nulle part sans s'y mêler. Zeronos regarda dans la direction indiquée par Marine tandis que cette dernière laissait discrètement échapper le rire qu'elle avait retenu après sa double baffe involontaire.

-Mais... Louka part les rejoindre?! s'indigna Zeronos. Ce crétin cherche les embrouilles, il fuit sa punition alors que moi je me prends des baffes et il s'en va bien tranquille juste après?! Hé, reviens ici que je te donne la torgnole que j'ai eu en trop! hurla-t-il en partant à la poursuite du groupe.

Alors que les deux dresseurs étaient prêts à continuer leur dispute tout en marchant derrière le groupe principal, que Marine avait rejoint d'un pas rapide, Zeronos se tût avant même de prendre la parole en passant les grilles et en voyant le jardin du château dans son intégralité.

-Serais-tu sensible à l'art pour te calmer aussi vite à la vue d'un tel esthétisme? demanda Louka, cette fois sincèrement étonné de la réaction de son sosie-rival venu d'une autre réalité.
-Pas vraiment, c'est juste que...

Zeronos se tût à nouveau et observa très attentivement ce qui l'entourait... Son regard se posa quelques instants sur les statues qui bordaient l'allée menant au château, toutes à l'image de Sibylle, ainsi que sur les servantes vêtues de rose contrastant avec le noir de la propriétaire et de ses soldats, qui s'occupaient du jardin.

-... J'ai comme une impression de déjà vu très, très bizarre... termina-t-il en levant un sourcil.
-Le "déjà-vu" est en quelque sorte un "bug" du cerveau humain, ça ne m'étonnerait pas que la petite cacahuète qui se situe dans ton crâne possède aussi ce défaut.
-Cesse les sarcasmes, tu veux? Je sais ce que je dis... Mais j'arrive pas à m'expliquer pourquoi je m'attends à tout moment à voir apparaître un petit garçon de huit ans avec des cheveux noirs coiffés en queue de cheval...
-Quoi, quand t'avais huit ans, tu vivais dans un château avec des statues de ta mère dans le jardin ainsi que des soldats en noir et des servantes en rose qui se baladent partout?! demanda Louka, peu convaincu de ce qu'il disait lui-même.
-Nan! J'ai jamais été petit, j'ai été créé direct comme je le suis maintenant!
-Bon, tu es juste fou, dans ce cas. Désolé pour toi si tu as été créé ainsi...

Louka fit volte-face et partit rejoindre le groupe qui était déjà entré dans le château, marchant si vite que Zeronos n'eut même pas le temps de réagir qu'il n'avait déjà plus personne devant lui au moment de rétorquer. Remarquant avec un peu de retard que son interlocuteur avait tout simplement échappé à la conversation en marchant, il trembla de colère un instant puis partit rejoindre le groupe à son tour en frappant violemment les pieds au sol à chaque pas, laissant de profondes traces de basket dans la terre.

Une fois le groupe réuni dans le hall d'entrée de la demeure luxueuse, tout le monde resta ébahi en voyant le grand nombre de meubles anciens, de tapisseries et d'autres oeuvres d'art qui décoraient l'intérieur, en particulier le gigantesque portrait de Lady Sibylle qui trônait en haut d'un grand escalier, à l'intersection où il se séparait en deux autres escaliers menant encore plus haut. La pose et l'expression sereine de la dame sur son portrait faisait penser à un tableau sans doute connu dans l'une des réalités d'où venaient les membres du groupe... Ou pas, car personne ne fit la moindre remarque à propos de l'air familier du tableau. Ou alors, peut-être qu'ils étaient trop chamboulés et fatigués pour aborder un tel sujet.
En effet, Lucas baillait régulièrement, Lilian s'était assis contre un mur non sans admirer la décoration d'un air aussi sérieux que d'habitude, mais ses cernes laissaient penser que lui aussi avait ses limites, Roland tanguait légèrement et semblait sur le point de s'endormir debout et Marine s'appuyait sur Ponyta qui, à sa grande surprise, avait eu le droit d'entrer sans qu'on ne fasse de remarque à son sujet. Seuls Louka, Zeronos et Pluton semblaient en assez bonne forme, même si cette dernière était allée s'asseoir sur une chaise à l'écart du groupe.

-Bien, je vois que certains d'entre vous sont déjà disposés à rejoindre leurs quartiers pour passer une nuit de sommeil réparateur? demanda Sibylle au groupe.
-Si ça ne vous gêne pas que vos invités aillent dormir aussitôt, non. répondit Lilian. Même si au fond, j'ai l'impression qu'il ne fait pratiquement jamais nuit ici, donc je ne peux pas connaître l'heure. Encore moins si vous avez un système horaire différent du nôtre... Enfin bref, oui, je suis crevé et je pense que pas mal d'entre nous voudraient bien aller pioncer sans risquer de se faire trouer comme des gruyères par des soldats bien peu subtils.
-Soit, si vous voulez bien vous donner la peine de marcher encore un petit peu afin de suivre mes servantes qui vous emmèneront jusqu'à vos chambres...
-Si ça ne vous dérange pas, disposez-vous de chambres assez spacieuses pour plusieurs personnes? questionna aussitôt Lilian.
-Hum... Quelle drôle de question... Enfin, pour vous répondre, les seules "chambres" pour plusieurs sont soit celles à lit double, et je ne pense pas qu'il y ait un quelconque couple de formé dans votre petit groupe, donc il me paraît improbable que l'un de vous soit intéressé...
-Moi je veux bien un lit double pour moi tout seul. intervint Zeronos. Et éventuellement pour une de vos servantes, j'en ai vu quelques unes pas trop mal foutues...

Pluton se faufila rapidement derrière Zeronos et avec une précision époustouflante, exerça une pression à l'aide de son pouce entre son cou et sa joue droite. Ceci ayant pour effet très singulier de forcer Zeronos à... Rire à gorge déployée?

-HA HA HA HA HA HA HA PÉTASSE HA HA HA HA JE TE HAIS HA HA HA HA HA JE TE TUERAIS POUR CA HA HA HA... articula-t-il tant bien que mal tout en s'éloignant du groupe et en gardant une main sur l'endroit où Pluton avait appuyé.
-Donc, vous en étiez à ces chambres pour deux qui, comme vous l'avez bien deviné, n'intéressent pas grand monde parmi nous. continua Lilian. Qu'avez vous d'autre?
-C'est que, ça risque d'encore moins vous intéresser...
-Dites toujours. insista Louka à son tour.
-Hé bien, il ne reste que les dortoirs des soldats et des servantes...
-Y'en a-t-il de libres? demanda Lilian au grand désarroi de la Lady.
-... Oui, j'ai en quelque sorte sur-estimé les besoins de mes troupes, et plusieurs dortoirs sont innocupés, vous devriez facilement pouvoir en trouver un suffisamment spacieux pour la partie masculine de votre groupe, et un second pour les deux demoiselles... Mais, êtes-vous bien sûr que...?
-Oui, pour des raisons pratiques, je pense qu'il vaut mieux que nous restions ensemble. répondit simplement Lilian. Non pas que nous doutions de vous, mais... Ayant eu affaire à quelques schmilbliks surnaturels qui semblent s'acharner sur nous depuis notre arrivée dans ce monde, nous préférons rester en groupe. Du moins je pense que la plupart des gens ici sont d'accords...

Lucas, Louka, et Marine acquiescèrent d'un hochement de tête, tandis que Roland recevait de rapides explications de la part de Pluton et de ses talents de traductrice. Zeronos, lui, était toujours dans la pièce d'à côté à attendre que son rire involontaire cesse et ne put donner son approbation, mais c'était de moindre importance...

-Je... Vois... Donc, mes soldats vous mèneront à des dortoirs libres...
-Si je me souviens bien, vous aviez aussi parlé de faire visiter les lieux à ceux qui ne seraient pas trop fatigués. intervint Louka. N'étant pas vraiment sujet à de telles choses, je considère être suffisamment "pas fatigué" pour visiter.
-Même ha ha chose pour moihaha... ajouta Zeronos qui revint dans la pièce, son rire s'étant presque calmé.

...

Arrivés dans leur dortoir, Lilian, Lucas et Roland purent voir qu'ils avaient exactement la place requise pour dormir là à cinq: deux lits superposés ainsi qu'un matelas, des couvertures et un des coussins stockés dans les armoires que l'on pouvait facilement disposer au sol pour y faire un cinquième lit, certes à l'arrache, mais propre à l'usage. Contre toute attente, Roland choisit lui-même de dormir dans celui-là, laissant les quatre places restantes aux autres, alors que Shaymin venait se blottir à ses pieds. Lucas s'effondra sur l'un des lits au niveau du sol alors que Lilian prit celui juste au-dessus et s'allongea, les bras croisé derrière la tête, attendant de tomber dans les bras de morphée...

Dans un autre dortoir, situé dans l'aile opposée de la demeure, Marine regardait depuis la fenêtre Ponyta qui était partie gambader dans le jardin, et qui s'en tenait à trottiner sur les sentiers afin de ne pas abîmer les fleurs et l'herbe parfaitement entretenus, tandis que Pluton avait timidement étendu des rideaux autour de son lit le temps d'enlever sa combinaison et ses gantelets qui, à son grand désarroi, était tout ce qu'elle avait sur elle à part sa petite culotte noire, ce qui lui fit penser qu'elle aurait peut-être dû investir dans un soutien-gorge, même si il n'y avait à priori presque rien à soutenir...

Elle se glissa sous sa couverture avec la furtivité d'un serpent et se couvrit jusqu'au cou, puis sortit une main de sous les draps, créant des volutes de fumée noire s'étendant du bout de ses doigts jusqu'à atteindre un rideau et l'écarter légèrement afin de voir Marine, qui était toujours appuyée sur le rebord de la fenêtre.

-Tu ne dis toujours rien, n'est-ce pas? siffla-t-elle.

Marine se tourna vers son interlocutrice, surprise qu'elle lui adresse la parole en premier alors qu'elle s'était montrée indifférente aux autres membres du groupe jusqu'à maintenant. De toutes façons, ce n'était pas comme si elle avait été elle-même capable de lui parler, avec ce fichu mutisme qu'elle ne parvenait pas à surmonter alors que pour elle, le choc était en majeure partie passé.

-Tu n'as pourtant plus l'air aussi choquée que quand tu étais dans cet état végétatif plus qu'inquiétant. Si je comprends bien, c'est le fait d'avoir tué une troupe de soldats qui t'a traumatisée.

Marine regarda le sol et pris une expression quelque peu crispée, gardant toujours de mauvais souvenirs de ce moment.

-Ca prouve que tu es une humaine normale. insinua Pluton en se retournant dans on lit.

Marine releva la tête et lança un regard intrigué à Pluton qui, comme si elle savait que son interlocutrice n'avait pas saisi le sens de sa phrase, répondit à nouveau:

-Vous vous croyez toujours en sécurité avec vos lois et votre communauté, mais à la première manifestation de violence, vous ne savez pas quoi faire et vous vous laissez tuer sans réagir. Et même si vous choisissez la solution de vous défendre et de tuer l'agresseur, vous vous effrayez vous-même... Est-ce que ça va vous aider, ça? De tuer la première personne qui vous veut du mal et ensuite rester paralysé par la peur de votre propre force, vous laissant à la merci des suivants? Non, il existe des tas de gens qui refusent l'existence d'autres personnes au point de vouloir les éliminer. Ils ne sont pas affectés par les lois et cette soi-disante égalité qu'il est sensé y avoir entre chaque personne. Le seul moyen de se protéger de ce genre de personnes et de les tuer en premier. Combien de soldats as-tu tué? Une vingtaine, à tout casser? Et tu as peur? Quelle logique est-ce que ça suit? Des gens te voulaient du mal, tu les as tué, tu devrais prendre conscience de la puissance dont tu as fait preuve et décider de t'en servir à nouveau dans toutes les situations similaires. De toutes façons, vos lois comprennent bien cette chose que vous appelez "légitime défense", qui dit que si vous blessez ou tuez quelqu'un qui a voulu vous faire subir le même sort en premier, vous ne pouvez pas être condamné.
Pour moi, ça a été différent, j'ai mis fin à la vie de nombreuses personnes qui ont voulu me faire du mal, ou qui s'en sont pris à mes semblables, comprenant que c'était la seule solution... Sauf que personne n'a jamais voulu comprendre qu'on tuait pour se défendre, et nous nous sommes fait attaquer de nombreuses fois par des gens qui nous ont considéré comme dangereux pour eux... On ne pouvait pas leur faire comprendre. Ils nous attaquaient sans vouloir savoir quoi que ce soit, comme ces soldats qui s'acharnent sur vous sans même vérifier si vous représentez réellement une menace pour eux. Plus on en tuait, plus l'idée qu'ils s'étaient créés se confirmait dans leur tête. Jamais nous n'avons été en paix, et jamais nous n'avons quitté l'idée de tuer pour vivre. Il était déjà trop tard, ces gens s'étaient faits à l'idée que nous étions dangereux et voulaient nous éliminer, mais cette fois avec le soutien du reste de la communauté qui pensait la même chose qu'eux. Ce que nous faisions n'était pas considéré comme de la légitime défense.

Marine resta sans bouger, les yeux écarquillés après avoir écouté les propos surprenants de cette fille qui n'avait presque rien dit avant.

-... Toi, tu es une humaine normale, on ne te juge pas sans fondement et on ne s'en prends pas à ta vie parce que tu appartiens à une certaine ethnie ou que ta façon de penser dérange. Mais tu as la force de te défendre au cas où ça arrive. Prends conscience de cette force et entretiens là sans en avoir peur au cas où ça recommencerait. Moi aussi j'ai eu du mal à m'en remettre la première fois, mais j'étais bien plus jeune, et j'ai vite compris que j'aurais sans doute besoin de le faire à nouveau dans ma situation. Mais je n'aurais sans doute pas survécu si je n'avais pas eu de l'aide, et j'aurais aussi pu tomber dans le désespoir si je n'avais pas rencontré des gens comme moi, obligés d'agir de la même manière, ainsi que la seule personne à laquelle j'aie réellement tenu de toute ma vie... Est-ce que tu as quelqu'un pour t'aider, te soutenir? Voire, est-ce qu'il y a une personne dans ton monde pour laquelle tu souhaites vivre?

La pauvre fille, qui aurait bien voulu répondre à ces propos certes troublants mais néanmoins empreints d'une certaine forme de vérité, ne put encore une fois que regarder sur le côté, réfléchissant à une réponse et à la manière de l'exprimer...

-Suis-je bête... Tu as Ponyta avec toi, j'oubliais presque ça. Qui suis-je pour omettre une chose pareille alors que j'ai moi aussi été aidée par un pokémon... Il faut croire qu'il est passé au second plan quand Arc... Enfin, Drakness, est entré en jeu. Même si j'étais la seule à voir le lien qu'il y avait entre lui et moi, il était bien présent. Identique à celui qui me liait à Rapion, à l'époque, mais cette fois en beaucoup plus fort... C'est de ce genre de lien que je parle. Je ne sais pas comment t'expliquer précisément... Ce n'est pas grave, je suis épuisée et je n'arriverais probablement pas à te faire comprendre, surtout si tu es incapable de répondre... Bonne nuit.

Elle utilisa à nouveau ses volutes de fumée pour tirer les rideaux et se tut, laissant Marine dans le silence le plus complet et surtout dans une certaine confusion suite à la soudaine "discussion" qu'elle venait d'avoir... Elle s'approcha des rideaux pour légèrement les écarter, et vit que Pluton était déjà endormie, repliée sur elle-même sous sa couverture. Elle referma le rideau et retourna s'allonger sur le lit qu'elle s'était choisi près de la fenêtre, afin d'elle même chercher à s'endormir, bercée par les bruits de sabots de Ponyta qu'on entendait venant de l'extérieur...

...

-Parmi tout ce qu'il y a dans cette demeure, la première salle que tu veux visiter, c'est la cuisine? demanda Louka à Zeronos.
-Bah ouais, c'est quoi le problème?!
-Je ne sais pas... Sans doute le fait que, comme moi, tu es virtuel, et donc la fatigue et la faim devraient t'être étrangers, même si contrairement à moi, tu ne disposes pas vraiment de capacités surhumaines...
-Ca, c'est parce que j'ai été créé par un connard qui m'a donné les mêmes caractéristiques qu'un humain normal, donc je suis peut-être virtuel, mais je suis "programmé" pour être "normal", de toutes façons toi-aussi tu peux crever si on te tire une balle dans la tête, mais toi tu peux l'esquiver sans souci. Même si, oui, paradoxalement, je ne suis jamais fatigué et j'ai pas besoin de bouffer pour survivre. Mais moi, je voulais depuis longtemps me casser de mon monde virtuel et goûter aux "joies" du monde réel, entre autres savoir si les vraies meufs sont différentes des quelques PNJs femelles que je me suis tapé, et si bouffer est vraiment si extraordinaire que certaines personnes en font un art, même si perso je trouve qu'un hamburger a l'air plus sympa à bouffer que du caviar.
-Moi ça ne m'intéresse pas trop, j'ai pas envie d'apprécier et après de me sentir dépendant même si je n'en ai pas besoin...
-Fais comme tu veux, mec, moi je compte aller dans le monde réel, mais le bon ce coup-ci, et y rester! Mais en attendant, celui-ci devrait déjà me donner un avant goût.
-Nous y sommes. intervint le soldat qui guidait Zeronos et Louka.
-OK, vous pouvez me laisser ici, je trouverais bien quelque chose pour me faire un buffet...
-Désolé mais je reste avec toi. lança Louka. Je préfère m'assurer que tu ne provoque pas un désastre ou que tu vides le garde-manger tout entier au cas où tu deviendrais accro.
-Pff. Rabat-joie...

Après avoir fouillé dans les armoires et le frigo de l'énorme cuisine a style ancien sous la surveillance de Louka et du soldat qui s'était installé sur une chaise hors de la pièce à côté de la porte; Zeronos avait finalement opté pour une solution très simple: Un sandwich.

-Je pense que tu devrais mettre de la salade là-dedans, parce que mélanger jambon, blanc de poulet, saucisses et fromage ça risque d'être un peu lourd... Déjà qu'une demi-baguette, pour un sandwich...
-Je t'ai rien demandé! La salade, c'est pour les anorexiques au régime! rétorqua Zeronos tout en sortant de la pièce en emportant son sandwich démesuré.

Tout en sortant, Zeronos jeta un coup d'oeil au soldat qui s'était installé dehors, et le dévisagea malgré que son casque et ses lunettes militaires ne dissimule le haut de son visage et donc ses yeux.

-Qu'est-ce que t'as, toi? Tu m'observes depuis que ta troupe nous a trouvé dans la forêt... T'as un problème? Tu me trouves suspect parce que j'ai le teint halé? Hé, je suis pas un beur, pour ton info, alors si tu me prends pour une racaille, tu peux rentrer chez toi. Tu serais arrivé un peu plus tôt avec ton escouade de tantouzes dirigés par une meuf et t'aurais encore pu trouver un p'tit Abdoul dans notre équipe, mais il a du rentrer dans sa banlieue...
-Et pour ton info, intervint Louka, je pense que ce monsieur est capable de différencier une coloration de peau différente due à une pigmentation naturellement plus élevée d'un simple bronzage, étant lui-même bronzé.

Zeronos observa mieux le soldat silencieux et remarqua en effet que la partie visible de son visage avait une teinte foncée.

-Bon alors c'est quoi ton problème?! insista Zeronos.

Pour toute réponse, le soldat se leva et partit en direction des dortoirs sans dire un mot, laissant Louka et Zeronos livrés à eux-même.

-Sans doute avait-il un faible pour toi? demanda Louka. Même si perso je trouverait ça très bizarre...
-Si c'est un pédé, il a pas intérêt à s'approcher de moi...
-Je n'ai pas dit que j'avais quelque chose contre les homosexuels, mais plutôt que, quelque soit la tendance qu'on ait, être attiré par TOI me semblerait implausible...
-Et moi je t'ai pas demandé d'encore me balancer une feinte!

...

Tout en s'éloignant, Ros entendit encore les deux jeunes hommes se disputer jusqu'à avoir rejoint son dortoir et fermé la porte derrière lui. Ce dortoir lui appartenait à lui tout seul. Il s'était toujours mal entendu avec ses congénères, mais s'était vite fait respecter malgré son sale caractère, surtout grâce à ses prouesses en combat et sa répartie qu'il cachait sous son calme olympien, et était au final parvenu à tracer son territoire. Il ne s'était jamais vraiment posé de questions sur ces histoires de mondes parallèles, même si il comprenait plus ou moins de quoi il s'agissait... Et si ces gens étaient vraiment venus accidentellement et n'avaient pas de mauvaises intentions? Il serait peut-être temps de chercher à les comprendre plutôt que de tirer dans le tas... Les intentions de Lady Sybille étaient floues et les ordres venant d'au-dessus n'étaient plus communiqués aux soldats depuis un moment, seulement aux supérieurs... Ainsi les soldats ne pouvaient que suivre les ordres venant de leurs chefs, sans vraiment savoir ce qui se cachait derrière...

Tout ça ressemblait à un comportement paranoïaque, justifié sans doute par les problèmes récents, et l'arrivée d'une bande d'inconnus capables de maîtriser ces animaux étranges qui sèment la pagaille n'a fait qu'empirer les choses... Il vaudrait mieux calmer la situation en faisant comprendre à tout le monde que ces gens ne sont que des visiteurs accidentels.

Mais pour ça il fallait une preuve, or, pour prouver quelque chose en rapport avec quelque chose d'aussi improbable qu'un transfert dimensionnel, il fallait une preuve elle aussi improbable... Et il pensait bien en avoir une, si étrange qu'il avait lui-même du mal à y croire, mais trop extraordinaire pour être une simple coïncidence...

Ros s'arrêta devant le miroir de sa chambre (à quatre lits) et retira son casque et ses lunettes... En légèrement plus vieux, tout collait, jusqu'à la couleur des yeux, pourtant très rare. Ses traits étaient exactement les mêmes que ceux de ce jeune homme qui disait se nommer Zeronos...

A suivre.