Le Projet Orion - Réalité parallèle de ABE

-Je vous hais. maugréa Zeronos tout en marchant, les mains dans les poches.
-Ca alors, et pourrais-je savoir pourquoi? demanda Louka, l'air innocent.
-Parce que parmi tous les mondes dans lesquels j'aurais potentiellement pu atterrir et tous les gens que j'aurais pu y rencontre, je tombe à nouveau sur un monde débile et peuplé de gens qui se croient en droit de diriger ma vie, alors que je pensais m'être définitivement débarrassé de ce genre de situation!
-C'est toi qui a choisi de faire partie de ce groupe, j'te rappelle... répliqua Rachid.
-... Et comme ceux d'avant, vous aussi vous avez toujours un bon point à me renvoyer en pleine face pour me faire taire...
-Tant mieux, ainsi tu te tairas, justement. soupira Louka.
-C'est hors de question! Contrairement à Totor ou Alexend, vous n'avez aucun intérêt à me forcer à faire telle ou telle chose!
-Allons, tu as déjà oublié ma petite démonstration de toute à l'heure? Je suis parfaitement capable de te forcer à adopter un comportement raisonnable.
-Peut-être mais t'y gagnes rien, ce n'est pas dans ton intérêt!
-En effet, ce ne serait plus vraiment dans mon intérêt de forcer un emmerdeur comme toi à rester avec nous pour qu'il EVITE DE CREVER BETEMENT, enfin, ça n'aurait pas vraiment été le cas si tu ne te montrais pas aussi chiant. Autrement oui, j'aurais eu un intérêt à te protéger comme les autres membres du groupe.
-Justement! Puisque vous ne voulez pas de moi, je peux me casser sans que vous ne me colliez aux basques!

Zeronos accéléra le pas et dépassa ses deux compagnons.

-Si c'était pour nous retirer l'envie de te garder avec nous, pourquoi nous as-tu suivi? demanda Louka à Zeronos qui s'éloignait.
-Je sais pas, peut-être parce que j'étais trop habitué à avoir des gens extraordinairement plus puissants que moi pour me protéger, mais là je viens de me rappeler que je sais très bien me débrouiller tout seul! J'ai fait du chemin depuis le début de mon "aventure"!
-Si j'ai bien compris, tu as suivi une aventure scénarisée, et si ton caractère actuel est le résultat d'une quelconque évolution psychologique que les protagonistes d'un récit subissent généralement, je n'ose pas imaginer comment tu étais au début...
-J'étais pareil! Comme si tous les persos constamment en rogne devaient forcément devenir tout gentil youpi-tralala-j'aime-la-vie! Ca n'arrive que dans les histoires, ça!
-Mais tu proviens d'une histoire...
-Une histoire de merde, ouais!

Zeronos reprit sa marche et s'éloigna aussi vite que possible de ses deux compagnons sans pour autant courir.

-Je ne compte plus le nombre de fois où il se contredit... murmura Louka.
-Et... Tu vas le laisser partir? demanda Rachid.
-Non, on va le laisser dans son trip de "je suis un gros dur, je me débrouille tout seul, vous êtes tous des nuls", on va attendre qu'il ait prit un peu d'avance et puis je vais le suivre à la trace, ce gamin est tellement nerveux que je peux pratiquement le suivre grâce à la chaleur qu'il émet, sans compter le bruit qu'il fait à marcher comme un gros bourrin dans la forêt tout en râlant, je l'entends encore très clairement d'ici. Ce sera comme si on l'accompagnait, et au moins il ne nous tapera pas sur les nerfs.
-Ouais mais il a pas l'air de savoir où il va, à la base c'était toi qui devait nous guider, et là on va devoir le suivre...
-Si je sens qu'il se précipite tête baissée sur un danger, j'interviendrais, bien sûr.

Louka se mit à son tour à avancer maintenant que Zeronos n'était plus visible, suivi par Rachid qui trottinait derrière lui pour garder le rythme avec sa marche rapide.

...

Le groupe de Lucas était toujours occupé à errer dans la forêt, Roland restait toujours aussi silencieux, mais néanmoins attentif à tout ce qui pourrait se passer, ce qui l'avait au passage amené à remarquer que la jeune fille maigrichonne et à la féminité peu prononcée devenait de plus en plus nerveuse, regardant autour d'elle d'un air frustré comme si elle cherchait quelque chose pour évacuer une rage intérieure. Mais tout cela, Lucas ne l'avait pas remarqué, il était toujours en train d'observer attentivement le chemin qu'il suivait, s'éclairant à l'aide de la marque sur sa main pour être sûr de ne pas tomber bêtement dans un piège, voire nez-à-nez avec un pokémon camouflé dans l'environnement, avec ce qu'il avait vu jusque là, il s'attendrait presque à rencontrer un Wailord de la même couleur que le feuillage, prêt à les prendre en embuscade...

Sa concentration fut interrompue quand il entendit quelqu'un pousser un râle de colère, il se retourna aussitôt et vit que Pluton s'était arrêtée et avait levé le regard au ciel, posé ses mains sur son crâne et serrait les dents, comme si elle était subitement prise d'une frustration assez impressionnante.

-Ca suffit! On ne va pas passer notre temps à rien faire à part marcher dans cette forêt! Il s'est passé bien trop de choses ces derniers temps pour que je reste inactive! hurla-t-elle sans s'adresser à qui que ce soit en particulier.

Roland fit un pas en arrière, surpris par cet accès de rage, sans comprendre un mot de ce qu'elle disait, mais il voyait bien qu'elle en avait plus qu'assez de cette ambiance de mort et allait probablement prendre des initiatives.

Et en effet, elle s'entoura soudainement d'une aura pourpre et difforme, un peu à la manière de l'un des deux jumeaux, le plus sinistre des deux, à la mémoire de Roland. Cette aura créa un souffle puissant au moment où elle apparût, et aussitôt après, la jeune fille fit un bond, tout aussi impressionnant que celui des deux jumeaux lors de leur espèce de concours de coup de pied sauté au-dessus du lac; qui la fit traverser les feuilles des arbres aux-dessus d'elle, brisant plusieurs branches sans que ça ne l'arrête. Roland et Lucas purent la voir rester en l'air à plusieurs mètres au-dessus d'eux, pour ensuite retomber et atterrir à pieds joints entre les deux hommes.

-Tu... Tu peux me dire ce que tu fabriques? demanda Lucas, encore confus.
-Je voulais m'assurer que nous n'avancions pas vers du vide. Et j'avais presque raison, on aurait pu continuer à errer parmi les arbres pendant des jours si nous avions continué à marcher dans cette direction.
-Comment ç... Tu veux dire qu'il y avait quelque chose d'important qu'on aurait pu louper? Qu'est-ce que tu as vu?
-Un manoir, et d'après ce que j'ai senti, il n'y a personne dedans, ou alors trop peu d'habitants pour que je les détecte.
-Un manoir? Il y a une habitation dans cette forêt sans fin?!
-C'est ce que je crois, et même si il est visiblement abandonné, on ferait mieux d'aller jeter un coup d'oeil, peut-être pourra-t-on y faire une halte et se reposer... Je sens la fatigue me gagner, preuve que je suis bien dans un monde réel et pas ce jeu stupide, où les choses comme la faim et le froid n'existaient pas... conclut Pluton en se mettant à marcher dans une nouvelle direction.
-C'est étrange, intervint Lucas en suivant Pluton, en dehors de Louka, avec les jumeaux et l'autre nerveux, tu es la quatrième personne à venir d'un monde virtuel et à en parler comme d'un monde idiot que vous vouliez quitter à tout prix, et tu viens de nous dire que là-bas, les gens ne sont pas soumis aux choses comme les besoins vitaux... Qu'est-ce qui faisait de son monde un lieu à fuir à tout prix alors que ce dernier point a l'air plutôt pratique?
-De deux choses l'une: Tous les humains qui se sont retrouvés sans prévenir dans ce monde virtuel n'étaient pas forcément au courant de tout ça, et leur cerveau était toujours habitué aux besoins auxquels ils étaient soumis dans leur monde, et donc perdaient parfois les pédales. Je faisais partie des gens qui ont rapidement compris que n'être qu'un amas de donnée nous retirait la plupart de nos obligations d'êtres vivants. Mais de l'autre côté, certaines choses pourtant propres à ce que seul un être vivant peut ressentir était toujours d'actualité, nous arrivions toujours à avoir des sentiments... Et le plus étonnant était que la douleur et la mort existaient toujours. Ca nous a toujours semblé illogique, mais après tout, la nature de ce monde était tellement vague, qui sait quel genre de taré l'a mis au point. Déjà qu'on avait affaire à un autre taré qui s'est amusé à modifier une partie de ce monde pour nous enfermer à l'intérieur... Enfermés dans une partie d'un monde duquel nous étions déjà prisonniers, quelle guigne... murmura Pluton en serrant les dents.
-Le type dont Alexend nous a parlé lorsqu'on l'a rencontré? Il nous a aussi dit un truc à propos du MMORPG bidouillé par quelqu'un.
-Moui, et dire que ce guignol s'était servi de ses étranges pouvoirs de contrôle sur ce monde virtuel qu'il avait obtenu on-ne-sait-comment pour aider notre groupe, au final, il a bien manipulé tout le monde, d'une façon tellement débile que même si on se l'était imaginé, on aurait directement jeté la théorie à la poubelle tellement elle était absurde. Il a eu ce qu'il méritait, tailladé dans le dos par mon maître, poignardé dans le torse par Zeronos et puis jeté du haut du mont couronné pour disparaître dans une explosion digne d'une bombe H. détailla la jeune fille en esquissant un sourire de vengeance satisfaite.
-Aïe... murmura Lucas
-Uq'tse-ec euq ut sid? Nu nomékop eriadnegél tneiv ertîarappa'd snad ettec têrof?

Lucas et Pluton se tournèrent vers Roland qui marchait derrière eux, l'air de se demander si il disait quelque chose d'important sans y espérer. L'homme au dialecte incompréhensible semblait à l'écoute de Shaymin qui poussait de petits cris à son adresse.

-Aiklap es evuort ici?! s'écria-til soudain, effaré.

A peine eut-il fini sa phrase qu'une puissante explosion retentit au loin, faisant trembler le sol, suivie d'un cri étrange clairement audible malgré la grande distance qui les séparait de ce qui avait provoqué tout ce boucan.

-Nom d'un caninos, qu'est-ce que c'est encore que ça?! s'exclama Lucas qui étai tombé assis par-terre.
-Je vais voir, répondit Puton, mais je vous préviens, je n'aurais plus forcément la force de refaire un tel bond après, j'étais très forte dans le monde virtuel grâce à l'absence de fatigue, mais je ne suis pas très endurante en réalité...

Elle refit à nouveau un saut digne d'une puce géante boostée aux stéroïdes pour dépasser la cime des arbres, et revint au sol quelques secondes après, posant un genou à terre.

-Je vous l'avais dit, je suis déjà à bouts...
-Ce n'était pas la peine de faire tout ça, je pouvais très bien appeler un pokémon pour qu'il aille voir...
-Bah! Tout faire faire à vos bestioles! C'est bien une des raisons pour lesquelles mon maître détestait tant les humains! Vous avez de la chance que je me sois repentie en même temps que lui sinon...
-Bon, calme-toi... hésita Lucas, décontenancé. Qu'est-ce que tu as vu?
-Le Palkia de Zeronos qui faisait un carnage, probablement au sein d'une troupe de ces poursuivants dont vous avez parlé. Mais ne vous inquiétez pas pour lui, je peux sentir sa présence aussi grâce à ses pouvoirs dont il avait failli vous faire une démonstration lors de notre arrivée, il va très bien. Et puis avec ce Louka qui, si j'ai bien compris, est pire qu'un super sayen perdu dans Matrix, ils devraient s'en sortir...
-Je... Vois... Et donc, lui aussi il a un légendaire virtuel? Alexend et Drakness nous ont dit que tous les gens venant du monde virtuel en avaient un...
-Non, lui, c'est le vrai Palkia, le seul, l'unique, ou en tout cas dans la réalité d'où on vient, idem pour Celebi qui lui a donné ses pouvoirs.
-Bon, heu, on va arrêter de parler de ça, ça va finir par me donner la migraine... On a un manoir abandonné à aller inspecter, et vu que le groupe de Louka assure sa propre protection, on n'a pas trop à s'en faire, de toutes façons, ce n'est pas comme si on pouvait faire quelque chose avec la distance qui nous sépare...

...

-Die, motherfuckers! hurla Zeronos qui s'acharnait, vêtu d'une armure apparentée à Simiabraz, à projeter furieusement des boules de feu vers des soldats qui avaient tenté de le prendre en embuscade.

Louka arriva sur le champs de bataille pour voir que le jeune garçon et son 00ber avaient déjà bien fait le ménage, des soldats couraient un peu partout, soit parce qu'ils étaient en feu soit parce qu'ils étaient paniqués à la fois à cause de leur adversaire qui s'était montré bien plus dangereux et agressif que prévu, ainsi que l'espèce de dinosaure nacré qui était sorti de nulle part et qui avait littéralement créé un mini-trou noir d'un coup de griffe dans le vide, aspirant un tank et plusieurs soldats; et qui maintenant piétinait sauvagement leur second véhicule blindé, apparemment furieux de s'être fait tirer dessus, malgré que l'obus n'aie pas eu l'air de l'affecter.

-Les laisse pas s'enfuir! ordonna Zeronos en désignant les derniers soldats qui s'enfuyaient en groupe. Mais laisse-m'en un, un seul!

Palkia obéit aussitôt et donna un grand coup de griffe devant lui, créant une vague d'énergie qui se dirigea vers le petit groupe de soldats, et se sépara en deux avant de les toucher, les fauchant tous d'un coup à l'exception de celui du milieu qui s'immobilisa de peur en voyant ses compagnons tomber au sol, leurs corps tranchés net au niveau de la taille. Il entendit un cri de rage dans son dos et se retourna lentement malgré sa paralysie, et ne trouva aucun moyen de réagir en voyant le jeune homme en armure Simiabraz bondir vers lui.

-Asshole! Piece of shit! Twat! Motherfucker! Bitch! s'égosilla Zeronos en tabassant le soldat à terre

Louka arriva à côté de lui à toute vitesse et l'attrapa par le col pour l'éloigner du survivant qui avait déjà le visage dans un triste état, mais qui était toujours en vie.

-Comment comptes-tu lui soutirer des informations si tu le massacres?! réprimanda Louka.
-Des informations? Je l'ai épargné pour me défouler sur sa sale gueule, pas pour lui faire un interrogatoire!

Louka soupira et poussa Zeronos en arrière pour ensuite ramasser le soldat mal en point et le porter sur son épaule comme un fétu de paille.

-Bon, écoute, je sais pas vers où tu comptais aller comme ça, mais je ne pense pas qu'errer sans but tout en tuant jusqu'au derniers les quelques personnes potentiellement capables de nous donner des renseignement sur le monde dans lequel nous sommes aura une quelconque utilité pour l'un de nous. Donc ce qu'on va faire, on va se diriger par-là et... indiqua Louka en montrant une direction du doigt.
-Pourquoi par-là précisément? interrompit Zeronos.
-Parce qu'il y a quelques centaines de mètres, Rachid et moi avons trouvé une pancarte, que toi tu n'as pas remarqué à force d'avancer sans te poser de questions; qui indiquait la direction d'un lieu habitable, ce lieu habitable, nous l'avons même aperçu au bout du sentier indiqué. Et tout en faisant le chemin pour te rattraper, j'ai calculé dans quelle direction il fallait aller pour arriver à cet endroit depuis notre position, et le résultat est: Par-là. expliqua Louka en montrant à nouveau la même direction. On va aller jeter un coup d'oeil, peut-être s'y planquer un moment, et en profiter pour faire un petit interrogatoire à notre otage, en espérant qu'il soit encore capable de s'exprimer après ton passage, monsieur le dentiste hardcore.
-Pff, ça va, si on ne peut même plus s'amuser...

A suivre.