Le Projet Orion - Réalité parallèle de ABE

NDLA: J'ai profité de l'irruption de Crista_Aura et de son personnage pour introduire une foultitude de références liées au monde "réel" dans le chapitre original (avec son accord bien entendu). Encore plus sont au programme dans cette version corrigée... Votre mission, si toutefois vous n'avez rien à faire, sera de toutes les trouver... On n'avance peut-être pas beaucoup (encore que comme son nom l'indique, il fasse une mise au point et permette de remettre certaines pendules à l'heure...), mais qu'est ce que j'ai pris mon pied à pouvoir ENFIN faire des vannes sans avoir la contrainte de ne pas être dans "notre" monde, qui n'a donc pas les mêmes références... (au passage, l'allusion à la livebox n'est certainement pas de la pub pour la boîte qui la produit, mais au contraire, une référence à la surtension qui avait grillé ma livebox MÈZOSSI un téléphone et qui avait rendu deux lignes fixes totalement HS...)

Bref, enjoy

"Ah ben c'est pas fameux, on peut pas vous laisser deux secondes sans que vous foutiez une merde noire à 300 km à la ronde."
Les constatations de Louka tombèrent dans l'oreille d'un sourd. Enfin plutôt dans l'oreille de trois personnes inconscientes et une qui ne parlait pas trop la langue du pays. Cependant, Rachid était déjà assez éveillé pour reconnaître cette intonation. Bizarrement, elle évoqua dans son esprit l'image d'un peignoir avant qu'il ne trouve finalement le propriétaire de cette voix dénuée du moindre soupçon de remords.
"Louka ?"
Pour toute réponse, l'humain virtuel sauta de la branche de l'arbre duquel il s'était accroché pour profiter du spectacle. Devant Rachid, il se renseigna:
"Ca va vieux ?
-Mieux qu'il y'a quelques minutes. Tu es là depuis longtemps ?
-Le temps de voir leur petite ballet aérien. Sinon tant qu'on en est à discuter chiffons, ta nouvelle coiffure est à chier, je te préviens.
-Si c'est que ça, je m'y ferai.
-Le glandu avec sa barbe de trois jours qui te regarde comme un hibou regarde le mulot qui lui servira de repas, je dois lui montrer ses intestins ou il est avec toi ?
-Compagnon d'infortune, mais compagnon quand même. Sans lui, je serai pas loin d'être un tas de cendres, fit Rachid en se relevant.
-Et il a un nom, le compagnon d'infortune ? demanda Louka.
-Ej en sdnerpmoc sap ec euq suov setid... répondit l'inconnu.
-Sympa comme nom, on t'appellera tout à fait arbitrairement "Machin", si ca ne te déranges pas.
-Tu comprends ce qu'il dit ? demanda le maghrébin en regardant le reflet de sa tête chauve dans l'eau du cours d'eau.
-Même pas, c'est pas répertorié dans ma base de données. Je chercherai bien un point wifi pour une mise à jour, mais d'une part les Livebox courent pas les bois et d'autre part, je pense pas que ce soit un dialecte de ce monde. Les soldats parlaient la même langue que moi dans mon souvenir."

"Un type comme nous, tu penses ? s'enquit Rachid, plus sérieusement.
-Vu comme il est sapé, complètement à l'ouest et assez doué pour faire des trucs bizarre, ce qui est notre principale caractéristique à tous, ouais. M'enfin, si ca se trouve, c'est un humain du coin avec un bidule en plus acheté à Téléshopping. Ceci dit, si t'étais vraiment brûlé, c'était grâce, enfin à cause de Marine. Or elle a frappé fort, tu as du marraver si t'étais dans le coin. S'il t'a soigné, c'est vraiment que le Téléshopping vend des trucs énormes sur cette planète.
-En parlant de Marine, où est le reste du groupe ?
-Je les ai discrètement laissé derrière moi quand Marine a manqué de tous nous faire brûler vifs, y compris elle-même pour "intimider l'ennemi". D'ailleurs, si Machin peut faire quelque chose pour elle, ca serait pas de refus, elle a été salement amochée.
-On lui en parlera, enfin, s'il comprend. Et le reste du groupe ?
-Lilian doit m'avoir suivi, même s'il va moins vite que moi et se méfie d'éventuels soldats qui ne sont plus dans la zone, Lucas est avec Marine et "Rooooooooooxanne, you don't have to put on the red light..." va assez bien, termina t'il en prenant une voix plutôt aigüe pour un homme, mais néanmoins bien posée et agréable à entendre, telle celle d'un chanteur d'un autre temps. J'ai pas vérifié mais à mon avis, elle sera sans doute heureuse de te savoir en vie. Si j'en ai oublié d'autres, ne m'en veut pas, je connais pas encore tout le monde.
-Alexend et Drakness ? demanda Rachid
-Ah, je savais que j'oubliais quelque chose, fit Louka en sautant dans le lac."

Jetant le fusil mitrailleur, qui contenait encore de balles, à terre, Louka plongea ensuite dans le lac. Le mouvement des courants, le temps écoulé, le poids des deux hommes, autant de données qui défilaient dans sa tête dans une équation de mouvement qui lui donnaient à chaque instant leurs positions dans la masse d'eau. Sans mal, il repéra Alexend, puis... puis l'autre Alexend qu'il remonta ensuite sur la berge, tous deux inconscients, il les jeta sur la berge au pied de Rachid et Machin:
"Tu comptes leur faire du bouche à bouche ?
-Euh non, pas tellement, fit Rachid dégoûté.
-Dans ce cas, conclut Louka en donnant un violent coup de pied sur le ventre des deux hommes."
Chacun des deux, en réflexe à la pression exercée par le pied, cracha vivement de l'eau et reprit conscience.
"Très bien, j'aurais été bien emmerdé si vous aviez vriament été noyés. S'il avait fallu choisir l'un de vous et lui rouler une pelle pour le réanimer, bonjour l'angoisse. Surtout qu'avec Lilian qui ne saurait tarder, je serai encore dans une situation gênante.
-D'où tu sors ? demanda Alexend, je croyais que personne ne nous avait suivi ?
-Ca c'était avant que tu fasses le malin avec l'autre Alexend. Votre baston plus la zone de nuit en plein jour, on vous suit à la trace.
-La nuit, c'était moi, constata Alexend (l'autre)."

Ce fut le moment que choisit Lilian pour arriver. Les deux hommes, presques jumeaux à terre, Rachid indemne, mais chauve, alors qu'il l'avait laissé dans les mains de l'ennemi, plus Louka triomphant et un inconnu en haillons, il ne put laisser échapper une constatation évidente:
"Je sais pas ce que vous avez fait ici, mais je me demande quel groupe de psychopathes je préfère.
-Toi aussi, t'as remarqué que Marine avait légèrement pété un câble ? constata Louka. A choisir, je préfère ces deux lascars. Au moins, ils sont tarés, mais désormais, je crois que je sais de quoi ils sont capables.
-Au fait, demanda Rachid, lequel de vous est Alexend ?
-C'est moi, répondirent les deux.
-On va reformuler, expliqua Lilian, lequel de vous est arrivé sous sa forme Alexend dans ce monde ?"
Cette fois-ci, seul l'un des deux leva une main.
"Et ben, on y arrive, constata Rachid. Encore une histoire de dingue. Pourquoi vous vous combattez si vous savez que vous êtes la même personne ?"
A cette question, les jumeaux se tournèrent l'un vers l'autre, puis à nouveau vers Rachid en demandant encore en même temps:
"Qui a gagné ?
-J'étais dans les vappes, je te rappelle, grillé comme une viande sur le feu.
-A vue d'oeil, je dirais plus ou moins égalité, fit Louka. L'angle d'impact, vos positions respectives dans le lac. Vous avez tous deux volés vers l'arrière avec une force plus ou moins égale l'un et l'autre.
-Egale comment ? demanda celui des deux jumeaux qui s'était présenté comme Drakness.
-Force égales, à un ou deux Newton près. Premièrement, j'ai pas toutes les données du choc. Le calcul s'en trouve approximatif. Deuxièmement, j'apprécierai qu'on ne me considère pas QUE comme une calculatrice fonctionnelle sur pattes, ou un Vista dernier cri. Mon corps est formé de chiffres, mon esprit s'exprime en pensées humaines, même si ce n'est peut-être qu'une interface... Troisièmement, je vous rapelle que Marine a mis le feu à la moitié de la forêt, que Drakness se fait son cycle jour-nuit personnel, que Lucas a, si j'ai bien compris, le pouvoir de contrôler un pokémon assez dark et unique, que notre inconnu ne parle pas notre langue et qu'il soigne assez bien les grands brûlés pour selon qu'il n'a que ses mains en guise de pansement. Alors côté exceptionnel, je n'ai vraiment rien à vous envier."

Le silence s'empara de la petite plage de sable grossier au bord du lac. Tout le monde s'engueulait, donc tout allait bien. Seul Machin semblait perdu:
"Ùo sius ej ?
-Traduction ? demanda Alexend.
-Dialecte inconnu pour ma part, expliqua Drakness.
-Pas une langue vivante de là d'où je viens, ni même une langue morte ou un code informatique connu, expliqua Louka. Je peux lancer une reconnaissance syntaxique, mais ca sera long.
-Et on peut comprendre ce que TOI, tu dis, au moins ? demanda Rachid.
-En fonction des situations, la probabilité que Machin emploie tel ou tel mot varie. Devant une source d'eau à laquelle il ne peut pas accéder, il y'a plus de chances qu'il dise "J'ai soif !" que "J'ai un trou dans ma poche". En général, il emploiera plus souvent des mots comme "de" "à" "le" "la", "maison", "nuit", "manger" que "nonobstant", "curriculum vitae" ou "anticonstitutionnellement". En fonction des situations, il utilisera des mots différents aussi. Avant de manger, il dira "J'ai faim", après, ce sera plutôt "Quelqu'un d'autre à faim ? Ou le contraire si c'est un copain de grand monsieur avec une couronne d'épines fixé sur sa croix depuis 2000 ans."
-Et ca prend du temps ? demanda Rachid sans toutefois saisir toute l'allusion au monde réel que contenait la phrase de Louka.
-Beaucoup pour les premiers mots. Après, avec des bouts de phrase, on trouve le reste plus facilement. La tâche est bien évidement plus facile si on a un ordi qui enregistre chaque mot en permanence. Et ca dépend de sa propension à causer.
-Loin de moi l'idée de te commander, demanda Lilian, mais même si tu es assez humain, tu restes quand même le seul de nous tous à pouvoir faire ça. Si c'est possible pour toi, peux-tu essayer de nous rendre ce service, s'il te plaît ?
-Demandé si gentiment, j'accepte avec plaisir, fit Louka sans montrer toutefois la moindre once de satisfaction. C'est pas compliqué, vous voyez ?"

Avec un peu de patience, le petit groupe s'assit par terre, en attendant l'arrivée de Lucas et des filles. Louka gardait une oreille aux propos de l'inconnu et en prêtait une autre à Lilian, Rachid et aux jumeaux qui essayaient de raisonner sur la marche à suivre:
"Tu arrives à décrypter ? demanda le maghrébin.
-Deux choses semblent sûres. Un mot revient souvent: "Roland".
-En tant qu'inconnu, il veut sympathiser, il nous donnera son nom, rebondit Alexend.
-C'est ce que je pense aussi, fit Louka, la deuxième chose est plus intéressante. Il réagit assez bien au mot "Pokémon". Et même s'il la garde jalousement, j'ai cru apercevoir une ball passer furtivement.
-Machin s'appelle donc Roland, fit Rachid. Dans ce cas, Mer-ci-Ro-land, fit-il en détachant bien chaque syllabe, et en montrant un signe de la main qui formait un arc de cercle partant de sa poitrine pour aller vers son interlocuteur, tout en baissant respectueusement la tête.
-Mar-si-Roland ! répéta l'intéressé."
Alors que Rachid se congratulait d'avoir noué le contact, les jumeaux et Lilian restèrent seuls à parler:
"Vous avez l'intention de vous entretuer ? demanda ce dernier.
-Ca dépasse largement ce que tu peux comprendre, expliqua Drakness, cependant je sais qui est réellement l'homme à côté de moi.
-Et moi je pense qu'il dit vrai, répondit Alexend. Tu peux t'attendre à une relative stabilité pour une durée indéterminée.
-Dans ce cas, expliqua Lilian, on fait quoi ?"

"Le mieux c'est de trouver une ville, répondit Drakness
-Et de se jeter dans la gueule du loup ? Pas question !
-Il a raison, fit Alexend. Il y'a certainement une police et des gens qui vont nous tomber dessus. Mais ils ne nous cherchent pas tous. L'armée garde les infos, c'est connu, et les civils n'aiment pas trop les militaires en général. On pourra pénétrer au coeur de la ville sans être inquiété. On rentre, on trouve un bâtiment où siège quelqu'un d'autorité, on lui parle et soit ca foire et on repart en cavale grâce à Gallame, soit on a un port d'attache ici. On a de quoi monnayer.
-Quelle monnaie ? demanda Drakness.
-Les Pokémon, comprit Lilian. On sort d'une base hyper protégée. La grotte était barricadée par une lourde porte qu'un Pokémon ne pouvait pas soulever. On voit qu'il les craignent comme la peste.
-Exactement, et en filant une ou deux balls vides à leurs scientifiques, on leur explique comment transformer leur plus grande peur en un allié puissant.
-Ca se tient, fit Lilian. Drakness, ton avis ?
- Ils doivent avoir la technologie pour trouver un équivalent à la ball, vu le char en lévitation magnétique que j'ai vu en sortant de la grotte. Il reste à trouver une ville, on en a peut-être pour plusieurs dizaines de kilomètres. Mais vu la situation, on ne risque rien de plus en tentant ça.
-Ca me va, on récupère les autres et on y va.
-A ce propos, je suis le seul à trouver bizarre qu'ils ne soient toujours pas là ? Louka a coupé par les bois, mais toi tu as bien pris le seul chemin à des kikomètres à la ronde ? Et il menait ici ?
-Dans le meilleur des cas, ils se sont perdus, expliqua Drakness, dans le pire..."
Lilian eut un frisson. Les trois se relevèrent dans un sursaut et devant l'hésitation des trois autres, il ajouta:
"Je crois qu'on a un problème. Du genre flippant, tellement prévisible, mais qu'on a pourtant pas vu venir..."