Le Projet Orion - Réalité parallèle de ABE

Roland parvint d'un mouvement d'expert à libérer son bras droit des liens qui l'entravaient.
Il sentait la chaleur des flammes montantes sur ses jambes nues, et le regard méprisant de la foule braqué sur lui, attendant avidement la fin de son exécution.
Personne n'avait remarqué son manège, mais il ne bougea pas, orientant sa tête vers le ciel avec peine, la croix de bois sur laquelle il était fixé l'empêchant de prendre la posture voulue.

Roland était serein. Il était l'heure pour lui de mourir, après tant d'années passées sur cette Terre.
La fumée commençait à créer un barrage entre lui et son « public », et il choisit ce moment pour baisser son bras libéré et s'emparer de sa Pokéball.
Il était temps de se libérer de son ami, qui l'avait suivi durant toute sa vie…
Il était temps pour eux de se séparer, de continuer leurs routes respectives seuls.
Le feu mordait maintenant la chair de l'homme, qui broncha à peine, insensible ou presque aux souffrances humaines qu'il avait déjà tant subies.

Cependant, un archer royal l'aperçut, et, pensant qu'il allait utiliser son Pokémon pour s'enfuir, encocha une flèche, banda son arc, et tira.

« On a vécu pas mal de choses ensemble… » murmura Roland à sa Ball.
Le déchirement du bois brûlé couvrait sa voix, mais il savait que son Pokémon l'entendait.
« J'espère que tu ne m'en veux pas, mon ami… »

Le trait fila en direction du brasier, perçant la fumée, pour s'enfoncer profondément dans la poitrine de l'homme, et dans la croix sur laquelle il était attaché.

Surpris, il adressa un dernier regard au ciel, avant d'esquisser un mouvement pour libérer son ami.
L'archer encocha une seconde flèche.

Et un éclair frappa la croix.
Un déchirement atroce se produisit, un son d'une ampleur incroyable, alors qu'une fourche rougeoyante fondait sur l'homme grièvement blessé, dessinant dans le ciel bleu du matin un sillon pourpre et scintillant.

L'archer décocha sa flèche.

Le vortex atteignit Roland, et le trait traversa le bois, sans rencontrer de chair humaine.
Roland avait disparu.


D'abord la chaleur, l'horrible souffrance de la brûlure sur ses pieds, le déchirement de la flèche dans son ventre…
En voyant cette lumière rouge foncer sur lui, Roland pensa que c'était la mort qui venait le chercher.
Il inspira profondément… de l'eau.
Le liquide glacé coula dans sa gorge alors qu'il se débattait faiblement, ignorant où il était et ce qui avait pu se passer.

Tout était bleu.
Il était sous l'eau, sans oxygène, et blessé.
Au moins, ses brûlures ne le faisaient plus souffrir.
Dans un dernier réflexe de survie, il agita ses bras, tenant toujours fermement sa Pokéball dans une main, et se poussa vers la surface.
Il laissait une trace de sang derrière lui, la flèche toujours plantée dans son corps.
Roland avait les poumons en feu mais il se démenait, puisant dans ses dernières forces.
La surface restait hors d'atteinte, lointaine…
La vision de l'homme se brouilla, alors que ses gestes devenaient moins rapides.
Il ouvrit la bouche…
Et coula, lentement.
L'eau s'infiltrait maintenant dans sa gorge et dans son nez, alors qu'il tentait de respirer profondément.
Un masque de douleur et de surprise se figea sur son visage alors qu'il sombrait.

Un rayon rouge jaillit de sa ball et une vague forme blanche attrapa les haillons dont il était vêtu, le tirant puissamment vers le haut. Il creva la surface, prenant conscience qu'il était en vie au moment où ses yeux restés trop longtemps ouverts le brûlèrent, aveuglés par une lumière intense. Tentant de respirer, il ne parvint qu'à tousser, s'agitant frénétiquement dans l'eau, avant d'arriver à capter un peu d'oxygène. Son ami l'avait sauvé, et il retourna rapidement dans sa Pokéball, lui aussi épuisé.

Roland nagea jusqu'à la rive, ignorant tout le paysage qui l'entourait, désirant seulement être au calme pour quelques minutes. Il avait l'impression de rêver, que tout ce qu'il voyait n'était pas réel, et son exécution lui paraissait lointaine…
Il se hissa difficilement sur la berge, crachant et suffoquant, cassant au passage la flèche qui dépassait de son ventre. Elle se déplaça, et il serra les dents de douleur.

Un bruit de pas se fit entendre et un homme étrangement vêtu se dressa devant lui, aboyant des ordres dans un langages incompréhensible, tenant une curieuse machine braquée sur Roland.
C'était en métal apparemment, noir et d'une forme étrange.
Le bout était percé et braqué droit sur l'homme blessé, encore à moitié dans l'eau.

Ignorant le danger auquel il était exposé, il attrapa le canon de l'arme comme pour se hisser, pensant que le nouveau venu était son sauveur.
Celui-ci, surpris, pressa la détente de son fusil mitrailleur.

Par chance, un seul projectile atteignit Roland, traversant son œil gauche, libérant un flot de sang alors que l'homme s'effondrait dans l'eau.


Nom : Inconnu
Prénom : Roland
Sexe : Masculin
Signe particulier : Roland serait né à l'instant précis où un Leveinard rendait l'âme, acquérant de nombreux pouvoirs curatifs, tabous dans son époque moyenâgeuse.
Age approximatif : Trois cent ans, les pouvoirs mystérieux dont il est doté l'empêchant de vieillir, et l'emprisonnant dans l'enveloppe charnelle d'un adolescent de dix sept ans. Il reste cependant mortel, mourant s'il est décapité ou si son cœur et son cerveau subissent des dommages trop importants.
Le monde duquel il vient : Inconnu, dans une vieille époque, où Roland a faillit être brûlé pour sorcellerie, soignant par imprudence un enfant blessé à mort par un cheval enragé.
(Note : Il est peut être l'ancêtre d'un autre personnage d'Orion…)
Pokémon : Un seul lorsqu'il est envoyé ici, un Togetic qu'il a acquis lorsqu'il avait quinze ans, et qui est étrangement lié à lui ( toujours vivant après tout ce temps. )
Caractère, description : Grand, assez mince sans être maigre, cheveux châtains clairs, yeux très noirs.
Peau matte, tannée par le soleil.
Roland est assez « tranquille » et difficilement impressionnable (il a de l'expérience quand même). Malgré ça, se retrouver téléporté dans un monde inconnu avec des armes bizarres et futuristes, ça le désoriente un peu.
Oh, et Roland ne parle pas la langue des autres personnages, il appartient à une époque plus ancienne.

...

Avant même de toucher la surface de l'eau, aveuglé par la douleur insupportable et le projectile encore présent dans la tête qui lui brûlait la cervelle, Roland laissa son don envahir tout son être.
Le corps creva la surface pour être englouti, comme au ralenti.
Il coula quelques secondes, avant de se contracter brutalement.
Une lumière aveuglante jaillit de la cavité qui abritait son œil gauche quelques secondes auparavant, et la balle du fusil en ressortit, traînant derrière elle une gerbe de sang.
La lumière disparut, alors que les tissus se recousaient d'eux-mêmes, à une vitesse folle.

Les chairs rosâtres du cerveau reprirent leur place, créant une nouvelle matière pour remplacer l'ancienne qui avait été purement désintégrée. Des nerfs optiques neufs poussèrent de ce paquet de chair, dérivant dans l'eau sans œil à connecter. Mais déjà leurs extrémités s'échauffaient, supportant maintenant un globe transparent. Une pupille apparut au centre, alors que la petite sphère prenait une couleur blanche opaque, striée de lignes rouges, des vaisseaux sanguins déjà éclatés, comme mort-nés. La pupille reprit sa couleur noire de base, et s'agita dans l'œil, qui dérivait à quelques centimètres de la tête de Roland, encore hors de son orbite.
L'homme remonta à la surface, et s'accrochant à la berge, s'empara de son nouvel œil qui pendait sur sa joue, pour le remettre à sa place en un « plop » retentissant.

Se hissant sur la terre, il arracha la flèche de sa poitrine en serrant les dents, et respira quelques secondes, ses tissus se régénérant rapidement. Seul un trou subsistait dans sa tunique rapiécée, sans aucune trace de sa précédente blessure. Ses pieds noircis étaient désormais d'un rouge vif, certainement à cause de la température de l'eau.
Son œil avait fini de se réparer, et sa vision floue redevint nette. Il s'intéressa alors à ce qu'il voyait.
Une silhouette noire avait plaqué le type qui avait fait feu sur lui avec son étrange instrument, et le rouait de coup en hurlant.
Secouant la tête, l'homme détailla son sauveur.

Il était entièrement noir.

Ses vêtements avaient disparu, ses cheveux aussi. Sa peau était d'un noir uniforme jusqu'au cou, craquelée par endroit, et ses yeux communiquaient une douleur atroce, impossible à surmonter. Il assena un dernier coup de poing au soldat, et un de ses doigts se détacha de sa main, tombant dans l'herbe un peu plus loin, inerte.
A part ses mains et son visage ravagé par un feu mortel, le reste de son corps avait été quelque peu préservé par ses anciens habits. Le tour de ses yeux n'était pas brûlé, il avait du se protéger comme il pouvait.
C'était un enfant, et il avait encore son pantalon, identique à celui de l'homme qu'il avait battu à mort.
La chair était à vif par endroit, encore fumante. Il se tourna vers Roland, un air de franche terreur dans les yeux, et voulut s'approcher de l'eau, d'une démarche incertaine.
-Jem apël Ach'id… articula-t-il clairement.

Il s'effondra à quelques pas de l'homme, s'étalant de tout son long à ses pieds.
Abasourdi, encore très surpris de l'enchaînement des événements, celui-ci s'assura que son agresseur précédent était bien hors d'état de nuire. Son arme était tombée loin de lui, et il était immobile dans l'herbe.
Il porta ensuite son attention sur le brûlé. Roland n'avait pas compris un mot de la phrase qu'il avait prononcée, et cela lui paraissait étrange. Ayant vécu plusieurs siècles, l'homme avait eu l'occasion d'apprendre plusieurs langages, et s'il ne les parlait pas tous, il savait en reconnaître les souches.
Mais cet étrange jargon lui était inconnu, le plongeant dans une perplexité profonde.

-Mais où suis-je tombé…

Il s'agenouilla, et remarqua avec soulagement 3 Pokéball accrochée à la ceinture du blessé.
Roland hésita. Il portait les mêmes vêtements que l'autre dingue, et il ne savait pas s'il devait l'achever ou le sauver.
«Bah, si j'ai pu survivre une heure de plus… »
Adressant une prière muette au ciel, il posa ses mains sur le front noirci de Rachid, et ferma les yeux.