Le Projet Orion - Réalité parallèle de ABE

« Pensez-vous qu'il faille réellement suivre Alexend ? demanda Rachid qui ne semblait pas vouloir se plier à cette idée. C'est pas que je l'aime pas ; il nous a aidés plusieurs fois, seulement maintenant qu'on est sortis, on ferait mieux d'essayer de trouver un moyen de quitter définitivement cet endroit non ? A lui seul, il a dix fois plus de chances que nous de s'en sortir en vie !
-Réfléchis, répondit calmement Louka, nous sommes paumés au milieu de nulle part et nous n'avons comme moyen de défense que sept Pokémons si je ne me compte pas. Aucun de vous n'est armé et, sans vouloir vous vexer, vous n'avez pas l'air de combattants accomplis. Alexend, lui, sait se battre et possède une épée. Et puis, ajouta-t-il comme pour conclure, où voudrais-tu aller ? T'as vu un panneau avec inscrit « La sortie c'est par ici ! » quelque part dans ce bled ? »

Rachid voulut répondre mais il ne trouva aucun argument valide. Faute de pouvoir défendre sa thèse, il se tut et baissa la tête.

« C'est ce que je pensais, dit Louka. Bon, puisqu'il était derrière nous quand on parlait, sa direction la plus probable est celle-ci non ? demanda-t-il en montrant du doigt un chemin qui semblait plus s'enfoncer dans la forêt qu'en sortir. »

N'en ayant aucune idée, tous ne purent qu'approuver et le groupe prit donc cette direction, Louka à sa tête, suivit de près par Lucas et Lilian. Marine, elle, restait un peu retrait pour ne brûler personne, juchée sur son Ponyta. Roxanne marchait à ses côtés et toutes deux discutaient. Et enfin, à quelques mètres du groupe marchait Rachid, mécontent que personne ne l'ait soutenu. Quelques minutes plus tard, Lucas s'accroupit et appela les autres.

« Regardez ! fit-il en montrant le sol du doigt. »

Louka, Lilian, Roxanne et Marine s'approchèrent. Rachid, qui ne voulait pas poursuivre Alexend, faisait la tête et resta en arrière. Roxanne, qui ne voyait rien, demanda :

« Qu'est-ce que l'on est supposé voir ?
-On voit très nettement que des feuilles ont été remuées dans le coin et quelques branches d'arbres sont brisées, expliqua Lilian.
-Ce qui signifie que quelqu'un est déjà passé par-là... conclut Marine.
-Donc nous sommes sur la bonne route, dit simplement Louka qui ne s'étonnait pas d'avoir eu raison. Maintenant que notre itinéraire est confirmé, continua-t-il sur un ton de reproche, les plus lents nous feront-ils l'honneur de bien vouloir avancer plus vite ? Je vous rappelle que nous ne suivons pas un Ramoloss !
-T'as qu'à me porter puisque tu es si fort ! goguenarda Rachid, les bras croisés en signe de refus.
-Je préférerais t'abandonner ici plutôt que de m'abaisser à ça, répondit Louka d'un ton froid. Par contre, si c'est ton poids qui te gêne, je peux demander à Gallame de t'alléger d'un membre ou deux, continua-t-il sur le même ton en détachant une Pokéball de sa ceinture et en s'approchant lentement de Rachid jusqu'à ce que leurs visages ne soient plus qu'à une demi-dizaine de centimètres l'un de l'autre.
-Dégage, dit Rachid en s'éloignant de son opposant, visiblement choqué par ce qu'il venait de dire. »

Les quatre autres semblaient quelque peu mal à l'aise devant cette scène mais par souci d'impartialité, personne ne dit rien. Ce fut Marine qui brisa le lourd silence qui venait de s'installer en lançant :

« Bon, je croyais qu'il ne fallait pas perdre de temps, on y va ? »

Aucun ne répondit mais tous se remirent en route, les yeux maintenant rivés sur le sol à la recherche d'une quelconque trace pouvant indiquer un passage récent. Après une bonne heure passée à marcher en silence, Louka, qui dirigeait toujours le groupe, s'arrêta en levant la main droite pour leur faire signe de ne plus avancer. Tous s'exécutèrent en se demandant ce qu'il pouvait bien se passer.

« Qu'est-ce qu'il…
-Chut ! l'interrompit Louka. Ecoutez ! »

Maintenant qu'ils ne remuaient plus les feuilles tombées des arbres, ils percevaient très bien ce bruit rapide et régulier qui s'amplifiait.

« C'est un hélicoptère, chuchota Lilian. Tu crois qu'il est là pour nous ?
-Je ne sais pas.
-Ce serait étrange qu'ils nous aient repérés, remarqua Lucas, lui aussi à voix basse. Nous n'avons pas pu être suivis et nous devrions être protégés d'un éventuel satellite par les arbres non ?
-Sauf si l'un d'entre vous porte un microémetteur, remarqua Louka. Fouillez vos affaires ! ordonna-t-il. »

Bien que n'appréciant pas de se voir donner des ordres par quelqu'un qu'ils ne connaissaient pas depuis longtemps, personne ne fit une remarque à Louka. Il y avait plus urgent.

« Je n'ai rien sur moi, dit Marine.
-Moi non plus, dirent en cœur Roxanne et Lucas.
-Moi non plus, répéta Lilian.
-Et j'ai vérifié mes vêtements avant de les emprunter, dit Louka. Et toi Rachid ? demanda-t-il à la cantonade. »

C'est à ce moment-là qu'ils s'en rendirent compte. Rachid avait disparu.

« Bon sang j'aurais dû m'en douter, se plaignit Louka à voix haute. Quel empoté celui-là !
-Bon, ne paniquons pas, dit Marine qui de toute évidence paniquait tout en essayant de pas le montrer, il ne doit pas être bien loin. Attendons-le ici quelques minutes, il finira bien par arriver. Il doit juste être à quelques mètres.
-Vous avez remarqué que l'on entend beaucoup mieux l'hélicoptère ? demanda Lilian. Je n'aime pas ça.
-Oh les enfoirés! Ils doivent utiliser des satellites à détections thermiques ! cria Louka qui venait de se rendre compte de sa négligence dans ses calculs. C'est pour ça qu'ils savent où nous sommes !
-Merde, cracha Lilian. On fait quoi ? Toi, tu ne dois pas pouvoir être repéré de cette façon non ?
-Je ne pense pas. Mais ça ne change pas le fait que… »

Un cri atroce les interrompit. C'était la voix de Rachid. Tout s'emboîtait. Une forme humaine seule dans la forêt d'après les radars, un hélicoptère… et maintenant, une question se posait : otage ou nettoyage ?

« Il faut aller l'aider ! hurla Lucas.
-Non c'est trop tard tu veux te faire prendre aussi ? répondit Louka tout aussi fort.
-On peut pas le laisser comme ça sans rien faire ! surenchérit Lucas.
-Il faut rattraper Alexend et on ira récupérer Rachid plus tard ! cria Louka. »

Les deux ados étaient maintenant à deux centimètres l'un de l'autre. Chacun sentait sur son visage crispé par la colère le souffle furieux de son adversaire. Pendant un instant, Marine crut qu'ils allaient en venir aux poings.

« Lucas a raison on ne peut pas abandonner comme ça un membre de l'équipe, affirma Lilian.
-Mais vous ne comprenez pas ? s'exaspéra Louka. On ne peut rien faire contre eux ! Il faut attendre de retrouver Alexend et à ce moment-là, on pourra essayer ! Sans lui, nous n'avons pas la force nécessaire !
-Mais qui sait ce qu'ils vont lui faire en attendant ? demanda Roxanne qui jusqu'à présent s'était tue.
-Et s'ils le torturaient ? ajouta Marine. Pour savoir qui nous sommes, pourquoi étions-nous dans une zone visiblement interdite, d'où venons-nous réellement… »

Il y eut un moment de flottement. Chacun était partagé entre l'idée de se rallier à Lucas mais courir vers une mort certaine et celle de chercher Alexend qui pourrait peut-être tout arranger mais trop tard. Dans les deux cas les risques de mort étaient présents. Restait à savoir si l'on allait appliquer la théorie d'une perte humaine pour en sauver plusieurs autres ou si l'on allait foncer à la rescousse en prenant des risques inconsidérés.

« D'accord, dit Lucas qui finalement s'avouait vaincu, on part à la recherche d'Alexend mais si on ne le trouve pas avant le coucher… non, il y a trois soleils ici, peut-être fait-il jour tout le temps. Si on ne le trouve pas d'ici trois heures, on fait demi-tour et on retourne à la base.
-Ca me paraît être une bonne idée, admit Marine. »

C'est alors que, venant des profondeurs de la forêt, ils entendirent un nouveau cri :

« Fuyez, ils arri… ! NOOOOON !!
-Rachid ! cria Roxanne. »

Pas de réponse.

« RACHID !! répéta-t-elle désespérément. »

Surgissant de la pénombre ambiante due au feuillage touffu des arbres qui empêchait de passer la lumière des soleils, des hommes en uniformes militaires apparurent à une centaine de mètres d'eux. Ils avaient sous le bras de grosses armes noires apparemment lourdes qu'ils maniaient cependant avec aisance.

« Courez ! cria Louka sans qu'il n'y ait vraiment eu besoin de le dire. »

Tous détalèrent dans la direction opposée de celle dont venaient les soldats. Des coups de feu retentirent. Des troncs d'arbres près desquels passait le groupe volèrent en éclat. Peu importe ce qu'ils utilisaient, c'était puissant. Mieux valait ne pas s'en recevoir une balle. Marine, toujours installée sur Ponyta, dépassa le groupe dans un éclair de flammes orangées. Louka, Lilian et Lucas étaient à peu près au même niveau et seule Roxanne se tenait un peu plus loin derrière. Louka remarqua le regard désespéré que Lucas lançait à Roxanne et lui dit :

« Tu as raison, on ne peut pas laisser son équipe. »

Et il fit demi-tour. Soudain, il vit une balle arriver sur lui, grâce à ses réflexes surhumains, il baissa la tête juste au bon moment tout en continuant de courir. Maintenant qu'il était proche des soldats, il pouvait prendre conscience de leur nombre. Ils étaient sept, tous bien équipés et armés jusqu'aux dents. Dès qu'elle fut à la portée de son bras, Louka attrapa le poignet de Roxanne et la tira vers elle. Il fit rapidement demi-tour une nouvelle fois et repartit en sens inverse. Il tenait fermement le poignet de Roxanne et courait aussi vite qu'il le pouvait. Il évita de justesse un nouveau projectile dont il était la cible et parvint finalement à rattraper ses deux compagnons. Les soldats étaient certes bien équipés mais tout leur attirail les ralentissait. Ils perdaient du terrain. Soudain, une balle ou peu importe ce qu'il tirait vint se planter juste devant les quatre personnages pour exploser. L'explosion n'était pas bien grande et Louka, Roxanne et Lucas réussirent à l'éviter mais ce ne fut pas le cas de Lilian qui fut projeté en arrière. Lucas, désemparé, s'arrêta. Louka poussa Roxanne en avant et s'arrêta lui aussi. Marine, qui s'était arrêtée quelques mètres plus loin pour les attendre et laisser le temps à Ponyta de se reposer fit grimper Roxanne à ses côtés et, sur un signe de Louka, reprit sa course.

Louka et Lucas étaient côte-à-côte, face aux assaillants. Lilian s'était difficilement relevé mais, au vue de sa démarche, s'était fait mal à la cheville. Il les rejoignit vite et tous deux le prirent sur leurs épaules mais les militaires n'étaient maintenant qu'à quelques mètres. Soudain, ils entendirent Marine derrière eux :

« Baissez-vous ! »

Sans chercher à comprendre, tous obéirent et se laissèrent durement tomber sur le sol tandis qu'un torrent de flammes passait au-dessus de leurs têtes. Même s'ils n'avaient pas été blessés par l'attaque, les soldats avaient perdus quelques secondes qui furent précieuses pour les trois jeunes hommes qui partirent en courant aussi vite que le pouvait la cheville foulée ou fracturée de Lilian. A quelques mètres devant se tenait Ponyta montée par ses deux cavalières. Etrangement, il était à l'arrêt. Ils eurent vite fait de rattraper les filles pour se rendre compte que de l'autre côté se tenaient d'autres soldats.

Ils étaient de nouveau encerclés. Il allait falloir trouver quelque chose, et vite.

A suivre...