Le Projet Orion - Réalité parallèle de ABE

La pièce sombre est remplie de cartons... Seul un rai de lumière passe par dessous la porte et éclaire vaguement le débarras. Tout à coup, au milieu de ce fourre-tout innomable, un point lumineux se dessine. On le dirait créé au laser tellement il est fin... Et puis il s'agrandit, prend du volume très rapidement. La lumière blanche éclipse bientôt le fin rai qui passe toujours au travers de la porte... Le point blanc est désormais une sphère brillante d'un mètre de hauteur... qui disparaît comme elle est arrivée. A nouveau, la seule lumière est celle qui passe sous la porte. Mais la lumière a laissé quelqu'un...
La silhouette se dessine dans la pénombre. Un homme, semble t'il de prime abord, se relève.
"C'est nouveau les placards à balai à la ligue ?"
N'ayant pour seule réponse que l'écho de sa voix, il cherche un interrupteur à tâtons... puis le trouve.
"Chaud le bordel ! constate t'il. Les concepteurs se sont pas emmerdés à supprimer tous les bugs on dira..."
Et il est coupé dans son raisonnement. Deux choses le choquent. Tout d'abord le fait que le seul vêtement qu'il ait soit sa ceinture de balls.
"Putain, mon Lacoste ! Je sais que je l'avais gaulé, mais quand même... Le doc avait dit que ca risquait d'être instable... M'enfin "éviter le superflu", je pensais pas que ca concernait aussi les fringues ! Bon, ne nous plaignons pas, c'est déjà bien d'être arrivé..."
Et puis, après une vive prise de conscience des sirènes qui beuglaient autour de lui, le lieu où il est arrivé...
"A supposer que j'ais pas atterri à perpette..."
Il prend le premier carton qu'il trouve.
"Munitions PPK, réserve 7, boîte 5486, destinataire... Ouh chaud ! Depuis quand y'a l'armée dans ce jeu ?"
Sur la boîte, le destinataire n'est rien de moins que "Armée régulière d'Hyméria..."
La porte s'ouvre dans un grand fracas... Un soldat se tient là, avec son arme pointée sur l'homme nu... Alors que le soldat est surpris par cette vision un peu originale de l'armée sur une planète qui manifestement ne connaît pas les Village People, c'est l'intrus qui pose la première question...
"Sarah Connor ?"

Nom: Inconnu
Prénom: Louka
Sexe: Masculin
Age approximatif: 16 ans
Signe particulier: Sait dire bien des insultes en 7 langues différents. Aussi cynique et têtu que faire se peut.
Dans le monde duquel il vient: Cherche à rentrer dans le monde duquel il vient vraiment... M'enfin c'compliqué.
Pokémons: 6 au moment où il est parachuté ici. Gallame, Yanmega, Elekable, Foretress, Drattak, Aquali...

"P... Pardon ?
-Bordel, à poil, dans le mauvais monde, et en plus ils connaissent même pas terminator. La poisse pourrait pas me lâcher un peu, là ? Je crois avoir expié ma peine, merde !
-Déclinez votre matricule, commença le soldat, les habitudes reprennant le dessus. Attention, je suis armé.
-Tu vas te blesser avec ton joujou... Pose ça.
-Matricule ou je fais fe..."
Le soldat n'eut pas le temps de finir sa phrase. D'un coup de coude, Louka avait dévié le canon du fusil d'assaut et l'avait fait voler, pendant que d'un croche-pattes il faisait tomber le soldat. Celui-ci à terre, je jeune homme nu leva le bras en l'air pour rattraper la sangle de l'arme qui alla se caler en position de tir bien au creux de son épaule.
"Voilà, alors maintenant, tu peux jouer les héros ou fermer ta gueule cinq minutes..."
Devant le silence de son opposant, Louka conclut:
"Bien, tu as fais le bon choix. Maintenant à poil !
-Pardon ? Vous avez l'intention de faire quoi au juste ? demanda le soldat apeuré par la vue du canon si près de sa tête.
-Je vais te fai'e vib'er ton ptit cul blanc comme t'as pas idée, et tu vas p'end'e ton pied, fit Louka d'une voix suave mais trop forcée pour paraître vraie. A ton avis, crétin, je vais essayer de me tailler une garde-robe couleur camouflage.
-Mais, protesta le soldat, moi je vais...
-Ca a l'air d'être un peu le bordel dehors si je m'en fie aux cris. Crois moi, t'as qu'à rester là et sortir quand ca se sera calmé... Sinon, ajouta t'il en ramassant une robe de chambre qui traînait à terre, prends ce bout de tissu. C'est pas chaud, mais qu'est ce que tu dois être viril là dedans !

Après tergiversations diverses et séance habillage, Louka sorti finalement de la réserve ("Chaud, le mot réserve, on dirait qu'il y'a eu journée portes ouvertes pour matériel sensible ici", constata Louka, qui ne savait pas à quel point il avait raison), habillé pour l'hiver et armé qui plus est. Il ressera sa ceinture, seul vestige de ses défunts vêtements, recompta ses balls et s'arrêta un moment:
"Sachant que c'est le bordel, mais que tous les hommes vont dans la même direction, on peut en déduire que c'est une opération. Reste à savoir s'ils rentrent ou s'ils sortent. Comme notre ami la recrue semblait le dire, c'est une évasion. En conclusion, comme le soldat lambda est très con, il suit les ordres et poursuit les évadés. Donc, en suivant les soldats, non seulement je vais me trouver des copains, mais en plus, je me tire d'ici. Allez, vendu !"
Beuglant quelque ordres bidons pour se mêler à la horde mugissante de soldats décérébrés, Louka se retrouva très vite à sillonner les couloirs pour enfin atterrir dehors.

Là, le mot qui convenait le mieux était carnage. Un véritable champ de bataille s'était formé dans l'enceinte même de la base de l'armée d'Hyméria. Le néophyte ne comprenait pas grand chose, mais cette période passée dans le réel avait rendu Louka plus réceptif aux situations nouvelles. En fait, il avait déjà discerné le groupuscule qui avait causé tout ce tintouin lorsqu'une forme ailée entra dans son champ de vision à une vitesse trop rapide pour qu'un être humain normal ne puisse faire quelque chose... Mais Louka n'était pas normal... Et à la base, il était tout sauf humain... Dans un mouvement calculé au millimètre et à la milliseconde près, il évita la forme dans un saut sur le côté que n'aurait pas renié Néo dans sa bonne vieille matrice.
"Chauffard, tu l'as eu où ton permis de vol ?" râla Louka après le passage de l'OVNI qui, battant des ailes désormais, prenait de l'altitude.
Autour de lui, les soldats ne semblaient rien remarquer et continuaient à tirer sur la forme volante, sans toutefois parvenir à l'atteindre. Le jeune homme aurait eu un peu de temps et d'envie, il aurait lui même plombé ce canari noir de jais de dragées de mariage. Mais dans cet univers certes bordélique, mais néanmoins encore militaire, cette chose était la première qui ne semblait pas provenir d'ici... Comme Louka, donc.
"Drakneeeeeessss ! hurla une voix qui n'avait certainement pas été rompue à l'entraînement militaire.
-Ah, Drakness, nom à la con, encore que Hyméria soit pas mal non plus... constata le soldat factice. Mais cette voix est tout sauf celle d'un de ces brutosaures survitaminés. Et le bestiau avait bien une gueule à s'appeler comme ça. Donc si voix qui hurle amie de piaf démoniaque, alors potentiellement amie. Super, ca simplifie grandement les choses de penser comme ces GI de pacotille finalement !"
Suite à ces considérations bassement métaphysiques, Louka courut en direction de la voix. Rompu à toutes sortes de choses bizarres, il fut cependant surpris de ne rencontrer sur son chemin que quelques gamins dont certains pas en super forme. Les dépassant pour trouver le vrai ennemi des soldats, il eut cependant l'illumination lorsqu'il repensa à l'épée aux reflets saphir qui était plantée aux pieds de celui qui avait l'air le moins paumé de tous.
"Demi-tour Louka ! se murmura t'il à lui-même."

Finalement, il se retrouva juste à côté d'eux. Le beau gosse à la tenue surfaite, le mec sûr de lui mais qui avait des raisons de l'être, un autre dépassé par les évènements, un autre, "reubeu" comme l'auraient dit les racailles que Louka avait laissé dans le monde précédent, et côté donzelles, une fille en tenue légère et une autre qui...
"Ouch, ca fait mal ça !"
Qui venait de lui asséner un coup de genou dans les bijoux de famille. Certes peu honorable, mais efficace quand on n'a rien à perdre et aucune arme à portée de main... Dans sa précipitation, Louka avait oublié de se présenter.
"Du calme, la miss, fit-il en luttant contre la douleur, je suis de votre côté !
-C'est ça, et mon cheval, c'est Tornado !"
Encore une fois, un de ces moments de flottement infimes dont il avait le secret. En une microseconde, il analysa deux choses. La première, c'est que la fille en face de lui avait des références du monde réel, la seconde, c'est que les membres de cette fine équipe avaient des pokémons en piteux état, certes, mais des pokémons quand même, tandis que leurs ennemis...
"Je suis avec vous, reprit Louka."
D'un geste, il montra sa ceinture, et ses six balls. La fille sembla douter un moment, mais un des garçons arriva à la convaincre.
"Marine, j'en ai encore pas vu avec des balls ici, on peut tenter de lui faire confiance ! hurla t'il.
-Tu en as un pour nous sortir de là ? rajouta le jeune maghrébin sur le même ton.
-J'suis pas Mac Gyver, mais j'ai peut-être une solution. Pokéball, go !"
D'une des balls sortit un pokémon assez éffilé, aux bras taillés comme des lames et à la tête de combattant.
"Gallame, téléporte-nous tous loin de ce merdier ! Rapprochez-vous, vous autres !"
Tout le monde se pressa vers le pokémon qui scrutait les alentours avec un oeil averti... Seul le gamin surfait restait planté là, alors qu'il était sans doute le seul à avoir une arme en état de marche... Les autres rappelèrent leurs pokémons alors que l'un d'eux hurla justement pour ledit gamin.
"Alexender, magne-toi, on va pas viter les balles à l'infini..."
Mais il ne semblait (voulait ?) rien entendre, les yeux fixés sur la forme volante qui n'était plus qu'un point dans le ciel. Alors, celui qui croyait tout savoir et qui avait raison de le croire l'empoigna par le col et le rapprocha du pokémon psychique. Le garçon toujours dans la lune n'eut que le temps de récupérer l'épée, réellement plantée dans le béton armé et l'arracha avec une dextérité étonnante. Une fois tout ce beau monde réuni, Louka ordonna à Gallame une téléportation rapide:
"Gal', on dégage !"

Alors que les coups de feu pleuvaient toujours dans la base, un faisceau de lumière en décolla, pour atterrir dans les bois situés en contrebas de la colline. Lorsque tout le monde se rematérialisa à nouveau, ce fut à l'abri et bien loin du feu de l'action.
"Tout le monde va bien ? demanda Louka.
-Ca va merci, répondit l'une des deux filles, celle qui n'avait pas essayé de faire de lui un eunnuque.
-Tant mieux. J'aurais pas aimé atterrir ici avec un ou deux cadavres, on aurait encore dit que c'était de ma faute.
-Pourquoi tu nous aides au juste ? demanda le maghrébin. T'es un planqué ou quoi ?
-Je suis autant militaire que toi, je pense. J'ai débarqué dans un vieux placard rempli de caisses complètement nu. Y'a que mes balls qui sont restées. J'ai taxé les armes et le costume à un soldat. Un peu serré au niveau des boules, mais c'est toujours mieux que la robe de chambre que je lui ai refilé !
-Tiens donc, remarqua son interlocuteur.
-Quoi, tu connaissais le gars ?
-Non, mais la robe de chambre, c'est une amie.
-Sauf qu'on a supposé que chacun d'entre nous avait atterri à l'intérieur de la grotte ! fit remarquer celui qui savait tout. Et ce gars vient de nous dire qu'il n'y a jamais mis les pieds.
-Affirmatif, fit Louka, mais en quoi est-ce un problème ?
-Les gens du coin ont pas l'air d'aimer les pokémons, ils les ont bloqués dans cette grande caverne, expliqua le petit dépassé par les évènements, qui ne s'avérait pas si paumé que ça finalement. Le fait qu'on en sorte de nulle part a causé notre mise en cellule. On n'apparaît sur aucun de leurs fichiers parce qu'on est pas d'ici. De là à nous considérer comme des ennemis, y'a pas un long chemin à faire.
-Ca se tient comme théorie, mais pourquoi donc ce gars sort lui ausi de nulle part et se retrouve à nous aider ?
-Le gars s'appelle Louka, fit remarquer ce dernier, et il aimerait bien vous connaître un peu lui aussi."

Après les sempiternelles présentations, la conversation reprit:
"Vous parliez d'une grotte alors ?
-Oui, on a tous atterri dans une vaste grotte. Enfin jusque là, le phénomène se contenait à la grotte. Mais avec ton arrivée, ca se complique.
-Tant que vous étiez dans la grotte, les nouveaux ont atterri dans la grotte, vous vous éloignez d'elle, les nouveaux arrivent toujours près de vous. Il faut pas avoir fait maths sup pour deviner qu'on s'attire mutuellement. Même le disjoncté qui a failli m'empaler en prenant son envol a l'air d'être lié à vous, je me trompe ?
-En fait, tenta d'expliquer Rachid, Drakness est le côté sombre d'Alexend qui se serait matérialisé ici après lui. Et pendant ce temps, dans son monde, il aurait eu une illumination et du coup, il sait qu'il est plus ou moins Alexend aussi. Si j'ai bien compris.
-Dis moi Rachid, tu te drogues ?
-Hein hein, gros malin, va, tu sors d'où, toi qu'on rigole un peu ?
-Je suis à l'origine un code dans une matrice de jeu vidéo. J'ai atterri dans le monde réel suite à une expérience foireuse, et pour tout vous dire, j'étais sensé arriver chez moi, lorsque le passage qui devait me ramener a atterri ici.
-Et c'est moi qui me drogues ?
-Ca ressemble vachement à l'histoire d'Alexend, sauf que lui il faisait le chemin inverse ! constata Lilian.
-Dans mon monde, je ne suis pas un code source, fit ce dernier, reprenant subitement conscience de ce qui l'entoure, j'ai un ADN comme vous tous. Pokémon est une sorte de MMORPG qui a des conséquences sur le monde réel. Votre nouveau pote a l'air de sortir d'une version originale du jeu, bourrée d'IA au QI de moule.
-Dit comme ça, ca sent le vécu, reprit Louka.
-On avait pas totalement effacé ces PNJ dans le jeu dont je proviens. Alors t'inquiète qu'on en a vu des pas mal aussi.
-Tu me plais bien tu sais ? Si on excepte le fait que mon ADN a moins est composé de O et de 1, que tout mon corps effectue 3 milliards de calculs à la seconde, on se ressemble quand même. T'aurais un côté dark qui aurait un peu moins tendance à dévaster tout ce qu'il y'a sur son chemin, ca serait parfait.
-Tu peux vraiment faire ça ? s'étonna son presque homonyme.
-Je suis un programme informatique, je te l'ai dit. J'ai des performances de réponse semblables à un ordi, et des performances physiques identiques à un humain, mais optimisées par ce temps de latence infime. En contrepartie, je suis très sensible aux ondes electromagnétiques, mais pour ce que j'ai vu de ce monde arrieré, j'ai pas trop de soucis à me faire."

La conversation prenait un ton assez intéressant. Au moment où les autres allaient expliquer à Louka leurs originalités propres et leurs histoires personnelles, il reprit:
"Alexend est parti... Avec son épée, qui plus est.
-Quelqu'un avait remarqué qu'il en avait une avant de venir ?
-Peut-être que Drakness lui en a trouvé une..."
Tout le groupe se retourna vers l'endroit où quelques secondes plus tôt se trouvait le garçon surfait et son épée enchantée. Tous se regardèrent et personne n'eut à prononcer le mot "Drakness" pour savoir ce qui l'avait motivé à laisser le groupe.
"Mais pourquoi tient-il absolument à le retrouver ? demanda le nouveau venu.
-La première fois, il a essayé de nous tuer, la deuxième, il nous a permi de nous évader. S'il est effectivement celui qu'il prétend être, ca fait déjà pas mal de questions à lui poser, expliqua Lilian. De là à nous laisser en plan en partant seul avec son arme, aussi stupide fut cette idée, il n'y a qu'un pas qu'il a franchi !
-Chaud, constata Louka, on dirait bien qu'on est parti pour courser les bestiaux volants maléfiques !"