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The Kokonut Song was Koko-approved™
de Lutias'Kokopelli

                   



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.•o°o•. Le meilleur des mondes possibles ~ Chapitre VI (Première partie)

Chapitre VI ~ Les théorèmes de Bernoulli

~ Parce qu'en se renseignant un peu, on se rend compte que les Bernoulli ont établi autant de théorèmes en mécanique des fluides que de lois en mathématiques des probabilités.Courir. Courir à tout prix.

La foule hurlait autour de lui, mais il ne l'entendait plus. À dire vrai, il ne distinguait plus que peu de choses. Le bruit de ses pas retentissant sur le goudron. Les battements de son cœur essoufflé. Le rythme effréné de ses halètements.

Et le bruit de ces choses.

Cela avait attaqué Tokyo la veille. Désormais, cela s'attaquait à Osaka, comme par hasard exactement au moment où il se trouvait le plus loin de chez lui. Vraiment, quelle chance inouïe. Franchement, plus chanceux que ça, tu meurs.

C'était apparu au moment où il était en plein milieu de la rue, là où il n'avait nulle part où se cacher. Là où il pouvait seulement fuir désespérément.

Quelques masses colorées se transformèrent en longs filaments, qui le dépassèrent sans problèmes pour venir reformer quelques de ces créatures devant lui, le forçant à prendre un tournant plutôt que de continuer tout droit.

C'était étrange. D'après ce qu'il avait vu pourtant, cela s'attaquait aux hommes sans aucune pitié. Au moment où il tournait, il était à la merci de quelques-uns. Et pourtant ils n'avaient pas réagi. Ils n'étaient repartis à sa poursuite qu'une fois qu'il les eût distancés de quelques mètres. Mais qu'est-ce que cela voulait dire ?

Tout ce dont il pouvait être certain était que ça lui voulait quelque chose. Il avait eu le temps de voir que, au final, ça ne poursuivait que lui. Donc cela avait forcément un rapport avec lui. Sinon, cela se serait aussi attaqué à d'autres personnes.

Il tourna encore à gauche, pour la même raison que la dernière fois. Mais qu'est-ce que ça lui voulait, bon sang ?!

Cela le guidait. C'était la seule solution possible. Cela voulait qu'il allât à un endroit bien précis, et cela le poursuivait et lui bloquait l'accès à certaines rues pour que le chemin de sa fuite fût tout tracé, et qu'il n'eût aucune chance d'en sortir. Sinon il mourrait.

Où allait-il aboutir ainsi ? Il connaissait parfaitement les rues d'Osaka ; ce quartier-ci était un véritable dédale, mais il n'y voyait aucune impasse ou terrain où il serait particulièrement piégé. De toute manière, si le but de ces créatures était de le piéger quelque part pour le tuer, encore une fois elles avaient déjà eu maintes fois l'occasion de le faire tout de suite. Donc cela ne voulait pas le tuer. Du moins, pas tout de suite.

Il serra les dents, mais n'avait plus suffisamment de souffle pour grommeler. Toute cette mise en scène l'énervait au plus haut point, car il n'avait aucun moyen de comprendre ce qui se passait autre que celui d'attendre et de suivre le chemin qui lui était tout tracé – pas comme s'il avait d'autre choix, d'un autre côté – tout en espérant que cela lui serait expliqué plus tard, ou du moins qu'il aurait plus tard des indices lui permettant de comprendre. Et le fait qu'il ne pût rien faire d'autre l'insupportait.

Une soudaine alarme retentit dans tout l'Abyss. Les candidates eurent l'air de comprendre aussitôt ce qui se passait, car elles se mirent à courir vers la salle de pilotage principale. Alors que Tsubasa s'élançait elle aussi à travers les couloirs, elle dut s'arrêter quelques secondes ; en effet, Conan lui avait soudainement saisi le poignet droit. Surprise et énervée en même temps d'être ainsi arrêtée, elle se retourna vivement pour demander ce que l'enfant avait. Celui-ci fit mine d'être effrayé par son air furieux et recula de quelques pas distraits.

« Ce... c'est rien, ça peut attendre finalement... »

L'adolescente soupira, puis courut afin de rattraper son retard, ne prêtant plus attention à ceux qui l'entouraient et ignoraient ce qui se passait exactement. De son côté, le petit gamin à lunettes gardait sa tête baissée, mais esquissait cette fois un sourire aux aspects satisfaits, presque sournois, tandis qu'il appuyait sur un petit bouton placé sur la branche droite de ses lunettes. L'écran radar s'alluma, et un petit point rouge apparut aussitôt.

« Merci, Kazanari-san... » murmura-t-il alors qu'il se précipitait dans la direction pointée par l'émetteur qu'il avait visiblement déposé sur son poignet.

Son alter-ego jeta un coup d'œil dans sa direction lorsqu'il passa devant lui ; toutefois, il jugea inutile d'aller l'arrêter ou de le suivre. Cela n'aboutirait à rien, il en était certain. Le petit Conan Edogawa voulait agir seul, et ce n'était certainement pas de lui qu'il accepterait d'obtenir de l'aide.
Il poussa un petit soupir. Décidément, il avait du mal à comprendre pourquoi c'était lui qu'il avait décidé de détester, après ça.
Peut-être n'y avait-il rien à comprendre.

Tsubasa venait de sortir du sous-marin et commençait à courir le long des quais. Les deux autres étaient probablement à ses côtés. À tous les coups, la candidate londonienne n'était pas avec elles. Ce n'était pas un exercice, et elle ne semblait pas prête à combattre. Ils n'étaient pas assez cruels pour jeter quelqu'un dans un champ de bataille sans entraînement au préalable.

Soudainement, sans aucune raison apparente, le point rouge clignota une dernière fois avant de disparaître pour de bon. L'enfant fut tellement surpris sur le coup qu'il faillit déraper sur le sol de métal et manqua de tomber. Mais que s'était-il passé, au juste ?

Ah, c'est vrai. Le “Gear”. Bien sûr. Il avait oublié que ça faisait disparaître les vêtements, quand ça s'activait. Il aurait dû se douter que son émetteur disparaîtrait aussi. C'était évident.
Shinichi marcha tranquillement jusqu'à arriver à son niveau, comme s'il l'avait suivi depuis qu'ils s'étaient croisés. Il avait un sourire amusé, mais qui lui parut sarcastique ; il regardait le port d'un œil neutre.

« Alors ? On est bloqué ?
- La ferme. »

« Oï, faites pas comme si j'étais pas là, bon sang ! Vous allez m'expliquer ce qui s'est passé, oui ? Qu'est-ce que vous me voulez ?! »

Ogawa tenta d'apaiser le nouveau venu, mais en vain ; le jeune lycéen était dans tous ses états – en même temps, ce devait être compréhensible après ce qu'il venait de vivre –, et le fait de l'avoir menotté à une chaise n'arrangeait pas les choses. Ballotté entre du Noise et des hommes en noir sortis de nulle part en passant par la vision des candidates pour la toute première fois dans sa vie était une expérience bien particulière, et le pauvre n'avait pas eu le temps de se remettre de ses émotions. Et encore, cela n'allait certainement pas s'arranger avec tout ce qui allait probablement lui tomber dessus en plus, plus tard.

« Je suis désolé, tenta l'aîné d'un ton légèrement penaud. Depuis hier, ce genre d'accidents n'arrête pas d'arriver, mais il faut quand même que nous soyons sûrs des intentions de ceux qui arrivent comme ça...
- Vous voulez dire qu'il y en a eu d'autres dans le même cas que moi ? Ils sont où ?
- Ils arrivent. Nous pensions qu'ils seraient plus convaincants que nous, alors on leur a demandé de venir. »

Il haussa un sourcil légèrement surpris et, en même temps, sceptique. Plus convaincants à propos de quoi ? Qui étaient ces personnes qui auraient été dans le même cas que lui ?
L'homme en costume noir à ses côtés voulut apparemment se faire chaleureux en engageant la conversation – tout en changeant de sujet –, commençant par lui demander son nom. Bien qu'hésitant au départ, il finit par répondre d'un ton pourtant méprisant, encore réticent à parler :

« Hattori Heiji. »

Son interlocuteur parut légèrement étonné, comme s'il avait déjà entendu une fois ce nom, quelque part, sans pouvoir pour autant se souvenir de ce moment ni des circonstances dans lesquelles il lui aurait été présenté.
Quoiqu'il en fût, il se nomma en retour, un sourire naturel sur le visage.

« Je suis Ogawa Shinji, mais tu peux m'appeler Ogawa. Ne t'inquiète pas, je pense qu'on va bientôt te détacher.
- J'espère bien, puisque j'ai rien fait ! Depuis que j'ai croisé ces machins bizarres qui me poursuivaient dans la rue, tout va de travers... »

Il se surprit soudainement à commencer à parler, alors qu'il n'avait strictement aucune raison de le faire. Par ailleurs, il se demanda également comment quelqu'un d'armé comme celui qu'il avait face à lui pouvait se montrer si accueillant, allant même jusqu'à lui révéler son identité. Quoique, concernant ce dernier point, il pouvait très bien avoir donné un pseudonyme. Mais quand même, quand des gens dans des voitures noires venaient le voir pour l'arrêter comme un criminel pour ensuite le maintenir prisonnier sans explication, il était difficile d'imaginer qu'ils se montreraient si sympathiques en fin de compte. Pas que cela le dérangeât, au contraire, mais... c'était troublant.

De son côté, l'agent prit en note le fait que le jeune homme ne connaissait apparemment pas le nom de ces “machins bizarres”, ce qu'il interpréta comme une preuve que son interlocuteur était, encore une fois, originaire d'un univers différent. Sinon, il aurait été capable de dire qu'il s'agissait du Noise.
Apparemment, si cette histoire de “fusion des univers” était réelle, ça n'avait pas l'air de s'arranger. Est-ce que cela durerait encore longtemps ?

Soudainement, la porte de la petite salle où ils se trouvaient s'ouvrit : de nombreux bruits de pas résonnaient en désordre dans le couloir, signe que beaucoup de monde allait arriver. À la plus grande surprise du jeune lycéen toutefois, ce fut un petit garçon qui arriva en premier ; il douta un court instant quant à son identité, probablement parce qu'il refusait d'y croire au départ, mais la stupéfaction identique que le gamin afficha en l'apercevant dissipa toute trace d'incertitude.

« Kudo ?! Qu'est-ce que tu fais ici ?! »

Le concerné serra encore les dents de panique à l'entente de son vrai nom ; il parut vouloir barrer le chemin à quelqu'un qui n'avait pas encore atteint le niveau de l'ouverture de la porte, mais ce fut visiblement en vain : en effet, le lycéen qu'il avait essayé de cacher n'avait pas eu le temps de comprendre ce que son petit alter-ego voulait lui dire qu'il était déjà entré à son tour dans la salle. Mais apparemment, lorsqu'il aperçut le Japonais au teint mat qui s'y trouvait déjà, il comprit son erreur et blêmit.

Hattori fixa les deux garçons similaires avec un regard exorbité et un ahurissement incomparable. Heureusement qu'il savait pertinemment pourquoi il ne devait pas réagir, car ce fut certainement la seule chose qui put lui permettre de garder un tant soit peu son sang-froid.
Bien sûr, seulement après quelques secondes de panique totale.

En effet, à la vue de ce détective lycéen qu'il croyait pourtant rajeuni, et en voyant bien que le gamin en question était juste à côté de lui, sa première réaction fut tout naturellement d'écarquiller les yeux et d'avoir un profond sursaut d'effarement ; s'il n'avait pas ses mains attachées, il n'aurait probablement pas hésité à se frotter les yeux ou se pincer violemment pour s'assurer qu'il ne rêvait pas. Il n'y avait pourtant pas d'erreur possible : il pouvait bel et bien compter deux Kudo côte à côte. Mais qu'est-ce que c'était que cette histoire ?!
Une fois en partie convaincu qu'il s'agissait de la réalité, il voulut ouvrir la bouche et poser toutes sortes de questions, mais la subite intensité de toutes ces émotions fortes entravèrent complètement ses cordes vocales, ce qui ne lui permit pas de sortir un seul son de sa gorge ; aussi demeura-t-il seulement légèrement penché en avant, la bouche béate et son expression d'extrême stupéfaction planant ouvertement sur son visage. Et puis, le temps de pouvoir balbutier de nouveau quelque chose d'intelligible, il avait déjà eu le temps de comprendre l'inutilité et la dangerosité des paroles qu'il allait prononcer, aussi jugea-t-il finalement préférable de garder le silence pour le moment.
Même si ces deux-là allaient lui devoir des explications dès qu'il les aura éloignés du groupe. Oh que oui, ils allaient devoir lui expliquer tout ça. Et ils allaient avoir intérêt à être convaincants.

« Heiji-niichan ! s'exclama d'un ton faussement innocent le petit Kudo. Comment t'es arrivé ici ? »

Ran accourut aussitôt, visiblement surprise de voir que le détective de l'ouest était apparemment arrivé, lui aussi, à l'endroit où elle s'attendait le moins à le trouver. Bien évidemment, dès que les autres personnes présentes arrivèrent, l'étonnement fut général lorsque tous découvrirent que les Japonais se connaissaient parfaitement ; il redoubla même auprès des détectives, dès que Phœnix eut fait remarquer que, comme par hasard, il apparaissait seulement quelques heures après que Ran eût mentionné par hasard son nom et l'eût rapidement présenté, alors qu'elle le comparait à Shinichi. Elle avait dû parler de lui comme d'un détective lycéen à peu près au même niveau que lui, disant avec humour qu'il ne manquait plus que lui pour parfaire la brochette de détectives qui s'était formée lors de cette séance de réflexions qui s'était alors imposée.
Au moins, cela eut aussitôt un point positif : désormais assuré qu'il ne représentait aucune menace, l'ordre de sa libération parvint aussitôt ; ses menottes furent donc retirées avec empressement, au grand bonheur de ses poignets.

Il devenait cependant de plus en plus évident que rien n'était lié au hasard, et que donc probablement la présence de chacun en un même lieu n'était pas une coïncidence. L'expression “brochette de détectives” revint rapidement à la mémoire de chacun, appuyant en effet sur le fait que la coïncidence était peut-être un peu trop improbable pour n'être due qu'au hasard. L'idée leur avait déjà effleuré l'esprit sans qu'ils osassent la prendre au sérieux ; mais ils avaient avec cet évènement une preuve plus ou moins tangible de ce qui était désormais l'évidence même. Qu'est-ce que cela signifiait alors ? Le fait que le détective de l'ouest eût été pris pour cible puis attaqué par le Noise juste après avoir été mentionné au sein même de l'Abyss montrait qu'ils étaient surveillés, et donc probablement que quelqu'un parmi les agents de la Seconde Division était en réalité une des personnes responsables de tous ces problèmes.
Quoiqu'il en fût, cela allait malheureusement devoir attendre. Il y avait quelqu'un à qui il allait falloir expliquer de nombreuses choses... Et cela risquerait certainement de prendre du temps.

La situation, bien que difficile à admettre, fut rapidement contée au nouvel arrivant. Chacune des autres personnes présentes qu'il ne connaissait pas déjà lui furent présentées avec plus ou moins de détails ; bien qu'il eût du mal à y croire au départ, il fut rapidement fixé concernant le fonctionnement de la fonction “traducteur” du TARDIS – et par ailleurs son fonctionnement en général.

« Quoi ? Qu'est-ce que j'ai dit de si drôle ? »

Flora se sentit rougir, mais elle ne parvenait visiblement qu'avec difficulté à cacher son hilarité lorsque le Japonais lui avait parlé ; elle consentit toutefois sans grande difficulté à l'expliquer, prenant un ton désolé pour masquer le mieux possible son amusement :

« En fait, quand tu parles, le TARDIS traduit ce que tu dis avec un accent irlandais, va savoir pourquoi... »

La déroute du lycéen fut une raison de plus pour déclencher des gloussements à peine retenus de la part des Tokyoïtes.
Si on y réfléchissait, d'une certaine manière c'était logique : l'Irlande se situait à l'ouest de l'Angleterre, de même qu'Osaka était à l'ouest de Tokyo...

« C'est pas un accent ! s'emporta-t-il aussitôt, énervé. C'est l'Osaka-ben, c'est pas pareil enfin ! C'est un dialecte différent, c'est tout !
- Tiens ? Cette fois tu n'avais pas cet accent, c'est bizarre... » remarqua la jeune Londonienne avec surprise.

Hattori esquissa un sourire forcé et sarcastique en même temps.

« Nan. Là, c'est parce que je parle vraiment anglais. Apparemment, ça vaut mieux. »

Lorsque les adolescents le suivirent tandis qu'il s'éloignait d'un pas vexé, ils tentèrent de s'excuser et de le calmer ; toutefois, ce fut en vain, et le Japonais refusa de parler durant une bonne dizaine de minutes.
Ce ne fut qu'au bout de nombres de discours d'excuses sincères de la part de ses amis qu'il se décida heureusement enfin à oublier la petite anecdote, continuant d'écouter les explications concernant ce qui l'entourait. Bien que d'abord réticent, il finit par réussir à garder à peu près son calme face aux poneys et au pokémon, même quand la question de la magie commença à être abordée. Même s'il avait dû réclamer une aspirine à ce moment précis, car il sentait que cela commençait quand même à faire un peu beaucoup à avaler, en seulement une heure. Fallait pas exagérer non plus, hein. Même si avec toutes les preuves qu'on lui montrait il n'y avait pas d'autre explication possible, son bon sens avait malgré tout du mal à accepter quelques détails légèrement inhabituels.

Avec tout ça, il en avait même oublié de déjeuner, tiens. Ce n'était qu'au moment où son estomac commença sérieusement à crier famine que Kudo se décida à le diriger vers le self. Plusieurs fois il s'était penché vers le plus petit – le lycéen semblait relativement muet, d'ailleurs ; ou timide, cela dépendait du point de vue –, répétant plusieurs fois la même question :

« Dis. Tu vas m'expliquer ce qu'il fait là, ce Ku— je veux dire, l'autre, là ? »

Mais à chaque fois, il faisait mine de ne pas l'entendre. Parce qu'ils étaient encore entourés de plein d'autres gens, en même temps. C'aurait été dommage que d'autres les entendissent s'expliquer. Mais même s'ils agissaient tous deux comme si de rien n'était, les regards qu'ils lui lançaient de temps en temps lui soufflaient que « T'en fais pas, on t'a pas oublié, on va t'expliquer plus tard. ».

Ouais. Plus tard. C'est ça.

Mais c'était maintenant qu'il voulait comprendre ce qu'était toute cette pagaille. Parce que plus tôt il aurait des explications valables, plus tôt il se sentirait mieux.
Et plus tôt il arrêterait de songer qu'il devrait sérieusement aller voir un psychologue, dès que l'occasion se présenterait.

« T'en fais pas, Hattori, souffla une petite voix à sa gauche comme si elle avait lu dans ses pensées. Tu vas vite t'y habituer. »

C'était le petit Kudo. Il lui jeta un coup d'œil réclamant une fois de plus ces explications tant attendues, mais il ne le regardait pas.
Le lycéen au teint mat dévia alors discrètement son regard, dévisageant le poney mauve juste à côté du gamin ; elle usait de sa magie pour faire léviter ce qu'elle s'apprêtait à manger puis croquer dedans, et personne n'y faisait attention autour d'eux. Comme si c'était parfaitement normal. Tentant d'oublier cette vision insolite sans y parvenir pour autant, il détourna rapidement les yeux de nouveau face à son assiette, poussant un soupir avant d'esquisser un sourire nerveux.

« J'crois pas, nan. »

Comme la veille, le déjeuner au self fut plus bruyant encore que toute cantine ne l'est habituellement ; toutefois, ce repas se déroula tout de même plus calmement que la dernière fois, bien que demeurant actif au niveau des longues conversations toutes plus intéressantes les unes que les autres.

« Sérieux, ça se voit trop que vous êtes faits pour être ensemble ! Tu devrais lui dire, de toute façon c'est évident qu'elle t'aime. »

Le roux se contenta de garder son air le plus impassible possible, buvant imperturbablement une petite gorgée d'eau.

« Hé, Raphie, tu m'écoutes ? Elle est à deux mètres, juste à côté, tu vois bien qu'elle attend que ça ! Elle doit te regarder en pensant “Oh, quand est-ce qu'il va enfin songer à m'avouer son amou—”
- Ouais. Je me demandais ce qui était le plus probable entre Marie rêvant de romances à l'eau de rose ou toi en train de te prendre un bon coup de poing si tu ne me lâches pas d'ici trente secondes. »

De son côté, Rose s'installa aussitôt aux côtés de Tsubasa ; cette dernière, bien que ne bronchant pas, ne lui jeta même pas un regard et se contenta de l'ignorer, continuant à manger en silence.

« Tu sais, je voulais juste savoir... Est-ce que ce serait possible que je combatte aussi le Noise ? J'ai souvent eu à combattre des adversaires divers auprès du Docteur, alors ça ne devrait pas être si différent, hein ? »

La Japonaise se stoppa alors qu'elle s'apprêtait à porter un sushi à sa bouche. Sans tourner la tête, elle lui jeta un regard indéchiffrable à travers lequel se faisait ressentir comme un mélange de curiosité et de tristesse, bien qu'elle tentât de paraître la plus neutre possible dans ses expressions.
Finalement, elle esquissa un petit sourire ironique en coin, baissant les yeux.

« Vous savez, j'ai connu une amie qui, elle aussi, était prête à tout pour avoir une relique...
- Oh, c'est vrai ? demanda-t-elle subitement avec un sourire innocent et curieux. C'est qui ?
- Elle est morte. »

Le professeur Layton entoura son menton de sa main droite, baissant le regard et plissant légèrement les yeux.

« Donc il semble évident que notre présence à tous ici n'est pas complètement liée au hasard ; quelqu'un ici nous aurait rassemblés dans un certain but, et doit probablement nous espionner en ce moment-même. »

Tout le monde autour de lui acquiesça gravement. Le fait qu'autant de détectives plus ou moins connus dans leurs univers fussent comme par hasard au même endroit au même moment était suffisamment peu probable pour que ce fût seulement une simple coïncidence.

« Ce que je trouve bizarre, appuya Hattori, c'est que ce “Noise”, là, n'avait pas l'air de vouloir me tuer. Ça se contentait de me poursuivre et de me bloquer certaines rues de manière à me forcer à prendre un chemin en particulier : celui qui m'a emmené là, en fait.
- Apparemment, cette personne voudrait qu'on fasse quelque chose de particulier, éventuellement pour l'aider à faire quelque chose, marmonna Phœnix. Mais dans ce cas, il y a de quoi se demander pourquoi cette personne ne se serait pas encore montrée...
- En tout cas... commença le Docteur.
- J'y crois pas. »

C'était le poney orange à chapeau de cowboy. Applejack était apparue sans prévenir aux côtés de ce dernier et venait de l'interrompre, fixant son plateau avec un air vexé. Le concerné, bien que masquant mal l'énervement qu'il avait à être interrompu alors qu'ils étaient en train de discuter d'un sujet hautement important, se retourna et lui demanda le plus calmement possible ce qui n'allait pas.

« N'avez pas pris de tarte aux pommes. Alors que j'en ai fait spécialement pour aujourd'hui parce que les desserts japonais ne convenaient pas à tout le monde.
- Et si les desserts japonais me conviennent ? De toute façon, j'aime pas les pommes.
- Vous êtes sérieux ?
- J'admire ton travail car c'est vraiment un bon boulot et je suis sûr que les autres vont l'adorer. Ça te va ?
- Alors pourquoi vous n'en avez pas pris ?
- J'aime pas les pommes. Je l'ai déjà expliqué, ça.
- Ridicule. Tout le monde aime les pommes.
- Pas moi. Maintenant, au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, nous sommes en train de parler de choses importantes, alors—
- C'est très important ce que je vais vous dire. Et si c'est pas moi, Fluttershy va vous faire comprendre. »

Le pégase jaune était juste à ses côtés, et commença à fixer l'homme sans un mot, le dévisageant seulement en fronçant les sourcils le plus possible. Indécis, le Docteur demeura silencieux un instant.

« Je peux savoir ce que tu fais...? Parce qu'en fait, tu fais plutôt pitié, pour être franc. »

L'équidé ne broncha pas, se contentant de froncer les sourcils plus encore.

« Toute cette histoire est complètement ridicule, alors si on s'arrêtait là ? On a autre chose à faire...
- Applejack a passé la matinée entière à préparer toutes ces tartes aux pommes avec amour, et vous comptez lui faire l'affront de vous moquer de son travail ? Vous n'imaginez probablement pas ce qu'elle doit ressentir en ce moment...
- Oh, c'est bon ! Je vais en prendre, puisque c'est ça ! Alors laissez-nous tranquilles ! »

Sur ces mots, il s'en alla en effet en lançant aux détectives qu'il reviendrait peu de temps après, qu'ils pouvaient continuer sans lui en attendant.
Contente d'avoir réussi sa mission, Fluttershy esquissa un petit sourire satisfait.

« Je suis vraiment désolée pour votre amie... Qu'est-ce qui s'est passé ?
- Rien. Cherchez pas à savoir. »

Mais cela se voyait que Tsubasa avait de plus en plus de mal à cacher cette profonde tristesse. Peut-être que son caractère si renfermé était dû à cela.

« Tu sais que j'ai toujours adoré les blondes ? J'ai toujours trouvé que le blond c'était parfait pour les femmes. La même couleur que l'or, ou le sable fin sur les plages ensoleillées... Ça te fait pas rêver, ça ? »

Marie, ne comprenant absolument pas l'anglais, jugea utile de se contenter de sourire et d'acquiescer. Après tout, il lui avait semblé qu'il lui avait posé une question au vu de l'intonation qu'il avait prise pour lui parler.

« Et les yeux bleus, aussi. Surtout quand ils sont clairs. Ça, c'est vraiment le top du top. T'as le sable de la plage ensoleillée avec le bleu turquoise de la mer en bonus. Vraiment rien de mieux pour se sentir transport—
- Je peux savoir ce que tu fais ?
- Oh, tiens, Raphie ! ... C'est une belle journée, tu trouves pas...?
- Va te faire foutre. »

Shinichi s'adossa au dossier de sa chaise, regardant le plafond tout en croisant les bras. Les sourcils froncés, il était évident qu'il était en pleine réflexion.

« En fait, si on réfléchit bien, il devrait être possible d'avoir de meilleurs indices concernant le rôle de cette personne dans ce sous-marin.
- Déjà, continua Conan en prenant une position similaire, on peut être quasiment sûrs que c'est une personne qui a accès à la machine permettant de voyager entre les différents univers, et qui sait s'en servir.
- En effet, il est évident que personne n'a les moyens de posséder une telle machine chez soi ; j'ai demandé séparément à plusieurs agents leurs salaires moyens et le coût de cette machine, et au vu de son prix même un milliardaire ne pourrait s'en procurer une facilement.
- Ce qui signifie par déduction qu'il n'existe qu'un seul modèle de cette machine, celui qui est dans ce sous-marin ; donc quelqu'un d'ici s'en servirait aux dépens de tous, si ce n'est pas l'ensemble de cet équipage qui est impliqué dans cette histoire – mais bon, si c'est l'armée, ce que j'ai pu confirmer par nombres de détails se trouvant ici, il y a peu de chances qu'ils ne soient pas de notre côté. »

Hattori tenta d'intercaler un « Hé, Kudo... » murmuré entre deux phrases, mais l'aîné des deux continua :

« Si personne dans cette division de l'armée ne s'est douté de rien jusqu'à maintenant, alors cette personne peut avoir accès à cette machine et faire ce qu'elle veut sans être jamais suspectée de quoi que ce soit.
- J'ai par ailleurs demandé au commandant l'identité des scientifiques responsables de la salle dans laquelle elle est gardée, et apparemment il n'y avait qu'une seule personne, ce qui nous permet de confirmer nos doutes. »

Le détective de l'ouest essaya encore d'imposer dans un chuchotement un « KUDO ! » à la fois énervé et nerveux, se faisant le plus discret possible en plaçant sa main en cornet à côté de sa bouche.

« Et ça signifie donc que— » enchaînèrent-ils en même temps.

Silence. Les regards des deux alter-egos se croisèrent un instant avec surprise, puis se focalisèrent sur l'avocat et le professeur. Ces derniers gardaient leur sang-froid autant qu'il en était possible en apparence, mais voir ces deux jeunes Japonais déduire les mêmes choses, parler avec le même ton, chacun continuant la démarche de l'autre exactement là où il l'avait laissée, et enfin s'apprêter à conclure en étant quasiment synchrones, tout cela avait de quoi en désorienter plus d'un. Et apparemment, trop emportés par le flux de leurs réflexions, les deux Tokyoïtes venaient de s'apercevoir de leur erreur en agissant ainsi aussi ouvertement.
Ils se jetèrent un rapide regard à la fois gêné et paniqué ; finalement, Conan fit mine d'éclater de rire, bientôt suivi par son aîné :

« Mais vous savez, Shinichi-niichan m'a déjà dit tout ça il y a quelques minutes : on s'amuse souvent à faire ça, c'est drôle de voir la tête que les gens font !
- Bien sûr ! Qu'est-ce que vous vous imaginiez...? » continua le lycéen sur la même lancée, ébouriffant toutefois nerveusement les cheveux du petit enfant.

Même si les détectives parurent se détendre, ils n'en étaient certainement pas dupes. Hattori ne put retenir un « Aho*... » dans un murmure, enfonçant sa tête dans sa main.

De son côté, Phœnix Wright commença sérieusement à douter, ses anciennes hypothèses complètement loufoques en apparence revenant à la charge. Pour une fois, il les considéra sérieusement : bien que cherchant activement à les réfuter, il arrêta de les considérer comme forcément fausses et irréalistes avant même d'y avoir réfléchi.
Mais en même temps, cette fois-ci, il avait eu un indice de preuve assez troublant et particulièrement déterminant.
Ce troisième verrou-psyché, il l'avait bien vu. Chose qu'il n'avait encore jamais eu l'occasion de constater, il remarqua aussitôt avec perplexité que ses chaînes emprisonnaient tous deux dans les mêmes liens ; ses cinq verrous étaient toujours aussi noirs, tous identiques.

Assurément, quelque chose clochait avec ces deux-là.

« J'y crois pas ! Vous avez toujours pas de hamburgers ?! »

Le responsable du self hocha négativement la tête d'un air blasé.

« Mais je comprends pas, vous avez même fait des tartes aux pommes pour aujourd'hui ! Alors pourquoi pas de hamburgers...? »

Incapable de répondre à la jeune Américaine, l'homme se contenta de lui répéter qu'ils n'en auraient probablement pas de sitôt, et qu'il était inutile d'aller en demander à chaque repas car cela ne changerait pas.

« J'y crois pas... soupira le Docteur, qui venait de revenir et de poser une assiette portant une tarte aux pommes sur son plateau. Du nouveau depuis que je suis parti ? »

Les regards dévièrent rapidement vers les deux Tokyoïtes, mais ils revinrent rapidement vers le nouveau venu. Tous consentirent à dire qu'il n'y avait rien de vraiment nouveau.

« On a trouvé le coupable. » coupa toutefois Phœnix.

Celui qui venait d'arriver le considéra avec un mélange de surprise et de satisfaction, demandant évidemment des explications.

« Ces deux-là l'ont trouvé, reprit-il en montrant les deux concernés. Ils n'ont pas encore dit de qui il s'agissait, mais ils l'ont trouvé.
- Oh ? Bien joué ! Alors c'est qui ? »

Les deux se redressèrent en même temps, s'apprêtant à parler, mais Conan se retint de justesse et laissa le détective lycéen s'expliquer seul, répétant son raisonnement. Au final, il annonça fièrement qu'il avait une excellente nouvelle à annoncer suite au fait qu'il avait pu se renseigner sur les responsables des laboratoires :

« En effet, conclut-il avec un regard assuré, j'ai été très surpris d'apprendre qu'une seule personne est responsable de la salle des machines – ou plutôt, de la machine, car elle est tellement grande qu'il lui faut une salle pour elle toute seule –, et cette personne s'y trouve souvent sans surveillance. Quant à son nom, il n'est autre que—
- MAIS TU VAS NOUS LÂCHER, CONNARD ?! »

Phœnix Wright parvint à s'écarter de sa place suffisamment vite pour éviter de justesse ce qui lui tombait dessus. En effet, Brice fut carrément projeté contre la table où les détectives se trouvaient, faisant valser au passage les plateaux sur lesquels il avait malencontreusement posé les coudes, dans une tentative désespérée de retrouver son équilibre. La part de tarte aux pommes vola à travers la cantine et vint s'écraser quelques mètres plus loin, mais personne n'y prit garde, pas même Applejack.

Le dresseur se releva avec difficulté, se tenant maladroitement la mâchoire de sa main gauche tout en faisant face à son adversaire le plus dignement possible. Tout le monde dans la salle demeura sans voix suite à une tournure aussi imprévue.

Automatiquement, tous les regards se tournèrent alors aussitôt vers celui qui avait ainsi frappé l'adolescent : le jeune Français, bien que sentant le poids de tous ces yeux perplexes et inquisiteurs à la fois, demeurait impassible et se contentait de fixer Brice avec un regard assassin. Marie se jeta rapidement sur son ami, lui tenant le bras en lui balbutiant quelque chose en français d'un ton complètement catastrophé ; probablement lui demandait-elle ce qui l'avait pris. Toutefois, le roux se contenta d'ôter ses lunettes et de les lui tendre, lui marmonnant probablement de les tenir pour lui. Les adultes ne laissèrent toutefois pas les hostilités continuer plus longtemps et tentèrent de séparer les jeunes adolescents en s'interposant entre eux deux, essayant de les calmer au mieux. Ce ne fut pas une tâche aisée de les maîtriser, mais la situation revint enfin au calme au bout d'un temps.
Peut-être que les violentes claques de Ran, d'un autre côté, furent un argument assez convaincant ; à moins que ce ne fussent plutôt les paroles énervées qu'elle avait prononcées alors que les deux adolescents étaient à terre :

« La prochaine fois, je ne retiendrai pas mes coups. Alors vous avez intérêt à vous calmer, tous les deux. »

Bien que continuant de se jeter des regards noirs, ils furent bien obligés d'obéir et de retourner à leur place, se faisant oublier le plus possible.
Les adultes, bien que n'appréciant pas particulièrement la méthode qu'avait employé la jeune Japonaise, la remercièrent pour l'aide qu'elle apporta ; mais ils retournèrent rapidement à leur précédente réflexion.

« Enfin, ceci mis à part, le raisonnement est excellent, félicita Phœnix en se tournant vers les deux alter-egos. Mais le problème...
- ... est que nous n'avons aucune preuve, termina Conan d'un ton déçu. On le sait.
- Le problème est que justement, comme nous avons affaire à l'armée, on ne va certainement pas pouvoir enquêter sans autorisation, ce qui va laisser largement assez de temps à cette scientifique de dissimuler toute trace de preuve. Donc au final, ça ne nous avancera à rien... »

Soudainement, une silhouette féminine apparut derrière eux ; bras croisés derrière le dos, une jeune femme se penchait vers les détectives avec un sourire amusé.

« Alors, c'est vous qui menez votre petit enquête à propos de cette affaire ? Vous avez du nouveau, alors ? finit-elle par demander en japonais.
- Oui, annonça le Docteur. Ils ont trouvé la personne à l'origine de tous ces problèmes.
- Oh, intéressant ! Et alors, c'est qui ? »

S'étant tournée vers les Japonais que l'homme avait montré d'un signe de tête, son regard se fit insistant. Toutefois, il ne fut pas difficile de constater à leur expression embarrassée que, visiblement, leurs soupçons étaient dirigés vers celle qu'ils avaient juste en face d'eux ; les autres ne tardèrent pas à comprendre par ailleurs l'origine de leur trouble, aussi n'objectèrent-ils rien lorsque le lycéen répliqua qu'après réflexion, ils s'étaient trompés et que leur théorie ne méritait pas d'être considérée une seule seconde de plus.
La jeune femme se releva alors et les jugea du regard, toujours avec son même sourire. Puis elle répliqua rapidement que c'était dommage. Puis elle s'éloigna.
Hattori croisa alors les bras, la regardant partir avec un regard inquisiteur.

« Comme par hasard, elle passe nous voir à ce moment. Ça commence quand même à devenir vraiment gros, pour une simple coïncidence. »

Mais cela ne constituait toujours pas une preuve tangible, souligna avec déception le professeur Layton ; en effet, même si tous les éléments semblaient accuser celle que Conan nomma comme Saga Saeko, l'absence de preuve rendait toute procédure impossible ; et les méandres de l'administration de l'armée rendaient impossibles la recherche de preuve en elle-même. Car il serait beaucoup trop complexe de mener quoi que ce fût sans mettre automatiquement le coupable au courant.
Les détectives continuèrent de discuter encore quelques instants, mais n'eurent rien de particulier à ajouter à ce qui avait été précédemment dit. Les trois Japonais ayant rapidement terminé leur repas, ils se levèrent peu de temps après et saluèrent poliment les adultes avant de partir ; mais il était évident que le lycéen au teint mat leur avait fait signe d'aller le voir en privé, probablement pour qu'il pût leur dire ou demander quelque chose sans que les autres ne pussent l'écouter.

L'archéologue londonien surprit alors l'avocat à regarder les deux Tokyoïtes s'éloigner avec des yeux à la fois troublés et inquisiteurs ; il esquissa alors un sourire amusé et croisa nonchalamment les bras.

« J'ai comme l'impression que ces deux jeunes hommes vous intriguent. », prononça-t-il d'un ton qui laissait cependant bien deviner qu'il en était en réalité persuadé, et qu'il s'agissait de toute manière d'une évidence que n'importe qui aurait remarquée.

Le concerné se retourna vers lui, lui soufflant qu'en effet il était certain qu'ils leur cachaient quelque chose, et comptait bien mettre cette histoire au clair.

« C'est vrai qu'ils se ressemblent beaucoup et que cela peut prêter à confusion ; mais il ne faut pas oublier qu'ils sont en même temps assez différents.
- Il y a l'âge, d'accord, mais il faut quand même avouer que le petit a plus l'air adulte qu'autre chose.
- Et à part cela, qu'est-ce qui les différencie ? »

Intrigué par la question, l'Américain se contenta toutefois de se prêter au jeu et de réfléchir ; puis il répondit tout naturellement que le plus jeune portait des lunettes, contrairement au lycéen.

« Intéressant. Il dit qu'il est myope, n'est-ce pas ?
- Vous lui avez posé la question ?
- En effet ; mais vous ne voyez donc pas ? Regardez-le mieux, et vous verrez probablement quelque chose qui pourrait vous intéresser. »

Il ne lui laissa pourtant pas le temps d'y réfléchir tout de suite, préférant mettre en avant un autre indice :

« Il y a également quelque chose qui peut sauter aux yeux, si on y réfléchit : si, en effet, ils ont un secret à cacher, alors ce Heiji Hattori est dans la confidence. Il n'y a qu'à se souvenir des premières paroles qu'il a dites à notre arrivée pour en avoir la certitude. »

Le professeur se releva, se saisissant de son plateau et s'apprêtant à s'éloigner, mais il se stoppa alors qu'il s'était déjà retourné ; sa voix retentit une dernière fois, d'un ton grave cette fois-ci.

« Cependant, si j'étais vous, je n'irais pas plus loin. Il ne s'agit pas d'un secret qu'on peut révéler à tout va, alors je vous demanderai de faire attention durant votre petite “enquête”. Il y a certaines vérités qui ont une raison particulière pour être cachées ; j'ai suffisamment de raisons pour penser que celle-ci pourrait causer beaucoup de tort à une ou plusieurs personnes qui ne le méritent pas, si jamais elle était révélée. Alors je vous demanderai seulement d'être prudent. »

Il partit alors, ne laissant pas le temps au jeune adulte de lui parler davantage.
Ces dernières paroles qu'il lui avait adressées plongèrent ce dernier dans une profonde réflexion. Apparemment, il n'était pas le seul à avoir remarqué tous ces détails intrigants ; mais l'Anglais, même en ayant activement réfléchi à la question, semblait vouloir s'arrêter sans connaître l'exacte réponse à ses questions, et l'encourageait même à faire de même. Comme s'il savait déjà de quoi il s'agissait exactement, ou pour le moins en avait une idée particulièrement précise en tête.
En tous les cas, il lui avait mis à portée de main quelques indices sur lesquels il pouvait en effet réfléchir, alors autant continuer à se prêter au jeu. Il se mit à réfléchir à tous les moments où il avait pu les voir de près, étudiant ses souvenirs les plus précis sous toutes leurs coutures ; finalement, ses yeux se rouvrirent et s'écarquillèrent alors qu'il avait prêté un œil attentif à un détail bien particulier. Cela paraissait anodin et la majorité des personnes n'y prêtaient aucune attention ; mais désormais qu'il y pensait, cela paraissait évident.
Lui revint en mémoire toutefois un autre souvenir, cette fois-ci plus ponctuel, mais beaucoup plus décisif. Personne n'y avait pris garde non plus, sur le moment ; mais si l'on réfléchissait un tant soit peu à la disposition des personnes sur le moment, cela rayonnait de lucidité.

Au moment où Hattori s'était étonné de la présence de “Kudo”, le concerné était encore dans le couloir. Donc il était physiquement incapable de le voir sur le moment. Donc ce n'était pas sa présence qu'il avait remarquée à cet instant, mais celle de Conan.

Il se souvint enfin qu'alors qu'ils allaient sortir de son champ de vision, il avait pu voir de loin que les deux Tokyoïtes avaient fait signe à quelqu'un de venir les suivre ; cela avait été Twilight qui avait répondu à cet appel, puis qui avait disparu avec les trois autres personnes dans le couloir.

Mais bien sûr, c'était évident !

Hattori fixait les trois personnes lui faisant face avec des yeux exorbités. Il finit par ouvrir la bouche légèrement, comme pour répondre, mais les mots lui manquèrent ; aussi demeura-t-il dans cette expression béate et complètement désorientée durant les secondes qui suivirent. Au bout d'un court silence tendu, il parvint enfin à aligner quelques phrases intelligibles :

« A-Attendez. On la refait, d'accord ? Je crois que j'ai perdu le fil à un moment ou à un autre... C'est ça, j'ai commencé à perdre le fil à partir du moment où vous avez parlé du sort temporel. Faut m'excuser, j'ai vraiment du mal avec vos histoires de magie... »

Twilight poussa un long soupir, posant son sabot contre son front.

« D'accord, je recommence. En fait, la salle des machines se trouve juste à côté de la bibliothèque où nous avons exécuté le sort.
- Oui. Et ?
- D'après ce que j'ai pu comprendre, la machine qui permet de voyager entre les différents univers s'y trouve, et il est très probable qu'elle ait été en état de marche à ce moment-là ; je n'ai pas accès à son fonctionnement précis, mais il est possible que la distorsion de l'espace-temps qu'elle produit ait interféré avec le sort. Tu suis toujours ? »

Le détective au teint mat jugea bon de hocher mollement la tête, d'un air blasé.

« Donc on peut supposer qu'alors que le sort temporel allait se terminer, l'énergie qui s'en dégageait a été captée par quelque chose d'autre – la machine –, ce qui a fait que finalement les particules ne se sont pas assemblées là où il fallait et que par quelque chose qui doit ressembler à la théorie du chat de Schrödinger – tu connais le chat de Schrödinger, pas vrai ? – il y a eu dédoublement je suppose – mais c'est qu'une théorie hein – ce qui fait que le corps d'origine qui devait reprendre sa taille d'adulte n'a pas bougé alors que les particules ont dû être attirées par l'interaction électromagnétique de la machine ce qui a fait qu'on s'est trouvés avec deux corps à la place ; et j'y pense, j'ai aussi lu quelque chose à propos des neutrinos, ou encore du boson de Higgs, mais je ne sais pas encore quelle place ils prennent là-dedans – mais je suis sûre qu'ils sont pas du tout innocents dans cette histoire, j'en suis persuadée – alors je vais encore voir quelles informations je peux récupérer à ce propos... »

Au fur et à mesure que la licorne continuait ses élucubrations de plus en plus rapidement et de moins en moins clairement, paraissant plus s'embrouiller dans ses explications plutôt que d'être certaine d'avoir vraiment compris elle-même ce qu'elle expliquait, le lycéen se sentit bientôt plus perdu encore qu'il ne l'était auparavant. Finalement, le petit Kudo lui fit signe de se pencher pour qu'il pût parler à son oreille.

« T'inquiète. Le seul truc que tu as à retenir, c'est qu'elle a raté son coup et qu'elle est en train de te chercher une excuse foireuse pour expliquer pourquoi elle s'est foirée. »

Encore une fois, l'adolescent jugea bon d'acquiescer en faisant semblant d'avoir compris ; bien que cette dernière explication fût infiniment plus claire que toutes les précédentes réunies.

« J'y pense, il est quelle heure ? » demanda subitement le poney, s'interrompant lui-même dans son interminable discours que plus personne n'écoutait.

Conan jeta un coup d'œil rapide à sa montre, et lui répondit naturellement qu'il allait être treize heures ; comme si elle se souvenait soudainement d'un rendez-vous, elle commença à prendre un air inquiet, presque en panique.

« Je viens de me rappeler qu'en fait, je devais aller voir cette Saga Saeko, qui devait me parler des résultats de ses analyses d'hier sur la magie, expliqua-t-elle. Elle m'avait dit qu'elle devrait en avoir fini aujourd'hui, et comme j'étais curieuse de voir comment votre science interprèterait ça... »

Elle se rendit compte soudainement que les trois personnes à qui elle parlait ne l'écoutaient déjà plus ; tous trois s'étaient plongés comme dans une profonde réflexion depuis un certain point qu'elle avait nommé dans sa phrase, mais comme elle ne voyait pas du tout lequel :

« J'ai dit quelque chose de mal ? » demanda-t-elle innocemment.

Ils commencèrent par ne pas répondre, se contentant de la regarder comme s'ils doutaient de ce qu'ils devaient lui dire, mais finalement Shinichi se pencha légèrement vers elle avec un sourire rayonnant.

« Au contraire, je crois que tu as réussi à nous débloquer. Grâce à toi, on a un début de preuve. »

La licorne pencha légèrement la tête sur le côté, prenant un air à la fois désolé et perdu.

« Faut m'excuser si je ne réfléchis pas aussi vite que vous, mais là je ne vois pas du tout où vous voulez en venir. Vous parlez de quoi, au juste ?
- Tu as bien parlé de “Saga Saeko”, répliqua Hattori. Pas vrai ?
- Oui, mais...
- C'est une physicienne spécialiste dans les multivers, trancha Conan d'un ton grave.
- Et alors ? »

Elle ne paraissait vraiment pas voir ce qui n'allait pas. Les détectives poussèrent un profond soupir.

« Tu ne penses pas que pour étudier la magie, on aurait plutôt tendance à faire appel à quelqu'un de plus apte à comprendre ce domaine dans le monde du vivant ? demanda finalement Conan. Comme, je sais pas, moi, un biochimiste ? »

Il s'agissait évidemment d'une question rhétorique ; mais comme l'équidé paraissait ne pas savoir de quoi il s'agissait, ils durent se résoudre à croire que la science n'était pas aussi développée dans son univers.
D'un autre côté, si la magie permettait de faire toutes sortes de choses, la science perdait un peu de son utilité, et de sa crédibilité. Les poneys avaient-ils seulement pu imaginer le concept de gravitation si leur magie permettait de l'annuler en quelques instants ? Tiens, c'était une bonne question. Faudrait lui demander un jour.

« Mais je ne vois toujours pas où vous voulez en venir, marmonna Twilight en posant son sabot près de son museau.
- Pour faire court, on la suspecte d'être une des personnes responsables de tous nos problèmes, répliqua le lycéen au teint mat.
- Hein ? Mais pourquoi ? Elle n'a vraiment pas l'air suspect, pourtant... »

Les Japonais crurent bon de ne pas rappeler qu'il ne fallait jamais se fier aux apparences, préférant plutôt lui détailler les raisons qu'ils avaient de soupçonner la jeune scientifique. Au final, elle dut bien se résoudre à croire qu'en effet, elle avait de bonnes raisons d'être le principal suspect.

« Mais alors, qu'est-ce qu'on attend pour l'arrêter ?
- On ne pourra rien faire tant qu'on n'aura pas de preuves, lâcha Shinichi en soupirant. C'est bien là le problème.
- Qu'est-ce que vous entendez par preuves ? Vous pensez qu'elle va écrire quelque part qu'elle est coupable, peut-être ? »

Il s'agissait évidemment d'une ironie ; mais pourtant, l'enfant eut quelque chose à y redire :

« L'avantage qu'ont les détectives sur les coupables, c'est qu'ils ont généralement affaire à des êtres humains – enfin, des êtres tout court on va dire –, qui ne peuvent être parfaits ; elle fera forcément une erreur à un moment ou à un autre, qui nous fournira une preuve irréfutable.
- Mais quand même, ça veut dire qu'on devra attendre un moment dans ce cas. Si on fouillait directement son laboratoire, on pourrait éventuellement dénicher quelque chose d'intéressant, non ? »

Tous trois poussèrent encore un soupir. Fallait-il vraiment tout lui expliquer ?

« On ne peut pas faire ça sans la mettre au courant, rétorqua le détective d'Osaka. On est dans un quartier général de l'armée, il y a des caméras quasiment partout alors on ne pourra jamais fouiller quoi que ce soit sans se faire remarquer ; et le temps de demander l'autorisation de mener une enquête, elle aura eu le temps de s'en apercevoir et de supprimer toute trace de preuve au moins dix fois, alors ça ne servira à rien au final.
- Et si on enquête sans que personne ne s'en rende compte ? insista-t-elle.
- Attends, je viens de te dire que c'est pas possible avec toutes ces caméras partout ! À moins que tu n'aies un sort d'invisibilité ou un truc comme ça, je vois pas comment on pourrait s'en sortir. »

Silence. Hattori prit soudainement un air moins énervé.

« T'as un sort pour rendre les gens invisibles, c'est ça ?
- Bien sûr que non, rétorqua-t-elle d'un air qui laissait dire que c'était l'évidence même. Ça se saurait si les licornes pouvaient dévier la lumière comme ça. »

Silence. L'adolescent enfonça son crâne dans sa main, se massant le front pour essayer d'écarter la nausée qui le reprenait.

« J'abandonne, lâcha-t-il soudainement. J'y comprendrai vraiment jamais rien. »

Twilight poussa un petit soupir désolé, tentant de s'excuser en lui proposant d'essayer de tout lui expliquer en détail ; mais il lui répliqua qu'il valait mieux éviter. Cela ne ferait qu'empirer les choses.
De leur côté, les deux alter-egos continuaient de réfléchir sur le problème initial. Peut-être que malgré tout, avec la magie de leur côté, ils pourraient trouver un moyen.
Peut-être. Il suffisait de trouver la bonne méthode.

« Mais en fait, quand on y pense, on n'a pas besoin d'être invisible pour ne pas se faire voir par qui que ce soit, marmonna le lycéen Tokyoïte. Il suffit d'être suffisamment discret, et de ne pas se faire repérer par les caméras.
- Génial, rétorqua Hattori avec sarcasme. Et comment tu comptes faire ça ?
- En fait, je crois que je vois ce que je peux faire. »

Tous se retournèrent avec surprise vers la ponette, lui demandant du regard de s'expliquer ; elle eut pour unique réponse qu'il s'agissait d'un sort qui n'avait rien à voir, mais qui permettrait, si on était suffisamment discret, de passer totalement inaperçu, y compris aux yeux des caméras de surveillance.

« Par contre, pour que ça ait une chance de marcher, il ne faut pas qu'on le fasse tous. Conan est le plus petit, alors je pense qu'il serait le mieux placé pour rester discret, et en attendant nous pouvons faire diversion ; je m'occuperai en particulier de maintenir l'attention de Saga Saeko, puisque de toute manière je dois la voir. »

Bien que n'appréciant pas tout particulièrement que l'on rappelât sa condition actuelle, l'enfant ne broncha pas et se contenta de faire la moue, haussant les épaules. Comme les lycéens semblaient en accord avec elle, cette dernière n'attendit pas plus longtemps pour faire luire sa corne.

« Attends, tenta toutefois le petit Tokyoïte, tu n'as toujours pas dit ce que tu— »

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'il sentit ses pieds quitter le sol. Bien que pris par surprise, il ne lâcha qu'une très légère interjection montrant qu'il ne s'attendait pas à cela, sans pour autant réagir plus. La lumière violette qui l'entoura se faisant de plus en plus opaque et aveuglante, il ne put que se résoudre à fermer les yeux tout en se les protégeant de ses bras.
Décidément, il commençait vraiment à en avoir assez d'être toujours le cobaye. Un échec avait déjà suffi, alors si désormais il ne savait même pas à quoi s'attendre... Que pouvait-il lui arriver ? Il n'osa même pas songer à un second échec.

Finalement, il sentit ses pieds entrer doucement en contact avec une base solide. À première vue, il ne ressentait rien de particulier qui aurait changé par rapport à auparavant...

« Euh, Kudo... »

C'était Hattori. Il avait l'air plutôt surpris. Apparemment, il avait vu ce qui avait changé, et il voulait dire quelque chose à ce propos avant qu'il n'eût le temps de comprendre ce qui avait bien pu se passer.

« N'ouvre pas les yeux, d'accord ? Pas tout de suite. »

Mais pourquoi donc ? Que s'était-il passé, alors ?
Bah. Après tout, si c'était lui qui lui demandait, il valait mieux l'écouter.
Désormais qu'il y pensait, il lui semblait qu'il percevait quelque chose de bizarre. Quelque chose lui mettait la puce à l'oreille, mais il ne parvenait pas à mettre le doigt dessus.

« Je vais poser une question idiote, mais... Juste comme ça, t'as pas le vertige, hein ? »

Ah, ça y était, il voyait ce que c'était.

La voix semblait provenir d'au-dessus. Mais par “au-dessus”, il entendait au plafond.

Il ouvrit les yeux et ne vit personne aux alentours. Le couloir était aussi interminable qu'auparavant, mais cette fois dénué de portes. Ce qui semblait confirmer ses craintes.
Il leva la tête, contemplant le plafond. En voyant ses trois amis le fixer depuis cet endroit, il en fut tellement surpris qu'il poussa un petit cri de stupéfaction et en perdit l'équilibre, tombant au sol.
Mais en réalité, il eut été plus correct de dire qu'il était tombé au plafond.

« J't'avais prévenu... »

Le temps de rassembler ses idées, l'enfant vit son alter-ego se tourner vers la licorne et lui demander d'un air abasourdi ce qu'était exactement ce sort, ainsi que son rapport avec l'enquête.

« Je vois pas vraiment le problème qu'il y a avec ça, marmonna-t-elle en soupirant comme s'il s'agissait de quelque chose de parfaitement normal. C'est juste un sort d'inversion de gravité, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise d'autre ?
- Attends. Déjà que tu as complètement changé la conception qu'on avait de l'individu unique, tu vas pas te mettre à chambouler la définition même du haut et du bas... » marmonna Conan en enfouissant sa tête dans sa main.

Le poney ne prêta aucune attention particulière à cette remarque, se contentant de se justifier en disant que les caméras comme les gens avaient généralement peu tendance à être tournés vers le haut ; comme les plafonds étaient particulièrement hauts, cela pouvait être ainsi facilement tourné à leur avantage puisque ce sort leur permettait, à condition de ne pas attirer l'attention par un quelconque bruit ou geste particulièrement remarquable, d'être hors champ des caméras, et d'être plus ou moins invisible aux yeux de la plupart des personnes présentes.
L'enfant finit par pousser un soupir tout en esquissant un sourire nerveux.

« Laisse-moi deviner. Tu vas pas me faire redescendre avant qu'on ait pu trouver cette preuve, hein ?
- Ne sois pas si pessimiste ! rit-elle d'un air légèrement embarrassé. On va juste essayer, c'est tout. Du moment que tu ne te fais pas repérer, il n'y a aucun problème qu'on puisse avoir, n'est-ce pas ?
- Ouais. Mais maintenant, il faut réfléchir à un dernier problème, souligna Hattori d'un ton blasé. Même s'il voit les preuves, comment qu'il va les chercher, maintenant ? »

Silence. Twilight baissa un regard penaud et se sentit rougir.

« ... J'en ai aucune idée. »

« Dis, Tachibana-chan, je peux te parler un instant ? »

Hibiki tourna la tête vers le lycéen qui venait de l'appeler et lui affirma chaleureusement qu'il n'y avait aucun problème, lui demandant même avec enthousiasme ce qu'elle pourrait faire pour l'aider.
Shinichi se pencha légèrement à son oreille, afin de pouvoir murmurer ; il ne fallait pas se faire entendre des oreilles indiscrètes.

« En fait, ça ne te dérangerait pas que je t'emprunte ton portable durant, disons, une demi-heure à une heure ? J'ai besoin d'enquêter, et il me faut absolument un appareil photo. »

Bien que surprise par une requête si inattendue, la jeune Japonaise retrouva le sourire lorsqu'il lui expliqua ce pour quoi il en avait besoin, aussi n'hésita-t-elle pas à sortir le petit appareil de sa poche, le lui tendant amicalement en lui demandant simplement de ne pas l'abîmer.
Toutefois, avant de s'en saisir, l'adolescent eut une dernière demande :

« Il n'y aurait pas un moyen de l'empêcher de sonner ? Ce serait dommage que ça arrive, alors qu'on veut être discret...
- Aucun problème ! Je vais activer le mode silencieux, alors. »

En effet, elle tapota quelques secondes l'écran de son téléphone, avant de le lui tendre de nouveau. Alors qu'il allait s'éloigner, elle lui souhaita bonne chance avec un petit clin d'œil amical.

Ran se tourna alors vers elle, et lui demanda naturellement la raison de la venue de son ami ; elle savait pertinemment que s'il avait une requête à lui demander, alors cela avait forcément un rapport avec son enquête.
Lorsque la jeune blonde lui expliqua tout dans un murmure, afin de conserver le secret, sa confidente baissa le regard, esquissant un très léger sourire triste.
Un de ces jours, il finirait par s'attirer des ennuis. C'était certain.

Shinichi arriva finalement, haletant. Personne ne l'avait suivi dans sa course, ni même interrompu pour lui demander ce qu'il avait, donc c'était bon signe. Une fois arrivé et certain d'être hors de vue des indiscrets, il s'autorisa enfin à sortir son trophée de sa poche, le montrant à ses trois amis qui l'avaient attendu là.
Conan regarda nonchalamment sa montre.

« Trois minutes vingt-quatre secondes. T'as pris ton temps. En même temps, c'est pas toi qui es pendu la tête en bas depuis tout à l'heure. »

Ne trouvant rien à redire, et n'ayant de toute manière pas suffisamment de souffle pour le dire, l'aîné se contenta d'expirer un peu plus fort, ce qui devait probablement faire office de soupir agacé.
Ne prêtant aucunement part à cette discussion, Twilight se contenta de faire luire sa corne, faisant léviter le petit engin jusqu'au plafond afin que l'enfant pût s'en saisir. Une fois ceci fait, après quelques paroles rapides résumant encore une fois le rôle de chacun dans l'affaire, le groupe commença de se scinder, chacun partant de son côté ; seul le gamin resta là où il était, comme convenu. Il n'était pas raisonnable de traverser de nombreux couloirs et de risquer de croiser quelqu'un alors qu'il était dans une condition si insolite : aussi était-il préférable de rester dans ce coin sombre à l'abri des regards, jusqu'à ce que la ponette fût arrivée à destination. Ce ne serait qu'à ce moment qu'elle l'y téléporterait à son tour avant qu'elle ne vînt voir la suspecte, car il valait mieux vérifier au préalable qu'aucun regard indésirable ne serait, encore une fois, dans les parages.

Au bout de quelques secondes en effet, une lueur mauve apparut de nulle part et vint l'entourer, formant comme une bulle de lumière autour de lui ; se laissant faire, il ne fut pas surpris de voir un décor totalement différent lorsque ce cocon opaque s'évanouit.

Depuis le sol, Twilight lui jeta un dernier clin d'œil encourageant ; puis elle frappa à la porte, attendant patiemment la réponse avec un air naturel.

Bien. La mission d'infiltration pouvait dès lors commencer.

« Mais en fait, comment s'appelait-elle ? Comment est-elle morte, au juste ? »

Tsubasa n'osait pas réagir. Même si la seule chose dont elle avait envie désormais était qu'on la laissât seule, elle ne disait rien.
De son côté, Rose hésitait de plus en plus à lui poser ces questions ; pourtant, elle voulait réellement savoir. Elle voulait savoir ce qui était arrivé à cette personne. Elle voulait savoir comment elle pouvait obtenir une relique. Elle voulait savoir si elle aussi pouvait jouer un rôle dans cette affaire. Car elle ne voulait pas rester au second plan.

Finalement, elle vit un homme s'approcher d'un air grave. Ogawa Shinji lui fit signe de la suivre sans poser de question, puis s'arrangea pour l'éloigner de la candidate. Puis, après quelques paroles rapides :

« Je vous conseillerai juste d'éviter de lui en parler. Déjà qu'en temps normal elle est plutôt réservée, surtout à cause de cet évènement, lui poser des questions dessus ne va pas vraiment arranger les choses. Vous n'allez que la faire souffrir davantage, et vous n'allez pas obtenir vos réponses pour autant. »

La Londonienne acquiesça d'un air penaud, se mordant la lèvre et tentant de s'excuser. Il était vrai qu'elle avait été plutôt maladroite.

« Vous croyez qu'elle s'en remettra un jour ?
- Je ne sais pas. Cela fait encore un peu moins de trois ans que c'est arrivé, mais il faut lui laisser du temps. »

Silence. Les deux adultes ne bougeaient pas.

« C'était quelqu'un avec qui elle s'entendait bien. »

Silence. Cela avait probablement voulu être prononcé avec une tonalité de question, et pourtant la phrase de la jeune femme avait été dénuée de toute émotion particulière. Mais Ogawa acquiesça gravement, comme s'il l'avait bien compris.

« Vous savez comment s'appelait cette personne ?
- Kanade Amou. Elle avait dix-sept ans. »

Silence.

« Que lui est-il arrivé ?
- Manque de compatibilité avec son Gear. Et Chant du Cygne alors qu'elle était à bout de forces. »

Silence.

« C'est-à-dire ?
- Comme elle ne pouvait normalement être physiquement capable d'être compatible avec une relique, on lui administrait du LiNKER pour augmenter son taux de compatibilité. Mais comme elle a dû combattre à un moment alors qu'elle n'en avait pas pris, et qu'en plus elle a chanté son Chant du Cygne, son corps n'a pas pu le supporter. »

Silence.

« Vous voyez maintenant pourquoi on ne donne pas de reliques à n'importe qui, et pourquoi on a si peu de candidates. Si on recherche des personnes compatibles au lieu d'en rendre d'autres compatibles, on a moins de chances de tuer quelqu'un. C'est pour ça qu'on a dit que nous n'avions pas vraiment le choix. »

Haha, tiens donc, qu'est-ce que cela ?! Il semblerait que le chapitre soit trop long pour tenir sur un seul article ?! Wow. D'accord, ça m'apprendra à l'avenir à faire des chapitres de trente-quatre pages... xD
~ Suite du chapitre VI ~
Article ajouté le Mardi 26 Novembre 2013 à 18h10 | |

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