Salut !
Moi c'est Elk', je suis auteur illustrateur jeunesse. Je bosse également beaucoup comme coloriste.
- Quand ai-je commencé ?
C'est une question difficile. J'ai toujours dessiné, mais si on cherche à savoir quand ça a commencé à devenir sérieux, je dirais vers 2006/2007. A cette époque j'étais dans mes dernières années de lycée et je commençais à apprendre la couleur numérique par mes propres moyens.
J'ai continué à dessiner dans des carnets depuis ce moment là. Le moment où c'est devenu ma carrière à proprement parler, c'est lors de mon entrée en 2011 dans une école spécialisée en illustration et bande dessinée à Liège en Belgique.
Avant ça j'étais dans une école d'ingénieur en informatique où malgré la bonne ambiance, je déprimais car ce n'était pas ce que je voulais faire de ma vie. Après avoir été renvoyé de l'école à cause de mon taux d’absentéisme (je me levais tard le matin à cause de la dépression), je me suis redirigé vers la Belgique pour faire ce que je voulais vraiment faire (les écoles en France sont soit trop chères, soit pas assez ciblée illustration).
- Pourquoi ?
Par choix. Certes c'est pas le travail le plus simple, et ça rapporte pas un rond. Mais je n'aurais pas supporté de passer la journée dans un bureau.
- A quel rythme est ce que je produisais ? A quel rythme je produis actuellement ?
Avant mon école d'art, disons un croquis par jour et une illu toutes les deux semaines.
Pendant mon école d'art, plutôt une illus ou planche de BD tous les deux jours en moyenne et plus de 4000 croquis sur l'année
.
Maintenant, une illu tous les deux jours en moyenne et 2 ou 3 croquis par jours.
- Ai-je eu un/des moment(s) déclencheur(s) qui m'a/ont fait évoluer? Si oui le(s)quel(s)?
C'est dur à dire, j'en ai eu tellement. Que ce soit par des échanges avec des pros ou des éditeurs, ou que ce soit tout seul en dessinant. Le truc pour évoluer c'est de rester modeste. La plus part de ceux qui stagnent c'est ceux qui croient avoir trouve "la bonne méthode" ou "le style qui leur convient". Il vaut mieux continuer à se remettre en question, et accepter la critique. Eviter de se dire "ce dessin est tellement bon, que tout le monde va en être dingue", et surtout ne pas se complaire dans la flatterie.
Surtout que si vous voulez en vivre, vous allez en prendre plein la gueule au début.
- Me suis-je déjà aventuré dans d'autres domaines que mon art de prédilection?
C'est ce qu'on fait en école. J'ai fait de la gravure, de la sérigraphie, du découpage, de la couleur manuelle, couleur numérique, peinture, graphite, carte à gratter, croquis à la main gauche, animation, dessin sur cellophane, croquis de 30 secondes, sculpture, pixel art, graphisme, et plein d'autres trucs.
C'est très formateur d'explorer plein de concepts, ça aide à se forger une personnalité graphique. On arrive à se comprendre soit même, ce qui n'est pas donné dès le départ. Beaucoup par exemple pensent vouloir dessiner du manga ou comics, parce qu’ils aiment ça, mais ils se rendent compte qu'en vérité toute une partie de leur personnalité graphique leur était inconnue, et ils ont de grosses révélations au cours du temps qui changent leur style graphique et les éloignent de plus en plus de ce qu'ils faisaient et étaient persuadés d'aimer au début.
Et puis on s'en prend tellement dans la tronche qu'on est forcés de se remettre en question... ou de mourir.
- Quelques anecdotes pour rire :
On avait une prof qui nous fouettait avec le fil de son chronomètre (pour l'accrocher autour de son cou) quand on faisait des erreurs d'anatomie. Si elle avait un chrono c'est parce qu’on faisait du croquis nus de 2 minutes. Si t'as pas fini ton dessin en pied (personnage en entier) en 2 minutes, tant pis pour toi, le modèle change de pause et tu peux plus finir. Pire, tu perd tu temps pour le prochain. Le cours durait 4h. Quand la prof passe derrière toi tu stress. Elle avait pour habitude d'arracher ta feuille si ton dessin est pas bien. On fait 3 dessins par feuilles, donc les 2 autres y passaient aussi. On était notés sur ces dessin en fin de semestre...
On avait un prof qui nous disait toujours d'utiliser des outils plus gros. Il en avait rien à battre de notre style graphique, il voulait des gros traits bien noirs pour qu'on synthétise à fond. D'habitude je dessinais au rotring 0.25mm, autant vous dire qu'il m'aimait pas beaucoup.
Quand j'ai fini mon école d'art, le décalage était tellement fort, que j'ai rien foutu pendant 6 mois. J'avais tellement l'habitude de rusher et de fonctionner au stress, que si il n'y avait personne pour me poser des deadlines je procrastinais. Ça a été une lente et douloureuse cure de désintox pour retrouver un rythme de travail adapté à moi tout seul.
Voilà, j'espère que ça vous aide un peu =)
Elk'