Ce jour-ci allait être merveilleux, sans aucun doute un des plus beaux de l'année. Ce matin-là, Evoli s'était réveillée de bonne heure, impatiente de découvrir ce qui l'attendait. Car aujourd'hui, c'était son anniversaire !
La petite renarde était toute joyeuse et, à peine sur pattes, commençait déjà à sautiller dans tous les sens, boule de poils déchaînée. Dans ce sursaut d'énergie, elle avait tiré ses parents de leur sommeil. Ce fut tout d'abord sa mère, une jolie Mentali qui se leva. Les yeux encore à demi clos et sa fourrure en bataille, signe du Pokémon pas encore très réveillé, elle réprimanda tout d'abord sa fille pour la manière brusque dont elle avait fait preuve pour la réveiller avant de se rappeler l'importance de ce jour et d'aller secouer doucement son mari.
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Evoli courait. Elle ne savait pas où aller, elle déambulait là où ses maigres pattes la portaient. Cela devait bien faire une bonne heure qu'elle était dans cette situation, mais peu importait. Elle s'était promis d'écouter sa mère, et c'est ce qu'elle ferait. Courir. Sans s'arrêter. Jamais. Elle savait qu'il était là, la traquant impitoyablement pour une raison qu'elle ignorait. Elle ne pouvait pas se permettre de ralentir la cadence, où il la rattraperait en moins de temps qu'il ne faudrait pour le dire.
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- Hmm, qu'est-ce qu'il y a ? grogna le père d'Evoli, un Noctali plutôt bien conservé pour son âge.
- C'est l'anniversaire de la petite, lui murmura sa femme.
- Ah oui c'est vrai.... Bon anniversaire chérie.
- Merci papa ! Sourit sa fille.
Mais tout anniversaire digne de ce nom se doit d'être accompagné d’un magnifique gâteau. Evoli partit donc dans la petite cuisine en compagnie de sa mère, tandis que son père se réveillait tranquillement.
- Tu veux quoi comme gâteau, ma puce ? demanda la Mentali.
- Je veux le plus gros et le meilleur gâteau du monde ! S'enthousiasma Evoli.
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Un rugissement retentit, plus puissant que jamais, tel le prédateur se rapprochant inexorablement de sa proie, qui ne pouvait rien faire d'autre que courir aussi loin que ses pattes le pouvaient. Evoli courait. La fatigue lui était totalement étrangère, elle pourrait courir ainsi pendant des heures, et même des jours s'il le fallait, si tant est qu'elle ne se ferait pas rattraper avant.
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Le gâteau d'Evoli était magnifique, comme elle l'avait demandé. Etaient empilées successivement, une couche de chocolat, puis de vanille et enfin de framboise, le tout étant agrémenté de fraises disposées un peu partout sur la pâtisserie, bien ordonné tel qu'Evoli l'avait souhaité.
- Il est trop beau ton gâteau maman ! Dis, je peux en goûter un bout, hein, dis ?!
- Patience, mon ange. Attends au moins ce midi.
Et sur ce, elle partit se laver afin d'être belle pour sa fête.
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Les broussailles commençaient à laisser place à la lande aux herbes courtes et taillée au ras du sol. Cela n'était pas bon pour Evoli car désormais, il pourrait la voir de loin, ce qui faciliterait sa poursuite et entraînerait inévitablement sa fin. Mais, à son plus grand étonnement, rien ne l'avait suivi. Finalement, il s'était résigné, ayant probablement compris qu'elle était invincible à la course.
Hélas, ce qui était sûr, c'était qu'Evoli était bel et bien perdue au milieu de nulle part. Mais désormais, elle n'errait plus au gré de ses pattes. Non, désormais, elle savait où aller.
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Ça y est, il était midi. L'heure pour Evoli de souffler ses bougies et de découvrir ce que contenait les paquets cadeaux de ses parents. Le repas terminé, la dégustation du gâteau se fit dans la bonne humeur, tout le monde étant subjugué par l'excellent goût du gâteau. Une fois la dégustation terminée et leurs estomacs repus, ce fut l'heure de découvrir les surprises que lui avaient fait ses parents.
Rien qu'à voir l'emballage, elle se doutait que ça allait être merveilleux. Le papier était multicolore, orné de multiples dessins enfantins, tout ce qu'elle adorait. Son père eut une envie pressante au plus mauvais moment et dut s'éclipser pendant que la petite renarde ouvrait son paquet.
Au fur et à mesure qu'Evoli déchirait l'emballage, la forme de l'objet lui apparut. Elle s'interrogea tout d'abord en observant la forme ronde et plate de son cadeau. Quand, finalement, il fut totalement à découvert, elle n'avait toujours pas la moindre idée de ce qu'il pouvait s'agir.
- Maman, c'est quoi ?
- C'est une CT, chérie. Elles te servent à apprendre des capacités. Celle-là contient Abri. Regarde, je vais t'apprendre à t'en servir.
- Ouais, trop bien !
C'est ce moment qu'il choisit pour débarquer.
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Même si Evoli savait où se rendre, ça ne l'empêchait pas de courir. C'est ce que sa mère lui avait dit, et elle avait promis de le faire. La lande balayée par les vents n'aidait pas vraiment la petite renarde à avancer, mais elle n'avait pas le choix. Elle devait courir sans s'arrêter. Peut-être qu'il reviendrait, elle devait rester sur ses gardes.
Cela devait faire plusieurs heures qu'elle errait dans ce coin perdu, mais elle approchait de son but. Elle y serait bientôt, elle le sentait. Et là, tous ses problèmes seront réglés.
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Un cri déchira l'air joyeux d'Evoli lorsque sa mère lui apprenait l'attaque Abri. C'était celui de son père. Et il ne semblait pas très heureux. Quelques minutes passèrent dans l'angoisse le plus totale, Evoli et sa mère terrifiées, attendant un signe du Noctali. Il revint vers sa famille en rampant, tout son corps parsemé d'une couleur rouge écarlate.
- Mon dieu ! Chéri ! Que t'est-il arrivé ? S'inquiéta la Mentali, sans remarquer l'immense silhouette qui se trouvait derrière elle.
- Chérie, Evoli... fuyez, fit le père d'Evoli, avant d'expirer, ses yeux virant au blanc et regardant dans le vide.
Malheureusement pour elle, sa femme n'eut pas le temps d'exécuter ses dernières volontés. Un griffe d'une taille proportionnelle à celle de la silhouette s'abattit sur elle, lui déchirant le dos. Elle poussa le même cri de douleur que son mari, avant de retomber au sol, juste à côté de celui-ci.
Mais l'étrange agresseur n'en avait pas fini. Il restait encore une petite boule de poils, recroquevillée sur elle-même. Il s'en approcha, arma ses griffes tranchantes et les planta dans le corps de sa victime. Enfin, il essaya. Car entre-temps, un dôme protecteur s'était déployé, protégeant ainsi Evoli.
Abri. Evoli venait d'utiliser Abri. Cela venait sans aucun doute possible de la sauver d'une mort certaine. Mais cette attaque ne fonctionnait hélas pas deux fois consécutives, et la mère de la petite renarde le savait. Aussi, elle donna ses ultimes ordres à sa fille :
- Cours, Evoli. Cours, ne t'arrêtes pas, cours aussi vite que tu le peux, fit-elle d'une voix encore assurée malgré qu'elle rejoignit son mari chez Giratina peu après avoir prononcé ces paroles.
Evoli était terrorisée, et ne posa pas de questions avant de s'enfuir en courant, l'assassin de ses parents sur les talons.
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Ça y est, Evoli était arrivée. Les embruns de la mer parvenaient à ses narines tout autant que le vent décoiffait son pelage déjà bien ébouriffé. L'océan devait être agité, à en entendre les sons qui lui parvenaient. Mais elle n'était pas venue ici pour contempler la mer. Il lui restait une tâche à accomplir.
- Papa, maman, j'arrive.
Et elle se laissa tomber de la falaise