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Concours de Fanfic, été 2008
La CS Surf !

Création N°14

Pokeglisse

Un chahut monstrueux se faisait entendre. Des milliers de personnes étaient rassemblés pour l'événement, et chacun avait son petit mot à dire sur l'affaire.
Quelques agents de sécurité tentaient en vain de calmer la foule, mais personne ne les remarquait. Tous les regards étaient fixés vers un bâtiment géant en forme de Lamantine, qui se dressait de sa couleur bleu azur au milieu de cette ville bruyante qu'était Céladopole.
Une voix se fit alors entendre. Chacun reconnut le timbre zozotant de Olga, membre de la ligue Pokemon et représentante du type glace. Elle tenait son micro avec fierté, heureuse d'avoir pu se déplacer pour l'inauguration.
- Mesdames, Mezzieux, merzi d'êtres venus si nombreux pour ce grand événement ! Tout d'abord, permettez moi de remercier toutes les personnalités qui ont travaillé dur pour voir aujourd'hui leur labeur récompensé ! Accueillez ainsi Mr Léo, qui a dezziné les schémas de toutes les machines innovantes dont l'endroit est équipé, Mr le Major Bob, qui z'est occupé de la partie électricité et Mlle Ondine, qui a zupervisé les travaux.
Les personnes citées se levèrent tour à tour, arborant un sourire de fausse modestie.
Olga sortit alors une petite paire de ciseaux dorés, et les approcha avec précaution du ruban rouge. Elle respira un instant, puis coupa.
Le public entier applaudit.
- Bienvenue au Parc Aquatique Pokeglisse ! annonça la championne avec enthousiasme. A présent, je vous invite tous à rézerver vos places pour demain, au guichet juste en face de moi. Aujourd'hui n'auront accès au Parc que certains invités triés sur le volet. A demain, et n'oubliez pas, avec Pokeglisse, vivez un torrent d'aventures !

*

Je suivais mes parents en traînant des pieds. Quoique les gens puissent penser, il n'était pas facile d'être le fils de Mr Chop, propriétaire de la plus part des boutiques du pays.
Tous les gens vous regardaient avec cet air de jalousie mêlée de mépris, que l'on prend toujours avec les « enfants gâtés », dont je faisais officiellement partie.
Je n'étais qu'un jouet. Mais attention, un jouet de qualité, qui doit être présentable ! Il faut qu'il soit propre, bien habillé et respectueux.
Mes parents emmenaient leur jouet un peu partout, et ma vie n'était que cérémonies et salons mondains de petits bourgeois prétentieux.
Oh, je connaissais l'argument de ma famille réunie « Tant de petits enfants aimeraient être à ta place ». Je ne compte plus le nombre de fois qu'on me le répétait par jour. Seulement, voila, il y a des moments où je la leur donnerais bien, ma place.

Aujourd'hui, nous étions invités à un parc aquatique, qui venait d'ouvrir à Céladopole. Bien sur, découvrir cette grande ville m'enchantait, malgré le long voyage en voiture et en train que nous avions du faire à partir de mon Ebenelle natale.
Seulement, je voyais déjà ma mère s'extasier devant le casino, les machines à sous étant sa nouvelle passion, et mon père prendre des airs de propriétaire devant le centre commercial.
Je ne les supportai plus, et espérais qu'on me laisserait faire les différentes attractions du parc tout seul.

Nous voilà arrivés devant Pokeglisse. Le Lamantine géant qui surplombait la ville semblait me regarder avec bienveillance.
Il me rappelait mes parents qui refusaient obstinément de m'offrir mon premier pokemon, alors que j'allais vers mes quinze ans. Les voyages initiatiques étaient jugés « indignes de la haute société », et si on les acceptait, c'était parce qu'ils permettaient à mon père de vendre un nombre incalculable de potions et de poke ball.
- Tiens toi bien, Etienne, voila les autres notables qui arrivent, déclara sèchement ma mère.
En effet, mes parents saluèrent le PDG de Féli-TV, qui s'était déplacé avec à son bras une fort jolie femme, le directeur de la Tour Radio de Doublonville, et même Mr Fuji, toujours aussi triste et résigné.
Un homme m'interpella alors. Je me retournai, et vit à ma grande surprise le gardien du Parc Safari. Il me gratifiait d'un grand sourire, qui laissait voir avec évidence sa dent en or.
- Bonjour, mon p'tit gars ! J'ai entendu dire qu'à ton age, tu n'avais aucun Pokemon ? Tu devrais venir faire un tour au Safari, tu pourrais y trouver sans problème un bon compagnon de voyage.
J'acquiesçais, sachant délibérément que mes parents ne me permettraient jamais un tel voyage avant ma majorité.
Le brave homme dut le lire sur mon visage, et fouilla dans sa poche.
- Tiens, ça me fait plaisir, prends là. C'est la CS Surf, bien pratique dans ce parc aquatique … Tu pourras t'en servir, quand tu auras ton propre pokemon.
Je remerciai le gardien, et pressait très fort dans ma main ce petit objet. C'était la première fois qu'on m'offrait un cadeau venant du cœur.

Une fois entrés, nous passâmes d'abord par les cabines d'essayages, spacieuses et luxueuses. Je me déshabillais et enfilais à contre cœur un maillot de bain orné de Wailord, jugé « top tendance » par un ami de ma mère qui l'avait fabriqué.
Je me regardais dans le miroir. J'avais beau avoir une quantité monstrueuse de glaces à ma disposition chez moi, il me semblait me redécouvrir. Était-ce donc moi, ce jeune homme aux cheveux bruns mi long, avec quelques boutons sur le torse et un fin duvet en dessous de la bouche ? Je ne reconnaissais de mon enfance que ce regard triste et mélancolique.
J'empoignais la petite CS luisante que m'avait offert le Gardien et partit à l'aventure.

Je fus proprement époustouflé en voyant le spectacle qui s'ouvrait à moi. A perte de vue, je ne voyais que piscines, chaudes, froides ou à remous, toboggans, sauna et activités aquatiques en tout genre. Et tout ça pour une petite cinquantaine de personnes.
Mes parents arrivèrent alors derrière moi.
- On m'avait dit qu'il y aurait un atelier de massage, se plaignit ma mère.
- Et ils n'utilisent même pas nos marques de pierres eau pour faire évoluer leurs Pokemon, enchérit mon père.
Agacé, je m'éloignais, bien décidé à découvrir le parc sans ces deux énergumènes.

Je montai les marches d'un des toboggans, puis me laissait tomber à l'intérieur du tuyau, rempli d'un mince tapis d'eau dévalant les pentes. Pour la première fois depuis longtemps, je me surpris à pousser des cris de joie.
J'atterris dans un petit bassin à la température si confortable qu'on hésitait à en sortir.

C'est alors que je l'aperçus. Il naviguait dans un bassin voisin, qui se divisait en plusieurs petites piscines où arrivaient les personnes empruntant les toboggans. Il posa immédiatement son regard doux et intelligent sur moi.
C'était un Lokhlass. Il était encore très jeune et n'avais pas atteint sa taille adulte. Il se dégageait de ce pokemon, lorsqu'il glissait majestueusement sur l'eau, une sérénité et une grâce incroyable.
Je m'approchai de lui. Loin d'avoir peur, il posa son museau sur ma main, et je pus le caresser doucement. Il émit une petite plainte de joie qui me fit rapidement comprendre les vertues musicales qu'on lui attribuait.
- Etienne !
Je me retournai avec lassitude.
- Oui, maman ?
- N'as-tu pas fini de jouer avec ce … cette … créature ? Nous t'avons cherché partout, suis nous et dépêche toi. Ce comportement n'est pas digne …
- De la haute classe à laquelle j'appartiens, je sais, maman.
- Bon, allons plutôt faire ce tobogan, là !
Je jetai un dernier regard au pokemon, puis montai les marches, suivi par mes parents.
Avant que je me jette dans le tobogan, ils ne manquèrent pas de me rappeler de les prévenir quand je serais en bas.
Je dévalai donc le tobogan jusque dans le bassin, beaucoup plus profond que les autres. J'avais pris des cours de natation, entre ceux de golf et de polo, et remontait facilement à la surface.
- Vous pouvez y aller, dis je en sortant de l'eau.
Mon père descendit à son tour, puis cria à ma mère que c'était à elle. Il grommela en montant l'échelle, pestant que ce n'était pas ces pertes de temps qui allaient inculquer de bonnes notions aux jeunes.
Quelques instants plus tard, ma mère se jeta à l'eau. Sa personne toute entière plongea dans le bassin. Nous attendîmes quelques secondes, mais sa tête ne sortait pas.
Mon père commença à paniquer, et à crier dans tous les sens, sans pour autant oser se jeter la tête la première dans le bassin pour aller sauver sa femme.
C'est alors que j'entendis une petite plainte familière. Le Lokhlass venait d'arriver, et me regardait, semblant comprendre ce qui se passait. Je ne réfléchis pas, et ouvrit mon poing, contenant la petite CS, en forme de goutte d'eau.
Le pokemon s'approcha de moi, et je lui sautais dessus, en appliquant la CS sur lui. Je fus ébloui par un immense éclat, et je me retrouvai, debout sur le Lokhlass, qui me conduisait tout droit vers le lieu où avait sombré ma mère.
Malgré le sérieux de l'instant, je me rendis compte à quel point il était agréable d'attaquer les vagues, debout sur ce pokemon si majestueux.
Je sautai dans l'eau, et parvint à la remonter sur le dos du Lokhlass, qui la raccompagna jusqu'au bord.
Un maître nageur arriva alors, épouvanté. Il effectua quelques pressions sur le ventre de ma mère, et elle toussota, ouvrant les yeux. Elle était sauvée.
Elle me regarda avec gratitude, puis posa ses yeux avec bienveillance sur le Lokhlass.
- Combien, pour ce pokemon ? demanda-t-elle au maître nageur.
Ce dernier regarda le Lokhlass, puis me fixa, et répondit tout simplement.
- Je crois que ce serait un crime de ne pas vous l'offrir.

Je contemplai avec adoration mon premier pokemon. Il me sourit, et de sa plus belle voix, prononça distinctement « Lokh-lass ».


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