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King's Ship de Raidemo



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Informations

» Auteur : Raidemo - Voir le profil
» Créé le 25/02/2008 à 23:31
» Dernière mise à jour le 09/09/2008 à 23:58

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Action   Aventure   Humour   Présence de poké-humains

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Chapitre 1 - part 1
~1~



Capitaine Flo


Le commandant Stetson fulminait. Une fois de plus le Ragnarok lui avait filé entre les doigts. Sentant la tension bouillonnante, ses hommes s'étaient tous souvenu de tâches pour lesquelles ils avaient pris du retard. C'est ainsi que, plongé dans sa colère, le militaire faisait, seul, les cent pas dans le bureau luxueux du gouverneur de Nénucrique.
Le gouverneur, ce vieil homme pacifique qui accueillait chaleureusement soldats comme forbans dans sa ville de joie, observait Stetson d'un œil las. Le commandant ne stoppa ses sifflements vengeurs et sa marche rancunière que lorsqu'il se cogna le genou contre le bureau en bois massif. Le gouverneur Stamp soupira alors, et se leva pour aller rejoindre le militaire qui jurait sauvagement, un genou à terre.
- Allons mon cher Stetson, dit-il d'un ton compatissant. Cessez donc de vous tourmenter à ce point. Fleiy et son Ragnarok chevauchent les mers depuis trop longtemps pour se laisser prendre si facilement. Mais vous y parviendrez, croyez-moi.
Le comandant se redressa, le visage détourné de celui du gouverneur. Il tenta de ravaler sa colère, passa une main dans ses cheveux argentés et soyeux pour s'assurer qu'il étaient toujours en place, parfaitement plaqués contre con crâne, puis il se retourna vers le vieil homme.
- Vous avez raison, reprit-il d'une voix encore légèrement tremblante. Ces… pirates ne nous échapperont plus bien longtemps. Leurs ports d'accueil se font de plus en plus rare, bientôt ils tomberont sous nos canons.
Stamp sourit et tapota l'épaule du militaire.
- Bien, j'aime à vous entendre parler ainsi. Maintenant profitez de votre escale pour vous détendre un peu. Toutes nos auberges vous sont ouvertes, et…
Stetson se retourna lentement vers le gouverneur, une lueur digne d'un rapace tapie au fond de ses yeux jaunes. Sa nervosité semblait avoir disparu pour laisser place à la pondération dangereuse d'un chasseur aux aguets.
- Oh… Je sais parfaitement que vos portes sont grandes ouvertes, et que vos rues accueillent toute la racaille des mers, murmura le commandant d'une voix maintenant sombre et menaçante. Vous connaissez parfaitement mes opinions Gouverneur Stamp…
Le vieil homme fronça les sourcils, soutenant un instant le regard du militaire avant de détourner le sien, ses lèvres entrouvertes à la recherche d'une échappatoire. Mais Stetson se contenta d'un petit soupir de dédain avant de placer son bicorne sur sa tête, et de quitter le bureau sans une salutation.
Posté devant la porte, un énorme laggron au regard tranchant leva la tête. Stetson referma le bureau tout en fixant le monstre amphibien. Il portait une veste en cuir de sous laquelle apparaissait une ceinture lourdement chargée : pistolets de combat, sabre, bourses remplies de poudre et colliers de crânes humains. Le commandant s'approcha en silence, et le laggron quitta le mur auquel il était adossé avant de tendre une main. Stetson y plaça dix pièces d'or.
- Je veux toutes les informations que vous pourrez trouver sur le capitaine Fleiy, ordonna-t-il en fixant le pirate dans les yeux. Les vaisseaux de la flotte de Poivressel ne sont pas admis à Algatia, et ce n'est que dans ce port que nous apprendrons quelque chose d'utile.
Le laggron observa les pièces, les fit tinter un instant, puis les rangea dans une poche intérieure, dévoilant le reste de son arsenal dissimulé dans sa veste.
- Vous pouvez compter sur moi cap'taine, répondit enfin le laggron en affichant un sourire d'assassin.
Stetson tressaillit à cette appellation, ne cherchant pas à cacher l'écœurement que lui inspirait cette union.
- Commandant, je vous prie, trancha-t-il d'une voix sifflante. Maintenant partez d'ici Tank. Je veux vous voir dans un mois, c'est compris.
Le monstre répondit d'un rire fort et cruel en s'éloignant dans les couloirs du bâtiment. L'homme aux cheveux d'argent souffla de dépit. A sa gauche, une fenêtre ouverte laissait entrer un air salé au goût piquant. Stetson appuya ses poings sur le rebord et profita un instant de cette brise marine. Une délicieuse brise marine…
Soudain, quelque chose attira son attention. Un vaisseau qui s'engageait dans le port et venait déposer ses amarres. A sa proue se dressait une figure de lamantine dorée, et sur sa coque était étalé en lettre d'une couleur identique l'appellation « King's Chip », que le commandant trouva de très mauvais goût. Un détail, cependant, capta la vigilance de son instinct de chasseur : l'éclat incompréhensible du bois rougeoyant qui formait son mat.

Cela faisait plusieurs mois que le vaisseau n'avait pas trempé dans un port, aussi l'équipage savoura l'instant avec bonne humeur, à l'exception de la vigie.
- Winnie, très chère, vous veillerez sur le bateau durant notre absence !
La goélise retourna se percher, affligée, en haut du mat. Flo était nerveux ; ce foulard sur son œil ne faisait que souligner la présence d'une blessure, et sa perruque le démangeait atrocement. Mais il n'avait pas le choix, plusieurs personnes qui traînaient régulièrement à Nénucrique l'avaient connu dans sa vie passée. Et personne ne devait savoir qu'il était ici, ni pourquoi, ni comment.
Une bourrade du King le rappela à lui et lui fit perdre son monocle.
- Fais pas cette tête Flo ! lança-t-il, hilare. Qui pourrais te reconnaître dans cet accoutrement ? Moi-même je me demande si c'est encore à toi que je parle !
- Capitaine Flo… , maugréa le rouquin en montrant les dents. Et crois-moi, le gibier que j'ai besoin de tromper et d'un tout autre potentiel que toi, Bill.
- Ah non ! Pas de Bill ! Y a plus de Bill !
Leur querelle fut interrompue par un grognement de Croc.
- Capitaine, j'aimerais aller faire quelques réserves si ça vous gêne pas. Bishop a boulotté toutes nos réserves de charcute.
- C'pô sa faute, défendit Yadi avec son éternel sourire. On va mieux l'surveiller le ptiot maint'nant.
Bishop courait après sa queue en poussant des interjections dans une langue inconnue (et certainement inexistante) qui devaient pouvoir se traduire par : « jouer ! », « manger ! » ou même « trouver femme ! ». Croc grogna à nouveau, et avec l'accord du capitaine partit remplir les cales pour pouvoir profiter des auberges une fois la nuit tombée. Yadi partit avec Bishop à la recherche de quelques informations croustillantes. Les deux capitaines se retrouvèrent seuls, Flo tous les sens en alerte, le King inspirant avec gaieté l'odeur du port.
Sous les injonctions de ce dernier, ils finirent par s'engouffrer dans la ville. Nénucrique était très agréable, ses rues étaient bondées de petits commerces, et l'on y trouvait toutes les espèces que la terre pouvait porter. Les habitations elles-mêmes étaient soumises à un véritable melting-pot ; le bois voisinait la pierre, et la toile, la tuile, l'ardoise, et même quelques armatures en métal qui ne paraissaient pas vraiment solides.
Ainsi éloignés de l'équipage, les deux capitaines avaient moins de scrupules à se tutoyer, car ils étaient au final du même rang, même s'ils avaient dans l'obligation de ne pas le montrer.
- Pourquoi t'occupes-tu de Bishop, demanda finalement le rouquin en essayant de couvrir le bruit ambiant.
- Oh, cha… , baragouina le King entre deux bouchées de viande grillée. J'ai pas le choix, maman m'en aurait tellement voulu si je l'avais abandonné. C'est mon frère adoptif tu comprends.
- Et… il a toujours été comme ça ?
- Oh non. Mais un jour il s'est fracassé le crâne contre un canon mal amarré. L'engin a même faillit lui broyer le bassin. C'était sans compter sur Yadi : elle a réagi à temps et l'a extirpé du chemin du canon. Ça m'a fait un sacré trou dans ma coque, grogna le capitaine en ressassant ces souvenirs amers.
Flo était pensif. Quelques vagues réminiscences lui revinrent en mémoire. Il les chassa bien vite, dissimulant une douleur profonde derrière un froncement de sourcils et une crispation de la mâchoire.
Comme le musteflott s'y attendait, ils ne firent aucune recherche : le King était trop occupé à s'extasier devant toute nourriture mise à portée de son odorat, à étaler devant quelques dames (à la consternation du rouquin) son rang et son nom déjà sévèrement mis à prix, et à faire l'éloge de cette ville si accueillante. Ainsi, Flo espérait amèrement que les recherches de Yadi et Bishop se verraient plus fructueuses.

Un mat en bois de kantam. Le commandant n'avait pas rêvé se dit son bras droit en sifflant, admiratif. Le jeune homme en uniforme avança sur la jetée, observant avec fascination le vaisseau nommé « King's Chip ». Il était long, en bois robuste, gravé avec raffinement, et devait atteindre une pointe de vitesse remarquable. Le mat fin qui se dressait en son centre paraissait très limité pour soutenir des voiles si imposantes, mais si Stetson avait vu juste…
« Le Darkcut… le seul vaisseau qui ait jamais pu s'embellir de ce bois légendaire. »
Mais quelque chose n'allait pas. Ce bateau fantastique tenait son nom de sa figure de proue, faite en bois de kantam, tout comme son mat ; on disait que ce bois si résistant lui permettait d'empaler et de fendre des navires entiers, qu'il pourrait percer la roche si son capitaine le souhaitait. Mais la figure de proue de ce vaisseau était en bois doré, aucun doute là-dessus. Un bois de bas étage qui plus est, orné d'une peinture qui s'écaillait ça et là.
- Hep, camarade !
Le jeune homme leva la tête en entendant cette voix criarde. Une goélise descendit du bateau pour venir se poser sur le ponton, près du militaire.
- Oï, camarade, répondit ce dernier en souriant. Magnifique vaisseau. Et d'un nom original.
Winnie observa la peinture dorée et soupira, préférant s'abstenir à ce sujet.
- Vous gardez le navire ?
La goélise tourna cette fois un regard méfiant sur le jeune homme. Celui-ci, fort de son visage angélique aux traits encore enfantin, afficha une innocence merveilleusement feinte.
- Ça se pourrait, marmonna l'oiseau.
- Désolé, peut-être ais-je eu l'air d'un voleur à tourner ainsi près de votre bâtiment. C'est pour cela que vous êtes descendu n'est-ce pas ?
Winnie ne répondit pas, et se contenta de lancer un regard mauvais au militaire. Celui-ci leva les mains en guise de soumission, et fit demi-tour avant de s'éloigner. La goélise l'observa longuement, jusqu'à ce qu'il disparaisse dans la nuit.