Neuf Agents pour sauver le Monde de Nates

- Neuf cent... neuf cent putain de millions de pokédollars... marmonna l'Agent 004, le plus âgé du groupe.

- Divisés en neuf, ça donne beaucoup moins, hein, tempéra la plus jeune, Max Vinns.

L'homme haussa les épaules et tira une bouffée de son cigare, adossé au mur gris de la grande pièce peu accueillante. L'ambiance était des plus étranges dans cet endroit confiné, et tout le monde donnerait n'importe quoi pour sortir, mais la salle, pour des raisons obscures, avait été fermée à double tour. Ils n'avaient de plus aucune vue sur l'extérieure, à cause de l'absence de fenêtre, ce qui renforçait ce sentiment d'insécurité. Certains ne semblaient pas dérangés, mais d'autres, comme les timides Agents 002 et 009, jetaient des regards inquiets autour d'eux de temps à autre. Autant dire que ça n'arrangeait rien, même avec 004 et 007 pour détendre l'atmosphère avec des blagues plus ou moins obscènes.

La jeune 006 regarda l'heure sur son téléphone portable, et lâcha un soupir bruyant. Cela faisait bientôt une heure et demie qu'ils étaient là, tous les neuf, enfermés dans cette pièce désagréable avec de parfaits inconnus. Sollicités pour une mission qu'ils étaient obligés d'accepter, de plus, et qu'ils ne savaient pas comment mener à bien. Paraît-il qu'on leur donnerait des ordres via leurs téléphones portables. Avec un peu de chance, ils auraient juste à les suivre, et on ne leur demanderait pas plus. Certains d'entre eux avaient déjà tué, et ça ne leur poserait sans doute aucun problème moral de réitérer l'expérience. Ce serait à l'inverse très difficile pour les novices de s'y adonner, mais peut-être n'auraient-ils pas à le faire. Ils l'espéraient, et surtout 009, car il était un fervent adepte de la religion arcésienne. Du genre qui priait avant chaque repas, et tous les soirs avant de se coucher. Et pour le divin Arceus, ennemi juré de Giratina, tuer était un péché. Bon, peut-être que si c'était pour la bonne cause - en l'occurence pour nuire à ce fameux Giratina -, le Seigneur serait à même de pardonner, mais rien n'était moins sûr.

- Quelqu'un est partant pour un "Action ou Vérité" ? lança soudainement Helena Fisher, Agent 003 de son état.

Cette proposition aussi subite qu'incongrue jeta un froid sur le groupe, avant que quelques uns ricanent doucement, peu enclins à se livrer à ce type de conneries. S'apercevant que son intervention n'avait pas vraiment lieu d'être, la blonde à la langue bien pendue se mura dans un silence qui ne lui allait pas. Les autres ne savaient pas trop quoi penser d'elle, si ce n'est qu'elle était jolie et un tantinet trop bavarde. Mais elle avait de l'enthousiasme à revendre, et elle serait sûrement douée pour remonter le moral des troupes en cas de besoin. On n'en avait jamais assez, des gens comme ça, qui avaient la fougue contagieuse.

Le silence fut brisé une nouvelle fois, mais pas par 003. Là, il s'agissait de Violet Amory, l'Agent 008. Une femme très jolie et qui avait l'air d'une sagesse incroyable et d'un calme olympien.

- Résumons la situation, voulez-vous ? Il est précisément dix-huit heures cinquante-trois, on ne sait absolument pas quel temps il fait dehors, et on ne se connait pas le moins du monde. Et de plus, nous ignorons à quel moment nous pourrons quitter cette pièce des plus sinistres. Je vous le demande donc le plus gentiment du monde. Quelqu'un a-t-il un GPS qui pourrait nous localiser précisément ? Je ne sais pas où on nous a emmenés et ça me stresse à un point...

004 et 006, qui semblaient plutôt bien s'entendre, échangèrent un regard suspicieux. Cette Violet semblait être une maniaque de la précision, et très bizarre avec ça. A quoi bon savoir où ils étaient, s'ils ne pouvaient pas s'échapper ? Cela n'avait aucun sens. Pour eux du moins. Une voix calme et posée qu'ils n'entendaient pas souvent - celle de l'Agent 005, Erwin Schreiber - intervint dans la discussion.

- Je ne suis personne pour vous juger, madame Amory, mais ce n'est pas le plus important. Savoir où nous sommes ? C'est inutile. C'est sortir qui nous importe. Si quelqu'un veut sortir, qu'il libère son Pokémon et enfonce la porte, ça devrait faire l'affaire. Vous êtes quelqu'un d'étrange, madame Amory, vraiment.

Le jeune aux cheveux très blonds se remit à griffoner des croquis de créatures mi-humaines, mi-Pokémon dans son carnet, ne prêtant de nouveau plus aucune attention aux regards braqués sur lui. Il trouvait 008 étrange ? N'avait-il pas conscience qu'il était loin de se comporter comme tout le monde, lui aussi ? Il semblait comme détaché de tout, sans la moindre émotion ni la moindre chaleur. Mais après tout, ils ne le connaissaient pas, et juger quelqu'un que l'on ne connait pas est une grave erreur. Une erreur que beaucoup de gens commettent, mais enfin. Il n'existe pas d'être infaillible. A part peut-être Arceus lui-même, et encore ; ce n'est pas certain, puisqu'il a échoué à contrôler Giratina, qui s'est retranché dans un monde parallèle, loin de la juridiction divine.

Le premier à réagir à la suggestion d'Erwin fut l'impassible 001. Ce trentenaire qui semblait plaire à 003 fit sortir un grand crocodile rougeâtre au ventre gris, rayé de noir. Il avait autour des yeux une sorte de bandeau noir, qui le faisait ressembler à un bandit. Ses dents étaient aiguisées, nul doute que ça devait être douloureux de se faire mordre par ce Pokémon-là. Ryan Almasy ordonna à son Crocorible d'enfoncer la porte plusieurs fois. Tout ce qu'ils purent entendre, c'étaient les couinements de douleur du Pokémon et le bruit métallique de la porte.

- C'est une porte blindée ou je m'y connais pas, ça ! siffla la jeune 006, impressionnée. Je me demande en quoi elle est foutue.

- Quelqu'un aurait un lance-roquettes ? plaisanta 007, toujours présent pour détendre l'atmosphère.

- Je crois qu'il n'est pas bienvenu de rire dans un moment pareil... soupira 002 de sa voix semblable à un murmure.

Ce à quoi personne ne s'attendait arriva. Un bruit de clé tournant dans une serrure. Quelqu'un posté à l'extérieur avait dû les entendre, et venait les tirer de cet enfer. Ils soupirèrent de satisfaction en sentant un courant d'air lorsque la porte s'ouvrit, et un visage ridé apparut dans l'embrasure. Vêtu d'une sorte de smoking intégralement rouge, ce qui semblait être un majordome s'avança dans la pièce, son trousseau de clé à la main. Il marchait lentement, le dos courbé, appuyé sur une sorte de canne. Il n'avait sans doute pas moins de soixante-quinze ans, voire plus.

- Eh bien, grand-père, on a terminé sa sieste ? railla 004, son regard bleu pâle braqué sur le vieillard.

Le vieux majordome ne sembla pas offusqué par la remarque de l'Agent, et se contenta de répondre à sa question. Il avait dû être bien dressé, celui-là, pour être aussi peu regardant sur le comportement des invités du président.

- Je n'ai pas dû entendre le téléphone sonner, je n'ai donc pas reçu l'ordre de vous libérer. Mais je constate qu'il est déjà dix-neuf heures et que le moment est passé depuis longtemps...

Il toussa longuement, puis poursuivit de sa voix faiblarde.

- Je vais vous conduire à l'extérieur. Vous regagnerez la terre ferme ce soir par un hydravion qui vous conduira immédiatement à Azuria. Tous les frais d'hôtel ont déjà été réglés pour vous, je vous souhaite donc un agréable voyage.

Sans attendre la moindre réponse, le majordome boîteux s'en alla comme il était venu, laissant cette fois la porte ouverte derrière-lui. 003 ne se priva pas pour quitter la grande pièce et courir partout comme une enfant qui découvre le monde extérieur. 004 serra les dents.

- Flippant, ce vieux... carrément flippant...

Tous se ruèrent dehors, plus ou moins calmement. Il leur était agréable de pouvoir observer le soleil se coucher sur l'eau, ses reflets dorés se reflétant sur la mer. Un spectacle de toute beauté. Une femme en tenue de pilote vint les accueillir et les fit monter dans l'hydravion, qui ne tarda pas à décoller. Le voyage fut étonnamment rapide ; pas plus d'une demi-heure. L'île devait se trouver un peu au nord de Kanto, du côté d'Azuria, leur destination pour la nuit.

Alors qu'ils descendirent du petit avion juste à côté de la ville, leurs téléphones portables sonnèrent tous en même temps dans une cacophonie de sons éléctroniques très désagréable à l'oreille. Ils se consultèrent du regard, sachant parfaitement ce que cela signifiait. Le président ne perdait pas de temps, visiblement, pour s'adresser à eux.

Le message était à peu près le même pour chacun d'eux. Ils avaient une localisation, un partenaire désigné, et un objectif à accomplir, et cela dans la semaine. En gros, c'était effectivement comme ils l'avaient imaginé ; ils suivraient les ordres sans discuter.

- J'ai hâte de dénicher un scoop, depuis le temps que j'attends mon heure de gloire ! sourit 003.

Soupirs d'exaspération et regards désabusés suivirent la déclaration de la jeune femme, qui était bien trop enthousiaste pour être honnête.


* * *


Helena Fisher, alias Agent 003, était plus que satisfaite de sa première mission au service du président. Pourquoi donc ? Car elle était chargée de retrouver un artéfact datant de plus de deux millénaires, dans le Désert Délassant d'Unys, et plus précisément dans le Château Enfoui. Cerise sur le gâteau, elle faisait équipe avec 001, l'homme qui lui plaisait le plus dans le groupe. Autant dire qu'elle avait été gâtée par le destin, cette fois-ci. Armée de sa caméra, elle suivait péniblement son camarade peu bavard qui semblait beaucoup plus à l'aise qu'elle dans cette étendue de sable ardente. Elle n'était vêtue que d'un débardeur et d'un pantalon léger, et pourtant, elle n'avait jamais eu aussi chaud de sa vie. Elle se demandait comment son partenaire, en chemise, arrivait à survivre.

Ryan Almasy, de son côté, était très reconnaissant à sa partenaire de daigner fermer un peu sa bouche. Elle parlait trop, et lui sans doute pas assez à son goût. Surtout que parler donnait soif, et dans le désert, avoir soif, c'est signer son arrêt de mort. Mieux valait être prudent avec cette Helena Fisher. Et puis, pourquoi diable avait-elle emporté sa caméra ? Le président ne serait sûrement pas d'accord pour que les images de leur découverte soient rendues publiques. L'Agent 001 soupira. Il aimait parcourir le désert pour découvrir de nouvelles choses, certes, mais pas en compagnie d'une femme aussi imprudente, et donc vulnérable qu'elle. Et surtout pas pour le président de Kanto, un homme qu'il n'avait jamais apprécié, bien qu'il ne l'aie vu qu'à la télévision. Ce type n'avait même pas daigné les rencontrer pour leur donner les instructions en personne. Il y avait des limites à la lâcheté, tout de même.

- On est encore loin ? lâcha finalement la blonde aux yeux noisette étincelants qui ne voyait absolument rien, peu habituée au soleil aveuglant du désert.

Le brun, pour toute réponse, secoua la tête.

- Cent cinquante mètres environ.

Helena s'étonna franchement. Elle pensait qu'elle n'entendrait jamais la voix de ce beau gosse adepte des étendues de sable de toute la journée, et voilà qu'il lui répondait. C'était l'occasion ou jamais de taper un peu la discute. Malheureusement, il lui intima de se taire et continua à marcher devant sans se préoccuper d'elle. Dingue, ça. Elle avait du succès avec les hommes, d'habitude, mais lui, il sortait carrément du lot. Ce qui ne le rendait que plus attirant encore, elle devait se l'avouer.

Ce furent les cent cinquante mètres les plus longs de sa vie. Marcher dans le sable, elle le savait, était une expérience chiante, mais quand c'était longtemps, ça devenait TRES chiant. Elle faillit embrasser l'une des pierres lorsqu'ils arrivèrent au Château Enfoui, tant elle était heureuse d'enfin pouvoir profiter d'un peu d'ombre. Seulement, Ryan n'attendit pas pour descendre les escaliers qui menaient aux ruines. A croire qu'il ne se reposait jamais, celui-là.

Tous deux avaient toujours été des passionnés d'Histoire, et visiter ces ruines antiques était pour eux une expérience très plaisante. L'architecture du bâtiment n'avait rien de particulier, contrairement aux peintures et aux fresques murales qui étaient magnifiques. Elles semblaient retranscrire une histoire, peut-être celle du peuple qui vivait là avant que le château ne finisse enfoui sous le sable du désert.

- Je peux savoir ce que tu comptes faire de ces images ? soupira 001, voyant qu'Helena se servait déjà de sa précieuse caméra de professionelle pour filmer la visite.

La blonde haussa les épaules et son visage s'éclaira d'un large sourire.

- C'est juste histoire de garder un souvenir de tout cela... Oh ! Tu me laisserais te filmer ? S'il te plaît !

- ...non merci...

La trentenaire énergique soupira mais ne s'avoua pas vaincue, prenant discrètement un cliché de son partenaire impassible avec son téléphone portable. L'éclairage n'était pas optimal, étant donné qu'ils étaient là illégalement - les ruines étant fermées au public le dimanche -, mais ça ferait l'affaire pour elle.

Ryan la plaignait un peu, dans un sens. C'était une jeune femme naïve, qui croyait que toute cette histoire allait se finir sans danger et sans cadavres. Mais il était convaincu du contraire. Une secte, adepte de Giratina qui plus est... ce n'étaient pas le genre de personnes à se montrer amicales avec leurs ennemis.

- Euh, Ryan ?

Le brun, qui sentait venir une question n'ayant rien à voir avec leurs recherches, au vu du caractère d'Helena, daigna tout de même la regarder pour l'encourager à poursuivre.

- Tu sais où elle est, cette relique qu'on cherche ?

Il soupira intérieurement de soulagement et hocha la tête avec un léger sourire. Elle n'était peut-être pas si conne qu'elle voulait le faire croire, en fin de compte, et ça le rassurait. Il voulait croire qu'elle n'avait pas usurpé son titre d'historienne.

- Tu n'as qu'à me suivre, ce n'est pas bien loin.

- Okay, alors... et c'est quoi le rapport avec notre affaire de Saint Culte de Giratina ? C'est vrai, je n'ai pas pensé à faire des recherches avant de venir...

L'Agent 001 accepta bien volontiers de donner à sa camarade un cours sur cette fameuse relique antique.

- Le Sceptre Draconique est l'une des reliques qui, dans les légendes arcésiennes, aurait appartenu à Giratina. Il s'en serait servi pour s'occuper de Palkia et Dialga avant de quitter le Mont Couronné pour s'enfermer dans son propre monde.

- Ouais, c'est une arme, quoi, en conclut la journaliste et historienne en haussant les épaules.

Ryan acquiesça. Oui, c'était à peu près cela. Une sorte d'arme.

- Donc j'imagine que si ces fanatiques cherchent à ressusciter Giratina, ou je sais pas trop quelle absurdité, ils veulent mettre la main sur ce fameux Sceptre Draconique... en déduit Helena, fière d'elle.

- C'est ce que le président pense, en tout cas. Je ne sais pas si c'est vrai. Ce dont je suis sûr, c'est que l'artéfact sacré est bel et bien ici.

Tout en marchant, ils avaient descendu deux étages et traversaient désormais un couloir en parfait état, contrairement au reste du château. Il y avait beaucoup de portes, mais Ryan ne s'arrêtait pas de marcher. Il avait dû étudier un moment le plan des ruines pour pouvoir s'y repérer facilement. Il tourna brusquement à droite pour se retrouver devant une grande salle. Il y avait des objets rares enfermés dans des vitrines, comme dans un musée. Ce ne serait pas chose facile de récupérer le sceptre discrètement sans la clé, mais bon, il ne devait pas y avoir d'alarme dans un coin reculé du désert comme celui-ci. Helena allait avancer dans la pièce, mais l'Agent 001 l'en empêcha.

- Qu'est-ce tu fous, enfin ?!

- Parle moins fort. J'ai vu des gens, à l'intérieur. Deux si il n'y en a aucun de caché. Habillés de costumes noirs et de manteaux rouges, ça te dit quelque chose ?

Helena se mordit la lèvre.

- Le Saint Culte...

- Dans le mille. Si ces enfoirés sont déjà là, on va devoir trouver un moyen de récupérer le sceptre avant qu'ils ne s'en aillent avec. En misant sur l'effet de surprise, on pourrait les assommer...

La blonde acquiesça.

- L'effet de surprise, hein... genre comme ça ?

Elle ne laissa pas à son partenaire le temps de réagir ; elle empoigna la Pokéball à sa ceinture, fonça à toute allure dans la grande salle et libéra un étrange Pokémon humanoïde faisant un peu penser à un clown. Il agitait ses mains bizarrement et poussait des petits cris. Il s'agissait d'un M.Mime, une espèce plutôt rare. Les deux fanatiques de Giratina, trop absorbés dans leur prière juste devant le Sceptre Draconique, manquèrent d'avoir une crise cardiaque lorsque le Pokémon tapota leurs épaules.

Ryan se frappa le front lorsqu'il les entendit hurler et rejoignit sa camarade à l'intérieur, désireux de ne pas la laisser s'attirer des ennuis toute seule ; elle avait l'air douée pour ça, de toute façon. Il remarqua que l'un des deux hommes s'était évanoui en apercevant le visage du Pokémon clownesque. Il trouva bizarre que des petites natures puissent vénérer Giratina, qui prônait le sang, la violence et la destruction. Mais il ne s'attarda pas là-dessus, car le second libéra un Ectoplasma pour leur faire face.

- Okay, eh bien... je te laisse gérer le combat Pokémon.

- Tu rigoles ? Je suis NULLE ! geignit Helena.

- Contente-toi de détourner son attention, chuchota 001 à sa comparse, tout en saisissant le pistolet accroché à sa ceinture.

La jeune femme écarquilla les yeux en voyant l'arme à feu de son collègue. Il n'allait tout de même pas... oh, et puis zut, elle devait se concentrer sur le combat, elle n'était pas responsable des actes de Ryan, après tout ! Lequel avait profité de l'attention que le fanatique portait au combat pour récupérer le sceptre. Par chance, les deux tarés qui étaient arrivés avant eux avaient eu la présence d'esprit de trouer la vitre au laser à leur place. C'était déjà du temps de gagné. Il récupéra l'artéfact, une sorte de baguette d'une cinquantaine de centimètres, entièrement argentée, et ornée d'un orbe obscur, d'une couleur violette. Il était fascinant, mais il n'avait pas le temps de s'attarder là-dessus pour le moment. Le combat faisait rage et il ne s'étonnerait pas si le plafond venait à céder.

Il chargea son pistolet équipé d'un silencieux et tira en plein dans le crâne du fanatique, ce qui provoqua une jolie explosion de sang et de chairs qui allèrent décorer le mur le plus proche. Helena rappela son Pokémon et grimaça en voyant l'Ectoplasma s'enfuir à toutes jambes.

- Charmant...

- Au moins, ça évite de perdre trop de temps. Tiens, mets ça dans ton sac.

Elle prit le sceptre, qu'elle trouva très beau, et le fourra dans son sac en bandoulière de cuir.

- C'était presque trop facile, tu ne trouves pas ? Je commence à m'inquiéter un peu...

- C'est vrai que...

Au même moment, ils entendirent comme une secousse et quelques petites pierres du plafond commencèrent à tomber. Ryan hocha la tête.

- Je me disais bien, aussi...

- Tais-toi et COURS ! hurla Helena, complètement paniquée.

Il ne se fit pas prier pour obéir et tous deux réussirent tant bien que mal à gravir les marches de l'escalier et à sortir sains et saufs. Le bâtiments n'était pas tellement endommagé extérieurement, mais ils savaient que s'ils ne dégageaient pas d'ici rapidement, ils seraient foutus. Et puis, ils avaient rempli leur mission, alors ils pouvaient rentrer sans honte avec le sceptre pour faire leur rapport aux intermédiaires du président. Ryan, qui n'était pas du tout emballé au début, se dit que ce n'était pas si mal de devenir un aventurier cherchant à démanteler une secte de psychopathe. C'était même excitant, d'un côté. Peut-être le goût du risque commençait-il à s'insinuer en lui comme un virus incurable. Il ne le savait pas, mais il n'était pas mécontent de son excursion, de même qu'Helena, qui affichait un large sourire malgré sa fatigue apparente.

- Je devrais songer à capturer un Pokémon volant... pfiou... quelle conne, j'aurais dû le faire y'a des lustres...


* * *


Le Sceptre Draconique (le plus mal détouré de l'Univers)