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Entre infini et au-delà de Cyrlight



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Informations

» Auteur : Cyrlight - Voir le profil
» Créé le 17/01/2014 à 09:26
» Dernière mise à jour le 17/01/2014 à 09:29

» Mots-clés :   Action   Drame   Fantastique   Mythologie   Suspense

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Chapitre 192 : L'air du vent
L'air du vent - Pocahontas


L'humanoïde avait tout l'air d'être du genre féminin, comme en témoignaient ses formes et sa chevelure verte pareille au feuillage d'un arbre. Malgré sa bipédie, ainsi que sa structure corporelle parfaitement normale, elle possédait de longs doigts effilés dont les extrémités étaient pareilles à des bourgeons. Divers arômes exquis s'échappaient de sa peau terreuse pour venir les enivrer.

- Gijinkas, acte trois, constata Sven sur un ton de défit, sans se laisser nullement impressionner par celle qui leur faisait face.
- Une Dryade.

Cela n'étonna pas particulièrement Cassy de voir cette sorte d'hybride se manifester, puisque les esprits de la nature étaient les soeurs de ceux de l'eau, autrement dit des Naïades.

Alors que l'espion à côté d'elle lançait son premier couteau, elle libéra une salve de magie destructrice. Leur adversaire disparut cependant en un tourbillon de pétales aux effluves de rose pour se matérialiser dans leur dos, les traits plus menaçants qu'au début.

Aussitôt, la jeune femme porta une main à sa sacoche, d'où elle tira la pokéball d'Altaria. Sur sa gauche, Noctali venait déjà de jaillir dans un éclair de lumière rouge. D'une même voix, les confrères donnèrent leurs ordres :

- Cru-Aile !
- Morsure !

Aucune des deux attaques ne fut cependant efficace. Celle de type ténèbres se referma sur du vide, provoqué par l'action aérienne qui avait soufflé le corps en masse végétale éparse. La Gijinka retrouva sa constitution normale moins d'une seconde plus tard, et commença à se mouver avec rapidité autour d'eux.

- Elle ne va pas m'échapper bien longtemps, celle-là !
- Sven, arrête ! C'est stupide, elle arrive à parer tous nos coups. Au lieu de prendre des risques inutiles, nous ferions mieux de battre en retraite.
- Elle est seule alors que nous sommes d'eux. Si nous nous enfuyons à chaque fois, comment veux-tu que l'on trouve leur point faible ?
- Je t'avais dit que tu aurais dû prendre tes gants !
- Ce n'est pas le moment le mieux choisi pour une dispute extra-conjugale, ange noir.

Sans que Cassy n'ait le temps de réagir, il plaqua un violent baiser sur ses lèvres, puis se lança à l'assaut, un poignard longiligne à la main. Elle recula d'un pas, partagée à l'idée de fermer les yeux car elle craignait ce qui pouvait se passer ou profiter du spectacle que les deux combattants offraient.

Le jeune homme exécuta une sorte de danse agile autour de son adversaire, dans une parfaite maîtrise de l'art de la capoera. Avec souplesse, il fendait l'air, même si l'hybride parvenait toujours à esquiver ses coups au dernier moment. Elle ne se défendait pas, pourtant. Elle se contentait juste de se mettre à l'abri à chaque fois qu'il cherchait à l'atteindre par quelque feinte diabolique.

La dresseuse observait la scène, cherchant la faille de leur ennemie ou au moins le meilleur moyen de venir en aide à l'espion, en vain. Comme son enveloppe charnelle pouvait se désagréger au gré du vent, la Dryade semblait impossible à toucher. Les coups se perdaient toujours inutilement dans le vide.

En voyant l'humanoïde faire un bond en arrière, puis se baisser pour éviter un coup de pied rotatif, Cassy comprit. Elle rappela Altaria dans sa sphère métallique, ordonna à Noctali de rester en retrait, quoique peu certaine qu'il lui obéisse, et traversa leur zone de combat afin de venir s'interposer.

- Cela suffit ! s'écria-t-elle en se plaçant devant Sven, les bras tendus pour le maintenir à distance de celle qu'il affrontait.
- Enfin, tu es folle ou quoi ? Qu'est-ce qui te prend ? Ecarte-toi avant de nous faire blesser pour de bon !
- Non. C'est à ton tour d'avoir confiance en moi.

D'un regard menaçant, elle lui indiqua clairement qu'il ne devait pas bouger, puis se tourna face à la Gijinka. Celle-ci n'esquissa pas le moindre mouvement, ni pour attaquer, ni pour fuir. Comme elle ne réagissait pas, la jeune femme fit un pas en avant, les paumes orientées vers l'extérieur afin de lui montrer qu'elle ne lui voulait aucun mal.

- Je pense que tu dois te rappeler de moi. Je suis Cassy Rilène. Lilith vous avait prié de m'aider à vaincre la Team Galaxie aux Colonnes Lances avant de vous rendre votre liberté.
- Oui, je me souviens de cela.
- Nous sommes la Confrérie.
- Je le sais. C'est d'ailleurs la raison de ma présence ici.

L'hybride avait une voix rauque, presque caverneuse, mais son intonation ne laissait percevoir aucune menace apparente. La porteuse du glyphe dragon se demanda si elle devait vraiment se fier à son instinct et lui faire confiance ou s'il valait mieux rester encore sur ses gardes. Elle décida de jouer franc jeu :

- L'autre jour, un Grahyéna-garou nous a agressés, et maintenant j'ai appris que tes soeurs les Naïades avaient emmené avec elles l'une de mes amies. A quoi rime tout cela ?
- Je suis venue te mettre en garde, Cassy Rilène. Des traîtres rôdent autour de ton espèce autant que de la mienne.
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Bien que la Première nous ait rendu notre liberté, quelques-uns, dont je fais partie, pensent encore que nous lui devons tout, et sont prêts à l'aider si elle en manifeste le désir. Les autres, eux, ont choisi de suivre leur propre voie.
- Quel est le rapport avec nous ? Pourquoi essayent-ils de nous tuer ? Ils ont été jusqu'à s'en prendre à Lilith elle-même.
- Il y a peu de temps, un humain s'est lancé à notre recherche. Il voulait réunir tous les Gijinkas et je crois qu'il y est parvenu. Il disait que nous étions des créatures d'exception, un don de Darkrai qu'il ne fallait pas gâcher, et nous a fait une offre. Il souhaitait que l'on se joigne à lui.
- Et vous avez dit oui.
- Moi non, et mes amis non plus. Tous ceux qui sont encore fidèles à la Première ont préféré tourner les talons. Etonnamment, les plus heureux de leur liberté retrouvée ont quant à eux accepté.
- Que voulait cet homme, exactement ? Pourquoi recruter des Gijinkas ?
- Parce que d'après lui, ils seraient à même de détruire la Confrérie, et en particulier le glyphe dragon.

L'intéressée jeta un regard par-dessus son épaule dans l'espoir de croiser celui de Sven, qui paraissait ne pas plus comprendre qu'elle. La situation était si complexe qu'ils ne savaient plus où en donner de la tête.

- Pourquoi me dire tout cela ?
- La Première fait partie de ton groupe, il me semble. S'ils s'en prennent à vous, ils s'en prendront à elle. Nous ferons tout notre possible pour la protéger, car si elle meure, nos idéaux mourront avec elle.
- Vos idéaux ?
- Nous sommes peut-être des hybrides, mais pas des monstres. Le fait d'avoir été enfanté par des humains et des pokémon n'y change rien. Je sais que ce n'est qu'une question de temps avant qu'Arceus ne lâche ses soldats à notre poursuite. Il veut nous exterminer jusqu'au dernier, car il nous considère comme une abomination. Si nous ne le détruisons pas avant qu'il ne le fasse, nous ne pourrons jamais vivre en paix.
- Je ne comprends pas... Les autres devraient partager votre opinion, non ?
- Nous, les Dryades, sommes relativement pacifiques. Ce n'est cependant pas le cas de tout le monde. Nombre d'entre nous ont un goût prononcé pour le carnage. Peu importe les conséquences de leurs actes tant qu'ils peuvent se repaître de chair et de sang.
- Pourquoi être venue m'avertir moi, et pas directement Lilith ?
- Sinnoh est trop dangereux pour nous tous. Là-bas, les sbires d'Arceus patrouillent sans arrêt à notre recherche. Et puis, tu as été beaucoup plus simple à localiser. Sur ce, je dois partir. Il faut que je retrouve les miens avant de m'exposer plus longtemps au danger.
- Attends une seconde... Est-ce que tu sais ce qui est advenu de Chloé ? L'humaine que tes soeurs ont enlevé ?
- Les Naïades ne sont plus mes soeurs depuis qu'elles sont passées de l'autre côté. Prends garde à toi, Cassy Rilène. L'heure de l'affrontement approche à grands pas. Bientôt, ceux qui seront trop faibles ou refuseront de combattre se feront tuer les uns après les autres.

La dresseuse n'eut pas le temps de réagir que l'hybride disparaissait déjà dans le ciel en un tourbillon de pétales et de senteurs. Elle resta bouche bée, les yeux rivés sur l'endroit où son interlocutrice se tenait encore une seconde auparavant.

Elle sentit les mains de Sven se poser sur ses épaules et tourna légèrement la tête dans sa direction. Il fit rentrer Noctali dans sa ball, puis garda le silence un court instant. Enfin, il déclara d'un ton qui avait perdu tout son cynisme habituel :

- Il faut vraiment que ce type t'en veuille pour être capable de rassembler une armée entière de Gijinkas dans le seul but de te détruire.
- De nous détruire. Qui qu'il soit, il va apparemment s'en prendre à nous tous, les uns après les autres. Tu as beau faire preuve d'une immense confiance en toi, tu ne tiendras pas longtemps face à une horde de démon.
- Et toi tu peux te cacher derrière cette froideur apparente, je sais que dans le fond, tu es terrifiée.
- Tu as raison, pour Chloé. Si les Naïades sont contre nous, il y a peu de chance pour que nous la retrouvions en vie. Bon sang, comment est-ce que je vais annoncer la nouvelle aux autres ?
- Avec des mots, ce serait l'idéal.

Cassy lui jeta un regard noir, tandis qu'il appelait son Corboss pour que celui-ci les ramène à Ebénelle, bien qu'ils ne soient finalement en sécurité nulle part. Ils montèrent sur son dos, cependant il ne décolla pas tout de suite. Son dresseur préféra auparavant s'enquérir :

- Tu n'as pas une petite idée de qui pourrait-être derrière tout cela ?
- Et toi ?

Aucun des deux ne répondit à cette question que tout le monde poserait sûrement à leur retour. En croisant son regard obscur, la jeune femme comprit qu'ils pensaient à la même personne. Ce serait cependant trop ahurissant pour être vrai, aussi nul ne prononça le nom qui leur brûlait les lèvres.

Si la dresseuse, jusqu'alors, n'avait pas eu le moindre suspect potentiel en ligne de mire, les révélations de la Dryade venaient de la mettre sur une voie qu'elle préférait pourtant ignorer. Ce n'était pas possible. Cela ne pouvait pas être possible !