Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Cinhol, le Royaume Perdu de Malak



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 11/10/2013 à 08:01
» Dernière mise à jour le 14/07/2018 à 23:29

» Mots-clés :   Aventure   Fantastique   Médiéval   Présence de Pokémon inventés   Région inventée

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Chapitre 16 : Lignées et souvenirs
Elle s'appelait Enysia. Une jeune dresseuse, belle, pure, mais aussi forte. Nous la connaissions depuis bien avant la fondation de Cinhol, et elle nous a rejoint récemment, pour se battre avec nous contre la République. Elle vénérait particulièrement mon ami. Et je vis en lui qu'il l'a regardait aussi.



*****



Deornas, sur le balcon de ses appartements, contemplait la vision de la cité de Naglima qui s'éveillait au petit matin. Lui aussi aurait bien aimé se réveiller, mais ce n'était pas les déclarations sans fin du général Gutful sur l'état des troupes et sur la stratégie militaire qui allaient y parvenir.

- Comme je vous l'ai dit, Votre Altesse, le danger réside dans la cavalerie de Nirina. Cinhol a toujours eu bien plus de chevaux que nous. Ses chevaliers sont doués, je dois l'avouer. De même que ses archers sont précis. Mais nous, au Rimerlot, nous avons des soldats plus endurants, et bien plus courageux que ne le seront jamais les hommes de Cinhol. Sans vouloir vous offenser, mon prince...

- Il n'y a nulle offense, fit Deornas en baillant. Si tous les guerriers du Rimerlot sont taillés dans le même moule que mon oncle Isgon, il y aura en effet peu de soldats de Nirina pour leur tenir tête.

- Le duc est un cas à part, sourit le grand général. Nul homme du Rimerlot ne peut prétendre posséder son tempérament. Par Arceus, je me rappellerai toujours, lors d'un sommet pour la paix avec les peuplades des montagnes, comment il a envoyé la table des négociations par la fenêtre...

- Ce qui a provoqué une guerre de six ans, si je me souviens bien, ajouta Deornas.

Voilà le problème avec les gens de Rimerlot. Ils aimaient la guerre. Ils aimaient se battre. Evidement, quand Deornas était arrivé ici avec le duc en prétendant faire tomber Nirina, tout le monde l'avait suivi avec joie. Deornas, lui, détestait se battre, et il n'entendait pas grand-chose aux questions militaires. Tout ce qu'il aimait faire, c'était se plonger dans des livres et des études sur toutes choses, vivre tranquillement, simplement. Et le voilà maintenant en chef d'une insurrection, menant un peuple réputé depuis des siècles pour sa sauvagerie. Une chose était sûre, même si Deornas avait du sang Rimerlot en lui du fait de sa mère, il n'avait pas hérité grand-chose d'eux.

Une bienheureuse distraction empêcha le général Gutful de continuer ses discours plus longtemps. Dame Ilys entra dans sa chambre, légèrement vêtue, ce qui fit rougir Gutful et le fit sortir en s'inclinant. Deornas avait vite appris qu'Ylis était bien peu regardante des usages et de la pudeur. En règle général, et bien qu'étant fille du duc, elle s'habillait comme tout un chacun et se baladait en ville ou dans les couloirs de la forteresse. À Cinhol, les filles nobles de son rang étaient enfermées dans une salle où elle cousaient en discutant entre elles des derniers ragots. Ylis n'était en rien de ce genre là. C'était pour ça que Deornas l'appréciait.

- Il n'est pas un peu tôt pour commencer à parler stratégie, mon ami ? Lui demanda-t-elle en souriant.

- Allez dire ça au général. Je lui ai pourtant fait comprendre bien souvent d'aller discuter de tout ça avec le duc votre père plutôt, mais rien n'y fait...

Ylis s'approcha et l'enlaça tendrement. Deornas se raidit. Il appréciait depuis toujours, oui, mais elle n'avait jamais été rien de plus pour lui en terme de parenté qu'une cousine, encore qu'Isgon ne fut pas vraiment l'oncle de Deornas. C'était d'ailleurs parce qu'ils n'avaient pas de sang directement commun que tous deux pouvaient prétendre au mariage sans être accusés d'inceste. Cette idée d'union entre eux, elle venait de Deornas lui-même. Bien sûr, c'était plus par sens du devoir que par envie personnelle.

S'il voulait acquérir le trône de Cinhol, au moins en attendant qu'Alroy soit majeur, il lui fallait de préférence une reine pour assurer sa descendance afin de consolider sa position. En prenant une haute noble comme Ylis, il s'assurait de plus du soutien permanant de tout le Rimerlot et de ses alliés. Bref, un choix que même quelqu'un d'aussi peu avisé que lui en politique avait pu entrevoir. Ceci dit, ça ne lui plaisait pas plus que ça. Ylis était ravissante bien sûr. Une vraie beauté d'à peine seize printemps, vierge, intelligente, pleine d'esprit. Mais elle était comme une sœur pour lui, au même titre que Padreis était comme son frère. En faire sa femme et la future mère de ses enfants avait quelque chose de... bizarre.

Mais c'était ce que le peuple attendait de lui, et la meilleure solution sur tous les niveaux. Deornas en avait convaincu le duc Isgon, bien que ce ne fût pas facile, étant un père très protecteur pour sa fille. Et Ylis avait accepté, car son sens du devoir n'était pas moindre que celui de Deornas. Enfin, il y avait bien pire comme mariage arrangé. Celui des parents de Nirina, par exemple, qui, très loin de s'aimer, se détestaient au plus au point. Au moins, il appréciait et respectait Ylis, et c'était très suffisant pour fonder un couple solide.

- Vous êtes tendu, Votre Altesse, remarqua Ylis. Y'a-t-il quelque chose qui vous préoccupe ?

- Tout me préoccupe, en ce moment... Et de grâce, Ylis, oubliez les « Votre Altesse », surtout quand nous sommes tous les deux. J'en entends assez tous les jours pour en plus devoir les supporter de quelqu'un que j'ai porté sur mes épaules quand nous étions plus jeune.

- On pourrait recommencer, si vous voulez. Vous êtes bien bâti, et je ne pèse pas beaucoup. Pourquoi ne pas aller à la salle du conseil ainsi aujourd'hui ? Plaisanta-t-elle.

- Pourquoi ? Parce que votre père m'écartèlerait sur place, en premier lieu. Il est encore assez réservé sur cette idée de mariage nous concernant.

- Il ne peut pas s'attendre à ce que je reste une jeune fille pour l'éternité. Et du reste, vous êtes le meilleur parti qu'on m'eut proposé, mon cousin. Il n'est pas donner à toutes les femmes de régner sur le plus grand royaume du monde.

- Je vous conseille d'attendre qu'on soit sûr de vaincre Nirina avant de vous voir avec une couronne sur la tête, Ylis. Et même si on triomphait avec les armes, il resterait Ryates et Uriel.

- Vous n'avez pas confiance en ces habitants de l'Ancien Monde pour trouver Sifulis ?

- Si. C'est fort étrange, vous ne trouvez pas ? Je ne connais absolument pas cet Adam, pourtant, je ne peux m'empêcher d'avoir foi en lui. Il dégage... quelque chose. Et Sire Shinobourge doit penser pareil, sinon il ne l'aurait pas suivi ainsi.

- C'était un garçon si mignon. Il n'arrêtait pas de rougir en me regardant. Quel chou !

Deornas sourit.

- Veillez à ne pas trop m'être infidèle alors que nous ne sommes pas encore mariés, ma mie. Votre père est un homme très pieux.

- Difficile à croire quand on l'entend jurer. Mais c'est la vérité.

Ylis l'embrassa sur la joue et prit congé. Deornas sourit pensivement. Oui, si l'oncle Isgon avait vu ne serait-ce sa fille donner un baiser sur la joue à son fiancé, il aurait été hors de lui. Les vieilles traditions religieuses voulaient que les lèvres d'une fille ne touchent jamais la peau d'un homme, même sur la joue, tant qu'elle n'était pas officiellement mariée. Un archaïsme religieux presque totalement abandonné de nos jours, mais auxquels les hommes comme Isgon se raccrochaient encore. Deornas espérait qu'Ylis n'allait pas donner à son père de quoi sauter au plafond, du genre en l'embrassant devant lui. En parlant du loup, quand Deornas sortit de sa chambre, la première personne qu'il croisa fut le duc lui-même, agité comme à l'accoutumée.

- Mon oncle.

- Je viens de voir Ylis sortir de ta chambre tout à l'heure, commença-t-il sans préambule. Si tôt le matin, ce n'est point convenable, foutre dieu ! Ne me dis pas qu'elle a passé la nuit avec toi ?!

- Comment le pourrait-elle, alors que vous veillez chaque soir à vérifier qu'elle est bien dans sa chambre ? De grâce, mon oncle, ayez un peu confiance en moi. Je ne déshonorerai point votre fille avant le mariage.

Isgon devait sans doute penser à son propre fils et à Nirina, qui avaient conçu un enfant hors mariage, le pire des péchés pour lui. Il ne tenait pas à ce que sa fille prenne le même chemin. Les relations hommes-femmes hors mariage étaient toujours mal vues, mais c'était bien plus courant et bien moins grave que par le passé. Ceci dit, Deornas respectait son oncle, et ne toucherait réellement sa fille que lors de la nuit de noce, comme il se devait, quand bien même ça n'aurait apparemment pas dérangé Ylis de s'y prendre avant.

- Pardonne l'inquiétude d'un vieux père, reprit le duc, apparemment plus rassuré. C'est que la famille des Haldar n'a jamais été très réputée pour sa piété.

- Si je tiens de mon père, il n'y aura aucun problème. Vous connaissez Sire Astarias. Vous ne trouverez pas plus respectueux des conventions que lui. Quant à ma mère... vous l'avez connu mieux que moi.

Isgon avait été le champion et le chevalier servent d'Elya de Durmeo, héritière d'une grande maison du Rimerlot.

- Elya était un peu comme Ylis, confessa Isgon, avec un point de tristesse dans la voix à chaque fois qu'elle évoquait son amie. Très belle, et très volatile. Les hommes se battaient pour elle, et elle les laissait faire, allant récolter ensuite le vainqueur. Du moins jusqu'à qu'elle rencontre ton père.

- Dont il remporta son cœur l'épée à la main, comme à son habitude, conclut Deornas. Mais je ne suis ni mon père, ni ma mère. Je ne suis ni amoureux des règles, ni volatile. Un mélange des deux, sans doute... À propos de sang, mon oncle, je compte bientôt me rendre au Temple Royal, pour affirmer ma prétention au trône. Ce sera notre première cible militaire.

Le visage d'Isgon devint étrangement blême.

- Le... le Temple Royal ? Par Arceus Deornas ! On ne va pas sacrifier inutilement des vies pour... cette tradition ! Elle n'a pas lieu d'être te concernant. C'est un Coup d'Etat que nous faisons, pas une succession !

- Il n'empêche, je dois quand même m'y prêter. Si je ne dévoile pas ma marque royale, des doutes ne manqueront pas de se créer me concernant. Je dois cela au peuple que je prétends gouverner. Le sang de Castel Haldar coule en moi, c'est pour cela que je prétends au trône à la place de Nirina. Et ça, je ne pourrais le prouver que par la marque royale.

- Tout le monde sait qui sont tes parents, soupira Isgon. Tout ceci est inutile !

Deornas haussa les sourcils.

- Pour quelqu'un qui est aussi attaché aux traditions que vous, vous me surprenez, mon oncle. Jamais quelqu'un n'a régné sur Cinhol sans faire briller sa marque royale aux yeux de tous. Bien sûr là, on ne pourra pas convier tout le peuple de Cinhol, seulement les nobles me soutenant. Mais ils devront voir. Si je refuse de dévoiler ma marque, ça paraîtra suspect.

Deornas n'avait été qu'une fois dans sa vie dans le Temple Royal, le jour des seize ans de la princesse Nirina, l'âge où l'héritier du trône doit faire briller sa marque royale. Il y avait une statue de Castel dans ce temple. Celui qui prétendait au trône devait se mettre à genoux devant la statue, et prier le Fondateur de lui donner la force. Ensuite, il activait un mécanisme sur la statue, qui faisait briller la marque royale sur la paume de sa main. Une marque que seuls sont censés posséder les héritiers de Castel. La teinte variait en fonction du degré de sang d'Haldar et de la place de succession. Ainsi l'héritier était réellement reconnu comme tel. Cette pratique existait depuis le début de Cinhol, et Deornas devait la pratiquer. Sa marque bien sûr ne serait pas aussi puissante que celle de Nirina, héritière directe, mais elle le serait assez pour assurer son droit de monter sur le trône.

- C'est une très mauvaise idée, insista le duc. Le Temple Royal est toujours bien protégé, et là sans doute encore plus, car Nirina doit s'attendre à ce que tu te rendes là-bas.

- Nous attendrons le retour de nos alliés de l'Ancien Monde. Et même s'ils ne reviennent pas, j'ai ce Florizarre avec moi. Les soldats de Nirina seront désarmés face à un Pokemon.

À court d'argument, Isgon se tut, mais il paraissait toujours furieux, presque effrayé. Deornas se demanda pourquoi.


***


Le Patriarche Ryates, premier conseiller de Sa Majesté, était perdu dans ses pensées. Rien de nouveau, car Ryates vivait constamment dans sa propre tête. Le monde extérieur l'agaçait, ses habitants aussi. Il préférait se complaire de la compagnie de son propre esprit, et de son maître, le Seigneur Uriel. Ryates abritait sa volonté en lui depuis si longtemps qu'il ne semblait plus capable de penser sans lui. Depuis qu'il avait trouvé Peine dans l'Ancien Monde, et qu'une partie de l'âme néfaste d'Uriel eut coulé en lui, Ryates ne vivait plus qu'enchaîné à lui.

Pourtant, ces derniers jours, la présence du Seigneur Uriel se faisait plus diffuse, moins insistante. Cela s'expliquait par le fait que Peine était désormais entre les mains de Nirina, et que le Seigneur Uriel s'appliquait maintenant à lui imposer sa volonté. Ryates en était conscient, mais également mal à l'aise. Certes, c'étaient là les souhaits du Seigneur Uriel, qui voulait avoir sous sa botte une descendante directe de son vieil ennemi Castel. Ryates avait donc obéit et remit l'épée à la reine. Mais en même temps, il craignait que le Seigneur Uriel ne l'oublie au profit de Nirina, lui qui pourtant l'avait si bien servi toutes ces années.

Le Seigneur Uriel lui avait promis la vie éternelle. Il lui avait promis qu'il deviendrait le premier parmi les hommes. Ryates était son associé. Nirina, elle, n'était qu'un pion. Elle avait été modelée par Ryates depuis son plus jeune âge pour servir les intérêts du Seigneur Uriel. La reine suivait la volonté du Seigneur Uriel, mais elle pensait que c'était pour elle-même. Hors, tout ce qu'elle faisait n'avait qu'un seul but : permettre la résurrection du Seigneur Uriel. En apportant de plus en plus de désespoir et de mort dans tout le royaume et au delà, cela renforçait la puissance de la météorite dans laquelle ont été forgés les épées et les anneaux. Lorsque les épées seraient rassemblées, et avec l'aide du Trio des Ombres, toute cette énergie négative permettrait au Seigneur Uriel de retrouver son corps. Une fois cela de fait, Nirina ne servirait plus à rien.

Ensuite, le Seigneur Uriel allait réaliser sa volonté : la destruction de ce monde impie et de ce royaume hérétique de Cinhol. Tout l'héritage maudit de Castel Haldar allait sombrer dans le néant. Car c'était sa haine de Castel qui avait permit à l'esprit d'Uriel de continuer d'exister toutes ces années, se nourrissant de la noirceur de Peine. Très bientôt, sa terrible vengeance allait frapper ce monde. Et puis Ryates pourrait régner en son nom dans le monde d'où il est venu : l'Ancien Monde, le seul et véritable monde digne d'exister.

Il y avait cependant un petit imprévu dans les plans de Ryates. Pas la rébellion de Deornas et le soulèvement du Rimerlot, non. Eux, ils n'étaient rien. Mais l'apparition de ce garçon qui avait enflammé l'épée de Castel le perturbait. Il n'aurait jamais pensé que ça pouvait être lui, la réincarnation de Castel, l'incubateur par lequel le fondateur de Cinhol déciderait de revenir pour combattre Uriel. S'il l'avait su... il aurait mis bien plus d'ardeur en essayant de le tuer quand il était bébé. Mais ce maudit Rushon... Et Nirina...

Et Ariella. Elle avait osé le trahir ! Était-elle toujours en vie maintenant ? Ryates était pourtant sûr de l'avoir touché mortellement. Ariella... Son beau visage revint dans l'esprit du Patriarche. Des souvenirs qu'il croyait avoir perdu à jamais, du moins qu'il n'avait plus jamais eu depuis qu'il abritait la volonté du Seigneur Uriel. Voilà qu'il recommençait maintenant à devenir faible, l'humain sans intérêt avec une vie absurde qu'il était avant de trouver Peine. Son ancien nom, sa vie de chercheur, Ariella, Stormy Sky... Tout cela n'existait plus désormais ! Seul comptait le plan du Seigneur Uriel.

Afin de renforcer sa détermination et de chasser sa faiblesse passagère, Ryates se rendit dans la salle du Trio des Ombres. La présence de ces trois Pokemon lui faisait toujours le plus grand bien. Il se sentait enfin complet à leurs cotés. Peut-être était-ce Uriel qui ressentait ça, lui qui avait vendu son âme à ces Pokemon en échange de Peine et de son pouvoir. Ryates se méfiait quand même d'eux. Il ne savait que trop qui était leur maître, et ce qu'ils provoquaient à ceux qu'ils tentaient de corrompre. Uriel en avait perdu son âme, par exemple. Même si son corps était détruit, il ne pouvait mourir, mais en contrepartie, il en souffrait à chaque seconde. Sa presque vie n'avait été qu'une suite de douleur accablantes, dans lesquelles sa haine s'était renforcée et avait fini par devenir une armure.

Quand il arriva dans la grande salle, seulement éclairée par les trois flammes de couleurs différentes où se tenait le Trio des Ombres, il remarqua qu'il n'était pas seul. Nirina était déjà là, en compagnie de Surervos, le Haut Protecteur de foudre, avec son look ridicule. Qu'un imbécile pareil fut nommé Haut Protecteur avait toujours déplut à Ryates, mais Nirina l'appréciait. Une de ses rencontres de l'Ancien Monde. Ryates, qui n'y allait plus jamais, ne pouvait la surveiller quand elle s'y rendait.

- Tu m'as déçu, Surervos, disait la reine.

- Spiiiicy quoi ! Faut pas faire d'la prise de tête patronne quoi ! Ces bâtaaaaaards seront bientôt à vous quoi ! Au moins, on sait où qu'ils s'planquent, t'aaaaaasss vu ? Y's'terrent à Naglima en tremblant comme des pucelles quoi !

- Erreur, mon cher, corrigea Nirina. Cet Adam Velgos et ses deux amies sont de retour dans l'Ancien Monde. Il te sera difficile de les attraper là-bas, surtout avec ta discrétion légendaire...

Ryates s'avança, soucieux.

- Dans l'Ancien Monde vous dites ?

- Je les ai vu, oui.

- Pourquoi diable sont-ils retournés là-bas ?! Ils étaient plus en sécurité à Naglima !

Ce fut Revener, le Pokemon spectre et foudre, qui répondit de sa voix crépitante.

- L'ancienne épée d'Uriel... oui...

- Ils sont à sa recherche... Ils savent... Ils savent... ajouta Polascar.

- Le plan se déroule comme prévu, oui... conclut Glauquardant.

Ryates fut surpris, mais dans le bon sens du terme. Si le jeune Adam voulait chercher Sifulis à sa place, ce n'en était que mieux.

- De quoi ils parlent ? Demanda Nirina à Ryates.

Le Patriarche hésita. Nirina n'avait pas à savoir tout.

- Ils en sont venus à la conclusion que Peine était bien la source de tous leurs problèmes, répondit Ryates. Ils veulent donc la détruire. Pour cela, il leur faut Meminyar, mais aussi l'ancienne épée du Seigneur Uriel, Sifulis.

- Tu ne m'as jamais parlé de ça, protesta Nirina avec un regard cuisant.

- C'est une chose peu connue, se justifia Ryates. Je ne pensais pas que nos ennemis iraient chercher jusque là, ni même qu'ils fassent le lien avec Peine. Votre Majesté... cet enfant ne doit jamais tenir Sifulis entre ses mains !

- Il m'est difficile de m'en débarrasser là-bas, tu le sais bien, grommela Nirina. D'ailleurs, je n'en ai pas envie. Ce garçon m'amuse à me défier de la sorte.

- Ce n'est pas un jeu, Votre Majesté, rétorqua durement Ryates. Mais il ne s'agit pas de le tuer. Du moins pour l'instant. Posséder Sifulis nous serait utile. Je pensais plutôt à le laisser la trouver pour nous, puis la lui dérober ensuite. Votre Haut Protecteur psychique pourrait s'en charger, non ?

- Il devra alors tuer tout le monde pour conserver son rôle.

- Ainsi soit-il. Ce garçon et ses amis ont été pour nous une épine dans le pied depuis que Shinobourge a décidé de les rejoindre.

Ce n'était pas tout bien sûr. Ryates avait d'autres raisons de vouloir la disparition de cet Adam. Mais il ne tenait pas trop à ce que Nirina l'apprenne. Qui sait quelle serait sa réaction ? Cette fille était imprévisible, ce qui faisait d'elle une pièce si aléatoire dans le jeu grandeur nature du Seigneur Uriel.