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Entre infini et au-delà de Cyrlight



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Informations

» Auteur : Cyrlight - Voir le profil
» Créé le 04/08/2013 à 12:16
» Dernière mise à jour le 04/08/2013 à 12:19

» Mots-clés :   Action   Drame   Fantastique   Mythologie   Suspense

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Chapitre 161 : Follow me
Follow me - Muse


La porte finit de s'ouvrir pour dévoiler un corps généreusement galbé à la couleur de l'albâtre, qui portait une combinaison de cuir moulante dont la fermeture éclair dénudait une grande partie du ventre de sa propriétaire. Une cascade de cheveux roux tranchait sur ce contraste de noir et de blanc. La femme en face d'elle étira ses lèvres pulpeuses en un sourire félin :

- En fait, cela n'a pas été aussi difficile que tu pourrais le penser.
- Alors pourquoi avoir mis si longtemps ?

Lilith et Cassy échangèrent un regard amusé. Elle ne répondit pas tout de suite, mais se contenta de déplier l'étoffe soyeuse qu'elle portait sur son bras, soigneusement replié contre son flanc.

- Je suis venue te ramener quelque chose qui ne t'appartient pas.

D'un geste gracieux, elle lui tendit la cape en velours que la jeune femme lui avait prêté lors de son retour, après qu'elle ait quitté le monde distorsion. Elle s'en empara aussitôt pour la jeter sur ses épaules, sans un remerciement.

- Tu n'as pas été la plus dure à repérer, tu sais. Ton ami a un véritable don en ce qui concerne la fuite.
- Sven ? Vous savez où il est ?
- A la sortie du village. Je voulais d'abord te parler seule à seule.
- Si c'est à propos de vos projets à mon encontre, cela ne valait même pas le déplacement. Je vous ai déjà dit que je ne deviendrai jamais une Succube. Je ne suis pas comme vous, moi !

Elle s'apprêtait à claquer la porte, mais la démone parvint à l'en empêcher en intercalant son pied. Cassy leva les yeux au ciel puis consentit à reposer son regard sur elle, qui la fixait avec un air mauvais, presque menaçant.

- As-tu seulement idée des souffrances que les gens ont enduré de ma main pour moins que cela ?
- Eclairez donc ma lanterne. Pour ce que cela changerait, de toute manière. Allez-y, faites chauffer le tisonnier. Brûlez-moi au fer blanc.
- Tu ne sais même pas ce que tu dis, soupira Lilith, blasée. Le corps, c'est ce qu'il y a de plus important chez une femme. L'abîmer reviendrait presque à le détruire. Tu as de la chance que le tien ne soit pas encore souillé.
- Ah oui ? Et cela, c'est quoi ?

La jeune femme remonta sa manche pour dévoiler le glyphe du dragon, sans que son interlocutrice n'esquisse la moindre réaction. Elle se contenta juste de retirer sa bottine qui bloquait la porte avant de reculer d'un pas. Cassy n'attendit pas davantage pour la fermer dehors, et s'assura à deux reprises qu'elle avait bien attaché le verrou.

- Qui était-ce ? demanda aussitôt Régis, le visage maculé d'un liquide orangé qui semblait l'avoir éclaboussé au cours de son expérience.
- Personne.
- Pourtant j'ai cru entendre des éclats de voix. Tu t'es disputée avec quelqu'un ? Parce que si tu veux, je...
- J'ai dit que ce n'était personne !

Son ami ouvrit des yeux ronds. Jamais, jusqu'alors, elle n'avait osé lui parler de la sorte, avec un ton aussi autoritaire. Elle ne s'en excusa toutefois pas et retourna à sa paillasse sans ajouter un mot. Ce fut lui qui rangea ses affaires en premier, marmonnant qu'il allait se coucher.

Le professeur Chen ne tarda pas à en faire de même. Le comportement de la jeune femme venait de jeter un froid sur tout le laboratoire. Comme elle continuait de ruminer en silence, tous deux comprirent qu'il valait mieux la laisser seule, du moins pour un certain temps.

Le front accolé à son microscope, noircissant son calepin d'informations et d'observations toutes plus inutiles les unes que les autres, elle poussa un profond soupir puis cogna violemment sa table carrelée du plat de la main. Elle étouffa un cri de douleur tout en secouant ses phalanges endolories par le choc.

En revenant dans la grande salle, elle avait suspendu la cape de Sven à un porte-manteau sans que personne ne le remarque. Lentement, elle s'en approcha d'un pas prudent, comme si elle craignait de la voir disparaître devant elle. Ses doigts effleurèrent le tissu, chaud, sensuel.

Instinctivement, elle se tourna vers la porte d'entrée, où sa main se posa immédiatement sur la poignée en métal. Elle savait que Lilith ne serait pas loin, du moins elle en avait la conviction. Elle ne pouvait décemment pas partir de la sorte, sans avoir auparavant tenté de lui prouver par maints arguments tous d'une extrême logique que son point de vue était encore le meilleur.

Finalement, Cassy se décida d'ouvrir le battant. Les gonds ne grincèrent pas, pas plus que le vantail en lui-même. En dépit de la chaleur accablante, la nuit était très épaisse. Les étoiles se comptaient en unité, non en dizaine, et le ciel paraissait anormalement sombre. En posant ses yeux sur l'astre céleste, elle en comprit aussitôt la raison. C'était le phénomène de la lune noire, communément appelé "Lilith" par les astrologue.

- J'imagine que vous devez vous sentir à votre aise, non ? lança la jeune femme un peu à l'aveuglette. Vous n'avez pas choisi ce soir par hasard, je me trompe ?
- Vraiment très, très perspicace.

La démone surgit d'un de derrière un bâtiment pour s'approcher d'elle dans sa démarche aguichante. Le bruit de ses hauts talons se répercutait en écho aux alentours. Les rues désertes du Bourg-Palette renvoyait à leurs oreilles ce claquement régulier doublement amplifié.

- Il serait peut-être temps de fixer des limites, tu ne crois pas... Cassidy ?
- Comment savez-vous...
- Je voyais tout, dans le Monde Inversé. Ne veux-tu donc pas savoir qui tu es ? Et surtout quelle est ta place ici-bas ?
- Si, mais... Je ne saisis pas le rapport.
- Il serait peut-être temps de te mettre d'accord avec toi-même. Kathy avec ton frère, Katharina pour Sylvain, la Confrérie t'appelle Cassy et la parjure est persuadée qu'il s'agit de l'abrégé de Cassidy. Tu comptes cumuler combien de surnoms au total, d'autant que chacun est propre à l'une de tes identités ?
- Ce sont les circonstances qui font que...
- Menteuse ! Tu sais changer de peau lorsque les circonstances l'exigent, et le prénom employé n'est que la partie émergée de l'iceberg. Un Kécléon à toi toute seule, Cassy, voila ce que tu es.
- C'est un reproche ?
- Tout dépend de ce que tu désires. Ce n'est pas plus mal de n'avoir aucune identité, mais je ne suis pas certaine que tu sois suffisamment ancrée de façon psychologique en toi-même pour oser plusieurs personnalités différentes sans jamais en combiner aucune. Si tu n'as pas la force de te retrouver par la suite, et j'en doute, tu risquerais bien de t'égarer définitivement.
- Qu'est-ce que cela peut bien vous faire ?
- J'avoue qu'en apprenant que Circé avait désormais une disciple, Artémis et moi avons été extrêmement jalouse sur le moment. Nous avons donc décidé d'en prendre à notre tour pour les former à notre art.
- Pas question. Je sais très bien ce que cela veut dire. Quelle finesse dans la roublardise, Lilith. Cependant, vous pourrez bien tourner la phrase de quelque manière que vous le voudrez, jamais je n'accepterai de vous prêter allégeance quand je connais vos motivations, et ce que vous souhaitez faire de moi.
- Tu te surestimes. Tu n'as pas du tout le niveau que j'attends de l'une de mes Succubes. Il te reste encore beaucoup de choses à apprendre pour en arriver là.
- Et c'est bien ce que vous avez l'intention de faire. Me les enseigner.
- Grâce à moi, tu pourrais devenir une référence en matière de séduction.
- Merci, mais je crois que je préférerais amplement devenir la disciple d'Artémis plutôt que la vôtre.
- Malheureusement, je crains que cela ne soit pas possible.
- Pourquoi donc ?
- Parce que la place est prise, ange noir.

Un sifflement déchira le silence tandis qu'un couteau venait se ficher dans le mur de la maison devant laquelle Cassy se tenait. Il n'avait pas dû passer à plus d'une poignée de millimètres de son oreille gauche. Elle se retourna, prête à répliquer, mais Sven ne semblait pas menaçant lorsqu'il s'avança dans sa direction.

- Cela me parait logique, en effet, se contenta-t-elle de répondre avec un haussement d'épaule désinvolte. J'aurais dû m'en douter.

Avec un rictus qui étirait ses babines, Lilith sortit la lame du béton dans lequel elle s'était enfoncée sans mal pour la rendre à son légitime propriétaire, non sans l'avoir examinée au préalable.

- Tu te rends compte que c'est avec l'une de tes propres armes que j'ai tué ton propre père, rappela-t-elle, sournoise.
- Bah, un détail, cela. Et puis, il faut dire que c'est de la bonne fabrication. Je les entretiens moi-même.
- C'est tout ce que cela te fait ? intervint Cassy en criant à demi. Sa mort ne t'affecte pas plus que cela ?
- Ma chérie, j'ai tué tes parents sans une once de pitié. Tu ne crois quand même pas que je vais pleurer mon père alors que je ne suis même pas à l'origine de son trépas.
- Ce n'est pas possible... Comment pouvez-vous être à ce point inhumain ?
- Je ne sais pas, répondit Lilith, une lueur malicieuse étincelant dans ses prunelles. Aucun de nous deux n'a tué son frère pour être en mesure de te le dire.

La jeune femme ne releva pas. Oui, effectivement, elle avait assassiné son frère, et non, elle n'en éprouvait pas le moindre regret. N'était-elle pas exactement ce qu'elle leur reprochait, au final ? Se pouvait-il qu'elle ne soit pas non plus dotée de la moralité dont elle ne cessait de constater l'absence chez eux ?

- Mon frère m'a fait du mal, se contenta-t-elle de murmurer, tête basse. Je n'ai pas agi gratuitement.
- Ce n'est qu'une question de temps avant que tu n'en sois capable. Tu verras, un jour ou l'autre, tout finit par s'apprendre.
- Je n'ai pas envie de finir comme vous deux, totalement amoral, égoïste et insensible.
- Au moins, tu ne souffres pas, souligna la démone alors que Sven jugeait bon de garder le silence. Mais très bien, je comprends ton point de vue. Tu vois, je ne suis pas autant un monstre que tu semblerais le penser. Je veux bien te laisser une raison supplémentaire de refuser mon offre.
- Laquelle est-ce ?
- Trouve-moi une chose, une seule, qui te rattache encore au droit chemin. A laquelle tu es attachée tout court. Donne-moi rien qu'un nom qui t'empêche de me suivre dans l'ombre, et je laisserai tomber.
- Définitivement ?
- Définitivement. Tu as ma parole.

Cassy jeta un regard en biais vers le laboratoire, où toutes les lumières de l'étage étaient éteintes. Elle repensa à Régis, à ce temps qui paraissait déjà si lointain où elle aurait fait n'importe quoi pour lui. Qu'en restait-il à présent ? Rien, pas plus que de son amitié avec Cynthia. Tout avait disparu.

- Vous avez raison... souffla-t-elle enfin après une minute de réflexion. J'accepte.