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de unicornangéla

                   



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Un texte, voilà, comme ça
Je n’ai pas de nom. Je suis l’Ombre, l’Ultime Prédateur. Je suis né de vos cauchemars trempés de peur. Je rôde, après le crépuscule, dans les rues, me délectant de sentir sous mes pas la délicieuse décadence du caniveau. Je n’existe que pour vous, adorables petites proies, pour la si jouissive crispation de vos pupilles sous l’effet de la peur, pour votre peau si facile à déchirer. Pour le goût, l’extase sublime, de votre sang.
Je n’ai pas d’âge. Mon sang est fait d’éternité, et nul cœur ne bat pour le mettre en mouvement. Tant que vos effroyables chimères et votre merveilleux nectar vital seront là pour me maintenir au coin de votre âme, je serai là, veilleur immuable de vos nuits fragiles. C’est vous, qui m’abhorrez sans croire en moi et m’adulez à contrecœur, qui prolongez ma non-vie. Ô mortels, celui sur qui jamais ne s’étendra la noire cape de la Mort vous remercie.
Je n’ai pas de visage. Je n’ai qu’un masque de glace, reflet d’albâtre de l’âme que je ne possède pas. Mes traits, diaboliques et charmants, sont pure illusion qui vous maintient prisonniers de mes griffes.
Mais assez parlé de moi. Il faut que je vous explique la raison pour laquelle ma plume glisse sur ce papier. Il y a quelques nuits de cela, une jeune humaine, officiellement auteure de ce roman, est venue me trouver. Je ne l’ai pas tuée. C’est une règle tacite entre prédateurs et elle en est une, à sa façon. Elle chasse des histoires, elle dompte les récits. Elle aussi est redoutable, et je l’ai vu dans ses yeux quand elle m’a approché sans peur aucune pour me demander les mots d’une de mes nuits. L’idée m’a amusé, et j’ai accepté son offre, ne serait-ce que pour tromper l’ennui qui pèse sur les douloureuses secondes de mon immortalité. Je vais donc vous narrer cette nuit drapée de brume, la nuit dernière dans son voile d’étoiles, la nuit du 31 octobre 2023, dans la ville de Loerwennas.
J’émergeai de mon coma de statue assez tôt pour voir les derniers lambeaux de crépuscule s’arracher à la terre, laissant d’écarlates traînées de leur sang céleste sur l’horizon, comme à l’accoutumée. Je secouai mes longs cheveux dorés et me passai la langue sur les lèvres. Je sentais la soif gronder en moi, se répandre sur chacun de mes nerfs comme une intolérable caresse. Je me levai et me pressai de sortir de ma cachette pour me diriger vers les quartiers mal famés de la ville où j’étais sûr de trouver une noirceur suffisante pour étancher mon dévorant appétit. Ce fut le cas. Dans la lueur blafarde des réverbères, je bus voracement une vielle mendiante édentée. Son corps s’affaissa lentement sur le sol comme un tas de vêtements usagés alors que les battements de son cœur s’espaçaient. Je me redressai, apaisé et en colère contre moi-même. Trop préoccupé par ma soif, je n’avais pas pris la peine de la savourer, de sentir son goût s’épandre sur chacune de mes papilles.
Tant pis. Désireux de me changer les idées, je me dirigeai vers une partie de Loerwennas mieux fréquentée, plus particulièrement par des étudiants humains, au parfum de bohème et d’innocence. Leur naïveté m’écœure, mais la marijuana donne à leur peau un arôme étonnamment épicé que je suis toujours impatient d’aspirer en moi. Leurs pensées, couleur d’aube chiffonnée, vagabondent dans l’air comme les volutes d’autant de bâtons d’encens, et pareils à eux brûlent doucement sous mon funeste augure, moi qui tiens dans ma main marmoréenne, celle, squelettique, de la Faucheuse.
Un cri rauque me tira brutalement de leurs songes (ou étaient-ce les miens ?). Un corbeau me fixait de son regard d’abysses, perché sur un lampadaire. « Viens, frère », lui murmurai-je en grec. Pourquoi en grec, j’aurais été parfaitement incapable de l’expliquer. Toujours est-il qu’il déploya ses ailes de soie noire et vint se poser sur ma main tendue. Mû par un instinct que j’ignorais posséder, j’enfouis mon visage dans ses douces plumes noires et sentit contre ma joue son cœur battre doucement. Je me reculai et murmurai : « Vole, frère. Tu es encore pur, laisse ton bec crever l’œil de la nuit ». Il s’envola.
Article ajouté le Mercredi 30 Octobre 2013 à 18h20 | |

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