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Le Maître du Vent de supersian



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» Auteur : supersian - Voir le profil
» Créé le 02/06/2008 à 21:42
» Dernière mise à jour le 02/06/2008 à 21:42

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Noël
Les semaines s'écoulèrent, et l'on arriva bientôt aux vacances de Noël. C'était bien-entendu l'occasion de s'offrir moultes cadeaux. Un des meilleurs moments de la vie dans l'arène.

- Ah ! Un nouveau métronome ! s'exclama Kyâ en déballant un paquet.
- Bof, même avec un métronome tu joues pas en rythme ! la taquina Albert.

Une boîte à chaussures l'atteignit dans la tête.

- Aïeuh ! gémit-il. Mais d'où ça vient ça !?
- Eh ! Ma boîte à chaussures ! râla Marie, en train d'essayer une splendide paire d'après-ski.

Partout dans la salle d'entraînement, des bruits de papier déchiré, des exclamations joyeuses. Toute l'arène était décorée la semaine d'avant Noël. Cela exigeait un travail monstrueux, mais à présent les guirlandes électriques ou non serpentaient sur tous les murs, et l'immense sapin qui poussait à côté de l'arène avait eu droit à ses décorations lui-aussi. Une plume dorée avait été posée sur sa cime par Laurent, et des centaines de boules de toutes les couleurs pendaient de ses branches.

Noël restait le seul jour où personne ne traînait les pieds pour se lever. Le petit-déjeuner était littéralement expédié, et l'on bénissait presque l'emmerdeur d'hululer pour annoncer le rassemblement dans la salle d'entraînement, où avait lieu le grand déballage.

Pour garder un peu de mystère, les disciples étaient tenus d'apporter leurs paquets la veille au soir à Laurent, qui se chargeait la nuit de les mettre sous les chaussures ou chaussons attitrés, réunis au deuxième étage. Chaque année bien-entendu amenait son lot de paquets sans nom, que personne ne reconnaissait jamais.

- Bon, je vais l'ouvrir alors. décida le maître d'arène, tenant dans ses mains un de ces cadeaux anonymes.

Une figurine taille réelle d'un Gloupti se révéla alors, encore dans une boîte en carton rosée. Les deux couleurs juraient entre elles, ce qui augmentait encore la laideur du pokémon.

- Ah oui ! hurla soudainement Clarisse. C'était mon cadeau pour Mika !
- Merci de m'offrir une figurine à ton effigie ! répondit aussitôt celui-ci, alors que Laurent lui tendait le présent.

Une telle horreur faisait presque douter de la perfection de Mère Nature.

Marie, après avoir fait plusieurs fois le tour de la pièce pour rôder ses nouvelles chaussures, ouvrit un nouveau paquet, lequel contenait... Une rose en chocolat. Personne ne se fit connaître comme l'auteur de ce cadeau. Cela ne l'empêcha pas de la manger avec plaisir.

Albert se tourna vers Philibert, qui s'était interrompu dans l'essayage de sa nouvelle mandoline. Celui-ci regardait vers Marie en soupirant. Nul doute qu'il aurait aimé se trouver à la place de cette confiserie au cacao. A ses côtés, Lanmart accrochait à son poignet un bracelet de perles rouges, jaunes et vertes, aux antipodes de ses habitudes vestimentaires. Roxane riait avec lui devant ce bijou quelque-peu original, acheté par elle pour quelques pokédollars à un marché quelconque.

Lanmart ne s'était toujours pas décidé à tutoyer ses amis disciples. C'est donc d'une voix respectueuse qu'il remercia :

- Roxane, c'est un grand honneur que vous me faites. M'avoir choisi un bracelet ! C'est charmant.

Pourtant, il se demandait encore comment assortir ce bracelet à ses vêtements de tous les jours. Lui, mettre des couleurs vives ?

- Oh, c'est rien... répondit la jeune fille en souriant.

Quelle gentillesse, ce chevalier... Et à des lieux de l'hypocrisie en plus !

Philibert ne pensait déjà plus à la rose qu'il avait offert à Marie, car déjà Kyâ s'était jetée sur lui en le voyant avec une mandoline dans les mains. Elle lui faisait des propositions enthousiastes pour qu'il rejoigne son groupe de métal, certaine que l'alliance de la violence et de la mandoline pouvait donner des sons intéressants.

Mika, qui avait négligemment posé par terre sa statue de Gloupti, pensait avec tristesse à son copain, qui l'avait laché à quelques jours de Noël. Il n'avait même pas cherché à répondre aux accusation de son petit ami "tu ne m'aimes pas", "tu n'es pas ma priorité", lui avait-il dit. Tout cela était vrai, alors pourquoi nier ?

Albert se figea en déballant un de ses paquets.

Une dague magnifique, qui étincelait à la pâle lumière du matin. Le manche en argent représentait un Ho-oh au regard féroce, l'oeil étant d'un rubis rouge sang.

Ce cadeau provoqua des sifflements d'admiration de la plupart des disciples.

Le futur champion regardait l'objet avec inquiétude. Qui avait fait ça ? Qui avait eu la bêtise de faire ça ?

Déjà, du coin de l'oeil, le jeune homme vit bien qu'Alizée, tenant encore à la main un bracelet en argent, s'était rapprochée de Mika, et que tous deux se jetaient des regards très inquiets.

- C'était à ton grand-père, Albert, expliqua Laurent en s'avançant vers son neveu. Il y tenait beaucoup, et je pense qu'il aurait voulu qu'elle te revienne. Surtout que tu vas prendre sa suite dans bientôt six mois...

Le champion souriait, heureux d'avoir transmis cet héritage, qui était non-seulement beau, mais encore précieux sentimentalement.

- Elle est superbe ! s'exclama Albert, dans un air ébahi. Mais, reprit-il d'un ton innocent, qu'est-ce qu'il faisait avec ça ?
- Oh, j'en sais rien... répondit son oncle. Il coupait des carottes peut-être ! supposa t-il en riant.

L'émotion passée, papiers cadeaux et rubans recommencèrent à voler dans la pièce.

- Albert, commença Alizée en s'avançant. Cette dague ne te rappelle rien ?

Et comment, qu'elle lui rappelait quelque-chose !

- Si, bien-sûr... répondit le jeune homme aux cheveux bleus. C'est bizarre. Tu crois que mon grand-père était impliqué... Là-dedans ?

Il prit soin de simuler un frisson.

Mika regarda l'objet, et sentit un dégoût profond le saisir. Instrument de mort ! Depuis le malaise d'Albert voilà trois mois, ils n'avaient plus revu les sacrificateurs, malgré leurs excusions quotidiennes jusqu'à la Tour Chétiflor. Mais ce n'était pas une raison pour ne pas s'inquiéter... Ce cadeau maléfique lui évoquait la scène d'horreur que lui avait décrite Alizée. Les cris du Roucool, l'atmosphère cruelle et implacable, les chants sacrés...

Heureusement, Albert n'avait rien à voir là-dedans.

- Il faudra que je me renseigne sur mon grand-père, décida le futur champion, adoptant un ton soucieux.
- Oui, ce serait une bonne idée ! l'approuva son amie. Au fait, c'est toi qui m'a offert cette plume ?

Elle montra un petit cadre. Sous le verre, on distinguait une plume d'or duveteuse.

- Oui, avoua son ami. C'est une plume d'Altaria shiney ! J'ai du faire jouer mes relations pour l'avoir, expliqua t-il dans un sourire frimeur.

Alizée se mit à rire.

- En tous cas merci ! Elle est magnifique !

Elle embrassa son ami sur la joue.

Et chacun retourna à ses paquets.


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Pas de Noël sans soirée de Noël ! Après un repas copieux et interminable, les disciples, tout joyeux et l'estomac rempli à craquer, remontèrent les escaliers.

- J'aurais jamais du finir la bûche... râlait Fabio en s'accrochant désespérément à la rampe d'une main, et en soutenant son estomac de l'autre.
- A Noël prochain, je t'offrirai des laxatifs, ricana Mika, qui montait les marches quatre à quatre.

En effet, Noël ou pas, Mika restait membre officiel du club "je suis le premier à me doucher".

Personne ce soir n'avait envie de rester cloîtré dans sa chambre. Tous papotaient dans le couloir, dans le noir, puisque la lumière, un minuteur, s'était éteinte, et que personne n'avait le courage de bouger pour la rallumer.

- Et ! Qui m'a touché les fesses !? s'exclama soudain Marie d'une voix outrée.
- PHILOU !!! hurla Fabio, avant de gémir en sentant la bûche faire des saltos dans son ventre.
- Mais non ! C'est pas vrai, je suis de l'autre côté du couloir d'abord ! se défendit la voix du noble.
- N'accusez pas mon ami de telles abominations ! menaça la voix grave de Lanmart.

Le noble sentit soudain une main se glisser dans la sienne. Son coeur se mit à battre plus vite qu'un Roucarnage au sprint. Que, quoi ? Mais qui...? Il n'osait tourner sa tête vers sa droite, là où devait être la personne qui tenait ses doigts serrés dans les siens.

Roxane bénissait l'obscurité, ainsi que les trois flutes de champagne du repas. Tranquillement, elle se pencha vers Lanmart, et lui chuchota à l'oreille : "Une heure, sur le toit ?". Puis, sans attendre la réponse, elle lâcha sa main, et s'éclipsa.

Lanmart crut qu'il allait s'évanouir. Il était toujours maître de lui, mais là, il se sentait dépassé. Cette jeune créature lui donnait un rendez-vous ? Ce n'est pas qu'il était laid, ou stupide, ou inintéressant. Mais il avait toujours pensé que sa différence, qui ne le rendait pourtant jamais hautain, lui interdirait toujours, comme une fatalité, l'accés à des roturières.

Non-pas qu'il méprisait ceux qui n'avaient pas le sang bleu. Au contraire, il leur enviait leur liberté. Mais lui était condamné à finir avec des fins de races consanguines, du genre Jezebellle ! Il s'était depuis longtemps fait à ce destin. Et voilà qu'une belle jeune fille lui chuchotait des rendez-vous à l'oreille, avec quelle audace ! Peut-être méritait-il de vivre des amours vraies, et non pas de se contenter d'un mariage arrangé, comme on lui avait toujours répété depuis sa naissance...

Il serait à une heure sur le toit. Et tant pis pour les conséquences.


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- Tu écris des poèmes Lanmart ?
- Hum ? Mais... Comment le savez-vous ?
- Alizée m'a demandé de lui amener un bouquin qui était dans sa chambre. J'ai fouillé son bureau, enfin, celui de la chambre Roucool, et j'ai trouvé un carnet...

Lanmart se sentit extrémement mal. Il n'avait jamais osé faire lire ses poésies...

Roxane sentit son malaise, et lui prit la main.

- Je suis désolée, Lanmart... J'ai lu la première par inadvertance, et puis, les autres ont suivi... J'ai failli pleurer pendant l'Ode à Célebi... Tu es tellement doué, et tellement gentil, et tellement mignon ! Je...

Elle s'interrompit. Le sang du noble bouillonnait. Mais il allait se décider à se remuer, oui ou non ? Il était venu à une heure. Tous deux, passablement frigorifiés, s'étaient assis sur les gradins déserts. Et quoi, rien de plus ? Le chevalier gardait de très mauvais souvenirs de son premier baiser, qui avait plutôt été un viol, alors que Jézebelle s'était jeté sur lui, manquant l'étouffer, avec sa langue dégoûtante... Beuh. Il n'avait pas vraiment envie de réitérer l'expérience.

- Lanmart, tu ne dis rien ? demanda la voix de la jeune fille, inquiète.
- Je... Tu m'intimides, Roxane.

La jeune fille se sentit immensément rassurée. Il l'avait tutoyée ! Sa main commença à se glisser sous la manche du manteau de son codisicple, et à lui carresser doucement le bras.

Le chevalier eut à la fois très envie que cela continue, et très envie que cela s'arrête. Mais il avait décidé de se lancer, alors il fallait y aller !

Il avança une main timide vers les cheveux bouclés de Roxane, et les caressa avec douceur, répétant le geste de la fête de bienvenue. Sauf que là, c'était bien différent.

Quelques Cornèbres qui volaient pour se réchauffer dans cette nuit de fête s'étaient posés en haut des gradins, et lissaient leurs plumes de leurs becs, sans se préoccuper de ce qui se passait quelques marches plus bas.

Plus bas ? Lanmart venait de découvrir qu'un baiser n'était pas forcément un moment désagréable où quelqu'un vous plaque violemment au sol en essayant de vous mordre la langue.

Et il en redemandait !


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Mika sortait de la salle de bain un immense sourire aux lèvres, et, étrangement, deux gels douches à la main.

- MON GEL DOUCHE !!! QUI M'A PIQUE MON GEL DOUCHE !?

Son sourire s'élargit encore plus, alors que la voix de Clarisse emplissait tout le couloir.

Il ricanait encore en appuyant sur la poignée de la porte de sa chambre...

... Vide.

Où était Albert ? Il était toujours dans la chambre Xatu, en train de lire ou d'écouter de la musique, en attendant que son ami revienne de la douche ! L'imagination de Mika commença à faire défiler devant ses yeux des images pour le moins inquiétantes...

- Albert ? Vous avez pas vu Albert !!??
- Mon ventre, aaaaaaaah... Je meurs... répondit la voix gémissante de Fabio, allongé sur le dos sur son lit.

Mika ferma la porte de la chambre Ho-oh en s'excusant. Il venait de passer en revue tout l'étage... Se dirigeant vers l'escalier, il empoigna Alizée en robe de chambre, qui bavardait avec Roxane dans le couloir.

- Hé ! objecta t-elle, alors qu'il l'entraînait de force, la tirant par le bras.
- Urgence. Albert a disparu. répondit-il simplement, fronçant les sourcils.

Tous deux passèrent toute l'arène au peigne fin. Laurent, les apercevant, se prépara à les sermonner (se balader dans l'arène à cette heure-ci ! Ils allaient récupérer une bonne corvée nettoyage, non mais !), mais se tut quand il sut de quoi il était question.

Mika et Alizée sortirent, se postant près du sapin de Noël, encore décoré, seul dans la forêt à pouvoir étinceler d'autant de couleurs. Prenant son appeau, le jeune homme aux boucles noires siffla son Rapasdépic. L'oiseau apparut bien vite, et les deux jeunes gens l'enfourchèrent.

Alors qu'ils volaient vers la Tour Chétiflor (le Rapasdépic s'y dirigeait mécaniquement à présent, habitué qu'il était à effectuer le même trajet presque tous les soirs), Alizée appelait Albert sur son portable.

- Répondeur, annonça t-elle.
- Et merde... répondit Mika, très inquiet.

Dans leur empressement, ils n'avaient même pas pensé à prendre Prophète, leur Xatu préféré qui voyait à travers les murs...

Pourtant, il n'y avait pas besoin de rayons X pour constater que la Tour Chétiflor était vide. Les volets tous grand ouverts donnaient sur du gris indistinct. En s'approchant des fenêtres, on discernait l'intérieur de la première salle, vide. Juché sur son pokémon, Mika regarda à tous les étages : personne.

Soudain, le portable d'Alizée sonna.

- Allo !? demanda t-elle d'une voix tremblante.
- Oui, Alizée ? C'est Albert ! Pourquoi t'as essayé de m'appeler ?
- Euh... On te cherchait pour partir voir la Tour... mentit-elle.
- Ah ? Bon ben moi je suis à l'arène... J'étais parti faire un tour dans la forêt... expliqua la voix sereine du futur champion.
- Ah bon ? Euh... Et bien... Tant mieux ! A tout à l'heure alors !

Elle raccrocha.

A Mika qui se posait, elle sourit :

- On s'inquiète pour rien, je crois.
- Certainement, répondit celui-ci en fixant son regard au-delà des sapins, vers les étoiles, vers les légendes, vers... Le Ho-Oh aux yeux rubis, qui peut-être déployait ses magnifiques ailes au fin fond des nuées, et dont les plumes de phoénix resplendissaient plus que la queue de mille comètes.

- Pour rien du tout... acheva Alizée.