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Smirnoff de Domino



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Informations

» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 13/09/2008 à 11:45
» Dernière mise à jour le 11/06/2009 à 06:21

» Mots-clés :   Humour   Johto   Romance

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052 - Autres horizons
« L'amour, la mort peut-être
Mais suspendre le temps pour un… »

-Moi je dis qu'il a l'air de s'en foutre de toi ! Il te regarde comme si t'étais un sac à patates. En plus il a dit que t'étais grosse !
Linda regarda vers la bande de mecs.
-Mais non, les filles !
-Si ! Joey est pas amoureux de toi, Candice !
Linda ne disait rien mais sa bande de copines semblait en effervescence. Elle aimait se sentir absente dans la foule.
-T'en penses quoi, Linda ?
-Linda la romantique !
Linda sourit de ce petit sobriquet.
-Tu devrais aller lui demander.
-Mais comment ?!
-Eh bien… Tu devrais t'approcher de lui, et lui exprimer ce que tu ressens !
-C'est comme ça que Jody et Marc se sont mis ensemble !!
Linda sourit.
-Bon d'accord, j'y vais les copines, souhaitez-moi bonne chance !
Linda regarda leur amie qui allait peut-être au devant d'un grand râteau.


-Décidément c'est une mode entre nous d'aller diner avec des homos. Je me demande ce qu'on a qui fait ça. T'aurais pas acheté un aimant à gay dans un marché aux puces ?!
-Très drôle, Etienne…
Il la regarda mettre ses plus belles bottes.
-Tu t'apprêtes comme si c'était un rendez-vous galant… Si tu espères le séduire, je t'arrête tout de suite… J'ai plus la côte que toi !
-Ne sois pas bête. Je présente bien les choses. C'est uniquement pour lui tirer les vers du nez que je fais ça.
-Oh… Tu nous la joues JBG (James Bond Girl, Ndla) ?
-Non, je la joue « Etienne a besoin de ces informations, seul une belle femme les lui obtiendra » !
-…Pas au point qu'on t'agresse dans la rue. Je t'emmène.
-C'est au Doublon Privé, à deux rues !!
-Bon… En plus il t'emmène au même restaurant où Norbert m'a emmené…
-… Pauvre Etienne, rompu à tes coïncidences ! Tu as prévu un truc ce soir ?
-Bah te sachant loin, je m'étais dit que j'allais faire une soirée Catch !
Linda soupira.
-Pauvre de toi ! Je te laisse tout seul, ça m'embête !
Ils s'embrassèrent.
-Tant que tu t'amuses.
-Ca ne va pas m'amuser de diner avec un policier homosexuel pour qu'il me dise ce qu'il sait !
-Qui sait, si ça se trouve tu vas te faire un super copain !
-Hm… J'y vais, je suis presque en retard !!
-Cette robe bleue marine te va à merveille…
Linda fit la bise à son Etienne.
-Merci encore de me l'avoir offerte, c'est le plus gentil des cadeaux d'anniversaire que tu puisses me faire !
-Je sais, ma Poussinette !
-Et je l'aurais en revenant !
Etienne sourit alors que Linda sortit. Etienne se saisit de son téléphone.
-Tango à Blaireau du Sud-ouest ! La cible est en partance, dès qu'elle change de rue c'est à vous !
Etienne ouvrit la porte de la véranda qui était fermée à la présence féminine depuis le début de la journée. Il avait préparé une table de Poker. Alcool, jus de fruit, sodas, chips et biscuits apéritifs, tout était là. Il entendit la marmaille grimpant dans l'escalier et alla ouvrir.
-Kenny…
-Salut Etienne !
-C'est par là… Norbert, bonsoir !
-J'espère qu'il n'y a pas de coup fourré… Oh c'est mignon chez vous…
-Mouais… Mr Winchester…
-Bonsoir Smirnoff… joli appartement…
-Merci bien ! Eddy…
-Bonsoir ! J'ai apporté des Nachos !
-Hmmm fromage ! Jonathan…
-B'soir… C'est gentil de m'avoir invité…
-C'est normal, voyons ! Bien ! Installez-vous, il est temps de battre les cartes !

Linda arriva au restaurant, accompagnée d'Electre, sa Gardevoir.
-Votre hôte vous attend table 18.
-Merci bien.
Linda s'approcha de ladite table, qui était double. Lionel l'y attendait, et à ses côtés un Gallame. Linda s'approcha, amusée.
-Eh bien… Gallame et Gardevoir… J'ignore si c'était prémédité…
-J'étais sur que vous étiez femme à avoir un tel Pokémon.
Linda s'assit avec son Pokémon.
-Comment savez-vous que j'aime le chou Romanesco ?
-Une intuition de détective.
Linda sourit.
-Vous êtes quoi exactement ? Policier, inspecteur ?
-Expert criminologue et enquêteur professionnel.
-Oh… Prestigieux…
Linda garda son silence traditionnel, attendant que l'autre se lance. Lionel avait un sourire en coin.
-Vous n'avez pas beaucoup de conversation. Vous n'êtes pas vraiment capable de faire la causette, n'est-ce pas ?
Linda regarda Lionel, étonnée.
-Ou êtes-vous née, mademoiselle Trautmann ?
La jeune femme sembla désarçonnée.
-Euh…
-Laissez-moi deviner… Vos parents étaient à la rue.
Linda resta immobile et choquée.
-Vous n'auriez pas passé quelques années dans une caravane ?!
Linda allait partir, mais il la retint par le bras.
-Je vous en prie, restez…
-Non ! Vous…
-Ce n'était en rien odieux. Asseyez-vous.
Linda s'assied, embarrassée jusqu'aux larmes. Gardevoir la regardait.
-J'ai fouillé dans votre passé pour en savoir plus sur vous.
-Espèce de… Malotru !!
-Merci de m'avoir épargné les aboiements homophobes. Ecoutez, j'ai fait ça pour que vous vous sentiez en confiance.
-C'est raté !! Espèce de goujat !! Vous ne savez pas à quel point je suis gênée à propos de tout ça !!
Elle s'essuya avec un mouchoir brodé. Il la regarda, impassible.
-Vous vous moquez que je pleure ou pas ?
-Je ne me délecte pas, mais je ne m'apitoierais pas. Votre histoire me touche, mais je la comprends.
Linda semblait piteuse.
-En tout cas ça explique bien des choses, notamment votre action caritative.
-C'est… La blessure est encore à vif…
-Si ça peut vous rassurer, moi, j'ai des antécédents psychiatriques.
Linda s'étonna.
-Et c'est tout aussi honteux.
-Je comprends… Désolé.
-Les blessures physiques nous enlaidissent, les blessures morales nous embellissent, nous renforcent. Vous êtes une femme d'une grande beauté, très raffinée et d'esprit libre. La preuve, vous vous tenez à mes côtés sans aucune gêne.
-Si je détestais les homosexuels, je n'aurais plus de quoi m'habiller !
Ils ricanèrent.
-Et vous avez un humour incroyable ! Etienne doit être un garçon comblé.
Linda hésita un peu avant de hocher la tête.

-Pourquoi vous êtes jamais ensemble ?!
Linda sembla gênée.
-Il est un peu timide, et moi-même…
-Mais pourtant c'est ton petit copain, nan ?
-Enfin c'est comme ça que tu nous le désignes à chaque fois !
Linda hocha la tête.
-Oui, mais… nous deux c'est… très émotionnel !
-Ooooh !
-Tout de suite !
-On vous a jamais vus vous embrasser !
Etienne se dirigea vers le groupe de filles.
-Il arrive !
-Chuuut !
-Chut !
Linda grimaça. « Mon Dieu, les femmes savent être ridicules quand il le faut ! »
Mais il dévia de sa trajectoire au dernier moment. Linda et les autres filles s'étonnèrent.
-Ouaaaah…
-Han le vent…
-Graaave !
Linda hocha la tête.
« Valait mieux qu'il vienne pas… »


-Au début, il n'était carrément pas intéressé, mais après quand je lui ai proposé l'ensemble avec le moteur de rechange, il a pas pu refuser. Une bonne bécane, c'est comme vos bijoux de famille, si c'est pas en bon état, vous êtes plus un mec !
Les hommes ricanèrent. Linus avait pris un cigare et un verre de bourbon. Norbert s'était laissé aller à un cocktail préparé par Erwan. Eddy n'avait pris qu'un coca. Jonathan fumait au narguilé et enchaînait les Bloody Mary. Kenneth n'avait pas été contre une bière pressée et vidait les biscuits apéritifs avec Etienne qui de même n'avait pris qu'une limonade. Ils jouaient nonchalamment à la Bataille.
-Vous avez une belle petite voiture, Smirnoff, commenta Ludges.
-Hm… J'm'en sers pas très souvent, j'ai pas beaucoup de déplacements à faire, j'habite à deux pas de la fac…
-Vous conduisez bien ?
Etienne ricana.
-J'ai passé trois fois mon permis avant de l'avoir !
-Ouch… remarqua Jonathan.
-Dur… marmonna Eddy.
-Moi je l'ai passé avec les commandos de l'armée, quand j'étais basé avec mon père au Koweït, juste après la mission en Egypte.
-Sérieux ?!
-Hein ?
Norbert sortit son permis qui portait effectivement les armoiries koweitiennes.
-Fiouuu…
-Validé par le Cheikh Jaber Al-Ahmad Al-Jaber Al-Sabah en personne !
-C'te photo, on dirait un gamin… s'étonna Jonathan.
-Avec l'accent et tout… s'étonna Kenneth.
-Je parle couramment arabe, tamoul, français et anglais. Des qualités bien utiles en ce monde.
-Je ne parle aucune langue étrangère ! soupira Smirnoff.
-Moi j'ai appris le chinois par ma bonne ! ricana Kenneth. Vous n'avez jamais été en Chine par hasard ?
-Non… Lionel y est allé. Il m'a dit que c'était un pays étonnant. Par exemple y cracher est considéré comme très propre. Cependant s'y moucher est considéré comme un acte répugnant.
Linus leva un sourcil étonné.
-Et moi qui regrette ma chère Angleterre…
-Je vous vois bien en kilt, Linus ! ricana Etienne.
Tout le monde sourit ou ricana.
-Vous rigolez mais je joue de la cornemuse !
-Arrêtez ! s'enjoua Kenneth, Sérieux ?!!
-Oui oui oui ! J'arrive à jouer des cantiques irlandais – bien que ce soit quelque peu honteux – ainsi que des chants catholiques. J'essaierais d'en ramener une à la faculté un de ces quatre.
-Oh non pitié, je suis juste à côté, une feuille de papier cigarette nous sépare ! soupira Norbert.
Ils ricanèrent. Jonathan regarda les Pokémon qui faisaient le service.
-Euh… Smirnoff, j'veux pas être indiscret, mais… Ils font tout ici ?!
Etienne hocha la tête.
-Jusqu'au ménage.
-Vous êtes dépendant d'eux ?! demanda Eddy.
-Disons qu'ils sont plus pour moi que de simples serveurs. Ils sont ma famille. Je les nourris, je les loge confortablement… En échange ils me servent et sont une compagnie agréable.
-Linda doit détester… marmonna Kenneth.
-Plus ou moins…
-Ne contrariez pas une femme qui vit avec vous, Smirnoff… argua Linus, c'est un homme marié qui vous dit ça.
-L'ennui quand vous vivez avec quelqu'un, c'est qu'il faut supporter ses lubies ! commenta Norbert.
-Et c'est surtout chiant de toujours devoir se contrôler… soupira Kenneth.
Tous poussèrent un soupir d'accord, sauf Jonathan.
-Vous en pensez quoi, John ? demanda Etienne.
Linus lança un regard embarrassé en direction de l'ex-taulard.
-Profitez-bien de ce qui vous arrive. C'est pas donné que ça reste comme ça éternellement.
Linus soupira.
-Hem… Et qu'en est-il des goûts cinématographiques de la table ? s'enquit le britannique.
-J'aime bien le cinéma indien ! admit Norbert.
-Au début je trouvais ça ringard et finalement… ça m'amuse assez ! ricana Etienne.
-Ce n'est pas comme ça qu'il faut le regarder : Il faut ressentir la musique, voir la danse, écouter et regarder et puis s'investir dans l'intrigue !
-Vous en parlez comme une espèce de drogue ! s'étonna Kenneth.
-C'est très prenant il paraît, commenta Jonathan.
-Vous fumez quoi ?! s'étonna soudainement Kenneth.
-Du narguilé quoi ! Tabac, mélasse et essence de fruits !
-C'est… odorant !
-Et alors ? La baie vitrée est ouverte, non ? Et c'est moins toxique que ce que Linus s'est enfourné.
-Je n'inhale pas la fumée… grommela Linus.
-Hmm… C'est juste bizarre de vous voir avec ce truc… assura Kenneth.
-C'est un compagnon de cellule qui m'a appris à en fumer.
Silence retentissant.
-Quoi ? Vos vies sont toutes roses ?!
-Non…
-Nan, bien sur…
-Ca coule de source !
-Bah non !
-C'est quoi le pire truc que vous ayez fait, Smirnoff ?
Le prof regarda le proviseur adjoint.
-Un jour j'ai craché au visage de mon beau-père.
Tout le monde sembla abasourdi.
-Pourquoi ça ne me surprend pas ?! s'étonna Linus.
-Vous, Kenneth ?
Le blond chercha. Etienne le regarda.
-Attends, tu cherches ?! Sérieux ?!
-Bah… Un jour j'ai… caché le matériel de golf de mon oncle derrière une bombonne à gaz ! Ils ont dû passer des heures à le retrouver !
Tout le monde regarda Kenneth, ahuris.
-C'est nul !! s'écria Jonathan en partant dans un rire sifflant.
-J'avoue là quand même… s'étonna Norbert.
-Ouais… Je sais. C'est ça d'être un gosse de riche, votre vie n'intéresse personne !
-Il faut quand même dire qu'il a testé toutes les drogues en vente sur les marchés entre 17 et 19 ans ! rappela Etienne.
Un grand « AAAAAH ! » s'éleva.
-Enfin un vrai mec ! admit Jonathan. Vous, le père Banks !
-J'ai roulé une pelle à mon cousin.
Tout le monde écarquilla les yeux. Eddy haussa les épaules.
-Norbert ?!
Le blondinet chercha un peu.
-Quand j'étais à Bombay, j'ai fait avaler du piment à un éléphant porteur. La pauvre bête est devenue complètement folle, résultat un marché a failli être dévasté… Mes premières pulsions destructrices !
-La vache ! Lino ?
-C'est Linus ou Lindbergh ! Surtout pour toi !
-Ca vaaa….
-La pire chose que j'ai faite… Je me suis laissé aller dans un car de bonnes sœurs.
Tout le monde crut mal comprendre. Jonathan ricana.
-Il a lâché une caisse dans un car de missionnaires qui allait d'Ecorcia à Rosalia, c'est désopilant, j'étais là !
Tout le monde regarda le proviseur qui semblait gêné.
-Sa femme allait accoucher de Christine, et il devait la rejoindre à l'hôpital. En fait, il y avait plus de bus. Alors on monte dans un car qui passe par l'hôpital, mais on s'aperçoit qu'il est plein de bonnes sœurs. On est un peu gênés, d'autant que je devais passer un coup de fil… Et là, Lindbergh me regarde, le visage crispé, et je lui demande « Quoi ? » et il me répond « J'vais pas pouvoir me retenir… » J'ai cru qu'il allait gerber sous la pression, genre les maris dont la femme est enceinte qui n'arrivent pas à contenir leur émotion… ET LA, il lâche une de ses pelleteuses !!!
Tout le monde éclata de rire Linus frappa gentiment Jonathan.
-C'est pas cool !
-J'vous imagine en train de vous excuser auprès des nonnes !! HOUUUUHOUHOU ! ricana Etienne.
-C'est horrible ! soupira Norbert en essuyant des larmes.
-Vous êtes dévot, Linus ?! demanda soudain Kenneth.
Le proviseur soupira.
-Je ne crois pas en l'existence d'une puissance supérieure. Autre que la reine, bien sur.
-Norbert, votre opinion à ce sujet m'intéresse…
-Pourquoi ?
-Vous avez voyagé, vous êtes homosexuel… vous devez avoir un point de vue pointu sur la question !
Jonathan pouffa de rire tout comme Etienne.
-Pointu… Tu choisis tes mots avec infiniment de soin… marmonna le prof.
-Eh bien… Non. Je suis athée ! Rien de plus à en dire. Dieu n'est plus dans ma vie.
-Vachement pointu ! soupira Jonathan.
-Et vous ?
-En prison, on vous apprend que la religion, c'est la seule vraie femme que vous aurez le droit de toucher avant la sortie.
-Catholique, alors ?
-Le salut passera par l'absolution…
-Hm… Moi ça m'a jamais tenté, je veux dire, suivre une foi, se laisser endoctriner… Eddy ?
-Je suis athée, aussi.
Kenneth regarda Etienne, un sourire entendu aux lèvres.
-Quoi ?!
-Dis aux gens c'est quoi ta religion à toi !
Norbert, Linus, Eddy, Jonathan et Kenneth regardaient Etienne, intrigués. Etienne sortit une sorte de carte de membre.
-Je suis Témoin d'Arceus à tendance animiste.
Norbert s'étonna.
-Comme ma mère !
-Ouah… vous êtes religieux, VOUS ?! s'offusqua Linus.
-C'est une religion qui soutient surtout qu'un jour on va tous mourir et que les Pokémon nous survivront. Ce qu'intimement j'espère.
Tout le monde sembla dubitatif.
-Tu sais mettre l'ambiance ! admit Kenneth.

-Etienne ?
-Oh… Salut, Linda…
-Tu voulais me dire quelque chose ?
-Euh… Bah, je… Je voulais te dire…
Linda regarda Etienne qui n'arrivait pas du tout à se décider.
-Je… Je…
Linda soupira.
-Moi aussi, Etienne.
Elle lui embrassa le front.
-Moi aussi.
L'adolescent regarda partir la femme de sa vie, surpris. Il se mit à murmurer :
-Je… je t'aime…
Il baissa la tête, pas très fier de lui.

-Alors ?
Linda regarda ses copines. Un peu confuse, elle décida de mentir :
-C'est bon, il me l'a dit !
-KYAAAAH !
-OUAH !
-Génial !! Elle est casée !!
-Super !
Linda sourit, un peu embarrassée.


-Donc c'est comme ça que de fil en aiguille…
-Je vois. Une longue histoire compliquée mais solide…
-Disons que rien ne peut nous séparer. Etienne est un peu un frère que je n'aurais jamais.
Le diner était déjà bien avancé.
-Enfin, on n'a pas parlé de l'affaire d'Etienne depuis le début…
-Oh pardon ! Vous étiez tellement intéressante, je n'ai pas osé vous interrompre.
Linda sourit.
-En fait il semble que Smirnoff ait été victime d'un deuxième coup monté, à son procès, cette fois.
Linda s'étonna.
-C'est-à-dire qu'on a volontairement voulu le faire tomber. Les personnes suivantes ont souhaité témoigner en sa faveur et en ont été empêchées : Sherman Cumberdale, Cathy Hepburn, Jasper Colin, Bertrand Marinier, Hughes Wilson, Gregory Leonhardt, Penelope Dobson…
-Ouah… Tant que ça ?!
-Il y a une liste de 23 témoins rejetés.
Linda grimaça.
-C'est atroce !! Vous vous rendez compte ?! Si dix de ces témoignages étaient passés, il aurait pu continuer comme si rien n'était arrivé !!
-On ne peut pas savoir ce qui se serait passé… Le destin en a décidé ainsi.
-Je comprends mieux pourquoi vous ne pouviez pas lui en parler directement…
-Hm. En plus de ça, la procédure a été accélérée et fortement prise en la défaveur de Smirnoff dès le départ. J'ignore comment vous avez fait, mais ils n'étaient résolument pas prêts à lui laisser une chance. Mais un détail s'y rapporte peut-être : Il n'y avait pas 17 mais 2 témoignages face au votre. Celui de Kenneth Heine, mais vous venez de me raconter ce qu'il en était…
Linda hocha la tête.
-Ainsi qu'Antoine de Beaufort.
Linda eut un regard choqué.
-Quoi ?!! P… Pardon ?!!
-Vous le connaissez ?!
-Mon Dieu, oui ! Et Etienne aussi ! Ils… Ils ne s'aiment pas beaucoup, Etienne m'a raconté qu'il avait été particulièrement critique à son égard…
-Hmm… Un rapport de police dans le casier d'Etienne fait état d'une agression par destination sur la personne de Mr de Beaufort…
-C'est un être particulièrement abject, il m'a même fait des avances alors que j'étais en train de discuter avec Kenneth…
-Un homme assez arriviste…
-Mais de là à penser qu'il…
-Vous le connaissez depuis…
-Depuis mon entrée au concours d'histoire… Il ne m'a JAMAIS parlé d'Etienne ! Je ne savais même pas qu'il le connaissait !
-Etienne ne le connaissait pas non plus avant…
-En effet, non, il le connait depuis ce fameux jour au Lac Colère… Il y a deux personnes que vous devriez interroger à ce sujet… Adam et Jennifer. Ils ont parlé avec Antoine, qui a tenté de les mettre en garde contre Etienne.
Lionel hocha la tête.
-D'accord. Merci pour votre aide. Je m'excuse, aussi…
-Pourquoi donc ?
-Vous inviter pour parler de ça n'était pas ma seule préoccupation.
-Ah…
-J'avais dans l'optique de… batifoler quelque peu.
Linda s'étonna et se regarda.
-Pourtant, je suis une femme ! sourit-elle.
-Je n'ai jamais dit que j'étais uniquement porté sur les hommes.
Linda sembla très surprise.
-Ah…. Ah bon ?!
-Oui… Je reconnais que c'est bizarre mais… c'était juste pour que vous ne vous mépreniez pas…
-Ce n'est rien… vous êtes le dragueur le plus subtil et le moins lourdingue auquel j'ai eu affaire.
-Pardonnez-moi quand même, mon approche était délibérément voilée… Je ne voulais pas que vous pensiez que je prenais Etienne comme prétexte…
-Il y a Etienne, et je l'aime, je suis désolée… Vous m'êtes fort sympathique, cependant.
-Vous n'êtes pas fâchée ?!
-J'ai l'habitude qu'on me cache des choses, et d'en cacher, tout de même.
-Vous cachez des choses aux gens que vous aimez ?
Linda hocha la tête en souriant.
-Comme quoi ?
Linda eut un sourire malicieux.
-Etienne ne sait pas que…
Elle hésita un peu, puis elle confia.
-Etienne ne sait pas que Kenneth m'a offert mon premier baiser.
Lionel s'étonna.
-Ca c'est plutôt cocasse…
Linda se mordilla les lèvres.

Pluie battante. Ils courraient tous les deux. Ils avaient dix-sept ans.
-On va chez moi en attendant que ça se calme ?!
-Ok !
Kenneth entra avec Linda chez lui.
-Pffff ! Quelle averse !!
-Ouais… Ma robe est trempée…
-Viens, on va se sécher !
Ils déposèrent leurs vêtements sur un séchoir intérieur. Kenneth se retrouva en t-shirt et caleçon devant Linda quelque peu gênée en sous-vêtements. Kenneth la regarda et mit quelques secondes à réagir. Il lui passa un de ses vieux pulls.
-C'est tout doux !
-Ouais. J'aime un peu trop les fringues de bonne qualité.
Ils se sourirent. Ils se regardèrent. Il la frictionnait pour qu'elle ait moins froid…
Ils s'embrassèrent, sans raison. Mais pas un petit baiser de kermesse, non, le genre de baiser festif entre amoureux de longue date. Elle en vint même à l'enlacer, jusqu'à ce qu'il ne recule soudainement, effaré par son geste. Elle était surprise, de même.
-……Je….
-C'est pas grave !
-Je suis désolé je sais pas ce qui m'a pris !!
Kenneth regarda des deux côtés. Il se saisit d'un pantalon qu'il enfila dos à Linda, qui se demanda ce qu'il pouvait bien cacher.
-Euh… On va regarder la télévision ?!
Elle hocha la tête.
-Je suis vraiment désolé !! Je… J'ai pas…
-C'est rien, Kenneth… on est amis, y'a pas de souci, je sais que tu n'as pas fait ça à mal…
-Voilà ! Et… Pas un mot à Etienne !!
-Ca semble évident…
Kenneth allait sortir, mais il était complètement ralenti par son geste.
-Vraiment, Linda, je t'assure, ça n'avait… Rien de prémédité…
-Je sais, voyons ! J'y étais aussi ! Tu es un garçon, je suis une fille, ce sont des choses qui se font… aussi rarement que possible quand on ne sort pas ensemble ou quand son meilleur ami est le petit ami de l'intéressée !
-Pardon, vraiment !!
-Ce n'est rien, Kenny ! De ta part je prendrais ça comme… Une simple bise !
Kenny hocha la tête. Ils descendirent regarder la télévision. Kenneth n'avait jamais été aussi gêné.


Kenneth regardait son jeu.
-Et sinon, elle faisait quoi, Linda, déjà, ce soir ?
-Un rencard avec l'ex de Norbert.
Norbert s'étonna. Tout comme Jonathan.
-Vous laissez votre gonzesse sortir avec des mecs toute seule ?!
-Linda est avec Lionel ?! s'étonna Norbert.
-Bah ouais ! Il vous l'a pas dit ?!
-Nous ne vivons pas ensemble. Et cette fois pour rester proche de la faculté, il s'est installé dans une chambre d'hôtel.
-De toutes façons, il est homo, donc y'a aucun « danger »…
-Je vous arrête tout de suite, s'écria Norbert en posant une carte. Lionel est un bisexuel affirmé, quelque peu conspirateur et donjuan dans son genre.
-Ah oui ? s'écria le prof avec un désintérêt prononcé.
Kenneth soupira.
-Admirez la sollicitude du Smirnoff, lors de la parade nuptiale. Le mâle n'hésite pas en effet à prêter la femelle à plusieurs autres mâles sans aucune crainte de la voir partir avec un autre. Il estime en effet que confiance et naïveté sont mères de mariage et famille nombreuse.
Quelques rires mal assurés se firent entendre.
-Vous êtes complètement barge, ouais !! S'offusqua Jonathan.
-Vous lui faites vraiment confiance ! s'étonna Linus.
Etienne soupira.
-Si je m'en mêle, ça va dégénérer. Je la laisse faire sa petite vie de son côté, je ne lui pose pas de questions, et tout va bien dans le meilleur des mondes. J'ai l'expérience de ces situations, et croyez-moi, tout va mieux tant que je ne cherche pas la petite bête...
-N'empêche que vous êtes assez peu prudent de la laisser seule avec lui… ajouta Norbert. En plus de ça il n'est pas très fréquentable, sujet à des dépressions…
-Oh ça va ! Je l'ai déjà laissée seule des dizaines de fois avec Kenny, il ne s'est jamais rien passé ! Hein ?
Kenneth secoua la tête sans regarder Etienne.
-Auquel cas, ça ne me ferait pas de mal si ça venait de Kenneth. J'ai toujours eu l'impression que tu l'aimais bien aussi.
-C'est juste une très bonne amie.
-Comment ça va au fait avec Miranda ?
-Ca va, et toi comment ça va avec… Ah oui suis-je bête ! Elle est dehors avec un policier pervers qui attrape tout ce qui bouge !
-Dites donc, on parle d'un homme qui a été mon compagnon pendant cinq ans, tout de même ! grogna Norbert.
-Raison de plus !
-Vous… ne croyez pas qu'Etienne ait raison de faire comme il fait ?! s'étonna Eddy.
-Pas du tout ! lâcha Kenneth. Si j'étais son compagnon, hors de question qu'elle sorte avec un inconnu.
-Mais tu n'es pas son compagnon… marmonna Etienne.
-Des fois je regrette, j'avoue, vu la façon dont tu la considères !
Etienne regarda Kenneth, intrigué. Linus soupira.
-Parlons d'autre chose que de cette chère Miss Trautmann...
-De quoi vous voulez qu'on parle ? S'étonna Jonathan. Moi ça m'intrigue, ça ! Vous aimez cette fille mais vous la laissez sortir avec n'importe qui ?!
-C'est pas n'importe qui, c'est le copain de Norbert…
-L'ex-petit-copain presque mari quasiment membre de la famille ! extrapola Kenneth.
-Non, c'est juste mon ex ! soupira Norbert.
-Avec qui vous avez couché y'a pas si longtemps, donc le « Réservoir gay » est supérieur au « Réservoir hétéro » !
Norbert sembla offusqué. Tout comme le reste de la table.
-Vous m'aviez promis de…
-Ca va ! Ils s'en fichent…
Norbert était néanmoins en colère.
-Mr Smirnoff s'est fait dépuceler à 31 ans !!
Linus, Jonathan et Eddy regardèrent Etienne, surpris. Kenneth éclata de rire.
-pauvre de toi… lui intima le blond en souriant.
-oh toi, ta gueule… marmonna sur le même ton Etienne.

-Et… Il ne vous a jamais…
-Il ne s'en est jamais douté… Il a l'air d'avoir des soupçons, mais je sens qu'il s'en ficherait même s'il savait la vérité.
Lionel s'étonna.
-Quels sont vos sentiments pour Kenneth ?
-Purement amicaux, bien sur… Etienne est bien plus pour moi que Kenneth ne sera jamais. Mais Kenneth et moi… c'est une alchimie étrange. Il a un charme fou, bien qu'il n'ait jamais semblé s'en rendre compte. Mais je me suis toujours persuadée que mon attirance pour lui était due à son argent… Ce qui était quelque peu vrai. Parfois j'aimais être chez lui, pas avec lui. Alors qu'Etienne c'était un tout.
Lionel hocha la tête.

-Oh je vous en prie ! Utilisez d'autres mots !! J'ai des enfants, moi !! grommela Linus.
-Bah n'empêche que c'est ça, le point G !
Etienne chuchota à Kenneth.
-Comment on en est venus à parler de ça ?!
-Regarde la dose d'alcool que tout le monde s'est enfilé…
Etienne se leva.
-Bon, je retire l'alcool de la table, c'est très mauvais…
-Ooooh… soupira Jonathan.
-Pas drôle ! grommela Linus.
-C'est très mauvais, y'a des gens qui meurent dans des prises d'otages en essayant d'arrêter !
-Etienne ! soupira Kenneth.
-Et puis arrêtez de parler de sexe, c'est interdit dans cet appartement !
-Rhoooo, bah voyons ! On se croirait chez ma mère… soupira Kenneth
-Vous êtes un homme ou un évêque, vous ?! soupira Jonathan.
-Les deux ! grommela Etienne.

Linda et Lionel sortirent du restaurant.
-Eh bien, merci pour cette excellente soirée ! Et pour m'avoir livré ce que vous saviez.
-Mais de rien. Vous voulez que je vous raccompagne ?
-Ca ira, je suis à deux rues…
Ils partent d'un dans la direction de l'autre et manquent de se heurter. Ils ricanent devant la gêne. Soudain, une de ses mains vient caresser le visage de la jeune femme.
-Si jamais un jour… ça ne va plus avec Etienne… N'hésitez pas à venir me voir. Vous m'avez vraiment fait… Une grande impression.
Linda ne sut trop quoi répondre. Il partit à sa voiture. Elle sembla perturbée, puis elle repartit vers l'appartement.

-Bon, vite ! Covoiturage ! Norbert, vous êtes bourré ?
-J'ai bu deux cocktails, je tiens bien l'alcool !
-Super ! Vous portez Linus !
-Génial…
-Je suis… Je suis pas bourré ! assura le proviseur.
-Linus, c'est honteux, j'espère que vos enfants dorment ! grommela Norbert.
-Oooooh zut mes enfants dooorment !!
-L'est lourd, le père Ludges !! Il crèche où ?!
Kenneth soupira alors qu'il aidait Etienne à porter l'ex-taulard.
-Norbert, vous vous sentez de ramener Linus ?
-Oui, oui ne vous en faites pas ! En tout cas c'était très sympa !
-Ouaip. Faudra recommencer ! HIPS !
-Linus vous êtes saoul !
-Vous savez que j'vous aime bien, Norbert ?
-Je sais…
-J'…J'veux dire vraiment… super bien ! Je crois que…
Norbert ferma la porte arrière de sa voiture en souriant sous les rires de Kenneth et Etienne. Eddy partit à son tour.
-A plus, Eddy !
-Bonne fin de soirée, messieurs !
Linda arriva, surprise.
-Mais qu'est-ce qui… Etienne ?!
-Oups…
-Etienne ???
-Euh… Soirée cartes entre potes ! Je ramène Jonathan, Kenneth, tu restes avec Linda ?
-Tu plaisantes ? J'dois rentrer moi !! Miranda m'attend !!
-Rhôoo… J'fais comment moi…
-Je peux rester seule à l'appartement… soupira Linda.
-Bon, bah si elle est ok, rentre, Kenneth ! J'en ai pour dix minutes à le ramener.
Etienne ferma sa voiture et se dirigea à travers les rues de Doublonville. Kenneth regarda Linda en soupirant.
-Il est incorrigible ! soupira Linda
-C'était bien, au moins ?
-Oh oui… Je me suis probablement moins « Eclatée » que vous, mais…
-C'était une idée d'Etienne, comme ça pour se marrer…
-Etienne se sociabilise. Ouah !
-Au fait, bon anniversaire !
Linda soupira.
-Merci… je suppose que 31 ans, ça se fête avec une beuverie !
Kenneth sourit.
-Brrrrr ! Je suis morte de froid ! Pas toi ?
Kenneth plissa les yeux.
-Ouais. J'vais rentrer vite fait !
-D'accord. A jeudi !
-Ok !
Kenneth repartit à travers les rues tandis que Linda montait à l'appartement. Kenneth s'arrêta et regarda vers l'appartement. Il soupira, songeant que ce pourrait être le sien… Du moins qu'il aimerait bien parfois y vivre. Avec…

-Appartement 44-B… oh vous êtes au rez de chaussée… Pratique !
Etienne regarda Jonathan, assommé.
-Vous êtes défoncé… J'aurais peut-être pas dû vous laisser trois bouteilles à portée de main !
Etienne ouvrit la porte de l'appartement. De nombreux détritus par terre. Des ordinateurs, des dizaines d'ordinateurs. Et des tas de photos aux murs, de Jonathan plus jeune avec une femme et une fillette. Il déposa le grand type sur le canapé noir au milieu de la pièce. Etienne remarqua aussi une photo prise par un polaroïd, avec marqué « La dernière soirée passée tous les trois, 24/12/1989 » sous l'image.
Etienne grimaça. « Veillée de Noël ? Oh purée… »
Il laissa Jonathan au cuvage de sa saoulerie, et à sa terrifiante solitude qui venait littéralement de glacer Etienne. Il partit calmement en fermant la porte puis en passant les clés par la fente de la boîte aux lettres.

Norbert rentra le plus calmement qu'il put chez les Winchester. Par chance, pas de Malosse de garde. Il vit que la maison était plutôt luxueuse. Il déposa Linus sur un canapé. Il s'efforça de l'installer le plus confortablement possible. Soudain, une lumière s'alluma. Lucy était dans les escaliers.
-B… Bonsoir madame !
-Oui… vous êtes ?!
-N… Norbert Finsbury, madame… Je viens de raccompagner votre mari en voiture, nous revenons de la soirée…
-Ah, oui il m'en a parlé… Et évidemment il est saoul comme un pot !!
-Non, non… rassurez-vous, il s'est endormi… Je ne voulais pas que vous, ou les enfants, ne le voyiez dans un tel état…
-Ca va, je sais qu'il exagère souvent sur l'alcool…
-Ne lui en tenez pas rigueur…
-Oh pff ! Si j'avais à le faire à chaque fois… Par contre il va hurler s'il ne se réveille pas dans son lit.
-Je vous le porte !
-Tout seul ?!
-J'ai été à l'armée, j'ai porté plus lourd !
-Oh. Vous êtes un collègue de mon mari ?
-Collègue et ami, oui.
-Ami ?! Ouah… Lindbergh a des amis…
Ils montèrent les escaliers.
-Ne faites pas de bruit, tout le monde dort !
Norbert hocha la tête tout en portant Linus qui ronflait comme un nouveau-né. Il déposa Linus dans le lit conjugal.
Voilà… Il vaut mieux que j'y aille ! chuchota Norbert.
-Merci à vous, en tout cas, c'était très gentil de l'avoir ramené !
-C'est normal, enfin !
-N'hésitez pas à passer un de ces quatre à la maison, histoire de diner !
-Oh… Pourquoi pas ! Bon, j'y vais !
-D'accord. A plus tard !
-A plus tard, madame Winchester !
Norbert sortit de la propriété et partit dans sa voiture, l'expression du bon samaritain satisfait sur le visage.