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Whisky, cigares et bon goût. Ou pas.
de Drayker

                   


Bonjour et bienvenue dans ce vieux musée poussiéreux qu'est mon blog. Enfin poussiéreux pas vraiment, étant donné que je viens tout juste de le refaire. Peut-être que certains d'entre vous se rappelleront de moi, mais dans le doute, présentons-nous.

Je suis Drayker, inscrit sur Bip depuis 2007 et écrivain amateur depuis à peu près autant d'années. J'ai fait mes armes, naïf débutant que j'étais alors, et après de longues années, j'ai décidé de partir en pèlerinage (pendant quoi, un, deux ans ?), car le site n'avait plus grand-chose à m'apporter au niveau écriture, et en moi naissait l'envie d'explorer de nouveaux horizons. J'ai donc pris mes cliques et mes claques, et je suis parti, supprimant blog, fanfics et autres traces de mon activité. Mes excuses à tous mes lecteurs de l'époque (s'ils repassent éventuellement ici) pour ça, d'ailleurs.

Enfin bref. Je suis à présent de retour, plein de nostalgie et décidé à agrémenter la liste des fics de mes (modestes) écrits. A mon rythme, bien entendu - j'ai un IRL assez chargé, alors ne comptez pas sur moi pour mettre ce blog à jour chaque soir ou pour poster un chapitre tous les deux jours.

Malgré tout, j'espère que vous prendrez plaisir à naviguer tranquillement sur ce blog capitonné, qui sent bon la fumée et les lettres. Prenez donc un fauteuil et laissez-vous bercer.


Ma fanfic : Apocalyptica
Fanfics en cours de préparation :
Le Paradoxe du Rocher - La Troupe de l'Horizon

F.A.Q. : ici
Facettes :
Le déraciné, l'aliénée, l'écorché, le détaché
.

Articles sur l'écriture :
Pourquoi "évitez les clichés" est le pire conseil qu'on puisse vous donner
Pourquoi Mulan, Star Wars et l'Odyssée racontent la même chose (et pourquoi ça marche)
Construire un récit, étape 1 : il faut un vieux mentor barbu dedans. Non négociable.
Construire un récit, étape 2 : 75% du travail se fait avant d'ouvrir Word. Et si.


Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Le détaché
Spoiler
On est tous complexés par quelque chose.

Le poids. La taille. La forme du visage. Vous savez bien de quoi je parle. Ces insécurités constantes, ces défauts qui crèvent les yeux quand on s'observe dans le miroir, ces imperfections qui sont souvent minimes pour les autres, mais terribles pour nous.

Et bien, lui, il n'en a pas, d'insécurités comme ça.

Oh, il a des défauts, bien sûr. Et il les voit très nettement, comme tout le monde. Peut-être même qu'il les voit mieux que les autres.

Mais il s'en fout. Ça ne le dérange pas. Ses défauts ne le rendent pas complexé. Il s'en est fait une armure. Les moqueries, les quolibets et les ricanements, tout ça rebondit sur sa carapace.

Au début, son indifférence lui a beaucoup servi. Quand il était petit, notamment. Il n'y a rien de plus méchant qu'un gosse, et ça, il l'a vite compris, alors il a rapidement cessé d'accorder la moindre importance à l'avis de ses camarades, et le collège et le lycée ne s'en sont que mieux passé.

Le problème, c'est que ça l'a suivi.

Il est adulte, aujourd'hui. Les années s'enchaînent, mais la carapace est toujours là, il n'a pas mué. Et le mépris qu'il éprouve pour l'opinion des autres est toujours bien ancré. Il est toujours insensible aux moqueries, aux provocations, et ça, c'est probablement bien. Mais les adultes ne sont pas les enfants de son collège. Certains lui font des remarques pour l'aider. D'autres pour le conseiller. D'autres parfois se moquent de lui, mais gentiment, et à raison.

Et bien tous ceux-là, il les envoie valser, tout comme il envoyait valser les provocations.

Enfin, non, il n'envoie personne valser. C'est un gars bien, pas un enfoiré. Quand on lui fait des reproches, il écoute. Surtout si c'est argumenté. Mais quasiment à chaque fois, il se contente d'acquiescer, avant de ranger l'avis dans un coin et de ne plus jamais y toucher.

Une fois, il est sorti avec une nana. Un sacré brin de femme. Son caractère, c'était tout l'inverse de lui. Elle criait, elle s'irritait, elle lui faisait des reproches. Une fille du sud, sanguine parfois, mais aussi intelligente, ça oui. Foutrement intelligente.

Au début, elle lui disait qu'elle appréciait son calme et son détachement, son caractère posé. Que ça la contrebalançait.

A la fin, elle a compris que ce qu'elle prenait pour de la patience était en fait de l'indifférence, et ils se sont quittés.

Ça aurait probablement dû le faire réfléchir. Le faire reconsidérer. Mais ce qu'il en a conclu, lui ? Eh bien, que c'était elle qui se trompait. Ou qu'il était mieux de son côté.

Lui, c'est un rocher. Une éponge. Il absorbe tout. Impossible de l'énerver. Impossible de le faire pleurer.

Il rit, par contre, et il sait s'amuser en société. En façade, du moins.

Mais une fois seul, une fois la poussière retombée, il se rend bien compte que s'il refuse de s'exposer, de laisser qui que ce soit l'atteindre, alors il ne goûtera jamais à la douce chaleur d'être réconforté.

Il ne prendra probablement jamais le risque. Ça n'en vaut pas la peine. Aimer et être aimé, ça nécessite de s'ouvrir, et s'ouvrir, c'est souvent finir blessé.

Après tout, comme dit Stromae, mieux vaut être seul que mal accompagné. Et les bons compagnons, ceux qui ne le blesseront jamais, ça n'existe pas. Ca sonne cliché, mais c'est la vérité.

Du moins il l'espère, mais il ne le saura probablement jamais.
Article ajouté le Mardi 05 Décembre 2017 à 22h00 |
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L'écorché
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On est tous énervés par quelque chose.

Le vent. La réglisse. Le rhume. Vous savez bien de quoi je parle. Ces petits détails du quotidien, ces choses insignifiantes, pas franchement méchantes, mais qui vous arrachent parfois une grimace.

Et bien, lui, tout l'irrite.

Les gens qui marchent lentement dans la rue. Le crissement de la craie sur le tableau. Les portes mal huilées qui grincent.

Ça, pour la plupart des gens, ce n'est pas grand-chose. Au mieux, ça provoque un grommellement, un roulement d'yeux agacé.

Lui, ça lui arrache la peau. Ça l'écorche à vif, et ça lui donne envie de hurler. Il ne les supporte pas. Il n'y arrive juste pas.

Et le pire, c'est que ces petites choses qui l'agacent au plus haut point, il en voit partout.

A vrai dire, il déteste tout.

Le chocolat noir ? Immonde. Les amandes, aussi, il a horreur de ça. Le pamplemousse, bon sang, qui peut manger ça ?

Il n'y a pas que la bouffe. Tout, je vous dis, tout l'énerve. La saleté l'insupporte. La propreté aussi. Le cinéma. L'hiver. L'été.

Et non seulement il déteste tout, mais il déteste aussi tout le monde.

Les journalistes, et les gens assez idiots pour les croire. Les gens qui pensent que de hurler à la manipulation des médias fait d'eux une sorte d'élite intellectuelle, alors que tout le monde sait depuis cinquante ans que la télé ment. Putain de hipsters qui ne peuvent plus aimer quelque chose dès que c'est devenu populaire.

Les soi-disant érudits qui confondent éducation et intelligence. Les incultes, pas foutus de comprendre que quand on n'a rien d'intéressant à dire, on se tait au lieu de faire perdre son temps à la société.

Les filles qui posent sur Instagram à moitié nues pour combler leurs insécurités. Les mecs qui s'engouffrent dans la brèche comme de gros dalleux, et qui se laissent mener par le bout du nez. Les prudes et les sainte-nitouches qui hurlent au sexisme et à l'objectification dès qu'ils voient le moindre centimètre carré de peau. Les SJW, les féministes, les assos type Greenpeace et tous ces connards bien-pensants avec leurs convictions mal placées. Les connards de droite, coincés du cul et incapables de penser en-dehors de la boîte, avec leur toutes les cultures ne se valent pas et leurs comptes à l'étranger.

Les ermites virtuels, ces asociaux qui ne sortent pas, qui foirent leurs études par passivité et préfèrent passer leurs journées devant leur écran plutôt que de se faire pousser une paire de couilles et d'affronter la réalité. Les vieux cons restés coincés au vingtième siècle, qui méprisent Internet parce qu'ils ne le comprennent pas et sont trop cons pour prononcer MMORPG correctement.

Les pseudo-artistes, ces rêveurs qui se masturbent intellectuellement, prétendent travailler sur un roman qu'ils ne publieront jamais ou dessinent pour oublier l'état lamentable de leur vie. Les vrais artistes, aussi, ces connards qui ont eu la chance de percer dans un milieu où les vrais talents sont noyés dans un océan de plagiat, de clichés et de médiocrité.

Les terre-à-terre, les scientifiques qui n'ont jamais ouvert de livre depuis leurs seize ans, les illettrés pas foutus d'écrire correctement leur langue. Les ingénieurs sans convictions, qui sont juste là pour empocher leur salaire et faire gagner de l'argent à leur boîte. Les chercheurs sans but, qui vivent aux crocs des subventions et se traînent dans leurs labos toute la journée.

Les jeunes qui pensent avoir compris le monde avant de l'avoir exploré, les vieux qui se permettent de voter alors que c'est pas leur futur qu'ils engagent.

Les campagnards incultes et leurs agriculteurs du siècle dernier, les parisiens prétentieux convaincus d'être les maîtres du bon goût, les sudistes abrutis par leur soleil, pour qui enculer le système est devenu un sport, les bretons qui ne peuvent pas s'empêcher de te dire qu'ils le sont dès qu'ils peuvent en placer une.

Les dépressifs, incapable de supporter la moindre petite secousse. Tous. Il les déteste tous, sans exception.

Y compris lui.

Il se hait lui-même plus qu'il ne hait les autres. Pourquoi ? Parce qu'il y a un bout de lui chez chacun d'entre eux. Il est jeune et vieux, de gauche et de droite, scientifique et artiste, nord et sudiste, campagnard et citadin, intelligent et complètement crétin. Il les déteste tous, mais au final, ce qu'il déteste vraiment, c'est de ne pas être quelqu'un.

C'est d'être comme tout le monde. D'être imparfait. De voir ses propres défauts et de les détester. Mais de ne pas pouvoir les changer.

Alors il s'énerve, il s'arrache la peau de ses ongles, il hurle et il critique, et ça fait chier les gens.

Peut-être que quand il les aura tous fait fuir avec son caractère de merde, il aura enfin la paix.

Ou peut-être qu'il se rendra compte qu'il aurait dû se taire et ravaler sa bile, parce que personne ne viendra le chercher dans sa forteresse d'irritabilité.
Article ajouté le Dimanche 03 Décembre 2017 à 19h51 |
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L'aliénée
Spoiler
On a tous quelque chose à faire.

Les courses. Les comptes. Le ménage. Vous savez bien de quoi je parle. Se lever pour aller au boulot le matin. Rentrer de l'école le soir et faire ses devoirs. Ce genre de tâches dont tout un chacun doit s'acquitter, les corvées répétitives mais nécessaires, les plats à laver dans l'évier. Ce qu'il faut faire.

Et bien elle, c'est la meilleure quand il s'agit de faire ce qu'il faut faire.

Elle a toujours été intelligente, et compréhensive. Le combo idéal pour réussir dans la vie, pas vrai ? Promise à un grand avenir.

Petite, elle rendait ses devoirs avec diligence. Elle révisait pour les contrôles, elle travaillait les exposés de groupe, elle apprenait, elle mémorisait et elle retenait. Elle n'aimait pas vraiment travailler, mais elle le faisait quand même.

Parce que c'est ce qu'il faut faire.

En grandissant, elle s'est aussi mise à aider à la maison. Faire la vaisselle. Les courses. Tondre la pelouse. Tenir l'échelle quand Papa taillait la haie. Aider Maman en passant la serpillière le dimanche matin, en cirant les meubles, en nettoyant les vitres.

Au lycée, elle était première de sa classe. Alors elle a choisi la filière scientifique, parce qu'elle le pouvait, parce qu'elle était bonne en maths, parce que c'est comme ça que l'on obtient un métier.

Parce que c'est ce qu'il faut faire.

Elle l'a eu, son bac. Mention très bien. Pas que ça ait été très dur, non. Elle n'a pas travaillé tant que ça. On lui a souvent expliqué que le diplôme ne valait plus rien, mais qu'il fallait le passer quand même, avant de faire des études supérieures. C'est ce qu'il faut faire.

Après le lycée, elle a fait une prépa. Scientifique, aussi. C'est là qu'il y a le plus de débouchés. Elle a eu un peu de mal au début, parce qu'il fallait travailler encore plus, et qu'elle n'a jamais aimé ça. Mais il fallait le faire, alors elle l'a fait. Bon sang, ce qu'elle était forte ! Ses professeurs n'arrêtaient pas de le lui dire. Ils l'encourageaient à se démener encore plus, aussi - elle avait les capacités de rentrer dans les plus grandes écoles, elle avait la chance d'avoir un potentiel dont beaucoup rêvaient. Un atout comme ça, il faut l'exploiter.

Elle ne l'a pas exploité. Pas vraiment. Elle a travaillé, elle a réussi ses concours, et elle a intégré une bonne école. Sa famille était fière.

Mais elle, elle connaissait la vérité. Elle aurait pu faire mieux. Bien mieux. En travaillant plus. Bien plus.

Sauf qu'elle commençait à être fatiguée de devoir travailler. Elle commençait à se demander si c'était vraiment ce qu'il fallait faire.

Alors elle a essayé autre chose. Elle a essayé l'alcool, parce que c'est ce qu'il faut faire pour faire la fête. Elle a essayé la drogue, parce que c'est ce qu'il faut faire si on veut avoir l'air cool. Elle a essayé les mecs, parce que c'est ce qu'il faut faire quand on est une fille.

Rien de tout ça n'a vraiment pris. L'alcool ? C'était simplement emprunter du bonheur au lendemain. La drogue ? Trop cher, surtout la dure, et puis elle n'aimait pas ne plus être aux commandes d'elle-même. Les mecs ? Elle n'en voyait pas vraiment l'intérêt. D'accord, le sexe lui plaisait beaucoup, mais est-ce que ça valait vraiment la peine de les supporter ? Un couple, c'est plein de choses qu'il faut faire. Des messages, de l'attention, des sacrifices. Et elle n'était pas vraiment d'humeur à se rajouter des corvées.

Il faut dire qu'elle en avait déjà assez comme ça. Elle rendait visite à son grand-père qui ne se rappelait même plus d'elle, parce qu'il fallait le faire. Elle rentrait à Noël, parce qu'il faut passer les fêtes en famille. Elle sortait de temps en temps, parce que c'est ce qu'il faut faire, il fallait avoir une vie sociale. Elle s'est inscrite sur Facebook, parce que c'est ce qu'il fallait faire, il fallait garder des contacts.

Tout ça, c'était des corvées. Comme faire la vaisselle. Faire la cuisine. Faire le ménage. Des choses qu'il faut faire. Rien ne lui apportait vraiment de plaisir là-dedans.

Un jour, elle a voulu tout lâcher. C'était une simple idée, une toute petite bulle exaspérée qui enflait à l'arrière de son crâne. Et si ? Et si elle envoyait tout en l'air, famille, études, et si elle partait ? Où ça ? Ça n'avait pas vraiment d'importance. Elle pourrait se raser le crâne et partir au Tibet, elle pourrait partir faire de l'humanitaire en Afrique, ou encore enchaîner les petits boulots pour se payer un road-trip aux States. Elle s'en moquait.

Tout ce qui comptait, c'était de trouver ce qu'il fallait qu'elle fasse. Ce qu'il fallait qu'elle fasse vraiment, et non pas ce qu'on lui disait qu'elle devait faire.

Elle en a parlé autour d'elle. A ses parents. A son copain du moment. Et ils lui ont tous dit la même chose.

Elle ne pouvait pas. Ça, c'était bon pour ceux qui rêvent. Si elle lâchait tout, elle causerait du tort aux autres. A sa famille. A son couple. A sa carrière.

Ils avaient raison, bien sûr. Alors elle est restée. Elle a obtenu son diplôme sans trop travailler. Elle a trouvé un métier qui ne lui plaisait pas plus que ça. L'idée de tout lâcher était devenue impensable.

Alors, elle a vécu, toujours en faisant ce qu'elle avait à faire. En adulte.

Elle est allée à l'enterrement de son grand-père qui l'avait oubliée depuis longtemps. Elle a payé pour les soins de sa mère quand ça a été à son tour de développer Alzheimer. Elle s'est dégotée un mari, aussi. Elle a eu des enfants, même si elle n'a jamais aimé les gosses. Elle a pris les médicaments que lui conseillaient les docteurs, même si ça l’assommait plus qu'autre chose.

Toute sa vie, on a dit d'elle qu'elle était quelqu'un de bien. D'accompli. De responsable. Quelqu'un sur qui on peut compter.

Pourtant aujourd'hui, allongée sur son lit de mort, elle s'interroge.

Est-ce que c'est ça, exister ? S'acquitter de ses dettes, de ses responsabilités ?

Est-ce que vivre, c'est juste laisser les autres vivre à travers nous, lâcher le contrôle de notre corps et basculer en pilote automatique ? Faire ce qu'on a à faire ? Faire ce qu'on nous dit de faire ?

Quelle différence, de toute façon ? Des générations entières nous précèdent, des générations qui ont vécu, qui ont perpétué la société. Et ça, c'est grâce à ceux qui se prenaient en main et rentraient dans le rang, pas grâce aux énergumènes et à leurs rêves de voyage autour du monde ou de révolution.

Pas vrai ?

... Pas vrai ?
Article ajouté le Samedi 02 Décembre 2017 à 14h44 |
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Le déraciné
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On a tous un endroit où rentrer.

La maison. Le foyer. Le chez soi. Vous savez bien de quoi je parle. L'endroit où l'on rentre après le boulot, après les cours, où l'on se pose et où l'on peut enfin souffler. L'endroit chaud quand il fait froid dehors, l'endroit frais quand c'est l'été. L'endroit dont on se met en quête après chaque soirée, l'endroit pour lequel on est prêt à se lancer dans une épopée épique placée sous le signe de l'ébriété. L'endroit où l'on ramène parfois quelqu'un, aussi. Un ami, un frère, un coup d'un soir.

Et bien lui, il n'en a pas, d'endroit comme ça.

A vrai dire, il n'en a jamais vraiment eu.

Oh, bien sûr, il a un père et une mère, comme tout le monde. Mais chez eux, ça n'a jamais vraiment été chez lui. C'était chez sa famille. Chez sa sœur, aussi. Mais pas chez lui.

Il faut dire qu'il n'a jamais vraiment été très famille. Alors quand elle a éclaté, ça ne l'a pas vraiment atteint. Il était déjà loin. Loin dans l'espace, un peu. Loin dans le cœur, surtout.

Tout du moins, ça, c'est ce qu'il s'est dit. Le chez soi de ses parents n'était plus un seul endroit, maintenant, mais deux. Pas très loin l'un de l'autre en distance. Diamétralement opposés dans le cœur. Il y avait deux camps, maintenant, deux chez soi qui se faisaient la guerre, et il fallait choisir de quel côté on était ou mourir au milieu. C'était ce que lui disait son père. C'était ce que lui disait sa mère. C'était ce qu'avait fait sa sœur. Sa sœur a choisi. Le reste de sa famille a choisi.

Mais lui, il ne voulait pas choisir. Leur chez soi n'avait jamais vraiment été le sien, et ça n'était pas près de changer maintenant qu'il y en avait deux.

Alors il n'a pas choisi de côté. Il n'a pas sauté dans l'une des deux tranchées, non. Il est resté debout, tout seul au milieu du no man's land, et il s'est éloigné.

Éloigné en distance, ça oui. Il en a mis, des kilomètres, entre lui et le champ de bataille. Des routes et des villes entières. Puis il a même interposé des pays entiers entre lui et eux.

Mais là encore, ce ne sont pas ses jambes qui ont le plus voyagé. Il parcourait l'espace avec son corps pour se les sortir de la tête, mais c'est son cœur qui a fui le conflit, plus vite que tous les autres.

Maintenant, son cœur est probablement si loin qu'il ne reviendra jamais. Si loin qu'aucune des nouvelles du front qu'il reçoit ne semble en mesure de le faire battre.

Grand-père est tombé dans les escaliers. Grand-mère a oublié qui tu étais. Ton oncle a oublié de respirer. Ton père n'est plus tout seul à la maison. Ta sœur a raté son année.

Il était loin quand tout ça est arrivé, et tandis qu'il avalait les kilomètres, le temps, lui, avalait sa famille, en arrachait des bouts, en ajoutait d'autres.

Maintenant, chaque fois qu'il regarde derrière lui, en direction de ce no man's land dont il a décrété ne pas faire partie, il voit les stigmates de la guerre, il voit les combattants fatigués par les procédures, il voit le sol ravagé par les éclats d'obus judiciaires, il voit de nouveaux soldats. Mais il ne reconnaît rien de tout ça. Et ça ressemble encore moins à son chez lui que lorsqu'il est parti.

Alors il est où, son chez lui, hein ? Il doit bien exister quelque part, ce foutu havre de paix. Cet endroit où il pourra poser son cœur volage et voyageur, congelé à force de rester exposé au froid de l'extérieur.

Il doit bien exister quelque part, non ?

Non ?

Il se le demande. En fait, non, il ne se le demande pas trop. Il a peur d'y réfléchir. Peur de dire qu'il avance juste parce qu'il faut avancer, et non pas parce qu'il veut aller quelque part.

Quand il y réfléchit trop, c'est pas très beau à voir. Il préfère avancer, le regard rivé droit devant soi. Avancer, toujours avancer. Tout droit. Ne pas regarder sur les côtés.

S'il le faisait, il verrait sûrement que les tranchées sont parallèles au chemin qu'il suit, qu'elles seront toujours là, à l'encadrer, à le suivre, à lui reprocher de ne pas avoir choisi un camp.

A vrai dire, il l'a sûrement déjà fait, regarder sur les côtés. Ça n'a rien de compliqué. Mais il s'est toujours vite dépêché de reporter son regard droit devant lui et de remettre ses œillères en place.

Ça se comprend, non ? Tous ces anniversaires, ces Noëls passés seul. Pas seul de corps, non, mais seul de cœur. Toutes ces fêtes sacrifiées sur l'autel de la route. Toutes ces occasions ravalées, en se disant que d'ici la prochaine, il aura trouvé un vrai foyer où célébrer.

Tout ça se révélerait être un sacré gâchis s'il regardait sur les côtés.

Tandis que son cœur fuit à toute vitesse en avant, loin de tout et étranger à tout le monde, étranger à son propre corps même, il commence à se dire que c'est peut-être ça, la vérité.

Peut-être que ça ne sert à rien, de marcher. Peut-être qu'il vaut mieux s'arrêter que de parcourir indéfiniment une route qui ne cesse de s'allonger.

Peut-être qu'il n'y a pas de foyer pour les cœurs déracinés.
Article ajouté le Vendredi 01 Décembre 2017 à 18h10 |
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[Apocalyptica] Retour sur les résultats du questionnaire - Partie II : L'Intrigue
Fieffés followers et affiliés, falutafions.

A la suite de l'article sur les personnages, voici les retours sur les parties du questionnaire qui portaient sur l'intrigue : scène préférée, plot twist qui vous a le plus/moins surpris...

Avant de commencer, je tiens à dire quelque chose : avec Apocalyptica, je me suis frotté à deux genres ultra codifiés : le post-apo, et les hybrides pokéhumains. Le but principal de la fic, c'est de vous surprendre : de vous surprendre à travers des cliffhangers, des plot twists, mais aussi en retournant des clichés inhérents à ces genres, et c'est principalement ce dernier point qu'on va décortiquer ensemble.

Comme la dernière fois, on va procéder arc par arc, avec un retour sur ce que vous avez perçu, et sur ce que moi j'en dis !

Je le redis au cas où, mais évidemment, ça spoile monstrueusement.

Arc I : Ce qui se tapit dans nos entrailles


Note moyenne de l'arc : 7,71/10

Les principales qualités et défauts de l'arc I, selon vous & moi
L'atmosphère immersive, les personnages et la hype des anciens qui attendaient la réécriture sont les trois choses qui sont revenus le plus souvent. Vous avez aimé les descriptions de l'organisation de la vie au camp, chose qui me surprend étant donné que je n'ai jamais eu l'intention de faire perdurer la colonie, et que je n'ai pas excessivement réfléchi à son fonctionnement !

Du côté des défauts, c'est un peu plus mitigé et vous avez du mal à tomber d'accord x) L'arrivée de l'Autre m'a été reprochée une fois, et j'ai effectivement retapé certains des passages, même si je trouve qu'à la relecture, on comprend rapidement que quelque chose cloche avec Lyrian (le titre du premier chapitre spoile la fin de l'arc !). Kendall et Joshua sont également accusés d'être assez creux, ce que j'admets parfaitement (bon, Kendall surtout, qui est assez caricatural. Joshua, lui, bénéficie d'un traitement plus correct dans l'arc II).

Ce que j'en dis :

Pour moi, les deux buts de l'arc I étaient les suivants : accrocher le lecteur à l'intrigue générale (X-Corp, le Changement, la nature des Apocalyptica) et mettre en place l'intrigue locale (la prise de pouvoir de l'Autre sur Lyrian, la mise en place des personnages principaux). C'est un arc d'exposition, clairement, et dans la première version du script, il s'arrêtait au retour du laboratoire.

L'ennui, c'est que comme dit, avec Apocalyptica je me frotte à deux genres bourrés de clichés : le post-apo, et les hybrides Pokéhumains. Il fallait donc que je prenne au maximum le contre-pied des tropes classiques, afin de vous accrocher à l'intrigue, et surtout pas de vous laisser sur une impression de "oh, c'est cliché". C'est pour ça que je vous ai balancé un adolescent amnésique surpuissant, voué à rester le personnage principal, un héros typé shonen qui (je l'espérais) vous placerait en zone de confort... avant qu'il ne devienne l'antagoniste majeur.

Ça, je pense que c'est plutôt réussi. Là où j'ai merdé, en revanche, c'est dans la caractérisation de Kendall & des radicaux, ainsi que des pillards, qui ne sont pas assez nuancés. La réécriture de l'arc (rapide, hein, vous n'aurez pas forcément besoin de relire) va nuancer un peu ça et rajouter une faction d'hybrides qui font un peu les bully dans la colonie, histoire de montrer qu'aucun des deux camps n'est tout blanc.

Arc II : Envers et contre tout

Note moyenne de l'arc : 8,28/10

Les principales qualités et défauts de l'arc II, selon vous & moi
Ce qui vous a visiblement plus le plus, c'est le développement de la psychologie des personnages, et la tension permanente qui plane sur tout l'arc. Une tension parfois peut-être un peu trop lourde pour certains, d'ailleurs, qui ont trouvé que le survival était une sorte de retour en arrière par rapport à la colonie établie et installée de l'arc I. Une partie d'entre vous ont également reproché la mort des personnages.

Ce que j'en dis :

Je suis assez d'accord avec vous. L'objectif principal de l'arc II, c'était de travailler les personnages au corps, de creuser profondément et de les soumettre à une pression monstrueuse pour qu'on les voit se fissurer. La mort des autres personnages était nécessaire à ça, mais je comprends que certains aient pu considérer ça comme du gâchis (rassurez-vous, on ne retrouvera pas un tel rythme génocidaire), j'assume. Thrak, Kate, Joshua et Lina, tout le monde passe sur le divan à un moment, et j'avoue que ça a été un grand plaisir à écrire.

Malgré tout, il fallait trouver un équilibre entre intrigue "locale" et intrigue globale, et c'est là qu'I.H.M., Will et les Nettoyeurs intervenaient. J'ai récemment relu l'arc II, et je dois avouer que je n'ai pas modifié grand-chose. Quelques dialogues entre l'Autre et Joshua, et je vais accentuer un peu le sujet de la dispute entre Kate et Lina (sur le fait que les hybrides n'ont jamais connu l'ancien monde), parce que c'est un thème qui risque de repointer le bout de son nez assez vite.

Arc III : Plus dure sera la chute


Note moyenne de l'arc : 9/10 (tout rond !)

Les principales qualités et défauts de l'arc II, selon vous & moi
Les questions soulevées par Will & Tia vous ont pas mal plu, visiblement ! Omnia et ses paysages également.

Du côté des défauts, on sent que l'alternance passé/présent a fait tiquer. Mais là où certains auraient aimé plus de chapitres dans le présent, d'autres disent au contraire qu'ils étaient peu utiles. D'autres enfin trouvent que c'était une très bonne idée. METTEZ-VOUS D'ACCORD FBQODJQIIEGBSV

Enfin, un défaut revenu quelques fois (et contre lequel je ne peux pas faire grand-chose) : le rythme de parution. En fonction des aléas de mon IRL, je n'ai hélas pas toujours eu le temps d'écrire la fic, et ça se reproduira probablement dans le futur. Je tiens à remercier malgré tout ceux qui sont restés et qui repassaient régulièrement ! (Promis, la prochaine fois que je m'éclipse, je mets en place un système pour vous alerter de mon retour, et je ferai de mon mieux pour passer donner des nouvelles plus souvent.)

Ce que j'en dis :

Je suis totalement d'accord sur le fait que les chapitres dans le présent sont parfois un peu accessoires. Leur but, c'était de traiter du pansage des plaies, que je ne voulais pas inclure dans l'arc IV, qui débutera avec une ellipse. Ensuite, alterner passé et présent était un bon moyen de vous rappeler l'existence de Kate, Joshua, Jade et Sanae, personnages qui n'apparaissaient pas dans les flashbacks. Hélas, je n'ai pas (à mon goût) réussi à rendre les chapitres du présent intéressants (malgré un mieux sur la fin, je dirai), et je vais les retaper dans les prochaines semaines, en incluant plus de scènes avec Kade (surtout), Jade (un peu) et Sanae (pareil).

Quand aux chapitres dans le passé... J'en suis fier, et je ne dis pas souvent ça de mes écrits. Omnia et son atmosphère ont été un plaisir à décrire, il en va de même pour la philosophie des personnages. Je suis content que la tension ait été au rendez-vous, malgré l'absence totale d'hybrides et de superpouvoirs dans cet arc - comme quoi on peut écrire des scènes épiques sans ce genre d'artifice !

L'arc III avait deux buts, là encore répartis entre intrigue globale et locale. Au niveau global, il devait fournir des réponses sur l'origine des Apocalyptica, la raison de leur création, des indices sur l'Autre et des révélations sur la nature de Lina. Au niveau local, il devait introduire les personnages de Will (son passé trouble, Tia, mais aussi sa relation avec Fenrir), ainsi qu'approfondir le background de Lina en arrière-plan. J'estime que c'est très réussi pour Will & Tia, peut-être un peu moins pour Lina - faut dire que sa vie avec Anastasia était tellement engourdissante, triste et creuse, qu'il était difficile d'écrire des scènes sur les jumelles où il se passe vraiment quelque chose.

Je suis très content de la progression des notes. On passe d'un 7,7 pour l'arc I à un 9 pour celui-ci. C'est assez raccord à ce que je pense aussi, et ça suit l'évolution de l'intrigue qui gagne en ampleur au fur et à mesure. J'espère que l'arc IV sera à la hauteur !

En vrac : commentaires généraux


Note moyenne de la fic: 18,24/20 (ce qui doit s'approcher de la note de la dernière éval, faudrait que je vérifie. Bon, vous avez fait n'importe quoi dans les réponses, bande de trolls, alors ça n'est pas vraiment représentatif. Dédicace aux enculeurs de drosophiles qui ont mis plus d'une décimale, vous êtes les vrais.)

Vos scènes préférées
La foire à la saucisse ! Il y a vraiment de tout dans vos réponses. Omnia remporte la palme, à travers Will, dont les scènes avec Fenrir (ou même en solitaire dans le bunker) ayant visiblement votre préférence. Deux d'entre vous ont un petit faible pour sa relation avec Diane, que ce soit dans le chapitre de flashback sur sa mort, ou la scène de recueillement sur sa tombe vers la fin de l'arc (que j'ai adorée écrire).

Les "plans" sur la ville, l'attentat du restaurant et le rush final de la Chancellerie ont également pas mal plu.

Les scènes dans le désert sont au final moins nombreuses, mais certaines vous ont aussi marqués, comme la fuite du canyon, le Rhinocorne géant, ou encore la poursuite endiablée du banc de Griknots/Carmache/Carchakro (qui m'a donné envie de réécrire Pokémon Rider, avis aux anciens...)

Mention spéciale au "Ta gueule" de Joshua qui se fait une place là-dedans alors que la scène est sacrément courte

Et moi, ce que j'en dis ? Bizarrement, ce n'est pas les passages d'action que je préfère. Les scènes qui m'ont procuré le plus de plaisir à écrire sont sûrement les dialogues politico-philosophiques de l'arc III, ainsi que la discussion sur la religion entre Joshua et Sanae (jetez un oeil au titre de l'arc IV et vous saurez qu'il y en aura plus à venir...). La mort de Diane et la scène sur sa tombe sont aussi venues très naturellement. Les discussions impliquant Tia et les petits traits d'esprit de Kate à travers la fic étaient également amusants à écrire.

Les plot-twists les plus surprenants, et ceux qui vous ont laissé de marbre
Les plus surprenants : la nature de Lina & Anastasia (largement majoritaire), la nature de la sécurité à la fin de l'arc III, le fait que l'Autre soit visiblement bien plus qu'un monstre sanguinaire, le fait que Lyrian soit dans le bunker, le double-jeu d'Edge, le triple-jeu de Riviera, le fait que Taylor ne soit pas un méchant.

Les moins surprenants : Le fait que Lyrian soit dans le bunker (c'est contradictoire, oui, je me suis dit la même chose, mais vous êtes un lectorat compliqué), le fait que Lyrian ait survécu à la balle que Lina lui a tiré en pleine tête (en même temps, les gars, c'était pas un plot twist, même les personnages l'avaient deviné !). Mention spéciale à une personne qui a osé dire "le destin final de Tia"... Petit chenapan, c'était annoncé depuis dix chapitres ! [/troll]

Ce que j'en dis :

Personnellement, je suis étonné que le fait que ce soit Will qui abatte Tia ne vous ait pas plus surpris. Hormis cela, je suis assez content. J'ai réussi à vous surprendre en retournant quelques clichés ("le petit officier vicieux est un méchant", "Jack Taylor est un méchant") tout en évitant à peu près les Deus Ex Machina et en semant des indices par-ci par-là (Anastasia à la clinique... qu'on se le dise, c'était grillé, non ? Gg Oustic'R pour avoir trouvé, juste avant la révélation, mais tu as trouvé !).

Quand à ceux qui vous ont le moins surpris, c'est parce qu'ils ont en général été annoncés par les personnages avant (Lyrian et sa balle dans la tête, la mort de Tia). Donc j'estime m'en sortir pas trop mal de ce côté-là !

Mais ce n'est rien comparé aux FATS retournements de situation qui vous attendent dans l'arc IV...

(moi, une pute qui tease ? Non, absolument pas.)

Pourquoi vous lisez Apocalyptica
Ceux qui reviennent souvent : le suspens et l'intrigue. J'en suis ravi, étant donné que c'est le but principal de la fic : vous faire trépigner en attendant le prochain chapitre !

Les personnages et la réflexion que la fic apporte sur notre société arrivent en seconde position

Enfin, la nostalgie des anciens qui ont lu la V1 (c'était de la merde les mecs, arrêtez, enfin !) arrive sur la dernière marche du podium.

Je suis très content, parce que ça correspond aux raisons pour lesquelles j'écris : vous surprendre d'abord, et développer des personnages et des propos sociétaux au passage. Vraiment ravi de voir qu'on est synchrones de ce côté-là !

Vos réponses à la question "Comment tout ça va se finir" en un graphique

... Oh my sweet, sweet summer children... You have no idea.

Merci beaucoup d'avoir lu jusque là ! En espérant que ça vous ait plu !
Article ajouté le Lundi 13 Novembre 2017 à 23h26 |
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[Apocalyptica] Retour sur les résultats du questionnaire - Partie I : Les Personnages

Bonsoir à tous !

Cela fait maintenant plus de dix jours que l'arc III d'Apocalyptica est bouclé, et le questionnaire commence à se garnir de réponses très intéressantes. Pour vous remercier, et aussi débriefer la fic, j'ai décidé de faire un (gros) retour dessus et de vous dire ce que je pense de tout ça.

Evidemment, ça spoile sec, donc tout va être mis sous balises : je dévoilerai d'abord les résultats, puis ce que j'en dis. Etant donné que c'est plutôt copieux, je vais séparer le tout en plusieurs articles. Dans celui-ci, on va s'attarder sur les personnages : ceux que vous avez préférés, pourquoi vous les avez préférés, et ce que moi, j'en dis !

Vos personnages favoris en quelques graphiques



Commentaire
L'un des buts premiers que je me suis fixés avec Apocalyptica, c'est la multiplicité des protagonistes, pas dans le sens où ils sont nombreux,
mais dans le sens où chaque arc approfondit des personnages différents.

Dans l'arc I, on mettait en avant Lina, Kate et Thrak (et Lyrian au début, même s'il reste mine de rien hors-jeu une bonne moitié de l'arc). Ca se ressent bien dans vos votes. J'avoue avoir été surpris qu'Elise ait autant de succès cela dit !

Dans l'arc II, avec Lina et Lyrian hors-jeu, c'est au tour de Kate, Thrak et surtout Joshua d'être approfondis - et là encore, ça se ressent dans vos votes, avec Joshua qui remporte une écrasante majorité grâce à son évolution qui a apparemment bien plu. Mention spéciale aux deux tarés qui ont voté pour l'Autre, vous êtes de grands malades.

Dans l'arc III, le focus est fait sur Will et Tia (et un peu Lina), et ces deux-là remportent le nombre de voix le plus élevé. C'est un gros soulagement, parce que j'en ai vraiment chié pour travailler leur relation, à ces deux-là. Leur évolution l'un par rapport à l'autre et l'ambiguïté de leur relation est quelque chose de très difficile à transmettre (la scène dans la villa près du lac Makna, point culminant de cette ambiguïté, a cela dit été un plaisir à écrire). Je suis très satisfait de Fenrir, qui est une plaie à mettre en scène, mais qui visiblement plaît beaucoup plus que je ne m'y attendais !

De manière générale, vous plébiscitez Lina et Joshua, sans surprise. Je suis assez content de la popularité de Lina, qui n'est jamais mise clairement au premier plan dans un arc, mais qui pourtant monte assez haut. Comme quelqu'un l'a fait remarquer, c'est quelqu'un d'assez banal dans son comportement d'animal blessé, et c'est un peu le fil rouge de l'histoire, bien qu'elle soit probablement la plus dépassée par tout ça. Un peu déçu des votes pour Kate cela dit, qui est peut-être pour moi le personnage le plus courageux de l'histoire, avec Joshua, notamment parce que sont les deux seuls qui ne se laissent JAMAIS abattre et qui servent vraiment de ciment au groupe.

(mention spéciale à Fenrir qui apparaît dans les personnages préférés tous arcs confondus, alors que Will et Tia n'y sont pas. wtf ppl. C'est même pas un être humain.)

Pourquoi vous avez préféré certains personnages


Ce que vous aimez chez chaque personnage, et ce que moi j'en dis !
Thrak : C'est une gueule, une vraie. Un personnage facilement identifiable, au physique atypique. Merci à Ijix d'avoir relevé la ressemblance avec le condamné à mort de La Ligne verte, c'est exactement comme ça que j'imagine Thrak ! C'est vrai qu'il commence la fic en étant un vrai roc, mais la mort d'Andrew et tout ce qui s'ensuit fissure la carapace, et avec Kate, il a été le personnage le plus intéressant à écrire de l'arc II. On découvre ses doutes, ses remords de ne pas avoir pu protéger les siens, ce qui est probablement son but ultime - et ce qui causera sa perte.

Tuer Thrak n'a pas été un choix facile, et on ne s'en rend pas compte pour l'instant parce que tout va bien au bunker, mais le groupe se retrouve sans figure paternelle et protectrice, et quand les emmerdes arrivent, c'est toujours important d'avoir un leader et un bouclier.

Lina : Lina est un animal blessé, qui grogne et qui aboie, et c'est visiblement son caractère fougueux qui vous plaît. Au milieu de tous ces hybrides, et malgré sa nature, elle reste la plus humaine, la plus émotive, celle qui s'énerve, qui s'insurge et qui craque parfois (et de manière bien violente), mais qui finit toujours par se relever, souvent avec l'aide des autres. Je suis content que vous vous attachiez à cette boule de nerfs qui a tant souffert.

Joshua : Joshua, c'est le miraculé. Déjà parce qu'il a réchappé à la mort de manière surnaturelle, mais aussi parce qu'il est passé du statut d'antagoniste à celui de protagoniste assez brusquement, et c'est sa remise en question qui vous a plu. Son côté posé et son empathie le placent en opposition à Lina, dont il calme souvent les ardeurs en trouvant les bons mots. C'est un personnage que j'apprécie bien, et qui va s'avérer important pour la suite, s'il arrive à surmonter les séquelles de ses blessures au poumon.

Kate : Kate est assez similaire à Joshua. Moins raisonnée, plus instinctive, elle n'a peut-être pas les bons mots pour rasséréner ses compagnons, mais le moral du groupe lui tient à cœur et elle emploie son humour vaseux à désamorcer les tensions dès qu'elle le peut. Dans l'arc II, elle a ses propres doutes, mais contrairement à Thrak qui s'isole et se fissure, elle intériorise et parvient à surmonter ses craintes pour être là pour les autres, en particulier Thrak et Lina. Malgré tout, ça reste quelqu'un d'assez instable de nature, qui a commis des actes discutables, comme l'assassinat d'I.H.M. ou la falsification des votes de la colonie, et elle en commettra d'autres...

Will : Will partage avec Lina le fait d'en avoir pris plein la gueule. Mais là où elle l'extériorise en gueulant et en s'énervant, lui intériorise ses peines et préfère s'autodétruire plutôt que de les affronter. C'est quelqu'un d'hautement intelligent, et un agent de terrain exceptionnel, mais pourtant, il a raté sa vie. Ce qui manque à Will, c'est un but : et c'est quand Tia le lui a fourni qu'il a révélé toute son efficacité, son courage et sa détermination. Mais la manière dont tout ça s'est terminé l'a irrémédiablement ébréché, et il est sur une pente descendante depuis l'apocalypse. Il a sombré dans l'alcoolisme (à nouveau) et ne semble plus vraiment s'inquiéter de sa santé mentale et de ses hallucinations.

Les convictions de Will sur la société et l'humanité, ainsi que l'empathie qu'on ressent en le voyant souffrir sont les deux éléments qui vous ont le plus plu. Et à moi aussi. Je mentirais si je disais que je ne partage pas certaines de ses opinions politiques !

Sa relation avec Fenrir est également très plaisante à écrire, mais j'y reviendrai !

Tia : Tia est probablement le personnage le plus complexe de la fic, et c'est ce qui vous a plus chez elle. Présentée au départ comme une jeune femme lascive et joueuse, elle se révèle au final beaucoup plus profonde que ça, avec une histoire familiale tordue par la perte de sa mère, un conflit avec son père qui prend des ampleurs nationales, et des opinions idéalistes qu'elle confronte souvent au pessimisme de Will, qui la contaminera petit à petit au fur et à mesure.

Au travers de l'arc III, on la voit s'ouvrir un peu plus, commettre des erreurs et se remettre en question, et ça a été un vrai plaisir (et un challenge) d'écrire cette évolution. Elle apporte également beaucoup à Will, et les deux forment un vrai duo - si au début, c'est lui qui la sauve, c'est au final Tia qui est moteur du duo en fournissant un but au détective, jusqu'à la fin où c'est elle qui le soutient jusqu'à l'ultime révélation.

Avec Joshua et Kate, je considère Tia comme le personnage le plus courageux de la fic, parce qu'elle aussi se laisse rarement abattre et se relève à chaque fois. Elle se bat pour ses idéaux jusqu'au bout, ce qui rend sa mort d'autant plus tragique, j'imagine, surtout qu'elle est donnée par celui qui a contribué à forger ses idéaux - et qu'elle constitue une rechute irrémédiable pour Will.

Fenrir : BON SANG CE QU'IL M'EN A FAIT BAVER. Les personnages non-humains sont toujours un calvaire à écrire, et l'Arcanin ne fait pas exception à la règle. Souvent au moins aussi flemmard que son bipède, il se révèle cependant assez fier, voire hautain.. Toujours dans l'économie de mouvements, il voue cependant une confiance absolue à Will, qui le lui rend bien, et c'est au travers de cette relation qu'ils se complètent tous les deux (même si qu'on se le dise, dans le duo, c'est Fenrir qui carry !) Quand les emmerdes arrivent cela dit, il se révèle terriblement efficace et ultra professionnel - après tout, il a bénéficié du même entraînement d'élite que Will, et c'est pour ça qu'il arrive à mettre en déroute un Carchakrok à lui tout seul.

La puissance destructrice de Fenrir est impressionnante, mais il se fait vieux, comme son humain !

J'aurai bien aimé parler de Lyrian, Sanae et Jade, mais comme ce seront les trois personnages les plus développés de l'arc IV, je ferai ça à ce moment-là. Keep in touch pour le deuxième article, sur l'intrigue !

Bonus


En cadeau, voici des illustrations des quatre "principaux" personnages (pour l'instant...). Elles ne sont pas 100% précises (Joshua n'a pas d'arbalète et Will ne fume pas), mais elles sont plutôt bien représentatives.

Article ajouté le Vendredi 10 Novembre 2017 à 23h41 |
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Fin de l'arc d'Apocalyptica, retour sur la fic et suite des choses
Bonsoir à tous !

Comme ceux qui lisent la fic le savent, l'arc III d'Apocalyptica vient de s'achever. C'est l'occasion pour moi de faire un petit retour sur la fic, et de vous parler de mes projets futurs. Quand à vous, je vous ai préparé un petit questionnaire tout beau tout propre pour que vous puissiez me faire part de vos retours sur la fic, arc par arc, puis de manière générale. Il peut être bouclé en quelques secondes à peine, et ne devrait au maximum pas prendre plus de cinq minutes de votre temps. Ça m'aiderait beaucoup à progresser en tant qu'auteur, donc ce serait très sympa de votre part si vous pouviez le remplir ! Je vous mets le lien là : https://goo.gl/forms/GTtDglNcPoY2zJFo2

L'arc III, ça a un peu été l'arc de la maturité, pour la fic. Il m'a permis de donner énormément d'ampleur à l'intrigue et de poser des bases solides pour ce que sera le futur de l'histoire. Il m'a permis de développer des (modestes) réflexions sociétales et philosophiques qui m'étaient chères, et j'espère que vous aurez pris plaisir à découvrir la pensée de certains personnages (Tia en tête). Omnia était un défi à décrire, et j'espère que vous aurez aussi apprécié les décors que ce nouvel environnement avait à offrir, ainsi que l'atmosphère que j'ai essayé d'instaurer.

Mais l'arc III, ça a aussi été un arc qui a pris un an et sept mois d'écriture. Pour deux raisons : d'abord parce qu'il est monstrueusement gros (53 chapitres, d'environ 6 pages de moyenne, taille onze. Autrement dit, deux fois plus de chapitres que l'arc II, qui avait également des chapitres faisant 4.5 pages de long en moyenne),
mais aussi parce qu'Apocalyptica a mine de rien bientôt 4 ans, et que je ressens le besoin de changer d'air. C'est pour ça qu'Omnia était si radicalement différente du décor post-apocalyptique des deux premiers arcs, et c'est aussi pour ça que je ne vais pas continuer la fic pour l'instant.

Oh, rassurez-vous, j'ai déjà hâte d'écrire l'arc IV et il est bien clair et défini dans ma tête. Simplement, j'aimerai varier un peu les plaisirs et diversifier un peu ce que je fais sur Bip. C'est pour cette raison que je vais écrire une autre fic, dont j'ai déjà parlé dans mon article précédent.

Le Paradoxe du Rocher, puisque c'est son nom, sera une fic très courte (moins de dix chapitres), mais je ne l'écrirai pas de suite - il faut que je revois certains de mes classiques avant, afin de me donner les moyens d'atteindre mes ambitions. En attendant, dans les semaines qui suivent, je vais peaufiner et retaper certains pans d'Apocalyptica (notamment certains chapitres dans le présent, ainsi qu'une portion de l'arc I). Ensuite, je demanderai une évaluation (mi-novembre à priori), et fort des conseils du Comité, je m'attellerai à l'écriture du Paradoxe du Rocher.

Je reviendrai rapidement vers vous pour vous parler de la progression de ce projet-là.

En attendant, merci à tous ceux qui me lisent de près ou de loin, je sais qu'on est mine de rien assez nombreux (plus de 1000 affichages supplémentaires en 30 jours !). Merci aussi aux infatigables qui commentent régulièrement (bon, là vous êtes un peu moins nombreux, mais pour les autres il y a un ma-gni-fique questionnaire en début d'article). Sachez que vous êtes la source de ma motivation !

J'espère que ceux qui ont apprécié les thèmes abordés dans l'arc III se retrouveront dans le Paradoxe du Rocher, et j'espère que ceux qui n'ont pas le courage de se lancer dans la centaine de chapitres d'Apocalyptica y verront une occasion de découvrir mon travail.

En attendant, puisqu'il faut bien une carotte, je peux vous donner le titre de l'arc IV (sur cinq/six de prévus) : il s'agira de l'arc des Nouveaux Dieux.

Et sous spoiler, la future bannière de la fic... qui divulgue évidemment des éléments de l'histoire à venir, donc soyez prévenus !

Article ajouté le Mercredi 01 Novembre 2017 à 19h20 |
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[Projet de fanfic] Le paradoxe du rocher
Je m’appelle Aletheia.

Je viens d’un petit village construit au pied de la plus haute montagne du monde, et au sommet de cette montagne, il y a Arceus. Autant vous dire que chez moi, on est très religieux.

Quand j’avais huit ans, mon père est mort dans un crash de voiture. L’accident con. Mais on n’a pas perdu la foi. De là-haut, Arceus veille sur nous, disait ma mère.

Quand j’avais treize ans, un cancer l’a emportée elle aussi. On s’est retrouvés seuls, mon petit frère et moi. Mais on n’a pas perdu la foi. De là-haut, Arceus veille sur nous, disait mon frère.

Quand j’avais dix-sept ans, mon petit frère s’est suicidé. Des gamins le martyrisaient au collège. De là-haut, Arceus veille sur toi, m'a dit le prêtre à l'enterrement.

Aujourd’hui, j’ai vingt-deux ans, et je suis prête.

Je vais grimper cette foutue montagne, et je vais leur prouver à tous qu’ils se trompent. Que ce qu'il y a là-haut se fout royalement de nous.

Je m'appelle Aletheia, et je vais tuer Arceus.
_____________

alètheia / nom féminin
du grec ἀλήθεια.

Vérité, dévoilement, par opposition à doxa, l’opinion, le dogme.


Article ajouté le Samedi 21 Octobre 2017 à 00h16 |
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[Apocalyptica] Moar illustrations
Bonsoir à tous !

Suite à l'article précédent qui regroupait certaines illustrations, je reviens à la charge avec une nouvelle fournée d'images qui ont servi à nourrir mon imagination pour les décors & personnages de la fic. Ces images n'apparaissent pas toutes dans la fic, mais vous donneront une idée de la vision que j'ai de certains lieux/persos.



Crédits :

Frederic Bennet sur ArtStation
Aiwa-Sensei sur tumblr
Dontnod Entertainment - Adrift Concept Art
Jonas de Ro sur DeviantArt
Aurelien Dunglas sur ArtStation

Article ajouté le Mercredi 18 Octobre 2017 à 22h53 |
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[Ecrit] Participation SpeedFic 29/09/2017
Bonsoir à tous !

Comme l'année dernière, j'ai participé à un SpeedFic organisé par le staff (ma dernière participation est accessible ici). Voici les contraintes :

Thème : Les rêves d'avenir de Chimpenfeu.
Contraintes : Les mots "cieux", "pouvoir" et "grains" doivent apparaître dans la fic. Le dernier mot de l'écrit doit être "passé".
Laps de temps : Ecrit de 18h05 à 19h44 (1h39)
Statistiques : 1 850 mots, 9 260 caractères, 5 pages

Bonne lecture !
Spoiler
Musique d’ambiance conseillée.

« On est y est presque, Chimpenfeu. » lançai-je.

Ma voix était rauque et rouillée. Ça faisait des heures que je n’avais pas parlé. Depuis le sacrifice de Massko, je ne savais même plus pourquoi j’avançais.

Face à nous, au sommet du promontoire rocheux que mes pattes de Delcatty peinaient à gravir, il y avait la Tour du Temps.

Notre destination. L’endroit que Noctunoir avait cherché à protéger coûte que coûte.

Il avait été prêt à nous tuer pour nous empêcher d’approcher. Il nous avait enlevés à notre propre époque, pour nous faire exécuter dans le futur – il avait menti, manipulé et menacé.

« J’aurai aimé que Massko soit avec nous, avouai-je.
- C’est à nous de faire en sorte qu’il ne se soit pas sacrifié pour rien. » me répondit Chimpenfeu.

Ah, Chimpenfeu. Le pragmatique. Le concentré. Je ne sais pas comment je serai arrivée jusqu’ici sans toi.

Tout en gravissant le promontoire, je ne pouvais m’empêcher d’observer cette maudite Tour du Temps, que l’on avait dû atteindre au prix de tant de sacrifices.

L’édifice était gigantesque. A côté de cette immense tour qui s’élançait vers les cieux, je me sentais toute petite. Elle avait dû être belle, jadis – mais maintenant, d’immenses fissures lézardaient sa façade, et les nuages pourpres qui tourbillonnaient à son sommet n’auguraient rien de bon. Çà et là, d’immenses blocs de pierre s’étaient détachés de l’édifice, stoppés net dans leur chute par le pouvoir de Dialga. Comment était-on censés affronter un Pokémon aussi puissant ?


Mes pattes me faisaient souffrir, et l’espace d’un instant, je regrettai mes jambes d’humaine. On marchait depuis si longtemps. La traversée des Terres Illusoires m’avait percluse de courbatures, mais je continuai.

Au bout de minutes qui me paraissaient interminables, nous parvînmes enfin au pied de la Tour.

« Dialga est là-haut. Tu te sens prête ? me demanda Chimpenfeu.
- Non, répondis-je. Mais il n’y a plus que nous deux, maintenant. Il faut qu’on le fasse. Pour Massko.
- Pour Massko. » approuva le Pokémon Feu d’un signe de tête.

Il rajusta son sac, celui où il avait rangé les Rouages du Temps que nous avions récupéré avant que le portail vers le futur ne se referme, emportant Massko et Noctunoir.

En le regardant, je ne pus m’empêcher d’admirer sa détermination. C’était lui, le vrai héros de cette histoire. Pas moi ; pas l’humaine transformée en Delcatty. Moi, j’étais effrayée, fatiguée et perdue. Certainement pas capable de sauver le monde.

Et pourtant, je rentrai à sa suite dans la tour. L’intérieur était silencieux, presque mort. Peut-être que la folie de Dialga n’avait pas encore atteint les étages inférieurs ?

C’est moi qui découvrit le premier escalier. De ma voix épuisée, j’appelai Chimpenfeu, et nous commençâmes bientôt notre ascension.

Au début, tout allait bien – enfin, aussi bien que pouvait se dérouler l’escalade d’une tour dont l’effondrement était uniquement empêché par le pouvoir magistral du dieu qui vivait à son sommet.

Pendant un moment, je m’étais demandée ce qui allait se passer si l’on atteignait le sommet et que l’on remettait le temps en marche. Est-ce que la tour allait s’effondrer ?

Probablement. A vrai dire, en cet instant, ça n’avait plus vraiment d’importance. Depuis que Massko était parti, je me moquais de ce qui pouvait m’arriver.

Vers le septième étage -ou était-ce le huitième ? J’avais arrêté de compter-, un Solaroc nous tomba dessus. J’avais espéré discuter, mais la folie qui se lisait dans ses yeux ne trompait pas. L’arrêt du temps l’avait rendu ivre de rage.

J’attaquai la première, sans remords. Chimpenfeu n’aurait pas pu s’en sortir contre un Pokémon Psy – c’est donc moi qui devait m’y coller.

Je ne crois pas que le Solaroc s’était attendu à ce que le gentille Delcatty lui fasse un tel Coup Bas. Quoiqu’il en soit, quelques secondes de combat plus tard, et sa masse rocheuse s’effondra au sol, éclatant en une multitude de cailloux dénués de vie.

J’avais tué un Pokémon. Encore. Comme les Ténéfix de Noctunoir. Comme Spiritomb. Comme beaucoup trop de monde.

Jusqu’où allai-je devoir sacrifier mon humanité pour atteindre le sommet ?

« Tu étais amoureuse de lui, n’est-ce pas ? » me demanda Chimpenfeu vers le dixième étage.

L’entendre parler me surprit. Chimpenfeu parlait peu pendant les explorations. Ou peut-être étais-je celle qui s’enfermait dans le mutisme à chaque fois ?

La tentative de conversation me prit de court :

« Qui ça ?
- Massko. J’ai vu comment tu le regardais. »

Massko. Etais-je tombée amoureuse de Massko ? Peut-être, oui. Je n’avais jamais cru à cette histoire de criminel renégat. Dans une autre vie, un autre temps, lui et moi étions partenaires – et maintenant, j’étais une Pokémon, et il était probablement mort, ou coincé dans un futur qui m’était inaccessible.

« Ça n’a plus d’importance, maintenant. »

Je sentis la jalousie que ma réponse suscitait chez lui. J’imagine qu’il pensait qu’en tant que partenaire d’exploration, il avait une relation privilégiée avec moi. Et c’était le cas. Mais depuis que j’avais appris qui j’étais réellement, Chimpenfeu avait vu d’un mauvais œil ma relation avec Massko.

Au quatorzième étage -le quinzième, peut-être ? -, il me sauva des griffes d’un Métalosse qui m’avait prise par surprise. Je vis la chair d’acier du Pokémon fondre sous le brasier de Chimpenfeu. J’entendis ses hurlements métalliques. Mais rien ne se produisit chez moi.

Aucun de nous deux ne s’attarda sur l’incident, et nous continuâmes notre ascension. Bientôt, les Pokémon sauvages devinrent plus coriaces, plus enragés, plus retords. Il me semblait entendre le tic, tac incessant de l’horloge du monde qui nous rappelait perpétuellement que la fin approchait.

« On fera quoi, quand on sera face à Dialga ? demandai-je à Chimpenfeu vers le seizième étage.
- On le convainc de nous laisser remettre les Rouages du Temps en place, répondit mon partenaire.
- Tu as vu comment il est dans le futur. On ne peut pas raisonner un Pokémon comme lui.
- Alors on le fera sans son accord. » conclut Chimpenfeu, pragmatique.

Je savais qu’il pensait à la même chose que moi. Etions-nous de taille à affronter un Pokémon légendaire ? Un vrai ? Des illusions de Groudon, des gardiens de lac, nous en avions affronté – mais là, on parlait d’un dieu du temps, d’un être mythique aussi ancien que notre monde. Comment une Delcatty et un Chimpenfeu épuisé par des jours de voyage pouvaient-ils espérer venir à bout de pareil titan ?

Le silence oppressant de la tour fit de mon esprit un terreau fertile, et bientôt, les grains du doute germèrent en moi, sapant mon moral et dévorant le peu de détermination qu’il me restait, tant et si bien qu’il eut fallu d’un mot de Chimpenfeu pour que j’accepte de faire demi-tour.

Je ne suis pas une héroïne. Je ne l’ai jamais été.

Alors pourquoi continuais-je à gravir les échelons de cet escalier infernal ?

Le cœur au bord des lèvres, je m’apprêtai à avouer ma peur à mon partenaire quand je la sentis.

La brise. Le léger courant d’air frais qui souffla sur mon visage. On approchait.

Au détour d’une maison de monstres que nous contournâmes soigneusement, le dernier escalier s’offrit à nos regards. Avec un ultime regard l’un pour l’autre, Chimpenfeu et moi grimpâmes les marches craquelées, la boule au ventre.

~*~Musique d’ambiance conseillée

Le spectacle qui s’offrit à nous lorsque nous parvînmes sur le toit me coupa le souffle.

Les nuages pourpres étaient juste au-dessus de nos têtes, tourbillonnant avec fureur. Des entrailles du siphon cramoisi jaillissaient des éclairs rageurs, qui venaient frapper les colonnes brisées du Pinacle du Temps.

Et au milieu de ce décor de fin du monde se tenait Dialga, debout de tout son haut, dardant ses yeux fous sur nous.

En nous apercevant, il rugit de haine, et le temps sembla se déchirer. Mes tympans furent assourdis, et je sentis mes muscles se paralyser de terreur. Chimpenfeu ouvrit vaillamment le sac et montra les Rouages du Temps à Dialga, tout en criant :

« On est venus remettre le temps en marche !
- VOUS ÊTES VENUS DETRUIRE LA TOUR DU TEMPS ! » hurla le Pokémon légendaire.

Je tressaillis, terrifiée, mais trouvai le courage de répondre :

« Si on ne fait rien, le temps va s’arrêter dans le monde entier !
- Il est complètement consumé par la rage, me lança Chimpenfeu. L’arrêt du temps lui a fait perdre le contrôle.
- Non ! Il a l’air plus lucide que le Dialga du futur. On peut le raisonner ! protestai-je.
- Ça ne sert à rien. Tu vois la plaque de pierre derrière lui ? Il y a cinq trous crantés gravés à l’intérieur. Je parie que c’est là qu’il faut mettre les Rouages. Divertis-le pendant que j’y vais.
- Attends ! »

Mon partenaire s’élança, trop rapide pour que je puisse l’en empêcher. Dialga accueillit son mouvement avec un nouveau rugissement, et commença à se diriger vers lui, toutes griffes dehors.

Je chargeai. Je n’étais ni la plus brave, ni la plus forte des Pokémon – à vrai dire, je n’étais même pas vraiment un Pokémon.

Mais il était hors de question que je baisse les bras maintenant.

Mon attaque Damoclès fit à peine réagir Dialga, mais le choc fut suffisant pour attirer son attention. D’un monstrueux coup de patte, il me projeta contre une colonne de pierre.

Le choc me fit cracher du sang, et j’entendis un craquement inquiétant. La douleur fusa dans mon flanc droit, mais je me relevai. Les secousses provoquées par les pas de Dialga se rapprochèrent tandis que je reculai en gémissant.

Du coin de l’œil, j’aperçus Chimpenfeu qui approchait du Pinacle du Temps, les Rouages à la main. Avec agilité, il sortit les artefacts du sac et se mit à les encastrer dans les trous crantés.

« CEUX QUI VEULENT DETRUIRE LA TOUR DOIVENT MOURIR ! » hurla Dialga.

Chimpenfeu se retourna. Dans son regard, je vis qu’il avait fait son choix. Revenir sur ses pas et sauver sa partenaire d’exploration d’une mort imminente… ou placer le dernier Rouage et sauver le monde.

Chimpenfeu avait toujours rêvé d’être un héros. Il rêvait d’être reconnu, d’être admiré comme il avait admiré ces grands explorateurs de jadis. Il rêvait d’avenir.

Les Griffes Acier de Dialga déchirèrent mon poitrail au moment où mon partenaire plaçait le dernier Rouage du Temps dans le Pinacle.

Je ne criai pas. Peut-être étais-je courageuse, finalement.

Alors que le temps reprenait son cours et que la vie me quittait en même temps que mon sang, je vis le sol se fracturer. La Tour toute entière s’ébranla. Une colonne de pierre, déstabilisée par les tremblements, tomba sur Dialga, qui hurla avant de disparaître dans un nuage de poussière.

A l’autre bout du Pinacle, j’aperçus Chimpenfeu qui sautait de bloc de roche en bloc de roche avec agilité tandis que la Tour s’effondrait.

Avec amertume, je sentais le sol sous moi se dérober, avant d’être projetée dans le vide.

Ma dernière pensée fut pour Massko, prisonnier d’un futur que je venais d’effacer en sauvant le passé.

P.S. : Résultats du concours : première place avec 18,.375/20
Article ajouté le Vendredi 29 Septembre 2017 à 19h58 |
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